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Tremplin (aéronautique)

En aĂ©ronautique, un tremplin est une rampe incurvĂ©e permettant Ă  un avion de dĂ©coller depuis une piste d’une longueur infĂ©rieure Ă  sa distance de dĂ©collage normale. En envoyant l'avion vers le haut, le dĂ©collage peut ĂȘtre effectuĂ© Ă  une vitesse infĂ©rieure Ă  celle oĂč l’aile devient portante, en lui permettant de continuer Ă  accĂ©lĂ©rer en l’air plutĂŽt que sur la piste. Les tremplins sont principalement utilisĂ©s pour lancer des avions Ă  partir de porte-avions dĂ©pourvus de catapultes.

Un F-35B de la Royal Air Force décollant du tremplin du HMS Queen Elizabeth en septembre 2020.

Principe

Le landing helicopter dock Turque TCG Anadolu, muni d’un tremplin.

Un aĂ©ronef Ă  voilure fixe doit effectuer une longue accĂ©lĂ©ration pour parvenir Ă  dĂ©coller, la portance gĂ©nĂ©rĂ©e par les ailes augmentant en fonction de la vitesse. Lorsque celle-ci devient suffisamment Ă©levĂ©e, la force de portance dĂ©passe le poids de l’appareil, et celui-ci devient capable de voler. Lorsque l’aĂ©ronef ne peut utiliser que ses propres moteurs pour atteindre sa vitesse de dĂ©collage, une piste longue est nĂ©cessaire au dĂ©collage. Sur un porte-avions, la courte longueur du pont d’envol ne permet pas Ă  la plupart des avions d’atteindre leur vitesse de dĂ©collage avant d’arriver au bout du pont. Dans un tel cas, la portance Ă©tant infĂ©rieure Ă  la gravitĂ©, l'appareil perdra de l'altitude une fois que ses roues auront quittĂ© le pont, et finira par tomber dans la mer.

Pour Ă©viter cela, placer un tremplin Ă  l'extrĂ©mitĂ© du pont d’envol permet de donner un lĂ©ger angle d’incidence positive Ă  l’avion, ce qui convertit une partie de sa vitesse horizontale en vitesse ascensionnelle. La vitesse de l’appareil Ă©tant toujours insuffisante pour gĂ©nĂ©rer une portance suffisante, son taux de montĂ©e commencera Ă  diminuer dĂšs qu'il quittera le pont d’envol[1]. L’emploi du tremplin donne Ă  l'avion plus de temps pour continuer Ă  accĂ©lĂ©rer en l’air : ainsi, au moment oĂč sa vitesse ascensionnelle sera tombĂ©e Ă  zĂ©ro, sa vitesse horizontale sera suffisante pour que les ailes produisent la portance nĂ©cessaire au vol. L’avion se retrouve donc en vol, sans jamais ĂȘtre descendu sous le niveau du pont d’envol[2].

Beaucoup de marines militaires ne peuvent disposer que de porte-aĂ©ronefs dĂ©pourvus de catapultes : les avions de leurs aĂ©ronavales ne peuvent donc dĂ©coller qu’à l’aide de leurs propres moteurs. Dans ce cas, l’utilisation d’un tremplin permet le dĂ©collage d’appareils plus lourds que ne le permettrait un pont horizontal. Toutefois, cette technique ne permet pas le dĂ©collage avec une charge utile aussi Ă©levĂ©e que ce que permet l’emploi de catapultes[3].

Historique

Un Fairey Barracuda décolle du tremplin établi sur le HMS Furious en 1944. La structure en bois du tremplin est clairement visible.

Dans les premiers temps de l’aĂ©ronautique navale, il est possible pour les porte-avions de se contenter de virer face au vent et d’accĂ©lĂ©rer Ă  pleine vitesse, celle-ci venant s’ajouter Ă  la celle de l'avion pour permettre son dĂ©collage. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’augmentation du poids des avions embarquĂ©s rend souhaitable le dĂ©veloppement de procĂ©dures de dĂ©collage assistĂ©. Cela conduit Ă  la mise au point pour l’US Navy de catapultes accĂ©lĂ©rant les avions jusqu’à leur vitesse de dĂ©collage, utilisables en particulier pour le lancement d’appareils lourds, ou lorsqu’un changement de cap n’était pas souhaitable[4]. Une autre technique est employĂ©e par la Royal Navy en 1944 lors de l’opĂ©ration Mascot contre le cuirassĂ© allemand Tirpitz : un tremplin temporaire est installĂ© Ă  l'extrĂ©mitĂ© du pont d'envol du HMS Furious pour aider au dĂ©collage des Fairey Barracuda chargĂ©s de bombes[5].

L’augmentation continue de la masse des appareils embarquĂ©s aprĂšs la Seconde Guerre mondiale conduisit Ă  craindre que les catapultes ne puissent plus suffire Ă  faire dĂ©coller les nouveaux appareils. Ainsi, en 1952, paraĂźt une Ă©tude de la NACA qui propose l'utilisation d'un tremplin placĂ© aprĂšs la catapulte[6] - [2].

L’idĂ©e d’employer un tremplin pour aider au dĂ©collage d’appareils Ă  dĂ©collage court et atterrissage vertical comme le Hawker-Siddeley Harrier est Ă©tudiĂ©e en 1973 dans la thĂšse de Master of Philosophy du Lieutenant commander Taylor de la Royal Navy[7]. Des essais sont ensuite effectuĂ©s Ă  la base aĂ©rienne de Bedford, en utilisant le prototype de Harrier Ă  deux places G-VTOL sur des tremplins de diffĂ©rents angles d’inclinaison[1] - [8]. L’expĂ©rience montre que les performances du tremplin augmentent avec l’angle de celui-ci : toutefois, l’angle minimum est choisi pour Ă©viter une sollicitation excessive du train d’atterrissage. À la suite de ces expĂ©riences, la Royal Navy choisit de munir les porte-avions de classe Invincible d’un tremplin qu’ils emploieront pour lancer leurs Harrier[9].

Depuis 2017, Ă  l’exception de l’US Navy et de la Marine nationale française, la totalitĂ© des marines militaires possĂ©dant une aviation embarquĂ©e utilisent des tremplins pour lancer leurs aĂ©ronefs Ă  voilure fixe[10].

Emploi sur porte-avions

STOBAR

Un MiG-29K décolle du porte-avions Vikrant.

Sur les porte-avions de type STOBAR, les avions embarquĂ©s sont lancĂ©s Ă  l’aide d’un tremplin. Le pilote augmente la poussĂ©e du rĂ©acteur en allumant la postcombustion, tout en maintenant l’appareil sur place Ă  l’aide des freins. Des cales escamotables dans le pont sont utilisĂ©es pour le garder immobile. Lorsqu’il reçoit l’ordre de dĂ©collage, le pilote lĂąche les frein, les cales sont escamotĂ©es, et l’avion se met Ă  accĂ©lĂ©rer rapidement. Le passage sur le tremplin permet d’envoyer l’appareil Ă  la fois vers le haut et vers l'avant[11].

GrĂące Ă  ce systĂšme, un MiG-29 lancĂ© depuis le tremplin du porte-avions Amiral Kouznetsov peut dĂ©coller Ă  une vitesse d’environ 70 nƓuds (130 kilomĂštres par heure) au lieu de 140 kt (259 km/h) — les valeurs exactes dĂ©pendant de divers facteurs, comme le poids en charge de l’appareil[12]. Lorsque l’avion quitte le tremplin, il tombe de 15 mĂštres et ne reprend de l'altitude qu'aprĂšs 8 Ă  10 secondes de vol[13].

STOVL

Un AV-8B décolle du tremplin du Cavour

Sur les porte-avions de type STOVL, les avions Ă  dĂ©collage court et atterrissage vertical commencent leur dĂ©collage de façon conventionnelle, les tuyĂšres Ă  poussĂ©e vectorielle Ă©tant positionnĂ©es pour fournir une poussĂ©e maximale vers l’avant. Lorsque l’appareil approche du tremplin, les tuyĂšres pivotent pour fournir une poussĂ©e verticale en plus de la poussĂ©e horizontale. Un tel mode de dĂ©collage permet Ă  l’appareil d’emporter une masse plus importante que lors d’un dĂ©collage horizontal sans assistance, le tremplin permettant de bĂ©nĂ©ficier d’une impulsion verticale au moment oĂč cela est le plus nĂ©cessaire, c’est-Ă -dire lorsque la vitesse de dĂ©collage est la plus basse [14].

Le dĂ©collage Ă  l’aide d’un tremplin assure une meilleure sĂ©curitĂ© aux appareils Ă  dĂ©collage court que celui depuis un pont plat classique. En effet, par exemple, lorsqu’un AV-8B Harrier dĂ©colle du pont plat d’un LHA de l’US Navy, il termine sa course Ă  18 m au-dessus de l’eau. Dans ces circonstances, il ne peut pas immĂ©diatement prendre d’altitude, en particulier si le porte-aĂ©ronefs a tanguĂ© durant le dĂ©collage. Avec un tremplin, le mĂȘme Harrier pourra immĂ©diatement prendre de l’altitude, le seul Ă©lan obtenu grĂące au dispositif le portant de 45 Ă  60 m au-dessus de l’eau[10].

Ainsi, en 1988, une sĂ©rie d’expĂ©riences menĂ©es lors d’une mission d’un dĂ©tachement de AV-8B Harrier de l’US Marine Corps sur le porte-aĂ©ronefs Principe de Asturias a permis de constater que, dans des conditions de dĂ©collage qui auraient nĂ©cessitĂ© l’emploi de la totalitĂ© des 230 m du pont d’un LHA de classe Tarawa, le tremplin inclinĂ© Ă  12° du navire espagnol permettait un dĂ©collage en seulement 90 m. Cette amĂ©lioration de la distance de dĂ©collage, spectaculaire pour un navire sans catapultes, est alors qualifiĂ©e de «rien moins qu'incroyable»[10].

Emploi Ă  terre

DĂ©collage d’un Super Hornet avec un tremplin terrestre, lors manifestation Ă  Patuxent River.

L’US Air Force a envisagĂ© l’utilisation de tremplins Ă  terre afin de permettre des dĂ©collages depuis des terrains courts, en particulier comme solution au problĂšme posĂ© par la possible destruction des pistes durant la guerre froide. Les Ă©tudes ont permis d’établir que l’utilisation d’un tremplin d’un angle de 9° permettait de rĂ©duire de moitiĂ© la course au dĂ©collage d'un F/A-18 Hornet[15].

Classes de porte-aéronefs munis de tremplins

STOBAR

STOVL

Références

  1. (en) John Fozard, « 'Ski Jump' Harrier », Flight International, vol. 110, no 3534,‎ , p. 1630–1635 (lire en ligne, consultĂ© le )
  2. (en) Reed, « An Analysis of the Effect of a Curved Ramp on the Take-off Performance of Catapult-Launched Airplanes », National Advisory Committee on Aeronautics,
  3. (en-US) « The Problem with Ski-Jump Aircraft Carriers », Strike Fighter Consulting Inc.,
  4. (en) Michael Green, Aircraft Carriers of the United States Navy, Pen and Sword, (ISBN 9781473854680), p. 57
  5. (en) J. D. Brown, Carrier operations in World War II, Seaforth Publishing, (ISBN 9781848320420), p. 25
  6. (en) Mark Stille, US Navy Aircraft Carriers 1922-45: Prewar classes, Bloomsbury Publishing, (ISBN 9781780968094), p. 5
  7. « Ski-jump Harrier », Flight International,‎ , p. 1468 (lire en ligne)
  8. (en) Hugh Field, « Harrier Rampant », Flight International,‎ , p. 1487 (lire en ligne, consultĂ© le )
  9. (en) David Hobbs, The British Carrier Strike Fleet: After 1945., Seaforth Publishing, , 469–472 p. (ISBN 9781612519999)
  10. (en) Nalls, « Harrier Operations on a Ski Jump », Naval Aviation News, vol. 72, no 4,‎ , p. 12–13 (lire en ligne [archive du ])
  11. (en) Yefim Gordon, Sukhoi Su-27 Flanker - WarbirdTech Vol 42, Specialty Press, (ISBN 9781580071963), p. 69
  12. (en) Yefim Gordon, Mikoyan MiG-29, Hinckley, Midland Publications, (ISBN 9781857802313), p. 84
  13. (ru) В.П. Đ—Đ°Đ±Đ»ĐŸŃ†ĐșĐžĐč, ĐąŃĐ¶Đ”Đ»Ń‹Đč Đ°ĐČĐžĐ°ĐœĐ”ŃŃƒŃ‰ĐžĐč ĐșрДĐčсДр Â«ĐĐŽĐŒĐžŃ€Đ°Đ» ĐšŃƒĐ·ĐœĐ”Ń†ĐŸĐČ», vol. 7, Moscou, ĐœĐŸĐŽĐ”Đ»ĐžŃŃ‚-ĐșĐŸĐœŃŃ‚Ń€ŃƒĐșŃ‚ĐŸŃ€, coll. « ĐœĐŸŃ€ŃĐșая ĐșĐŸĐ»Đ»Đ”Đșцоя »,‎ , 36 p. (ISSN 0131-2243, lire en ligne), p. 6.
  14. (en) David Hobbs, The British Carrier Strike Fleet: After 1945, Naval Institute Press, (ISBN 9781612519999), p. 470
  15. (en) Elijah W. Turner, « Aircraft Operations from Runways with Inclined Ramps (Ski-jump) »,
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