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Tex Avery

Frederick Bean Avery, dit Tex Avery /teks ˈeÉȘvəri/, nĂ© le Ă  Taylor (Texas) et mort le Ă  Burbank (Californie), est un rĂ©alisateur de films d'animations. Il est Ă  l’origine du style farfelu des cartoons hollywoodiens des annĂ©es 1940. Tex Avery a travaillĂ© pour les studios Universal, Warner Bros. et Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), et est connu pour ses crĂ©ations d'univers aux situations dĂ©lirantes. Parmi ses personnages : Bugs Bunny, Daffy Duck, Le Loup, Droopy, Casse-noisettes ou Georges et Junior.

Tex Avery
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Tex Avery en 1926.
Nom de naissance Frederick Bean Avery
Surnom Tex Avery
Naissance
Taylor, Texas
NationalitĂ© Drapeau des États-Unis États-Unis
DĂ©cĂšs
Burbank, Californie
Profession Réalisateur, scénariste,
dessinateur, animateur,
acteur
Films notables Porky's Duck Hunt,
A Wild Hare,
Blitz Wolf,
Red Hot Riding Hood

Biographie

Les débuts (1908-1929)

Tex Avery naĂźt le et passe son enfance dans sa ville natale de Taylor au Texas. Il commence Ă  dessiner Ă  l’ñge de 13 ans en Ă©crivant des bandes dessinĂ©es pour le journal de son lycĂ©e.

À la fin de son adolescence, il part faire des Ă©tudes Ă  l'Art Institute of Chicago oĂč il se forme aux mĂ©tiers de dessinateur et d'animateur. Il obtient son diplĂŽme Ă  la North Dallas High School (en) en 1926[1]. Ne trouvant aucun emploi en tant que dessinateur de bandes dessinĂ©es, Avery se lance dans l’animation, pensant qu’il aurait le temps de travailler sur sa premiĂšre bande dessinĂ©e, et s'installe en Californie.

Années Universal (1929-1935)

Sa carriĂšre dans l'animation commence en 1929 aux studios de Walter Lantz chez Universal, comme intervalliste, oĂč il prend le surnom de Fred Avery. En 1930, il devient animateur et travaille essentiellement sur la sĂ©rie Oswald le lapin chanceux soit dans l'Ă©quipe de Walter Lantz, soit dans celle de Bill Nolan. Il en rĂ©alise mĂȘme deux cartoons. C'est Ă  cette Ă©poque qu'il rencontre une coloriste (inker), Patricia Johnson, sa future Ă©pouse, et qu'il devient borgne en prenant dans l’Ɠil une agrafe, lancĂ©e par un membre du groupe[2].

Années Warner (1935-1941)

En 1935, Tex Avery contacte Leon Schlesinger, patron des studios d'animation de la Warner Bros. Ce dernier l'engage pour diriger la troisiĂšme unitĂ© des studios. Son Ă©quipe d’animateurs est constituĂ©e de Chuck Jones, Bob Clampett, Bob Cannon, Virgil Ross et de Sidney Sutherland. L’équipe dĂ©veloppait son propre style, Ă  l’opposĂ© des conventions imposĂ©es par Disney. L’équipe Avery travaille d’abord sur la production en noir et blanc des Studios, les Looney Tunes, avant de travailler sur la production en couleur « Technicolor » : les Merrie Melodies. Son premier cartoon Gold Diggers of '49, popularise Porky Pig, premiĂšre mascotte du studio, dont les traits dĂ©finitifs ont Ă©tĂ© dessinĂ©s par un de ses animateurs, Bob Clampett.

En 1937, Porky's Duck Hunt introduit un nouveau personnage créé par Avery : Daffy Duck, un canard hors de contrÎle bondissant fréquemment en criant « Hoo-hoo! hoo-hoo » d'une voix aiguë et accélérée assurée par Mel Blanc.

On reconnaĂźt Ă  Avery d’avoir dĂ©fini la personnalitĂ© de Bugs Bunny. Alors que les premiĂšres apparitions de Bugs Bunny sont plutĂŽt semblables Ă  celle de Daffy Duck, Avery Ă©tablira la personnalitĂ© de Bugs Bunny dans le dessin animĂ© A Wild Hare en 1940 oĂč ce dernier est animĂ© par Virgil Ross. Avery ne dirigea que trois autres dessins animĂ©s mettant en vedette le lapin. Le Bugs Bunny d'Avery est un lapin Ă  l'attitude dĂ©sinvolte, toujours maĂźtre de la situation et qui s’amuse aux dĂ©pens de son adversaire. A Wild Hare marque aussi le premier jumelage entre Bugs Bunny et Elmer Fudd, une recomposition d’un autre personnage des Looney Tunes, Egghead, crĂ©Ă© Ă©galement par Avery en 1937. C’est dans ce dessin animĂ© que Bugs Bunny s’approche doucement d’un Elmer en train de « chasser le lapin » (hunting rabbits), et lui demande calmement, pour la premiĂšre fois « Quoi de neuf, docteur !? » (What's up, doc!?). Devant les rĂ©actions positives du public Ă  la nonchalance de Bugs Bunny dans des situations dangereuses, Avery fit de la phrase « Quoi de neuf, docteur ? » une part importante de la personnalitĂ© du lapin.

L’association entre Avery et la Warner Bros prend fin en 1941 Ă  la suite d'une dispute avec le producteur Leon Schlesinger au sujet du gag final dans The Heckling Hare en 1941. Dans la version originale imaginĂ©e par Avery, Bugs Bunny et le chien de chasse Willoughby le chien (crĂ©Ă© par Avery et inspirĂ© par le personnage de Lenny, l'un des deux hĂ©ros du livre de John Steinbeck, Des souris et des hommes) devaient tomber trois fois d’une falaise. Selon l’historien MichaĂ«l Barrier, le nƓud du problĂšme pour Schlesinger provenait d’une phrase prononcĂ©e par Bugs Bunny juste avant sa troisiĂšme chute. La scĂšne montrait Bugs Bunny et le chien se tournant vers les spectateurs et Bugs dĂ©clarant : « Hold on to your hats, folks, here we go again! » (« Accrochez-vous Ă  vos chapeaux les gars, on y retourne ! ») ; cette rĂ©plique Ă©voquait un gag radiophonique de l'Ă©poque, gag Ă  connotation sexuelle. Ne voulant pas associer Bugs Bunny avec ce genre de blague, Schlesinger, supposĂ© ĂȘtre aux ordres mĂȘme de Jack Warner, retira la scĂšne de la troisiĂšme chute d'Avery sans en informer ce dernier. Devant ce fait accompli, Avery quitta les studios, laissant derriĂšre lui deux cartoons inachevĂ©s qui seront complĂ©tĂ©s par Bob Clampett.

Par la suite, Avery reste quelque temps Ă  la Paramount Pictures oĂč il rĂ©alise les trois films de la sĂ©rie Speaking of Animals dans lesquels de vĂ©ritables animaux Ă©taient pourvus de la parole, grĂące Ă  un procĂ©dĂ© de doublage de son invention. Il avait, auparavant, proposĂ© cette idĂ©e Ă  Schlesinger qui l'avait refusĂ©e, une dispute s’était ensuivie et il avait, d'ailleurs, Ă©tĂ© suspendu pour deux mois[3].

Années MGM (1942-1954)

Le loup (Wolfie) en smoking, de Tex Avery, en statue devant « Animazing Gallery », Grand Street à Soho, ville de New York.

En 1942, le producteur de la Metro-Goldwyn-Mayer cartoon studio, Fred Quimby l’engagea en tant que rĂ©alisateur Ă  la MGM (Metro-Goldwyn-Mayer) dans leurs studios d’animation. Avery avait encore une fois carte blanche et Ă©tait secondĂ© par une Ă©quipe tout aussi talentueuse qu’à la Warner Bros. On trouvait Scott Bradley Ă  la musique, Rich Hogan (dĂ©jĂ  prĂ©sent Ă  ses cĂŽtĂ©s Ă  la Warner) et Heck Allen (en), Ă©crivaient les scĂ©narios, alors que Preston Blair (jusqu'en 1948), Ray Abrams (jusqu'en 1947), Ed Love (jusqu'en 1945) et Walter Clinton (Ă  partir de 1945) s’occupaient de l’animation. Il peut enfin prendre le surnom de Tex Avery du nom de son État d'origine, le Texas. Convaincu que Schlesinger l’empĂȘchait de s'Ă©panouir, Avery atteindra le sommet de son art dans ses annĂ©es avec la MGM grĂące, entre autres causes, Ă  de plus gros budgets et une plus grande libertĂ©. Ces changements sont Ă©vidents dĂšs le premier film qu'il rĂ©alise Ă  la MGM : Blitz Wolf, parodie des Trois Petits Cochons nominĂ© Ă  l'Oscar du meilleur court-mĂ©trage d'animation en 1943. Dans ce cartoon apparaĂźt pour la premiĂšre fois le loup, animĂ© par Ed Love, caricaturant ici Adolf Hitler.

Le personnage MGM le plus célÚbre d'Avery apparaßt pour la premiÚre fois en 1943 dans Dumb-Hounded : Droopy (initialement Happy Hound). C'est un chien trÚs calme et apathique, presque désabusé, qui gagne toujours à la fin sans jamais produire le moindre effort physique.

Dans Red Hot Riding Hood, toujours en 1943, c'est au tour de la vamp Red, animé par Preston Blair, d'apparaßtre pour la premiÚre fois. Le cartoon fut censuré dans un premier temps, sauf pour les G.I.'s qui purent le voir en version intégrale à la demande de certains de leurs officiers[3].

Tex Avery inventa ici d'autres personnages légendaires tels que l'écureuil fou Casse-noisettes (Screwball "Screwy" Squirrel) en 1944, les deux ours George et Junior (personnages également inspirés du livre Des souris et des hommes) en 1946 ainsi que le bouledogue Spike (en) en 1949. Parmi les autres personnages de la MGM créés par Avery, il faut noter Bad Luck Blackie, Magical Maestro, Lucky Ducky, King-Size Canary ou encore Le lion flagada, Le chat.

À la fin des annĂ©es 1940, il commence une sĂ©rie de films mettant en avant la technologie du futur : The House of Tomorrow, Car of Tomorrow, The Farm of Tomorrow et T.V. of Tomorrow.

Pour se rĂ©tablir du surmenage, Avery prendra une annĂ©e sabbatique en 1950 durant laquelle Dick Lundy, tout juste arrivĂ© des studios de Walter Lantz, prendra la relĂšve Ă  la tĂȘte de l’équipe d’animation de la MGM et rĂ©alisera un cartoon de Droopy ainsi que des cartoons mettant en scĂšne un ancien personnage du studio : Barney Bear (en). En , Avery revient Ă  la MGM et travaille de nouveau.

En 1953, il crée le Loup sudiste, avatar de Spike comme faire-valoir de Droopy présent dans The Three Little Pups, dans Drag-A-Long Droopy ou dans Deputy Droopy.

L'arrivĂ©e de la tĂ©lĂ©vision et du CinĂ©mascope changea le monde de l’animation dans les annĂ©es 1950. L’industrie devant s’adapter Ă  ce nouveau support, les dĂ©lais Ă©taient rĂ©duits alors que la quantitĂ© demandĂ©e augmentait. Avery n’acceptait pas ces nouvelles conditions de travail et voulait rester fidĂšle Ă  sa vision des choses. ÉpuisĂ©, il quittera la MGM en 1954 pour retourner travailler au Walter Lantz Studio. Son dĂ©part oblige l'un de ses talentueux animateurs, Michael Lah, Ă  achever la rĂ©alisation de ses deux derniers cartoons : Deputy Droopy et Cellbound qui ne sortiront qu'en 1955. Par la suite et jusqu'Ă  la fermeture du studio, Lah rĂ©alisera les derniers cartoons de Droopy en CinĂ©mascope.

AprĂšs la MGM (1954-1980)

Avery restera aux studios de Lantz le temps de diriger quatre nouveaux dessins animés, Crazy Mixed-Up Pup, I'm Cold, The Legend of Rockabye Point et Sh-h-h-h-h-h. Studio dans lequel il définira le caractÚre de Chilly Willy le manchot. Malgré deux nominations aux Oscars en deux ans, Avery quitte les studios de Lantz, à la suite d'un différend salarial en 1955, ce qui mettra fin à sa carriÚre dans le monde de la production cinématographique, alors qu'il a moins de 50 ans.

Il se reconvertit dans la publicité télévisuelle dans les années 1960 chez Cascade Pictures of California, dessinant à nouveau les personnages de la Warner Bros avec lesquels il a travaillé à Termite Terrace pour des publicités de jus de fruits de la marque Kool-Aid, et crée notamment les premiers spots de l'insecticide Raid (Oh no! RAID! BOOM!). On lui doit aussi la création, en 1967 de la mascotte controversée de Frito-Lay : Frito Bandito (en), abandonnée en 1971.

Pendant les annĂ©es 1960 et les annĂ©es 1970, Avery est de plus en plus rĂ©servĂ© et dĂ©primĂ©, bien qu'il continue Ă  inspirer le respect Ă  ses pairs. Avery fait donc un ultime retour dans l’animation la derniĂšre annĂ©e de sa vie en travaillant Ă  la Hanna-Barbera Productions. Il y coscĂ©narise le dessin animĂ© The Jokebook et crĂ©e le Kwicky Koala Show qui met en scĂšne, entre autres, le dernier personnage crĂ©Ă© par Avery semblable Ă  Droopy, Kwicky Koala. Il travaille aussi Ă  la crĂ©ation de Cave Mouse, un nouveau personnage pour le Flintstone Comedy Show (en).

Le , quelques semaines aprĂšs son entrĂ©e Ă  l'hĂŽpital St-Joseph de Burbank, Tex Avery dĂ©cĂšde Ă  l’ñge de 72 ans. Il se battait contre un cancer du poumon depuis un an. Il repose au Forest Lawn Memorial Park de Hollywood Hills Ă  Los Angeles, Californie.

Style

Si l'on devait dĂ©finir le style Avery, on pourrait dire qu'il est le contraire de celui de Walt Disney, rĂ©fĂ©rence du genre Ă  l'Ă©poque. Pour Avery, il s'agit d'utiliser les possibilitĂ©s du dessin animĂ© pour enfreindre les contraintes propres au genre, donnant Ă  son style une tournure corrosive absolument non conventionnelle. L'esprit de Tex Avery se trouve parfaitement rĂ©sumĂ© dans une des scĂšnes les plus cĂ©lĂšbres qu'il a imaginĂ©es qu'on trouve dans Red Hot Riding Hood, transposition de l'histoire du Petit Chaperon rouge. Le dessin animĂ© commence comme le conte, mais aprĂšs quelques plans il se poursuit par la rĂ©volte du loup prenant Ă  partie l'Ă©quipe des scĂ©naristes. Jugeant la situation trop conventionnelle et bientĂŽt rejoint dans sa protestation par les autres personnages, il demande que l'on modifie l'histoire. Le conte redĂ©marre alors revu et corrigĂ©. Le Petit chaperon rouge est devenue une chanteuse de cabaret des plus sexys. Elle rend littĂ©ralement fou le loup qui se met Ă  siffler, hurler, trĂ©pigner, dont les yeux sortent littĂ©ralement de sa tĂȘte, dont la langue tombe sur la table Ă  chaque apparition de la pin-up. Cette scĂšne d'anthologie sera reprise avec de nouvelles trouvailles dans d'autres cartoons d'Avery. Quarante ans plus tard, devenue « culte », elle sera mĂȘme pastichĂ©e dans les films The Mask avec Jim Carrey ou dans Qui veut la peau de Roger Rabbit de Robert Zemeckis.

Les personnages d'Avery brisent également à de nombreuses reprises le quatriÚme mur. Ainsi, dans Dumb-Hounded et Northwest Hounded Police, il n'hésite pas à faire sortir de l'image des personnages en train de courir emportés par leur élan ; les perforations du film apparaissent alors créant un effet de surprise totale chez le spectateur ; dans Lucky Ducky (en)), un panneau annonçant la fin du Technicolor surgit soudain à l'écran, la scÚne passant instantanément au noir et blanc ; dans Aviation Vacation et Magical Maestro, une main enlÚve un cheveu sur la pellicule ; dans Thugs with Dirty Mugs on voit l'ombre d'un spectateur en train de s'asseoir. Tous ces effets rapprochent l'univers d'Avery du film d'animation plus que du dessin animé traditionnel.

Du temps de la MGM, Avery travaillait avec des couleurs luxuriantes et des fonds réalistes, mais il dut lentement abandonner ce style pour une approche moins réaliste, plus frénétique, comme on le faisait à l'UPA.

Engagement

Dans Blitz Wolf, son premier cartoon Ă  la MGM et film de propagande amĂ©ricain, Tex Avery met en scĂšne le loup (Hitler) et les Trois Petits Cochons. Un avertissement en dĂ©but de dessin animĂ© prĂ©vient : « The Wolf in this photoplay is NOT fictitious. Any Similarity between this Wolf and that (*!!*___%) jerk Hitler is purely intentional ! » (Le loup de ce film n'est pas fictif. Toute ressemblance entre ce loup et ce (*!!*___%) d'abruti d'Hitler est purement intentionnelle !). On retrouve, au dĂ©but du film, le pacte de non-agression signĂ© par Adolf Wolf, rĂ©fĂ©rence au pacte signĂ© entre Hitler et Staline. La fin du dessin animĂ© annonce : « The End of Adolf » (La fin d'Adolf) et, plus bas, « If you'll buy a stamp or a bond we'll skin that skunk across the pond » (Si vous achetez un bon d'État on fera la peau Ă  ce putois !). Avant ce cartoon, Tex Avery avait dĂ©jĂ  montrĂ© son engagement lors de la scĂšne finale de Crazy Cruise, dernier cartoon qu'il rĂ©alise Ă  la Warner Bros.

Reconnaissance tardive

Tex Avery est devenu une rĂ©fĂ©rence sur le tard. Il n'a Ă©tĂ© reconnu et cĂ©lĂ©brĂ© que longtemps aprĂšs la fin de sa carriĂšre par une poignĂ©e de journalistes cinĂ©philes aux États-Unis, mais aussi et surtout en Europe. Il faut comprendre que durant sa pĂ©riode faste, son nom et sa personnalitĂ© n'Ă©taient pas vraiment mis en avant par la Warner ou la MGM. De plus, les critiques et les journalistes ne savaient pas vraiment qui Ă©tait le crĂ©ateur qui se cachait derriĂšre cette Ɠuvre si singuliĂšre. Certains ont mĂȘme cru que Tex Avery n'existait pas et n'Ă©tait qu'un pseudonyme collectif. C'est Ă  partir des annĂ©es 1960-70 que l'on a vraiment cernĂ© l'identitĂ© et l'histoire de ce gĂ©nie de l'animation alors qu'il ne produisait plus grand-chose. Cette situation s'explique par plusieurs facteurs : d'abord, les studios hollywoodiens considĂ©raient le dessin animĂ© de court mĂ©trage comme un travail collectif. Il est probable aussi qu'ils ne voulaient pas mettre en avant une « vedette » qui aurait pu vouloir voler de ses propres ailes. Enfin, Tex Avery semblait un homme modeste et discret par nature, cultivant un certain mystĂšre sur sa vie personnelle, mĂȘme s'il Ă©tait plutĂŽt jovial quand on le rencontrait. Il ne fit jamais d'efforts pour ĂȘtre reconnu comme un grand auteur, semblant surpris qu'on s'intĂ©ressĂąt Ă  lui. En France, deux journalistes ont permis une meilleure connaissance de l'homme et de son Ɠuvre : Robert Benayoun d'abord, qui rĂ©ussit non sans difficultĂ©s Ă  Ă©tablir le contact avec lui et Ă  le rencontrer au dĂ©but des annĂ©es 1960, prouvant ainsi qu'Avery n'Ă©tait pas un mythe, puis Patrick Brion, dont le livre sur le rĂ©alisateur rencontra un grand succĂšs Ă  sa parution en 1984, le faisant connaĂźtre auprĂšs du grand public.

Descendance artistique

Bien qu’il n’ait pas connu la renaissance des films d’animation des annĂ©es 1990-2000, son influence se reflĂšte encore aujourd’hui dans les plus rĂ©cents dessins animĂ©s comme Qui veut la peau de Roger Rabbit, les Tiny Toons, Ren et Stimpy, Les Animaniacs, Les Simpson, etc. Le film The Mask lui rend Ă©galement hommage.

Avery et la censure

Les cartoons de Tex Avery ont souvent été l'objet de censure, notamment pour leur caractÚre supposément « raciste » envers les Afro-Américains entre autres. Cette censure a touché la France au début des années 2000. Ainsi l'édition en DVD de l' « intégrale » de sa période MGM sortie par Warner Home Video en 2003 n'a d'intégrale que le nom. En effet, deux des soixante-cinq films, La Cabane de l'oncle Tom et Le Pygmée demi-portion, ont été purement supprimés, tandis que de nombreux autres films ont subi des modifications ou coupures avec notamment la suppression de plans concernant des gags jugés non politiquement corrects[4].

Distinctions

Nominations aux Oscars

RĂ©compense aux Annie Awards

National Film Registry

Filmographie

Universal Cartoon Studios

Leon Schlesinger Productions (Warner Bros.)

Paramount

MGM cartoon studio (Metro-Goldwyn-Mayer)

  • Le TrĂšs MĂ©chant Loup[5] (Blitz Wolf, 1942) (Der Gross mĂ©chant loup) (Un panneau modifiĂ© par trucage numĂ©rique et un gag censurĂ© car propagande anti-japonaise)
  • L'Oiseau matinal[5] (The Early Bird Dood It!, 1942)
  • Droopy fin limier[5] (Dumb-Hounded, 1943) (Entourloupe)
  • Red Hot Riding Hood (1943) (Le Petit Chaperon chauffĂ© Ă  blanc)
  • Who Killed Who? (en) (1943) (Qui a tuĂ© qui?)
  • Quel petit cochon[5] (One Ham's Family, 1943) (La Famille jambonneau)
  • Qui a trop faim ?[5] (What's Buzzin' Buzzard?, 1943) (Mieux vautour que jamais)
  • Casse-noisettes et ses copains[5] (Screwball Squirrel, 1944) (L'Écureuil chtarbĂ©)
  • Batty Baseball (1944) (La Batte folle)
  • Casse-noisettes fait le fou[5] (Happy-Go-Nutty, 1944) (À chtarbĂ©, chtarbĂ© et demi) (Un gag censurĂ© pour ses allusions racistes)
  • Casse-noisettes s'amuse[5] (Big Heel-Watha, 1944) (Mou du nougat)
  • Casse-noisettes fait l'Ă©cole buissonniĂšre[5] (The Screwy Truant, 1945) (L'Écureuil buissonnier)
  • Droopy en Alaska[5] (The Shooting of Dan McGoo, 1945) (Le Meurtre de Dan McGoo)
  • Jerky Turkey (1945) (Digne dindon)
  • Les MĂ©tamorphoses de Cendrillon[5] (Swing Shift Cinderella, 1945) (Cendrillon fait les trois huit)
  • Entre chien et loup[5] (Wild and Woolfy, 1945) (Le Grand MĂ©chant Louche)
  • Lenny s'ennuie[5] (Lonesome Lenny, 1945)
  • The Hick Chick (1946) (Plouc Ă  bec)
  • Police montĂ©e[5] (Northwest Hounded Police, 1946) (Un de la police montĂ©e)
  • MĂ©fiez-vous des cocottes[5] (Henpecked Hoboes, 1946) (Viens pou-poule) (Un gag censurĂ© pour ses allusions racistes)
  • George et Junior vagabonds[5] (Hound Hunters, 1947) (Chasseurs de chien)
  • Pas de fumĂ©e sans feu[5] (Red Hot Rangers, 1947) (Les Chevaliers du feu)
  • La Cabane de l'oncle Tom[5] (Uncle Tom's Cabaña, 1947) (cartoon censurĂ© car basĂ© sur des Noirs)
  • Le Lion flagada[5] (Slap Happy Lion, 1947)
  • DrĂŽle de canari[5] (King-Size Canary, 1947) (Le Canari de 500 kg)
  • HomĂšre la puce[5] (What Price Fleadom, 1948) (Un jour ma puce viendra)
  • Le putois amoureux[5] (Little Tinker, 1948) (Parfum de sconse)
  • Le PygmĂ©e demi-portion[5] (Half-Pint Pygmy, 1948) (cartoon censurĂ© car caricaturant une minoritĂ© ethnique)
  • Lucky Ducky (1948) (Canard veinard) (Un gag censurĂ© pour ses allusions racistes)
  • Le Chat misanthrope[5] (The Cat that Hated People, 1948) (Le Chat qui dĂ©testait les gens)
  • Le Noiraud porte malheur[5] (Bad Luck Blackie, 1949) (Blackie la poisse)
  • Droopy torĂ©ador[5] (Señor Droopy, 1949)
  • La Maison de demain[5] (The House of Tomorrow, 1949)
  • Le Coup du lapin[5] (Doggone Tired, 1949)
  • Wags to Riches (1949)
  • Les Deux Chaperons rouges[5] (Little Rural Riding Hood, 1949) (Le petit chaperon rural)
  • Droopy chasseur[5] (Out-Foxed, 1949)
  • The Counterfeit Cat (1949)
  • Tom ventriloque[5] (Ventriloquist Cat, 1950)
  • Tom et le Coucou[5] (The Cuckoo Clock, 1950)
  • Entre chien et taupe[5] (Garden Gopher, 1950) (Un gag censurĂ© pour ses allusions racistes)
  • Droopy sportif[5] (The Chump Champ, 1950)
  • Le Gentil Cordonnier[5] (The Peachy Cobbler, 1950)
  • Le Chant du coq[5] (Cock-a-Doodle Dog, 1951)
  • Droopy l'intrĂ©pide[5] (Daredevil Droopy, 1951) (Deux gags censurĂ©s pour des allusions racistes)
  • Un boy-scout Ă©mĂ©rite[5] (Droopy's Good Deed, 1951) (Plusieurs gags censurĂ©s selon les versions pour des allusions racistes)
  • Symphony in Slang (1951)
  • La Voiture de demain[5] (Car of Tomorrow, 1951)
  • Droopy et son frĂšre[5] (Droopy's Double Trouble, 1951)
  • Magical Maestro (1952) (Le Chef d'orchestre illusionniste ou Tom et le Magicien)[5]
  • La Famille taxi[5] (One Cab's Family, 1952)
  • Rock-a-Bye Bear (1952)
  • BĂ©bĂ© avion Ă  rĂ©action[5] (Little Johnny Jet, 1953) (Johnny le petit jet)
  • La TV de demain[5] (T.V. of Tomorrow, 1953)
  • The Three Little Pups (1953)
  • Droopy Ă  la conquĂȘte de l'Ouest[5] (Drag-a-Long Droopy, 1954)
  • Billy Boy (1954)
  • Droopy pionnier[5] (Homesteader Droopy, 1954)
  • La Ferme de demain[5] (The Farm of Tomorrow, 1954)
  • Le Cirque des puces[5] (The Flea Circus, 1954)
  • Droopy chef d'orchestre[5] (Dixieland Droopy, 1954)
  • PĂȘcheur et chasseur[5] (Field and Scream, 1955)
  • Le Premier Truand texan[5] (The First Bad Man, 1955)
  • Droopy shĂ©rif[5] (Deputy Droopy, 1955) (achevĂ© par Michael Lah)
  • Mise en boĂźte[5] (Cellbound, 1955) (Dernier film de Tex Avery pour MGM, achevĂ© par Michael Lah)
  • Millionaire Droopy (1956) (Remake en Cinemascope de Wags to Riches (1949) par William Hanna et Joseph Barbera)
  • Cat's Meow (1957) (Remake en Cinemascope de Ventriloquist Cat (1950) par William Hanna et Joseph Barbera)

Walter Lantz Studio (Universal)

  • Le Meilleur Ami du chien[5] (Crazy Mixed Up Pup, 1954)
  • Chaudes les fourrures[5] (I'm Cold, 1954)
  • La LĂ©gende du rocher pointu[5] (The Legend of Rockabye Point, 1955)
  • Chut...[5] (Sh-h-h-h-h-h, 1955)

Culture

Cinéma

  • Le film The Mask en 1994, rend clairement hommage Ă  Tex Avery. Le personnage de Stanley Ipkiss, interprĂ©tĂ© par Jim Carrey, possĂšde des cassettes vidĂ©os du Texan ; et on peut le voir en train de regarder l'Ă©pisode Red Hot Riding Hood, mettant en scĂšne le personnage du loup.

Télévision

Littérature

Notes et références

  1. « What's up Doc ».
  2. Selon Pete Burness, il s'agit d'un trombone lancé par Tex Hastings par plaisanterie - cité dans Le mystÚre Tex Avery de Robert Benayoun, p. 29.
  3. « AVERY Tex ».
  4. « Tex Avery, victime du politiquement correct », sur liberation.fr, (consulté le ).
  5. Patrick Brion, Tex Avery, Titres français / titres anglais, Ă©dition ChĂȘne, (ISBN 978-2-8123-0107-0), 2e Ă©dition, 2009, page 174.

Bibliographie

  • Patrick Brion, Tex Avery, Paris, Le ChĂȘne, 1984.
  • Robert Benayoun, Le mystĂšre Tex Avery, Paris, Le Seuil, 1988, coll. "Point virgule", (ISBN 2020098709).
  • Pierre Lambert, Le cartoon Ă  Hollywood, Paris, SĂ©guier, 1989.
  • Pierre Lambert, Tex Avery : l'art de Tex Avery au studio MGM, Rozay-en-Brie, DĂ©mons et merveilles, 1993.
  • Alain DuchĂȘne, Tex Avery, Ă  faire hurler avec les loups, Paris, Dreamland, 1997.
  • Pierre Floquet, Le langage comique de Tex Avery : dix ans de crĂ©ation Ă  la MGM, 1942-1950, prĂ©face de Patrick Brion, Paris, L'Harmattan, 2009.
  • Nicolas Witkowski, Chroniques avĂ©ryennes, -

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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