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Vallée du Biros

La vallée du Biros est une petite vallée des Pyrénées centrales située dans la région du Couserans, à l'ouest du département de l'Ariège. Jouxtant la frontière espagnole et le val d'Aran (communes de Canejan et Naut Aran), ce territoire montagnard essentiellement pastoral, puis minier du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe, profite aujourd'hui de la beauté de ses sites naturels pour s'orienter vers le tourisme de montagne.

Vallée du Biros
Bocard d'Eylie.
Bocard d'Eylie.
Massif Pyrénées
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Occitanie
Département Ariège
Communes Antras, Balacet, Bonac-Irazein, Sentein, Uchentein
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 42° 52′ nord, 0° 58′ est
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées
(Voir situation sur carte : Pyrénées)
Vallée du Biros
Géolocalisation sur la carte : Ariège
(Voir situation sur carte : Ariège)
Vallée du Biros
Orientation aval nord-est
Longueur 17 km
Type
Écoulement Lez
Voie d'accès principale D 4

GĂ©ographie

Au sud-ouest de Castillon-en-Couserans, le Biros s'Ă©lève depuis l'altitude de 700 mètres, le long de la haute vallĂ©e du Lez vers le sud, vers l'ouest selon celle de l'Isard, un torrent qui prend sa source au pied du pic de Crabère vers l'Ă©tang d'Araing. Le plus haut sommet du Biros et Ă©galement du Couserans, le pic de MaubermĂ©, culmine Ă  2 880 mètres.

Des cinq villages du Biros, les deux plus importants, Sentein et Bonac-Irazein sont placés sur les rives du Lez. Les trois autres, Antras, Balacet et Uchentein sont posés sur les « soulanes[1] ».

Les vallées profondes et les crêtes étroites qui forment la frontière avec l’Espagne sont percées de gouffres, comme la grotte de la Cigalère ou le gouffre Martel (-303 mètres) qui furent explorés tous deux par Norbert Casteret.

Principaux sommets

Le Tartereau en hiver.
Versant sud du Tuc de la Core de Leat.
Hauts sommets biroussans.
  • Pic de MaubermĂ© : 2 880 m
  • Mail de Bulard : 2 750 m
  • Pic de Serre Haute : 2 713 m
  • Pic des Couloumès : 2 648 m
  • Pic de Tartereau : 2 639 m
  • Pic de Crabère : 2 630 m
  • Pic de Villeneuve : 2 593 m
  • Pic de GarbĂ© : 2 552 m
  • Tuc de la Coume de Lauze : 2 489 m
  • Pic de la Montagnole : 2 488 m
  • Pic de l’Har : 2 422 m
  • Tuc de Bouc : 2 277 m
  • Pic de la Calabasse : 2 210 m
  • Pic du Past : 2 139 m
  • Pic de PièlĂ© de Mil : 2 128 m
  • Pic de Paumaude : 2 082 m
  • Pic de la Mède : 2 044 m
  • Cap de l’Empaillou : 1 838 m
  • Tuc de la Pale : 1 767 m
  • Pic de Courbayran : 1 759 m
  • Pic de SĂ©rau : 1 721 m
  • Tuc de la Core de Leat : 1 703 m
  • Tuc de la Ruère : 1 683 m
  • Tuc de Pujatech : 1 681 m
  • Pic de l’Arraing : 1 674 m
  • Pic de Nède : 1 637 m
  • Pic du Mail des Morères : 1 618 m
  • Tuc de Puech : 1 401 m
  • Pic du Mail Blanc : 1 287 m
  • Tuc de Lauzat : 1 245 m

Climat

Sommets biroussans enneigés (février 2018).

La vallée du Biros connaît un climat de type montagnard avec une forte influence océanique.

L'Ă©tĂ©, certaines journĂ©es peuvent ĂŞtre chaudes sur les soulanes (versants sud), mais les nuits sont gĂ©nĂ©ralement bien rafraĂ®chies et parfois prĂ©cĂ©dĂ©es d'orages. Au contraire, il arrive que la moyenne montagne soit noyĂ©e dans le brouillard et le crachin avec une certaine fraĂ®cheur, offrant alors parfois des mers de nuages Ă  haute altitude. Les sĂ©cheresses estivales sont plutĂ´t rares et la montagne conserve une belle verdure tout au long de la saison estivale. Quelques nĂ©vĂ©s perdurent près des hauts sommets, notamment sous le port d'Urets (2 512 m), ou encore sous l'imposant versant nord de la Mail de Bulard (2 750 m).

L'automne se divise souvent en deux parties : jusqu'à mi-octobre, les belles journées, lumineuses et douces, sont généralement majoritaires. Cela n'exclut pas une ou deux dégradations passagères, parfois neigeuses sur les hauts sommets. C'est une excellente période pour la randonnée. La mi-octobre passée, les couleurs automnales gagnent du terrain et les passages perturbés deviennent plus fréquents. C'est après la Toussaint que les premières neiges font généralement leur apparition, parfois jusqu'en fond de vallée, blanchissant durablement les versants nord.

L'hiver alterne ensuite entre Ă©pisodes perturbĂ©s, froids et neigeux en flux de nord/nord-ouest, Ă©pisodes anticycloniques et coups de foehn venant du sud apportant un vent fort et très doux. Le dosage entre pĂ©riodes hivernales, pluvieuses ou neigeuses, et pĂ©riodes ensoleillĂ©es, douces ou fraĂ®ches, est très variable d'une annĂ©e Ă  l'autre. Il en va de mĂŞme de l'enneigement. En moyenne, de dĂ©cembre Ă  mars, la limite d'enneigement continu et durable se positionne vers 1 100 Ă  1 300 m en versant nord et plutĂ´t 1 800 Ă  2 000 m sur les versants sud. Alors que le fond de vallĂ©e, parfois ombragĂ©, peut rester givrĂ© durant plusieurs journĂ©es, il fait doux quelques centaines de mètres plus haut dans les villages de la soulane[2].

La grande variabilité des hivers fait qu'il est difficile de tirer une tendance nette de l'évolution des conditions d'enneigement ces dernières années. Mais, comme le montrent notamment les travaux de l'Observatoire pyrénéen du changement climatique[3], il existe sur le long terme une indéniable tendance à la diminution de la durée d'enneigement et des cumuls de précipitations, associée à une augmentation des températures moyennes. La mauvaise santé des glaciers pyrénéens, bien que relative concernant le proche glacier d'Arcouzan (qui fait figure d'exception), en témoigne. Les hivers fortement enneigés n'ont pas pour autant disparu, telles les années 2003, 2004, 2005 et plus récemment 2013 où les quantités de neige sur les massifs pyrénéens ont tutoyé ou dépassé les records, et ce dès la basse altitude.

Le printemps, enfin, est la pĂ©riode durant laquelle les quatre saisons peuvent se rencontrer en une journĂ©e, tĂ©moignage du conflit entre les premières remontĂ©es d'air chaud et les dernières descentes froides. C'est peut-ĂŞtre le moment de l'annĂ©e oĂą les conditions mĂ©tĂ©orologiques sont les plus incertaines et contrastĂ©es dans le Biros. Alors que certaines journĂ©es ensoleillĂ©es peuvent ĂŞtre presque chaudes dès le mois de mars, a contrario, le secteur peut ĂŞtre copieusement arrosĂ© plusieurs journĂ©es de suite en plein cĹ“ur du mois de mai. La neige peut aussi faire des apparitions remarquĂ©es Ă  basse altitude jusque fin avril/dĂ©but mai (on parle de la « neige du coucou »).

Histoire

Comme le Biros jouxte le val d'Aran (la « Gascogne espagnole »), son histoire fut marquée par les lies et passeries régissant depuis des siècles les échanges pastoraux et commerciaux transfrontaliers. Le commerce était également et plus naturellement développé vers les villes de Castillon et de Saint-Girons. Avec l'arrivée à Sentein du tramway depuis Saint-Girons de 1913 à 1937, puis l'avènement de l'automobile, les échanges transfrontaliers pédestres par le port de la Hourquette, le port d'Urets (Sentein) et le port d'Orle (Bonac-Irazein) se sont réduits progressivement mais la Seconde Guerre mondiale leur a donné à nouveau beaucoup de sens et plus particulièrement lors de l'invasion du Val d'Aran par des anti-franquistes en .

Préhistoire et Antiquité

Mal connues, la préhistoire et l’histoire antique de la vallée du Biros ne se distinguent probablement peu de celles du Couserans. On a retrouvé peu de vestiges, des dépôts d'objets en bronze (bracelets, spirales) datant de l'âge du bronze final à Bonac-Irazein, et de l’âge du fer à Uchentein ; une meule gallo-romaine incorporée à l’église de Sentein[4].

Moyen Ă‚ge

Au Moyen Âge, le Biros relevait de la châtellenie de Castillon. La période romane (fin XIe, XIIe siècle) se signale par une vague de construction d'églises dans l’ensemble du Couserans (églises de Sentein, Bonac et Balacet dans le Biros).

Les fortifications de l'église de Sentein datent du XIIIe siècle, mais elles furent encore renforcées durant la guerre de Cent Ans pour se protéger des troupes anglaises. On trouve d’autres travaux de fortifications défensives au château de la Malède à Bonac-Irazein[5].

Époque contemporaine

Au début du XIXe siècle, le Biros participe à la guerre des Demoiselles.

Mais c’est surtout le développement minier (et à un moindre degré celui du thermalisme) qui caractérise la période contemporaine.

D'anciennes mines de plomb argentifère Ă  Sentein, antĂ©rieures Ă  1600, tĂ©moignent du long passĂ© minier du Biros. Ă€ partir de 1850, l'implantation de mines de zinc et de plomb font sa richesse. Les bâtiments sont construits en haute altitude : les mines de Bentaillou sont situĂ©es Ă  1 900 mètres, la « mangeuse d’hommes » de la Mail de Bulard a ses murs plantĂ©s sur une crĂŞte Ă  2 400 mètres. Cette activitĂ© modifie radicalement le mode de vie du Biros ainsi que ses paysages : en 1907, les mines de Bentaillou emploie plus de 500 mineurs ; deux Ă©coles sont nĂ©cessaires pour abriter les 200 Ă©lèves de la commune de Sentein ; l’exploitation du minerai requiert l'amĂ©nagement de tĂ©lĂ©phĂ©riques et de centres de traitement dans les vallĂ©es, encore particulièrement visibles au bocard d'Eylie.

Cependant, dès la fin de la Première Guerre mondiale, le dĂ©clin s’annonce. L’épuisement du minerai, le fort coĂ»t d’exploitation dĂ» Ă  l’altitude des gisements, l’exode rural vont avoir raison des industries. En 1926, l’effondrement des cours du minerai de zinc signe la fin proche de l’activitĂ© minière. Après l'arrĂŞt des mines en 1955, l'exode s'accĂ©lère encore : la population de la vallĂ©e chute de 1 100 habitants en 1954 Ă  300 en 1990 pour cependant remonter Ă  357 en 2004 puis 383 en 2014.

De ces mines, il reste encore d'imposants vestiges dans la montagne, bâtiments en ruines, galeries abandonnées, chemins vertigineux taillés dans la roche, rails et vieux wagonnets Decauville, qui évoquent les villes fantômes de la ruée vers l'or de l'Ouest américain.

Patrimoine naturel

Depuis 2003, la vallée de l'Isard, avec la mail de Bulard, les pics de Maubermé, de Serre Haute et du Crabère ont été classés Site Natura 2000 (zone de protection spéciale) en raison de la présence d'espèces animales faisant l'objet de mesures de conservation (telles que l'aigle royal, le gypaète barbu, le hibou grand-duc, l'ours, le desman des Pyrénées et diverses chauves-souris) ou d'habitats naturels protégés[6] - [7].

C'est aussi un pays de gouffres très techniques réservés à des spéléologues chevronnés.

La vallée du Biros est incluse, avec l'ensemble du Castillonnais, dans le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises créé en 2009.

Patrimoine architectural et culturel

Biroussans lors du défilé d'Autrefois le Couserans en 2019.

Outre la beauté de ses sites naturels et de ses sommets (Maubermé, Crabère, Serre Haute ou Mail de Bulard), le Biros se caractérise par des villages de montagne au patrimoine intéressant.

L'église fortifiée Notre-Dame de Sentein est construite sur une base romane, les fresques sur sa voûte datent de l’époque gothique (fin XVe siècle ou début XVIe siècle).

L'Ă©glise Saint-Martin d'Antras remonte Ă  l'Ă©poque romane. Sur cette mĂŞme commune se trouve la chapelle de l'Isard, situĂ©e en pleine montagne Ă  1 322 mètres d’altitude. Ce sanctuaire, construit selon la lĂ©gende sur le site de la dĂ©couverte miraculeuse d'une statue de la Vierge, est dĂ©diĂ© Ă  Notre-Dame-des-Neiges. Il devint un lieu de pèlerinage important Ă  partir du XVIIe siècle. Les pèlerinages existent encore et ont lieu chaque annĂ©e le et le .

Les églises de Balacet et de Bonac sont aussi du XIIe siècle.

Créée en 1921 par le félibre Alphonse Sentein, l’association Les Biroussans perpétue les us et coutumes de la vallée notamment par des spectacles de danse traditionnelle.

Tourisme

La vallée du Biros comporte de nombreux gîtes et un camping. L'office du tourisme est situé à Sentein.

Un refuge gardé fonctionne l'été près de l'étang d'Araing dû à un barrage hydroélectrique. Un gîte d'étape sur le GR10 existe à Eylie (commune de Sentein)

Le Biros permet des randonnées familiales dans un cadre naturel encore assez peu fréquenté, alors que les forts dénivelés de ses crêtes frontalières proposent des randonnées sportives aux montagnards confirmés.

Les communes du Biros

Liste des communes
Nom Code
Insee
Intercommunalité Superficie
(km2)
Population
(dernière pop. légale)
Densité
(hab./km2)
Antras 09011 CC Couserans-Pyrénées 20,02 74 (2020) 3,7
Balacet 09034 CC Couserans-Pyrénées 2,12 38 (2020) 18
Bonac-Irazein 09059 CC Couserans-Pyrénées 38,13 122 (2020) 3,2
Sentein 09290 CC Couserans-Pyrénées 59,18 158 (2020) 2,7
Uchentein 09317 CC Couserans-Pyrénées 4,02 20 (2014) 5

La commune d'Uchentein a fusionné depuis le avec Les Bordes-sur-Lez, devenant Bordes-Uchentein

Population au cours des âges

1806 1851 1856 1901 1921 1946 1968 1982 1999
3 4933 4083 2782 5982 0691 306636362355
2004 2014 - - - - - - -
357383-------

Notes et références

  1. Soulane : terme géographique pyrénéen qui indique les versants d'une vallée de montagne qui bénéficient de la plus longue exposition au soleil (synonyme : adret dans les Alpes).
  2. André Laurent, « La Soulane de Biros (Vallée de Sentein) », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 5, fascicule 1,‎ , pp. 29-56. (lire en ligne)
  3. « Accueil | Observatoire pyréméen du changement climatique », sur www.opcc-ctp.org (consulté le )
  4. Jean-Marie Escudé-Quillet, Catherine Maissant, Robert Sablayrolles (dir.), Carte archéologique de la Gaule : 09. Ariège, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, , 211 p. (ISBN 2-87754-050-2).
  5. [PDF] Naissance, évolutions et fonctions des fortifications médiévales dans les comtés de Foix, Couserans et Comminges. Rapport 2006, comptes-rendus d’activités et travaux, p. 145-147. (lien)
  6. Fiche FR 7312001, Vallée de l'Isard, Mail de Bulard, Pic de Maubermé de Serre Haute et du Crabère sur le site Natura 2000.
  7. Fiche FR 7300821, Vallée de l'Isard, Mail de Bulard, Pic de Maubermé de Serre Haute et du Crabère sur le site Natura 2000.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jacques CarrandiĂ©, LĂ©gendes et traditions du Biros, suivi de Proverbes en patois, Syndicat d'Initiative et Association des Jeunes du Biros, 1979
  • Claude Dubois, Mangeuses d'hommes, l'Ă©popĂ©e des mines de Bentaillou et de Bulard en Ariège, Privat, Toulouse, , 320 pages (ISBN 978-2-7089-5941-5)

Liens externes

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