Accueil🇫🇷Chercher

Suzanne Lanoy

Suzanne Lanoy, née Suzanne Julie Blin le à Bully-en-Gohelle et morte sous la torture[1] le à Douai, est une enseignante et une résistante française.

Suzanne Lanoy
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  30 ans)
Douai
SĂ©pulture
Nom de naissance
Suzanne Julie Blin
Nationalité
Domicile
Formation
École normale d’Arras (d)
Activités
Conjoint
René Lanoy (de à )
Autres informations
Parti politique
Membre de
Conflit
Plaque commémorative
Vue de la sépulture.

Biographie

Acte de naissance.

Suzanne Julie Blin est née le 8 juillet 1913 au domicile de ses parents, cité des cheminots à Bully. Son père est Paul Blin (1874-1958), employé au Chemin de fer du Nord et sa mère, Hélène Demailly (1885-1918). Elle est la plus jeune de trois filles[2].

Elle fréquente le cours complémentaire de Bully-les-Mines de 1924 à 1929, puis entre à l’École normale d’institutrices d’Arras en 1929. Elle est ensuite admise en quatrième année à l’École normale d'institutrices de Rennes. Elle est reçue première au concours du professorat d'histoire-géographie des écoles normales en 1935[3] - [4].

Elle travaille comme institutrice stagiaire à Fleurbaix puis au cours complémentaire d’Hesdin, enseigne dans les écoles normales de La Roche-sur-Yon de 1935 à 1936 puis de Douai de 1936 à 1940. À ce moment-là, le régime de Vichy décide la fermeture des écoles normales d'instituteurs et institutrices, considérées comme des foyers de laïcisme et de républicanisme. De 1940 à sa mort en 1944, elle enseigne à l’école primaire supérieure de Douai[3].

Elle épouse René Lanoy, professeur des sciences naturelles, le 18 mars 1940. Ils ont un fils, André[2] - [5].

En 1934, Suzanne Blin adhère au Parti communiste. De 1936 à 1939, elle donne des conférences à la Maison de la Culture à Lille, ainsi qu’aux militants ouvriers à Douai et devient, en 1936, la secrétaire parlementaire du député-mineur de Douai, Henri Martel. Le Parti communiste est interdit par un décret-loi du 26 septembre 1939[6] et passe dans la clandestinité. À partir de l'automne 1940, Suzanne Lanoy-Blin entreprend la réorganisation du Parti communiste clandestin du Douaisis et constitue des comités féminins qui deviendront par la suite l’Union des Femmes Françaises[3]. À la même période, elle rejoint un groupe d'instituteurs d'Arras et distribue les journaux et tracts du Parti communiste[7].

À la fin de 1941, début 1942, le Front National, mouvement de la Résistance intérieure, s’implante dans le Nord, René et Suzanne Lanoy-Blin sont chargés de son implantation dans le Douaisis et le Cambrésis[5].

Vers la fin du mois d’octobre 1942, Suzanne Lanoy-Blin est arrêtée par la police française, elle est soupçonnée de poursuivre une activité clandestine mais relâchée faute de preuve[5] - [3].

À la suite de la naissance de leur fils, Suzanne Lanoy-Blin ralentit ses activités de résistante et se consacre à la propagande. Elle rédige le journal clandestin du Front National des instituteurs du Nord et du Pas-de-Calais, La Pensée Française, destiné plus précisément aux enseignants et aux intellectuels. À la fin de 1942, elle crée un nouveau journal du Front National : Vaincre[3] - [7].

En avril 1943, René Lanoy prend sa nouvelle responsabilité au Front national du Pas-de-Calais, responsabilité qu’il exerce jusqu’à la Libération sous le pseudonyme de « Gilbert ». Le 1er mars 1944, la police allemande, sur la piste de René Lanoy, perquisitionne le domicile familial. René Lanoy, prévenu par la nourrice de leur enfant de seize mois (selon un code convenu: le volet à demi baissé signifie un danger) n'est pas présent, mais la police trouve un poste TSF et des documents servant à la rédaction clandestine de journaux. Le lendemain, 2 mars 1944, la Gestapo arrête Suzanne Lanoy-Blin. Elle est conduite au siège de la police allemande, le Sicherheitsdienst, situé quai du Maréchal Foch à Douai. Elle y est sauvagement torturée alors qu’elle est enceinte de son deuxième enfant[5] - [8] - [4].

Le soir du 6 mars 1944, Suzanne Lanoy-Blin succombe à ses blessures sans avoir livré de noms[5]. Les autorités allemandes essaient de faire passer sa mort pour un suicide, déclarant à ses sœurs qui souhaitent lui rendre visite le 7 mars 1944, qu’elle s’est pendue la veille. Les Allemands l’enterrent à la sauvette le lendemain au cimetière de Douai et laissent des agents sur place pour arrêter René Lanoy s'il vient se recueillir sur la tombe de sa femme. Quelques jours plus tard, des résistants plantent une croix portant ces mots : « Suzanne Lanoy-Blin, héroïne de la résistance morte pour la France le 6 mars 1944 ». Peu de temps après, un commandant FTP abat le tortionnaire de Suzanne Lanoy-Blin[3].

René Lanoy continue son activité dans le Pas-de-Calais. Mais il trouve lui aussi la mort quelques mois plus tard dans un accident de voiture, le 14 décembre 1944, à Sainte-Catherine-lès-Arras[5].

Suzanne Lanoy-Blin est inhumée au cimetière de Douai, sur le finage de Sin-le-Noble.

Hommages

Suzanne Lanoy-Blin a le grade de lieutenant des Forces Françaises de l'Intérieur[9].

Elle est décorée de la Rosette de l'Ordre de la Libération[10].

De nombreuses écoles portent le nom de Suzanne Lanoy Blin : à Bully-les-Mines, Erre, Férin, Hornaing, Lambersart, Leers, Louvroil, Hornaing, Mouvaux, Nœud-les-Mines, Pecquencourt, Wingles, ainsi que des rues ou places dans de nombreuses communes du nord de la France : Bruille-lez-Marchiennes, Cuincy, Douai, Rieulay, Somain, Haillicourt, Éleu-dit-Leauwette, Fenain, Flines-lez-Raches, Tourcoing, etc.

Son nom est gravé sur :

  • Le monument des RĂ©sistants Ă  Bruille-lez-Marchiennes
  • des plaques commĂ©moratives :
    • Ă  l’École normale de Rennes,
    • sur sa maison natale, rue de CondĂ© Ă  Bully-les-Mines, porte la mention « Suzanne BLIN , HĂ©roĂŻne Française, Morte Ă  la suite des tortures de ses bourreaux allemands est nĂ©e dans cette maison, La population bullygeoise reconnaissante »[11]
    • sur la maison du couple, en face du 130 rue de la Herse « A vĂ©cu dans cette maison Suzanne LANOY nĂ©e le 8 juillet 1913, Professeur Ă  l'École Normale de Douai, RĂ©sistante, arrĂŞtĂ©e le 29 fĂ©vrier 1944, Morte pour la France sous la torture le 7 mars 1944 »,
    • Ă  la Chapelle de l'hĂ´tel de ville de Douai, et
    • sur le mur de l'Ă©cole primaire Suzanne Blin, de Bully-les-Mines, inaugurĂ©e en octobre 2010[9] .
  • Monument Ă  Bruille-lez-Marchiennes.
    Monument Ă  Bruille-lez-Marchiennes.
  • Maison sise rue de la Herse Ă  Douai.
    Maison sise rue de la Herse Ă  Douai.
  • La place Suzanne-Lanoy Ă  Douai.
    La place Suzanne-Lanoy Ă  Douai.
  • Rue Suzanne-Lanoy Ă  Bruille-lez-Marchiennes.
    Rue Suzanne-Lanoy Ă  Bruille-lez-Marchiennes.
  • Rue Suzanne-Lanoy Ă  Cuincy.
    Rue Suzanne-Lanoy Ă  Cuincy.
  • Rue Suzanne-Lanoy Ă  Fenain.
    Rue Suzanne-Lanoy Ă  Fenain.
  • Rue Suzanne-Lanoy Ă  Rieulay.
    Rue Suzanne-Lanoy Ă  Rieulay.
  • Rue Suzanne-Lanoy Ă  Somain.
    Rue Suzanne-Lanoy Ă  Somain.
  • Rue Suzanne-Lanoy, Ă  Vred.
    Rue Suzanne-Lanoy, Ă  Vred.

Une cérémonie de commémoration en l'honneur de René et Suzanne Blin le 11 décembre 2011 et en présence des portes drapeaux et des associations d'anciens combattants, André Bouzigues, le maire de Sainte-Catherine, accompagné de son conseil municipal, Charles Gheerbrant ancien député et maire de Saint-Nicolas-Lez-Arras, Bernard Belgeulle le président départemental de l'ANACR et René Liétard, 85 ans et incontournable mémoire patriotique de l'Artois, un hommage a été rendu à Suzanne et à René Lannoy.

Bibliographie

  • Jacqueline Duhem, Crimes et criminels de guerre allemands, Lille, Les Lumières de Lille, 2016, (ISBN 978-2919111329)
  • Catherine Lacour-Astol, Les rĂ©sistantes du Nord : un engagement prĂ©coce, des parcours diversifiĂ©s, dans Femmes et RĂ©sistance en Belgique et en zone interdite, sous la dir. de Robert Vandenbussche, Lille, Histoire et littĂ©rature du Septentrion, 2007 p. 25-43 (ISBN 9782490296125) Lire en ligne
  • Catherine Lacour-Astol, RĂ©sistance, genre et reprĂ©sentations en sortie de deuxième guerre mondiale dans le Nord, dans MĂ©moires et reprĂ©sentations de la RĂ©sistance, sous la dir. de Robert Vandenbussche, Institut de recherches historiques du Septentrion, 2018, 126 p.

Notes et références

  1. « Denain : Grandes oubliées de la Résistance, les femmes reprennent vie au musée », sur http://www.lavoixdunord.fr/, La Voix du Nord,
  2. « Généalogie de Suzanne Julie BLIN », sur Geneanet (consulté le ).
  3. Odette Hardy-Hémery, Michel Rousseau, « Blin Suzanne, Julie [épouse Lanoy] - Maitron », sur fusilles-40-44.maitron.fr (consulté le )
  4. Ville de Billy-Montigny, « Qui était Suzanne Blin ? », Billy Info, no 37,‎ , p. 5 (lire en ligne).
  5. Sophie Léger, « Suzanne Lanoy (1913-1944) », sur Résistance en Pas-de-Calais, (consulté le ).
  6. « Décret-loi du 26 septembre 1939. Dissolution des organisations communistes (SFIC). Abrogé par l'ordonnance du 1 juillet 1943 », sur legifrance.gouv.fr (consulté le )
  7. Section du Parti communiste du Pays de Morlaix, « Portrait de résistante communiste: 11. Suzanne Lanoy, une enseignante en résistance (100 ans d'engagements communistes) », sur Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez (consulté le ).
  8. Jacky la Baraka se remémore, Conseil national de la résistance, (lire en ligne).
  9. « MémorialGenWeb Fiche individuelle », sur memorialgenweb.org (consulté le )
  10. « - Mémoire des hommes », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  11. « Bully-lès-Mines plaque Suzanne Blin », sur memoiresdepierre.pagesperso-orange.fr (consulté le )

Annexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.