Trompette de la mort
Craterellus cornucopioides
Craterellus cornucopioides, en français la trompette de la mort, trompette des morts[1], Craterelle en forme de corne d'abondance ou corne d'abondance, est une espèce de champignons (Fungi) basidiomycète de la famille des Cantharellaceae, présent dans les forêts de l'hémisphère nord.
C'est un champignon comestible, infundibuliforme comme les chanterelles, entièrement creux et dont l'hyménium n'est pas plissé, au contraire des chanterelles.
Taxonomie
Nom scientifique accepté
Le nom binomial scientifique accepté est Craterellus cornucopioides (L.) Pers. 1825[2] (l'épithèthe cornucopioides signifiant « en forme de corne d'abondance »).
Basionyme, synonymes, et binômes obsolètes
- Cantharellus cornucopioides (L.) Fr. 1821[3]
- Craterella cornucopioides (L.) Pers. 1797[4]
- Craterellus ochrosporus Burt 1914[5]
- Dendrosarcus cornucopioides (Pers.) Kuntze 1898[6]
- Helvella cornucopioides (L.) Bull. 1791 (synonyme)
- Merulius cornucopioides (L.) Pers. 1801 (synonyme)
- Merulius cornucopioides (L.) With. 1792 (synonyme)
- Merulius purpureus With. 1792 (synonyme)
- Octospora cornucopioides (L.) Timm 1788 (synonyme)
- Pezicula cornucopioides (L.) Paulet 1791 (synonyme)
- Peziza cornucopioides L. 1753 (synonyme)
- Pleurotus cornucopioides (Pers.) Gillet 1876 (synonyme)
- Sterbeeckia cornucopioides (L.) Dumort. 1822 (synonyme)
Noms vulgaires et vernaculaires
Les noms vernaculaires les plus usuels sont corne d'abondance[7] pour sa forme, trompette des morts[8], trompette de la mort[9] pour sa couleur noire et son abondance aux environs de la Toussaint (une légende les associe aux morts qui sortent de terre pour emboucher ces trompettes et exécuter un concert audible que par eux seuls), ou encore chanterelle noire (anglo-saxon)[10].
Description
Le sporophore qui dépasse rarement 10 cm est très peu charnu et entièrement creux, en forme de trompette (cantharelloïde), évasé en entonnoir avec une marge largement festonnée et irrégulière. La cuticule est couverte d'écailles (squameuse), gris noir à brun sombre ou fauve en fonction du degré hygrométrique ; le pied est creux, de la même couleur que le chapeau et s'amincissant à la base. La face externe qui porte l'hyménium onduleux est gris bleuté. Son odeur est agréable : mélange humide, fongique et fruité rappelant la mirabelle[11].
- Sporophore plus sombre Ă l'Ă©tat humide.
- Variété flavicans,
colorée de jaune.
La variété flavicans a des teintes jaunâtres, la sous-espèce roseus des teintes rosées sur le dessus du cornet avec une teinte plus claire du pied[12]. On distingue encore var. mediosporus, var. crispus, var. parvisporus et var. multiplex.
Craterellus cornucopioides est parfois considérée comme un complexe d'espèces et certaines espèces ont été créées sur des bases morphologiques et synonymisées sur des bases génétiques. C'est notamment le cas de la Nord-Américaine Craterellus fallax, morphologiquement très proche qui s'en distingue essentiellement par sa sporée jaune-orangé, alors que celle de C. cornucopioides est blanche. En Europe, il existe la Trompette jaune, Craterellus konradii, une espèce morphologiquement semblable mais jaune et parfois bicolore. Une étude génétique de 2000[13] avait conclu leur synonymie sur la base d'un gène commun. Cependant, une autre étude de 2010[14] portant uniquement sur C. fallax compare un deuxième gène et conclut à sa spécificité[15]. Il pourrait en être de même pour C. konradii.
Confusions
Craterellus cornucopioides est proche de Craterellus cinereus dont l'hyménium est plissé. Le genre Pseudocraterellus, et notamment Pseudocraterellus undulatus, s'en distingue par une marge beaucoup plus sinueuse et par un hyménium légèrement strié et par sa couleur brun sur la face intérieure, et plutôt gris sur la face extérieure. Inocybe tahquamenonensis (en) est également un champignon noir mais la forme de son chapeau avec des lamelles inférieures, permet de ne pas confondre la trompette avec ce champignon toxique. Les espèces du genre Strobilomyces ont également un chapeau noir caractéristique à pores.
Habitat et distribution
Cette espèce, très répandue, pousse par groupes essentiellement dans les forêts de feuillus (hêtres, chênes, châtaigniers, noisetiers) ou parfois sous les forêts de conifères, appréciant les sols lourds et très humides (argileux, par exemple). Ces chanterelles poussent en troupes, presque en tapis au sein de la litière des feuilles mortes, dans les lieux sombres[16]. Elles apparaissent en automne (d'août à novembre)[17], et peuvent être très abondantes après de fortes pluies. Ce champignon est parfois difficile à distinguer du sol à cause de sa couleur sombre, de sa forme irrégulière, de sa petite taille et parce qu'il est souvent recouvert de feuilles mortes.
On le trouve en Amérique du Nord, en Europe, au Japon et en Corée. En Europe, la trompette de la mort est généralement commune, mais elle semble être rare dans certains pays comme les Pays-Bas[18].
Consommation
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, la trompette de la mort est un excellent comestible dont la chair a un parfum caractéristique rappelant l'odeur de la truffe[19].
C'est un champignon léger qui apporte des bienfaits à l'organisme : son apport calorique ne dépasse pas les 15 kcal/100 g, il comporte beaucoup de fibres (3 g/100 g), des protéines (2 g/100 g), des glucides (0,5 g/100 g), des lipides (0,5 g/100 g). Il apporte également beaucoup de minéraux (potassium, phosphore, fer) et de nombreuses vitamines (B, D, E, K). Les trompettes de la mort permettent le bon fonctionnement du transit et des cellules, favorisent la circulation sanguine et le développement osseux.
- Dans la poĂŞle avant cuisson.
- Ayant dégorgé leur eau après une demi-heure de cuisson à feu doux.
Il est conseillé de conserver les trompettes de la mort maximum 24 heures après la récolte, sinon elles deviennent fragiles. Pour nettoyer les champignons, il suffit de les brosser doucement ou de les passer rapidement sous l’eau, puis de les essuyer. Elles se sèchent particulièrement bien et peuvent être réduites en poudre sans inconvénient[20]. Pour sécher les grands exemplaires, on peut les enfiler sur un fil et les suspendre. On peut les garder un an après les avoir séchées, puis il faut les enfermer dans un récipient hermétique et les placer à l’abri de la lumière. Pour les réhydrater, on peut les plonger quelques minutes dans de l'eau tiède[21].
Notes et références
- Les dictionnaires usuels indiquent « trompette-de-la-mort » ou « trompette-des-morts ».
- in: Mycologia europaea (Erlanga) 2: p.5, 1825.
- (la) Elias M. Fries, Systema Mycologicum, vol. 1, Lund, Lundae, , LVIII-520 p. (lire en ligne), p. 321.
- (la) Christian H. Persoon, Tentamen Dispositionis Methodicae Fungorum, Lipsiae, Apud Petrum Philippum Wolf, , XXX-706 p. (lire en ligne), p. 71.
- (en) Edward A. Burt, « The Thelephoraceæ of North America », Annals of the Missouri Botanical Garden, vol. 1, no 1,‎ , p. 334 (lire en ligne, consulté le ).
- In: Revis. gen. pl. (Leipzig) 3(2): p. 463.
- http://www.rogersmushrooms.com/gallery/DisplayBlock~bid~5714.asp « Copie archivée » (version du 13 mai 2008 sur Internet Archive).
- « Trompette des morts, craterelle, craterellus cornucopioides », sur mycorance.free.fr (consulté le ).
- « Craterellus cornucopioides, Trompette des morts, Corne d'abondance. », sur pagesperso-orange.fr (consulté le ).
- (en) Robert Porter, The Mushroom Hunt, E.P. Dutton, , p. 65
- « trompette des morts, craterelle, craterellus cornucopioides », sur mycorance.free.fr (consulté le ).
- http://content60.eol.org/content/2009/07/24/05/74360_orig.jpg.
- (en) Mattias Dahlman, Eric Danell et Joseph W. Spatafora, « Molecular systematics of Craterellus: cladistic analysis of nuclear LSU rDNA sequence data », Mycological Research, vol. 104, no 4,‎ , p. 388–394 (DOI 10.1017/S0953756299001380)
- (en) Patrick Brandon Matheny, Emily A. Austin, Joshua M. Birkebak et Aaron D. Wolfenbarger, « Craterellus fallax, a Black Trumpet mushroom from eastern North America with a broad host range », Mycorrhiza, vol. 20, no 8,‎ , p. 569–575 (ISSN 1432-1890, DOI 10.1007/s00572-010-0326-2)
- (en) Kuo, M., « Craterellus fallax (MushroomExpert.Com) », sur www.mushroomexpert.com, (consulté le )
- (en) C. H. Dickinson, John Alexander Lucas, The Encyclopedia of Mushrooms, Putnam, , p. 147
- Courtecuisse et Duhem 2011.
- Bon 1988.
- Jean Loiseau, Chercheur de champignons, Vigot Frères, , p. 183.
- (en) RĂ©gis Courtecuisse, Collins Guide to the Mushrooms of Britain and Europe, HarperCollins, London, 1999 (ISBN 0-00-220012-0).
- « TROMPETTE DE LA MORT : tout sur la trompette de la mort, recettes, saison de la trompette de la mort », sur cuisine.journaldesfemmes.com (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Régis Courtecuisse et Bernard Duhem (illustrations), Guide des champignons de France et d'Europe : 1752 espèces décrites et illustrées, Paris, Delachaux et Niestlé, coll. « Les Guides du Naturaliste », , 544 p. (ISBN 978-2-603-01691-6)
- Marcel Bon : Champignons de France et d'Europe occidentale (Flammarion, 2004, 2012), 368 p. (ISBN 978-2-0812-8821-8)
Liens externes
- (en) Référence Catalogue of Life : Craterellus cornucopioides (L.) Pers. (consulté le )
- (en) Référence Index Fungorum : Craterellus cornucopioides (L.) Pers. 1825 (+ MycoBank) (consulté le )
- (en) Référence MycoBank : Craterellus cornucopioides (L.) Pers. (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Craterellus cornucopioides (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023