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Temple d'Apollon Palatin

Le temple d'Apollon Palatin (en latin : Templum, Aedes[a 1] ou Delubrum Apollinis[a 2] in Palatio[a 3]) est le deuxième temple de Rome dédié à Apollon, construit sur le Palatin par Auguste. Il s'intègre dans un complexe plus vaste étroitement lié à la résidence d'Auguste et de Livie, l'Area Apollinis, qui comprend également un portique, une bibliothèque et un arc de triomphe.

Temple d'Apollon Palatin
Image illustrative de l’article Temple d'Apollon Palatin
Vestige d'un chapiteau d'une colonne
du temple d’Apollon Palatin.

Lieu de construction Regio X Palatium
Mont Palatin
Date de construction De 36 Ă 
Ordonné par Auguste
Type de bâtiment Temple romain
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.
Carte de la Rome antique montrant la localisation de Temple d'Apollon Palatin.
Temple d'Apollon Palatin
Localisation du temple dans la Rome antique (en rouge)

CoordonnĂ©es 41° 53′ 19″ nord, 12° 29′ 08″ est
Liste des monuments de la Rome antique

Localisation

La localisation précise du temple sur le Palatin demeure encore incertaine. Selon une première hypothèse, il pourrait avoir occupé le site connu aujourd'hui sous le nom de Vigna Barberini, au nord-est de la colline. La zone a en effet été occupée par un édifice majeur, un temple entouré d'un portique à colonnade qui pourrait correspondre à la description que les auteurs antiques font du temple d'Apollon mais qui est plus couramment identifié au temple d'Élagabal. Une deuxième hypothèse, plus populaire auprès des archéologues et des historiens, situe le temple entre la Domus Augustana et les Scalae Caci, ce qui laisse juste l'espace nécessaire à la construction[1].

Fonction

Il s'agit du deuxième temple consacré à Apollon à Rome, après le temple d'Apollon Medicus, mais le premier qui soit construit dans le pomerium. En effet, Apollon étant une divinité étrangère, son culte a jusque-là été exclu des limites sacrées de la ville[2]. Les Livres sibyllins sont transférés dans ce nouveau temple depuis le temple de Jupiter Capitolin et placés dans le piédestal de la statue cultuelle d'Apollon[3] - [a 4]. Le Sénat se réunit assez fréquemment dans le temple ou dans la bibliothèque attenante durant le règne d'Auguste, signe que le pouvoir est passé entre les mains du princeps. La cérémonie des ludi saeculares, réinstaurée et développée par Auguste à partir de , se déroule en partie dans le temple.

Dans les textes antiques, le culte d'Apollon porte l'épithète Palatinus relatif à sa localisation mais aussi Navalis[a 5], Actius[a 6] ou Actiacus[a 7], épithètes relatifs à la nature des vœux d'Auguste. Après sa construction, le temple devient un ex-voto de la victoire sur Marc Antoine[4]. On trouve également l'épithète Rhamnusius[a 8] qui peut s'expliquer par le fait que la statue cultuelle réalisée par Scopas provienne de Rhamnonte[1].

Histoire

Antiquité

Le temple est voué par Octavien en [a 9] - [a 10], durant sa campagne contre Sextus Pompée[5]. Il promet d'ériger un temple dédié à Apollon si ce dernier lui permet de sortir victorieux de la bataille navale de Nauloque. Il aurait voué ce temple une deuxième fois avant la bataille d'Actium, nouvelle bataille navale, en

Le lieu choisi pour la construction qui commence dès [6] se trouve sur le Palatin, à proximité de la résidence d'Auguste, sur un terrain frappé par la foudre[a 11], miracle attribué à Apollon lui-même, et par conséquent rendu public[5] - [a 10]. Le temple est achevé et dédié le [a 12].

Le temple est détruit lors d'un incendie le 18 mars 363, mais les Livres sibyllins sont sauvés[a 13].

Fouilles archéologiques

Terrasse du temple d'Apollon sur le Palatin.

En 1865, des fouilles archéologiques dirigées par Pietro Rosa[7] permettent la mise au jour des vestiges d'un podium de temple en ciment augustéen près de la Domus Augusti, ainsi qu'une série de volées de marches successives au sud-ouest permettant d'y accéder[1], escalier baptisé Gradus Celsi[a 14]. Les fouilles se poursuivent en 1870, en 1937 sous la direction d'Alfonso Bartoli et en 1956 sous la direction de Gianfilippo Carettoni et Giuseppe Lugli[8]. Depuis 1968, on a découvert à proximité du temple des fragments de plaques de terre cuite décorées de reliefs qui devaient être fixées à l'architrave, comme pour les anciens temples étrusques. Les reliefs montrent des motifs qui se répètent, des figures de divinités ou de canéphores, avec des traces de pigments violets, roses et turquoise[9].

Si l'identification du temple avec les ruines qui se trouvent immédiatement au sud de la Domus Augusti est correcte, il reste en plus du podium une partie du sol en marbre encore apparent par endroits. Près du temple ont également été retrouvés les fragments d'une colonne et d'un chapiteau d'ordre corinthien[7].

La découverte sous le temple de traces de maisons aux sols ornés de mosaïques datant de la République confirme la datation augustéenne du temple et invalide une hypothèse de Lanciani qui l'identifiait au temple de Jupiter daté de (Aedes Iovis Propugnator in Palatio)[10].

Description

Aureus datés de 76. À l'avers, les profils de l'empereur Vespasien et du césar Titus et au revers, une des quatre génisses de Myron rappelant leur transfert deux ans plus tôt du temple d'Apollon au temple de la Paix.
Aureus datés de 76. À l'avers, les profils de l'empereur Vespasien et du césar Titus et au revers, une des quatre génisses de Myron rappelant leur transfert deux ans plus tôt du temple d'Apollon au temple de la Paix.

Description des auteurs antiques

Lors de son inauguration, le temple est considéré comme le plus somptueux et magnifique des édifices de la première période augustéenne[a 15]. Dans ses Élégies, Properce laisse une description très admirative du temple.

« Tu me demandes pourquoi je me suis fait attendre ? C'est que le divin Auguste vient d'ouvrir le magnifique portique d'Apollon. [...] Au milieu du portique s'élevait, en marbre, le temple, qu'Apollon préfère à Délos, où il reçut le jour. On admirait sur le faîte un char du Soleil en or ; et la double porte, noble dépouille de l'éléphant d'Afrique, qui représentait d'un côté les Gaulois précipités des sommets du Parnasse, de l'autre la mort cruelle de l'infortunée Niobé. Enfin Apollon, revêtu d'une robe traînante, fait retentir ses chants entre sa sœur et sa mère. »

— Properce, Élégies, II, 31

Architecture extérieure

L'architecture gĂ©nĂ©rale du temple qui occupe la partie nord de la terrasse de l'Area Apollinis n'est pas connue avec exactitude. Il est peut-ĂŞtre prostyle hexastyle, pĂ©riptère octastyle[11] ou encore hexastyle pseudo-pĂ©riptère[12]. Il est construit avec de grands blocs de marbre blanc de Luni[a 16]. Il se dresse sur un haut podium fait de blocs de tuf et de travertin. Si les fragments de colonnes retrouvĂ©s sur le site appartiennent bien Ă  ce temple, on peut le reconstituer comme hexastyle pseudo-pĂ©riptère[13] avec un pronaos profond de trois colonnes. Sept colonnes sont Ă  demi-engagĂ©es dans les longs murs extĂ©rieurs de la cella. Les colonnes corinthiennes portent 24 cannelures. Elles sont hautes de 14,5 mètres et ont un diamètre de 1,45 mètre. Le temple est peut-ĂŞtre diastyle, c'est-Ă -dire que l'espace entre les colonnes est Ă©gal au triple de leur diamètre[5] - [a 17].

L'acrotère supérieur est orné d'un char conduit par le Soleil tandis que sur les acrotères latéraux se dressent des groupes statuaires réalisés par Boupalos et Athénis[a 18]. Les portes de la cella sont décorées avec des bas-reliefs en ivoire représentant l'expulsion de Delphes des Galates et la destinée des Niobides[a 19] - [5].

En avant du temple se dresse une statue de marbre d'Apollon placée sur un piédestal orné de béliers et un autel entouré de quatre génisses en bronze de Myron[a 20] rapportées d'Athènes par Auguste. Une statue d'Hercule, copie d'une œuvre de Lysippe, l'accompagne[9]. Les statues de Myron sont transférées au temple de la Paix après sa construction sous Vespasien[m 1].

Décoration intérieure

Ă€ l'intĂ©rieur de la cella presque carrĂ©e de 20,5 Ă— 18 mètres[13] ont Ă©tĂ© placĂ©es trois statues de culte, une d'Apollon, une de Diane et une de Latone. Apollon est reprĂ©sentĂ© jouant de la lyre (Apollo Citharoedus), Ĺ“uvre attribuĂ©e au sculpteur Scopas[a 21], rapportĂ©e de Rhamnonte en Attique. La statue de Diane-ArtĂ©mis a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par TimothĂ©os[a 22] mais la tĂŞte a Ă©tĂ© retravaillĂ©e par Caius Avianus Evandre. La statue de Latone a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par CĂ©phisodote[7] - [9] - [a 23]. Le temple est une sorte de musĂ©e : on peut y admirer les statues des neuf muses, peut-ĂŞtre des copies de celles prĂ©sentes dans le temple d'Apollon Sosianus sur le Champ de Mars, et une collection d'objets prĂ©cieux dont des gemmes taillĂ©es dĂ©diĂ©es Ă  Marcellus, des trĂ©pieds d'or dĂ©diĂ©s par Auguste et un lustre rapportĂ© du temple d'Apollon de CymĂ©[a 24].

  • « Apollo Barberini », copie probable de la statue cultuelle du temple d'Apollon.
    « Apollo Barberini », copie probable de la statue cultuelle du temple d'Apollon.
  • Fragment du pied de la statue d'Apollon Palatin.
    Fragment du pied de la statue d'Apollon Palatin.
  • Fragment de la tĂŞte de la statue.
    Fragment de la tĂŞte de la statue.

Notes et références

  • Sources modernes :
  1. Richardson 1992, p. 14.2.
  2. Duret et NĂ©raudau 2001, p. 308-309.
  3. Platner et Ashby 1929, p. 18.
  4. Gros 1993, p. 54.
  5. Richardson 1992, p. 14.1.
  6. Varinlioğlu 2008, p. §1.
  7. Coarelli 2007, p. 142-143.
  8. Gros 1993, p. 56.
  9. Duret et NĂ©raudau 2001, p. 309.
  10. Varinlioğlu 2008, p. §2.
  11. Platner et Ashby 1929, p. 17.
  12. Lugli 1950, p. 276-285.
  13. Varinlioğlu 2008, p. §3.
  • Autres sources modernes :
  1. Harold Mattingly, Coins of the Roman Empire in the British Museum, XXXVIII
  • Sources antiques:
  1. Properce, Élégies, II, 31, 19
  2. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, 24
  3. Auguste, Res Gestae, IV, 19
  4. Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 31, 3
  5. Properce, Élégies, IV, 1, 3
  6. Properce, Élégies, IV, 6, 67
  7. Ovide, MĂ©tamorphoses, XIII, 715
  8. RĂ©gionnaires de Rome, X
  9. Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 29, 2
  10. Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XLIX, 15, 5
  11. Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 29, 3
  12. Dion Cassius, Histoire romaine, Livre LIII, 1, 3
  13. Ammien Marcellin, Res Gestae, XXIII, 3, 3
  14. Ovide, Tristes, III, 1, 59
  15. Velleius Paterculus, Histoire romaine, II, 81, 3
  16. Servius, Ad Aeneid, VIII, 720
  17. Vitruve, De architectura, III, 3, 4
  18. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, 13
  19. Properce, Élégies, II, 31, 12-16
  20. Properce, Élégies, II, 31, 5-8
  21. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, 25
  22. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, 32
  23. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXVI, 34-35
  24. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXVII, 11

Bibliographie

Ouvrages généraux

Ouvrages sur le temple

  • Giuseppe Lugli, « Le temple d'Apollon et les Ă©difices d'Auguste sur le Palatin », Comptes rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres, vol. 94, no 3,‎ , p. 276-285 (lire en ligne)
  • (en) GĂĽnder VarinlioÄźlu, « Apollo, Templum (Palatinum) », Digital Augustan Rome,‎ (lire en ligne)
  • Eva Margareta Steinby (dir.), Lexicon Topographicum Urbis Romae, Edizioni Quasar, 1993-2000
    • Pierre Gros, « Apollo Palatinus », dans LTUR I, , 480 p. (ISBN 88-7097-019-1), p. 54-57
    • (en) Amanda Claridge, « Apollo Palatinus », dans LTUR V, , 376 p. (ISBN 88-7140-162-X), p. 225
  • (it) Gianfilippo Carettoni, « Roma : le costruzioni di Augusto e il tempio di Apollo », Archeologia Laziale, no 1,‎ , p. 72-74

Liens externes

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