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Tchoukotka

Le district autonome de Tchoukotka (en russe : Чуко́тский автоно́мный о́круг, Tchoukotski avtonomny okroug), ou simplement la Tchoukotka (Чукотка), est un sujet fédéral de Russie du district fédéral extrême-oriental, à l'extrémité nord-est de Russie.

District autonome de Tchoukotka
(ru) Чукотский автономный округ
(ckt) Чукоткакэн автономныкэн округ
Blason de District autonome de Tchoukotka
Armoiries de la Tchoukotka
Drapeau de District autonome de Tchoukotka
Drapeau de la Tchoukotka
Tchoukotka
Ours sur l'île Wrangel.
Administration
Pays Drapeau de la Russie Russie
Région économique Extrême-Orient
District fédéral Extrême-oriental
Statut politique District autonome, gouvernorat
Création 10 décembre 1930
Capitale Anadyr
Gouverneur Vladislav Kouznetsov (intérim)
Démographie
Population 50 040 hab. (2022)
Densité 0,07 hab./km2
Géographie
Coordonnées 66° 15′ 10″ nord, 172° 00′ 04″ est
Superficie 721 481 km2
Autres informations
Langue(s) officielle(s) Russe, tchouktche
Fuseau horaire UTC+12
Code OKATO 77
Code ISO 3166 RU-CHU
Hymne
Immatriculation 87
Localisation
Localisation de District autonome de Tchoukotka
Liens
Site web чукотка.рф

    Géographie

    La région est baignée par la mer de Sibérie orientale, la mer des Tchouktches et la mer de Béring et séparée du continent américain par le détroit de Béring. Sa superficie est de 721 481 km2 (une fois et demie celle de la France).

    La capitale administrative et la plus grande ville est Anadyr, avec une population de 15 240 habitants (2021).

    Le lac d'El'gygytgyn est situé dans le centre de la Tchoukotka.

    Environnement

    Vue aérienne du nord de la Tchoukotka entièrement gelé

    La Tchoukotka compte trois écosystèmes différents : le désert arctique au nord[1], la toundra alpestre ou arctique qui constitue la plus grande partie du paysage, mais aussi la taïga dans les vallées les plus importantes[2].

    Du fait du climat et des vents arctiques, cette dernière est seulement composée de petits mélèzes, pins, bouleaux, peupliers et saules.

    On distingue en revanche 900 espèces de plantes dont 400 de lichens et de mousses.

    La région abrite également de nombreuses espèces de mammifères, environ 220 espèces d'oiseaux et de nombreuses sortes d'insectes[2].

    Climat

    Les températures varient de −35 à −15 °C en janvier et de +5 à +14 °C en juillet avec beaucoup de vent sur les côtes et peu de précipitations (200 à 400 mm par an). La période végétative est courte, seulement 80 à 100 jours par an.

    Histoire

    Âge de la pierre

    Les premiers habitants arrivent dans la Tchoukotka durant l'âge de la pierre en provenance d'Asie centrale et orientale. À cette époque, la mer n'a pas encore séparé l'Alaska de la Sibérie et une région aujourd'hui engloutie, la Béringie, unit les deux continents[3]. La mer la recouvre il y a environ 10 000 ans. C'est à cette période que le climat commence à se réchauffer et que les habitants doivent passer de la chasse aux mammouths à l'élevage du renne et à la chasse aux mammifères marins. Les restes de nombreux anciens camps ont été retrouvés.

    Avant l'arrivée des colons russes au début du XVIIe siècle, les Tchouktches et les Yupiks sibériens vivent sur les côtes, tandis que l'intérieur des terres essentiellement le long des rivières est peuplé par les Youkaguirs et que les Koriaks habitent sur la côte sud-est. D'autres peuples Tchouvanes et Évènes vivent également dans la région.

    La conquête russe

    En 1644, les cosaques atteignent le fleuve Kolyma et Mikhaïl Stadoukhine, le chef de l'expédition, donne une description des Tchouktches. À la fin des années 1640, Simon Dejnev mène plusieurs expéditions à l'est de la Kolyma. La forteresse d'Anadyr, l'actuelle capitale de la Tchoukotka, est fondée en 1652. La forteresse est menacée d'abandon jusqu'à la découverte du Kamtchatka, à la fin du siècle. Anadyr devient alors la base de départ des expéditions vers cette région.

    En 1725, Pierre le Grand envoie Vitus Béring en exploration au Kamtchatka et, dans le même temps, envoie une expédition militaire pour soumettre les Tchouktches. Le détachement russe mené par Afanassi Chestakov est battu[4]. Il faut attendre 1731 pour qu'un détachement de cosaques, accompagné de troupes auxiliaires de Koriaks et Youkaguirs, parvienne à vaincre la résistance tchouktche. Une partie de ces derniers accepte alors de payer le tribut à l'Empire russe. En 1747 toutefois, un détachement russe qui doit soumettre l'ensemble des Tchouktches est à nouveau battu. Ces deux dernières attaques ont été menées par l'ancien adjoint de Chestakov, le major Dmitri Pavloutski. Le gouvernement russe change alors de tactique et invite les Tchouktches à devenir citoyens de l'Empire. Un traité de paix est signé en 1778.

    Entre 1821 et 1825, Ferdinand von Wrangel et Fiodor Matiouchkine entreprennent une expédition d'exploration sur les côtes de Sibérie orientale et le long de certaines rivières. L'île Wrangel porte désormais le nom du premier d'entre eux. En 1828, c'est au tour de l'expédition de Friedrich von Lütke (1826-1829) d'explorer la région.

    Après la vente de l'Alaska aux États-Unis, en 1867, des Américains commencent à venir en Tchoukotka pour chasser et commercer avec les indigènes. Les Russes ne tardent pas à réagir et mettent en place, en 1883, des patrouilles côtières chargées d'arrêter les navires américains et de confisquer leurs biens. En 1888, la région administrative d'Anadyr est créée et, en 1909, deux districts sont créés au sein de cette région : le district d'Anadyr et celui de Tchoukotka.

    Période soviétique

    À partir de 1919, la région est soumise à la collectivisation et les autochtones à une sédentarisation forcée durant la période soviétique.

    Lorsque l'Allemagne nazie attaque l'Union soviétique en 1941, tout est fait pour que la production d'étain puisse commencer aussi rapidement que possible en Tchoukotka. C'est le début de l'industrie minière dans la province, industrie qui va devenir sa base économique. C'est également pendant la guerre que des géologues découvrent d'importantes réserves d'or qui seront exploitées dès les années 1950. En 1942, deux aérodromes (Ouelkal et Markovo) sont aménagés pour permettre aux Américains de rejoindre Krasnoïarsk depuis Fairbanks, en Alaska.

    La Tchoukotka post-soviétique

    Depuis 1977, la Tchoukotka était un okroug (district) autonome au sein de l'oblast de Magadan. En 1991, elle fait sécession pour devenir un sujet de la fédération de Russie à part entière. Cette décision est entérinée par la Cour constitutionnelle de Russie en 1993.

    Le pouvoir est exercé par le gouverneur qui contrôle aussi les médias locaux. Le parlement local ne joue qu'un rôle de « chambre d'enregistrement » des décisions du gouverneur. Le pouvoir central, à Moscou, ne s'intéresse que très peu à la région[5].

    En 2000, le milliardaire russe Roman Abramovitch est élu gouverneur de la région. Il est ensuite confirmé pour un second mandat par le président russe Vladimir Poutine. Abramovitch a versé plusieurs milliards de roubles pour améliorer l'infrastructure et aider la population locale, faisant même venir des administrateurs de ses sociétés pour moderniser et gérer les équipements et l'administration. Certaines sources estiment qu'il a versé entre 150 et 200 millions de dollars par an depuis son élection en 2000. L'argent versé par le milliardaire a ainsi permis de doubler le PIB de la région et de tripler voire plus le revenu des habitants[6]. Il a proposé sa démission mais le président Poutine l'a refusée. Le , sa démission du poste de gouverneur de la Tchoukotka est acceptée par le président Dmitri Medvedev[7].

    Population et société

    Démographie

    Recensements (*) ou estimations de la population[8]:

    Évolution démographique
    1926 1939 1950 1959* 1970* 1975 1979* 1985 1989* 1990
    13 00021 00024 00046 689101 184124 000132 859155 000157 528156 000
    1992 1994 1996 1998 2000 2001 2002* 2003 2005 2006
    146 000113 00091 00081 00072 20068 90053 82453 80050 70050 500
    2007 2008 2010* 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
    50 50050 30050 52650 50051 00050 80050 60050 50050 20049 800
    2018 2019 2020 2021 2022 - - - - -
    49 30049 70050 28849 52750 040-----

    La population a fortement chuté depuis la fin de la période soviétique.

    Année Fécondité Fécondité urbaine Fécondité rurale
    19902,091,822,88
    19911,941,593,12
    19921,801,443,23
    19931,591,213,02
    19941,681,293,15
    19951,491,162,64
    19961,591,252,61
    19971,481,152,38
    19981,661,282,65
    19991,411,132,05
    20001,581,232,36
    20011,781,382,63
    20021,701,292,52
    20031,781,432,43
    20041,991,572,75
    20051,911,532,56
    20061,781,542,23
    20071,831,592,22
    20081,751,462,23
    20091,671,491,90
    20101,891,702,18
    20111,811,522,25
    20121,971,652,51
    20131,911,562,59
    20142,041,593,15
    20152,101,643,92
    20162,111,625,23
    20172,081,626,08
    20182,021,506,65
    20191,681,165,56

    Principales villes

    Le district autonome de Tchoukotka compte trois villes (marquées dans le tableau avec un astérisque) et dix-huit communes urbaines.

    Nom Nom russe Raïon Population
    (1/01/2021)
    Aliskerovo Алискерово Bilibino 0
    Anadyr* Анадырь pas de raïon 15 240
    Beringovski Беринговский Anadyr 801
    Bilibino* Билибино Bilibino 5 717
    Bystry Быстрый Tchaoun -
    Chakhtiorski Шахтёрский Anadyr 0
    Dalny Дальний Bilibino
    Egvekinot Эгвекинот Ioultin 3 138
    Ioujni Южный Tchaoun -
    Komsomolski Комсомольский Tchaoun 0
    Leningradski Ленинградский Ioultin 0
    Mys Chmidta Мыс Шмидта Ioultin 124
    Ougolnye Kopi Угольные Копи Anadyr 3 919
    Otrojni Отрожный Anadyr -
    Pevek* Певек Tchaoun 4 513
    Providenia Провидения Provideniya 2 141
    Vesenny Весенний Bilibino

    Les habitants des communes urbaines d'Aliskerovo (Алискерово), Vstretchny (Встречный), Baranikha (Бараниха), Valkoumeï (Валькумей) et Krasnoarmeïski (Красноармейский) ont quitté leurs communes qui sont devenues des villes fantômes. Parmi les villages de Tchoukotka figure Ryrkaypiy, un village côtier.

    Composition ethnique

    Une grande partie des Russes et des Ukrainiens qui étaient venus s'établir dans la région durant l'après-guerre sont repartis, comme le montre le tableau ci-dessous.

    Recensement 1939 Recensement 1959 Recensement 1970 Recensement 1979 Recensement 1989 Recensement 2002 Recensement 2010
    Tchouktches 12 111 (56,2 %) 9 975 (21,4 %) 11 001 (10,9 %) 11 292 (8,1 %) 11 914 (7,3 %) 12 622 (23,5 %) 12 772 (26,7 %)
    Tchouvanes 944 (0,6 %) 951 (1,8 %) 897 (1,9 %)
    Inuits 800 (3,7 %) 1 064 (2,3 %) 1 149 (1,1 %) 1 278 (0,9 %) 1 452 (0,9 %) 1 534 (2,9 %) 1 529 (3,2 %)
    Évènes 817 (3,8 %) 820 (1,8 %) 1 061 (1,0 %) 969 (0,7 %) 1 336 (0,8 %) 1 407 (2,6 %) 1 392 (2,9 %)
    Russes 5 183 (24,1 %) 28 318 (60,7 %) 70 531 (69,7 %) 96 424 (68,9 %) 108 297 (66,1 %) 27 918 (51,9 %) 25 068 (52,5 %)
    Ukrainiens 571 (2,7 %) 3 543 (7,6 %) 10 393 (10,3 %) 20 122 (14,4 %) 27 600 (16,8 %) 4 960 (9,2 %) 2 869 (6,0 %)
    Autres 2 055 (9,5 %) 2 969 (6,4 %) 7 049 (7,0 %) 9 859 (7,0 %) 12 391 (7,6 %) 4 432 (8,2 %) 2 961 (6,2 %)


    Politique et administration

    Politique

    FonctionNomDepuis le
    Gouverneur (par intérim)Vladislav Kouznetsov

    Divisions administratives

    Carte des subdivisions administratives de la Tchoukotka.

    La Tchoukotka compte 6 raïons et une ville d'arrondissement (ru).

    Subdivision Nom russe Code

    OKATO

    Population

    (2021[Rosstat 1])

    Superficie

    (milliers de km²)

    Centre administratif
    Raïons administratifs
    1 Raïon d'Anadyr Анадырский район 77 203 8161 287 508,40 Anadyr
    2 Raïon de Bilibino Билибинский район 77 209 7418 174 651,96 Bilibino
    3 Raïon d'Ilioutine Иультинский район 77 215 4835 136 644,24 Egvekinot
    4 Raïon de Providenia Провиденский район 77 220 3707 27 285,68 Providenia
    5 Raïon de Tchaoun Чаунский район 77 230 4776 67 091,41 Pevek
    6 Raïon de Tchoukotka Чукотский район 77 233 4995 30 247,13 Lavrentia
    Ville d'arrondissement
    7 Anadyr 60,34 13 598 77 401

    Personnalité

    Économie

    La Tchoukotka possède de grandes réserves de pétrole, de gaz naturel, de charbon, d'or et de tungstène.

    L'exploitation de l'or, qui constitue l'une des principales activités économiques de la région, a commencé en 1955. Le niveau maximal de production a été atteint en 1974 avec une production de plus de 36 tonnes. La production a fortement chuté dans les années 1990 et est désormais stable à environ 5 tonnes par année. L'exploitation des mines d'or est partagée désormais en un peu plus d'une vingtaine de compagnies[9].

    La région dispose de réserves de quatre autres métaux non ferreux : l'argent, le tungstène, l'étain et le cuivre. La production d'argent est d'environ 12 tonnes par année (2004), extrait principalement à Valounistoïe. Le tungstène et l'étain ne sont, eux, plus exploités. La production de tungstène, qui a duré de 1958 à 1992, a permis d'extraire environ 90 000 tonnes de minerai. Celle d'étain, qui a duré de 1941 à 1992, a produit plus de 200 000 tonnes de minerai. La montée des prix de ce minerai pourrait rendre rentable une reprise de la production en Tchoukotka[9]. Enfin, la région dispose de réserves de cuivre qui n'ont encore jamais été exploitées[9].

    Deux mines de charbon sont également exploitées en Tchoukotka actuellement, pour une production annuelle de 634 100 tonnes en 2005. Il s'agit des mines de Boukhta Ougolnaïa et d'Anadyrskoïe[10].

    La majeure partie de la population a toutefois une vie rurale, vivant de l'élevage de rennes, de la chasse ou de la pêche. La population urbaine est employée dans l'industrie minière ou dans la fonction publique.

    La nourriture de la population indigène est constituée à plus de 50 % de mammifères marins (baleine grise, baleine boréale et cachalot, notamment). La pêche est donc une activité économique importante. Les conventions de la Commission baleinière internationale autorisent la pêche de 140 baleines grises par année aux indigènes de la Tchoukotka[11].

    Références

    1. Descriptif de la Tchoukotka sur le site Regards de femmes, consulté en septembre 2008.
    2. WWF International, « The Bering Sea Ecoregion, Chukotka's Natural Heritage at a Glance » [PDF] (consulté le )
    3. Une analyse de dents bouscule une théorie répandue sur l'origine des Amérindiens
    4. Yves Gauthier et Antoine Garcia, L'exploration de la Sibérie, Actes Sud, 1996, p. 191
    5. [PDF] Zoïa Tagryn'a-Weinstein et Charles Weinstein, « Les Russes et la Tchoukotka », Slavica Occitania, vol. 8, , p. 11 (lire en ligne)
    6. « La Tchoukotka de Roman Abramovitch : un modèle d’État idéal », sur RIA Novosti (consulté le )
    7. « Tchoukotka : Medvedev a accepté la démission d'Abramovitch », sur RIA Novosti (consulté le )
    8. « Демоскоп Weekly - Приложение. Справочник статистических показателей. », sur www.demoscope.ru (consulté le )« Демоскоп Weekly - Приложение. Справочник статистических показателей. », sur www.demoscope.ru (consulté le )« Демоскоп Weekly - Приложение. Справочник статистических показателей. », sur www.demoscope.ru (consulté le )« Народная энциклопедия "Мой город". Чукотский автономный округ », sur www.mojgorod.ru (consulté le )(ru) Population résidente par municipalité de la fédération de Russie au 1er janvier 2020 (lire en ligne [rar])(ru) Population résidente par municipalité de la fédération de Russie au 1er janvier 2021 (lire en ligne [xlsx])(ru) Service fédéral des statistiques de l'État, Population permanente de la fédération de Russie par municipalités au 1er janvier 2022 (lire en ligne)
    9. (en) site officiel de la province, consulté en .
    10. (en) site officiel de la province, consulté en .
    11. (en) site officiel de la région, consulté en .

    Données du Service fédéral des Statistiques (Rosstat)

    1. (ru) Service fédéral des statistiques de l'État russe, Tableau 5. Population de la Russie, districts fédéraux, entités constitutives de la fédération de Russie, districts urbains, districts municipaux, districts municipaux, agglomérations urbaines et rurales, agglomérations urbaines, agglomérations rurales de 3 000 habitants ou plus . Résultats du recensement panrusse de la population 2020-2021 (lire en ligne [xlsx])

    Voir aussi

    Liens externes

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