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Tapisseries flamandes du roi Sigismond II

Les tapisseries flamandes du roi Sigismond II de Pologne constituent une collection de tapisseries tissĂ©es aux Pays-Bas et dans les Flandres qui, Ă  l'origine, comptaient 365 pièces rassemblĂ©es par la famille Jagellon pour dĂ©corer l'intĂ©rieur du château du Wawel Ă  Cracovie. Elles sont Ă©galement appelĂ©es les « arras du Wawel », du nom de la ville française d'Arras, grand centre de production de tapisseries au XVIe siècle, bien qu'aucune n'ait Ă©tĂ© produite dans cette ville. La sĂ©rie entière fut donnĂ©e en testament par le roi Sigismond II de Pologne Ă  la couronne polonaise[1].

Tapisserie avec des satyres, orné d'un bouclier avec le monogramme SA de Sigismond Auguste, vers 1555.
Verdure, Une loutre avec un poisson dans la bouche, atelier de Jan van Tieghems, vers 1555.

Origine des tapisseries

La première tapisserie vient de la dot de la reine Bona Sforza. Plus tard, en 1526 et 1533, le roi Sigismond Ier de Pologne commanda 108 tapisseries Ă  Anvers et Bruges. La plupart des pièces furent commandĂ©es entre 1550 et 1565 par Sigismond II de Pologne dans des ateliers oĂą Jan Willem de Kempeneer, Jan van Tieghem et Nicolas Leyniers Ă©taient actifs. Il y avait au dĂ©part 170 tapisseries dans les collections royales, dont 84 en noir et blanc avec les armes royales et les lettres SA, 8 autres que Sigismond reçut en cadeau de l'empereur Maximilien Ier, ainsi que d'autres dons de dĂ©lĂ©gations Ă©trangères. Ces dons comprennent aussi une tenture avec l'aigle polonais et l'annĂ©e 1560, les initiales royales ainsi que les lettres CKCH (« Christophorus Krupski Capitaneus Horodlo ») Ă  cĂ´tĂ© des armes de Korczak vapen et l'inscription « SCABELLVM PEDVM TVORVM » (« pour vos pieds un escabeau », extrait du Psaume 110), un cadeau de Krzysztof Krupski, gouverneur de HorodĹ‚o (HrubieszĂłw), Ă  Sigismond. Les tapisseries furent montrĂ©es au public pour la première fois lors du mariage entre Sigismond II et Catherine d'Autriche. Sur les 138 tapisseries conservĂ©es, 30 pièces sont aujourd'hui exposĂ©es au château du Wawel. Leur taille Ă©tait adaptĂ©e aux murs auxquels elles devaient ĂŞtre suspendues et certaines d'entre elles mesurent 5 x 9 m. Elles ont Ă©tĂ© tissĂ©es en laine, soie et fils d'or sur des mĂ©tiers Ă  tisser avec une densitĂ© de 8-10 fils de chaĂ®ne par centimètre.

Thèmes des tapisseries

  •  Scènes bibliques : histoire des Premiers parents, de NoĂ© et de la tour de Babel (numĂ©ros d'inventaire du musĂ©e du Wawel 1—18), MoĂŻse, Absalom, Nabuchodonosor, SaĂĽl (dispersĂ©es), d'après des dessins de Michiel Coxcie pour les scènes et d'un artiste anonyme du cercle de Cornelis Floris and Cornelis Bos pour les encadrements. 
  • Scènes mythologiques : la guerre de Troie, les expĂ©ditions militaires de Cyrus en Perse, l'histoire de Romulus et Remus, de Scipion l'Africain, d'Hannibal, de Jules CĂ©sar et d'Auguste (dispersĂ©es). 
  • Paysages et scènes animales, aussi appelĂ©s verdures (numĂ©ros d'inventaire du musĂ©e du Wawel 19—78), crĂ©Ă©s aux alentours de 1560 d'après des cartons d'un artiste anonyme du cercle de Pieter Coecke van Aelst (parfois associĂ© Ă  Willem Tons). 
  • Grotesques avec les armes de la Pologne et de la Lituanie et les initiales royales (numĂ©ros d'inventaire du musĂ©e du Wawel 79—134/2), crĂ©Ă©s aux alentours de 1560, d'après des cartons d'un artiste anonyme issu du cercle des peintres Cornelis Floris and Cornelis Bos, trois des grotesques (nr inv 92, 93 et 94) sont basĂ©es sur des dessins de Cornelis Bos. 

Histoire des tapisseries

Cette série de tapisseries est la plus grande collection commandée par un seul souverain. Selon le testament du dernier roi de la dynastie Jagellon, la série devait être léguée à ses trois sœurs, puis après leur mort, à l'état de Pologne.

Le bonheur du Paradis, atelier de Jan de Kempeneers studio, vers 1550.

Le testament Ă©tait malheureusement trop peu prĂ©cis et cela crĂ©a des conflits entre la famille royale et les nobles autour de la question de leur propriĂ©tĂ©. La collection entière n'a Ă©tĂ© rassemblĂ©e qu'un court moment jusqu'en 1572 au château de Tykocin. Les sĹ“urs de Sigismond la dispersèrent ensuite entre leurs châteaux Ă  Cracovie, NiepoĹ‚omice, Varsovie, Vilnius et Hrodna, et certaines furent mĂŞme envoyĂ©es en Suède. Le roi de Suède et de Pologne Sigismond III emporta en effet avec lui 30 pièces qu'Anna Jagellon envoyait Ă  sa sĹ“ur Catherine Jagellon (la mère de Sigismond) Ă  Stockholm. En 1633, trois des tapisseries avec les scènes de MoĂŻse furent prĂ©sentĂ©es au pape Urbain VIII par Jerzy OssoliĹ„ski, envoyĂ© en mission par le roi Vladislav IV. Pendant les guerres polonaises de Charles X, la collection fut cachĂ©e par Jerzy Sebastian Lubomirski dans sa propriĂ©tĂ© Ă  Spiš. Plus tard, le roi Jean II Casimir Vasa hypothĂ©qua 157 tapisseries Ă  Jan Gratta, un marchand de GdaĹ„sk, sans l'autorisation du parlement polonais. Après son abdication, Jean II Casimir Vasa prit avec lui quelques tapisseries quand il s'exila en France, malgrĂ© les protestations de la noblesse polonaise. Elles ne furent retournĂ©es en Pologne qu'en 1724. Le parlement envoya la sĂ©rie entière au couvent des CarmĂ©lites de Varsovie, sĂ©rie qui fut utilisĂ©e une dernière fois en 1764 Ă  l'occasion du couronnement de Stanislas II Auguste. Après la rĂ©novation des intĂ©rieurs du château de Varsovie en style nĂ©oclassique, le roi commanda de nouvelles tapisseries de France et les tapisseries flamandes furent dĂ©placĂ©es au palais de KrasiĹ„ski. Selon un inventaire rĂ©digĂ© sous Stanislas II Auguste, il y avait environ 156 tapisseries. En 1795, après le troisième partage de la Pologne, Alexandre Vassilievitch Souvorov les emporta en Russie avec d'autres objets pillĂ©s dans des rĂ©sidences royales.

Après avoir retrouvé son indépendance et remporté la guerre contre l'URSS, le gouvernement polonais réussit, entre 1922 et 1924, à récupérer 137 tapisseries, dans différents états. Certaines avaient été coupées pour s'adapter aux murs du Palais d'hiver de Saint Pétersbourg et du palais de Gatchina ou avaient été utilisées pour recouvrir des meubles. Quelques-unes se trouvent encore en Russie est sont exposées dans différents musées sans mention de leur provenance. Au début de la deuxième guerre mondiale en 1939, les tapisseries qui se trouvaient au château Wawel furent envoyées, à travers la Roumanie, la France et l'Angleterre jusqu'au Canada, pour être enfin rendues à la Pologne dans les années 1960, après 15 ans de négociations. Quand la série revint en Pologne après un long voyage en 1961, elle fut accueillie par les habitants de Cracovie et la cloche de Sigismund sonna.

Aujourd'hui, le château du Wawel possède 137 tapisseries (deux d'entre elles, deux paysages de forĂŞt, l'un avec une biche et un canard qui attrape un poisson, l'autre avec une biche et des girafes, de Nicolas Leyniers, sont exposĂ©es au château de Varsovie) ; la sĂ©rie est la plus grande collection complète de tapisseries en Europe. L'humanitĂ© avant le dĂ©luge revint en Pologne en 1977, comme un don de l'URSS, et est aujourd'hui exposĂ©e au château de Varsovie. Une tapisserie manquante, qui reprĂ©sente Dieu bĂ©nissant la famille de NoĂ©, apparut sur le marchĂ© dans les annĂ©es 1950 et fut acquise par le Rijksmuseum Amsterdam (numĂ©ro d'inventaire BK-1955-99).

Références

Bibliographie

  • Jerzy Szablowski, Les tapisseries flamandes au château du Wawel Ă  Cracovie. TrĂ©sors du roi Sigismond II Auguste Jagellon, Anvers, Fonds Mercator, , 499 p..
  • (en) Guy Delmarcel (dir.), Flemish Tapestry Weavers Abroad : Emigration and the Founding of Manufactories in Europe, Louvain, Leuven University Press, (ISBN 90-5867-221-2), p. 247-262.
  • T. MaĹ„kowski, « Les tapisseries Ă  la cour des derniers Jagellons », Bulletin international de l'AcadĂ©mie polonaise des sciences et des lettres,‎ , p. 31-34 (lire en ligne).
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