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Stéphane Mandelbaum

Stéphane Mandelbaum, né à Bruxelles le et mort en sur les hauteurs de Beez, dans la banlieue de Namur (Belgique), est un peintre et dessinateur néo-expressionniste belge.

Stéphane Mandelbaum
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Naissance
Décès
(Ă  25 ans)
Namur
Nationalité
Activités

Biographie

Fils du peintre Arié Mandelbaum et de l'illustratrice Pili Mandelbaum[1], Stéphane Mandelbaum montre très jeune des dispositions exceptionnelles pour le dessin[2]. Une forte dyslexie amène ses parents à le placer, de 12 à 18 ans, au Snark[3], une école expérimentale dans laquelle il va apprendre à écrire[4]. Il entre ensuite à l’académie d’art de Watermael-Boitsfort, où il aura pour professeur Lucien Braet[5], puis en 1979 à l’école des arts d’Uccle, où il rencontrera le peintre Paul Trajman[6] et où il s’initiera à la gravure[7].

À ce moment correspond une profonde transformation physique : l’enfant frêle devient un jeune homme charismatique, qui discipline son corps à travers des sports de combat et ne cesse de dessiner de façon compulsive. Il s’installe dans le quartier de Saint-Gilles, à Bruxelles, apprend le yiddish et s'intéresse à ses racines juives[8].

Fasciné par les grandes figures de la transgression et par leur vie violente, il dessine ou peint de façon répétitive les portraits de Francis Bacon, Pier Paolo Pasolini, Arthur Rimbaud ou Pierre Goldman, ainsi que des nazis célèbres comme Joseph Goebbels[9]. Il exécute aussi, en 1983, deux tableaux particulièrement subversifs, intitulés Rêve d’Auschwitz, dans lesquels il confronte des scènes érotiques à la représentation de l’entrée du camp de concentration[10].

Mandelbaum est également fasciné par les voyous et la pègre. Son ami, le peintre Paul Trajman, raconte : « il y avait le Stéphane du jour et le Stéphane nocturne »[6]. Il fréquente le quartier de Matonge, épouse Claudia, une jeune Zaïroise[11], dédie sa première exposition à un célèbre trafiquant noir. À partir de ce moment, il est mêlé à diverses affaires, dont la plus célèbre est le vol d’un Modigliani, dans un appartement de l’avenue Louise, en 1986, qui lui sera fatale. Devenu menaçant car le commanditaire refuse de lui remettre sa part[12], il est assassiné par ses complices au mois de et abandonné, à demi défiguré par l’acide, dans un terrain vague de la banlieue de Namur. Son corps ne sera retrouvé que plus d’un mois plus tard par des enfants[13].

Ĺ’uvre

L’œuvre de Stéphane Mandelbaum, essentiellement dessiné, s’apparente au courant néo-expressionniste : portraits très expressifs, réalisme poussé jusqu’à la caricature, violence du trait aussi bien que des thèmes. L’un de ses premiers tableaux, réalisé à l'âge de quinze ans, est un autoportrait de l'artiste pendu à un crochet et dont le sexe est mutilé. Il se représente également avec ses frères sous la crosse d’un saint Nicolas nazi. Des dessins de grandes dimensions proposent des portraits de Goebbels ou de Röhm[14]. Violence, humour et outrance caractérisent ses plus grandes œuvres dont l’inspiration est à trouver essentiellement du côté de Bacon et des artistes expressionnistes d’avant-guerre : Otto Dix et George Grosz[15].

On a aussi parlé de Jean-Michel Basquiat à son propos — artiste très exactement contemporain dont il ne pouvait connaître le travail, en raison de sa pratique d’un dessin basé sur l’inventaire, la juxtaposition, la citation détournée dans une véritable écriture de la page blanche[16]. On peut aussi penser dans sa production quotidienne de petits formats (A4), journal crypté mêlant réel et imaginaire, à la pratique de l’art brut.

Le catalogue raisonné est en préparation par l'Association Stéphane Mandelbaum[17]. Sa dernière oeuvre réalisée connue est un portrait de son ami et artiste Paul Trajman, daté de 1986[18].

Quelques Ĺ“uvres

Parmi ses Ĺ“uvres les plus notables[19] :

  • Autoportrait, 1976 ;
  • Pier Paolo Pasolini et Christ, 1980 ;
  • L’Empire des sens, 1981 ;
  • Kischmatores !, portrait de son père AriĂ© Mandelbaum), 1982, mine graphite, crayon de couleur et collage sur papier, 150 x 118 cm, coll. Poznanski (Bruxelles).
  • Mickey et Himmler, 1983 ;
  • RĂŞve d’Auschwitz, 1983.

Expositions personnelles

  • 1982
    • Dessins (Librairie l’Île lettrĂ©e, Virton)
  • 1985
    • Dessins (Christine Colmant Art Gallery, Bruxelles)
    • Dessins et stylos Ă  bille (Galerij Hugo Godderis, Furnes)
  • 1987
    • Dessins et stylos Ă  bille (Christine Colmant Art Gallery, Bruxelles)
  • 1988
    • RĂ©trospective (Le Botanique - Centre culturel de la CommunautĂ© française de Belgique, Bruxelles)
    • L'Ĺ“uvre gravĂ© (Christine Colmant Art Gallery, Bruxelles)
    • L'Ĺ“uvre intime (Galerie d'Art en Marge, Bruxelles)
  • 1994
    • « Machinalement », stylos Ă  bille (Le Salon d'Art, Bruxelles)
  • 2003
    • « Le RĂŞve de la RĂ©alitĂ© », dessins (Galerie Didier Devillez, Bruxelles)
  • 2019
    • « StĂ©phane Mandelbaum », dessins (Centre Pompidou, Paris)[20]
    • « StĂ©phane Mandelbaum - The Inner Demons of an 80's Artist », dessin et peinture (MusĂ©e Juif de Belgique, Bruxelles)
  • 2022
    • « StĂ©phane Mandelbaum », MUSEUM FĂśR MODERNE KUNST (14 April–30 October), Frankfurt [21]

Notes et références

  1. Son père est juif et sa mère est arménienne ; une sépulture au cimetière juif de Bruxelles lui sera refusée.
  2. Gérard Preszow et Georges Meurant ont montré la continuité qui unit les dessins d'enfance, d'adolescence et d'âge adulte de Stéphane Mandelbaum, du moins avec ceux de cette dernière période que Meurant qualifie d'œuvre « intime » et Preszow d'œuvre « machinale » — il s'agit d'errances dont les graffiti envahiront par les marges, de plus en plus souvent, l'œuvre « officielle » faite pour l'école puis pour les galeries.
  3. La revue Identique de l'Ă©cole ElisĂ©e-Reclus diffusĂ©e par TRANSĂ©DITION D/1974/1485/3 (Archives de l’ULB BE.ULB-A&B-ARCH.8RR585) contient notamment un dessin de StĂ©phane Mandelbaum sous l'identitĂ© de « StĂ©phane du Snark ». Georges Meurant, auteur du scĂ©nario du film AriĂ© Mandelbaum, PassĂ©-Actuel de Michel Coupez, y a introduit des sĂ©quences tournĂ©es au Snark (16 mm, 16 min, 1976).
  4. Jerôme Michaud-Larivière, Tête d’homme, Paris, Julliard, 1993, p. 158-163.
  5. Jerôme Michaud-Larivière, op. cit., p. 55-58.
  6. « EXPO - Stéphane Mandelbaum, l'irrévérencieux au centre Pompidou - Maze Magazine », sur Maze, (consulté le )
  7. Jerôme Michaud-Larivière, op. cit., p. 207-209.
  8. Voir le témoignage de son frère Alexandre Mandelbaum et de Gérard Preszow dans le documentaire de Preszow, La Sainteté Stéphane, Cobra Films, Bruxelles, 1993.
  9. Son père présente un grand nombre de ses œuvres dans le documentaire de Stéphane Collin, Mad in Polen, portrait de Stéphane Mandelbaum, Jakaranda, 2000.
  10. RĂŞve d'Auschwitz est reproduit dans la revue L'Ĺ’uf sauvage, no 8, Paris, 1993.
  11. Voir l'article d'Anne Diatkine, « Mandelbaum, mort à 25 ans », L’Autre Journal, no 3, Paris, juillet-août 1990.
  12. Yves Wellens, Épreuve d’artiste, Waterloo, Renaissance du Livre, coll. « Grand miroir », 2011, p. 119-129.
  13. Yves Wellens, op. cit., p. 27-41.
  14. Georges Meurant, préface du catalogue d'exposition au Botanique, Stéphane Mandelbaum, monographie, 42 peintures et dessins, Bruxelles, Fondation Stéphane Mandelbaum, 1988.
  15. Gilles Sebhan, Mandelbaum ou le rĂŞve d'Auschwitz, Impressions Nouvelles, 2014, p. 96.
  16. Gilles Sebhan, op. cit., p. 9, p. 77, p. 107.
  17. Site de l'Association Stéphane Mandelbaum.
  18. « Les Editions Martin de Halleux - Stéphane Mandelbaum, une monographie », sur Les Éditions Martin de Halleux (consulté le )
  19. Toutes reproduites dans Stéphane Mandelbaum, monographie, 42 peintures et dessins, Bruxelles, Fondation Stéphane Mandelbaum, 1988.
  20. [LeVif/L'Express, 2019, n°13 pp. 74-75] Michel Verlinden, « M le maudit », sur www.levif.be, (consulté le ).
  21. https://www.mmk.art/en/whats-on/stephane-mandelbaum/

Voir aussi

Monographies et catalogues

  • Catalogue Hugo Godderis, 15 dessins. Textes de Hugo Godderis et GĂ©rard Preszow, 1985.
  • StĂ©phane Mandelbaum, monographie, 42 peintures et dessins, prĂ©face par Georges Meurant, Bruxelles, Fondation StĂ©phane Mandelbaum, 1988 (OCLC 902399906).
  • StĂ©phane Mandelbaum. L'Ĺ’uvre intime, sous la direction de Georges Meurant, 77 dessins, Bruxelles, Art en marge, 1988.
  • « StĂ©phane Mandelbaum » in : Georges Meurant, Analogies II, Namur, Province de Namur/Service de la Culture, 1992 (OCLC 901073353).
  • StĂ©phane Mandelbaum. L’Œuvre gravĂ©, texte de Marcel Moreau, Bruxelles, Didier Devillez Éditeur, 1992.
  • StĂ©phane Mandelbaum. Machinalement, texte de Georges Meurant, plaquette pour une exposition, Bruxelles, Le Salon d'Art, 1994.
  • StĂ©phane Mandelbaum. Le RĂŞve de la RĂ©alitĂ©, texte de Georges Meurant, invitation Ă  une exposition, Bruxelles, galerie Didier Devillez, 2003.
  • StĂ©phane Mandelbaum : Une monographie, sous la direction de Bruno Jean, Les Éditions Martin de Halleux, 2022

RĂ©cits biographiques

  • Marcel Moreau, OpĂ©ra gouffre ou SM assassinĂ©, 12 dessins de StĂ©phane Mandelbaum, une gravure d’AriĂ© Mandelbaum, Bruxelles, La Pierre d’Alun, 1988.
  • JerĂ´me Michaud-Larivière, TĂŞte d’homme, Paris, Julliard, 1993 (ISBN 978-2260010272).
  • Yves Wellens, Épreuve d’artiste, Waterloo, Renaissance du Livre, coll. « Grand miroir », 2011 (ISBN 978-2507049997).
  • Gilles Sebhan, Mandelbaum ou le rĂŞve d’Auschwitz, Les Impressions Nouvelles, 2014 (ISBN 978-2874492150). En couverture une photographie de StĂ©phane Mandelbaum par Georges Meurant.

Articles

  • Georges Meurant, « Retour en avant », dans un dossier consacrĂ© Ă  AriĂ© Mandelbaum, Revue et CorrigĂ©e, no 16, pp 50-58, Bruxelles, 1984.
  • Georges Meurant, « StĂ©phane Mandelbaum », in : « ĂŠtre sous le Masque », Cahiers de l'École des Arts d'Ixelles, no 41, Bruxelles, 1989.
  • Anne Diatkine, « Mandelbaum, mort Ă  25 ans », L’Autre Journal, no 3, Paris, juillet-.
  • Georges Meurant, « StĂ©phane Mandelbaum », L'Ĺ’uf sauvage, no 8, Paris, 1993.
  • Marcel Moreau, « StĂ©phane Mandelbaum », Enfers, no 1, Paris, 1994.
  • Dessins de garçons, l’attaque du château-fort, dossier coordonnĂ© par Georges Meurant et Anne Kellens, comprenant des dessins d’enfance de StĂ©phane Mandelbaum pp 10, 30-37, 56 et 58. Passages, no 5, Art en marge, Bruxelles, .
  • Georges Meurant, « L'Ĺ’uvre DessinĂ© de StĂ©phane Mandelbaum », in : In het teken van de kunst : x manieren van tekenen in de hedendaagse kunst pp 93-99, Gent : Academia Press, 1997. (OCLC 901153197).
  • Nouvelle biographie nationale, Bruxelles, AcadĂ©mie royale de Belgique, 2020. (ISBN 978-2-8031-0746-9), Volume 15, p. 254-256.

Films documentaires

Liens externes

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