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Soleil trompeur

Soleil trompeur (ĐŁŃ‚ĐŸĐŒĐ»Ń‘ĐœĐœŃ‹Đ” ŃĐŸĐ»ĐœŃ†Đ”ĐŒ, OutomlionnyĂŻĂ© solntsem, littĂ©ralement « ÉpuisĂ©s par le soleil ») est un film du rĂ©alisateur et acteur russe Nikita Mikhalkov, sorti en salles en 1994. Le scĂ©nario de cette coproduction russo-française a Ă©tĂ© Ă©crit par l'Ă©crivain azĂ©ri Roustam Ibraguimbekov, en collaboration avec le rĂ©alisateur.

Soleil trompeur

Titre original ĐŁŃ‚ĐŸĐŒĐ»Ń‘ĐœĐœŃ‹Đ” ŃĐŸĐ»ĐœŃ†Đ”ĐŒ
OutomlionnyĂŻĂ© solntsem
RĂ©alisation Nikita Mikhalkov
Scénario Rustam Ibragimbekov
Acteurs principaux
SociĂ©tĂ©s de production Studia TRITÉ (Russie)
Camera One (France)
Pays de production Drapeau de la Russie Russie
Genre Drame, historique
DurĂ©e 145 minutes
Sortie 1994

SĂ©rie Soleil trompeur

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

L'action du film est situĂ©e en Union soviĂ©tique, dans les annĂ©es 1930, quand la dictature stalinienne intervient tragiquement dans la vie de beaucoup de gens, comme dans celle du commandant de division[1] SergueĂŻ Kotov, rĂŽle interprĂ©tĂ© par le rĂ©alisateur lui-mĂȘme. Un personnage important du film est la fillette de Kotov, jouĂ©e par la fille de six ans de Mikhalkov.

Le film a connu un succÚs international, étant récompensé, entre autres, par le Grand Prix du jury au festival de Cannes de 1994 et l'Oscar du meilleur film en langue étrangÚre en 1995.

Respectivement sortis en 2010 et 2011, Soleil trompeur 2 et Soleil trompeur 3 content la suite des événements narrés dans ce premier opus.

Résumé détaillé

Le film peut ĂȘtre divisĂ© en plusieurs parties[2].

Prologue

Moscou, 1936, le voisinage du Kremlin. Un homme soignĂ© d'une trentaine d’annĂ©es rentre au petit jour Ă  son domicile. Il est accueilli par un vieillard qui lui parle en français. L’homme lui dit de parler russe. Le vieillard lui rĂ©plique que son pĂšre l’a engagĂ© jadis pour qu’il lui parle seulement en français. L’homme corrige tout le temps les fautes de russe que l’autre fait. Il lui dit aussi d’allumer la radio, qui diffuse un discours de louanges Ă  l’adresse de Staline.

L'homme se lave le visage dans la salle de bain. À un moment, le tĂ©lĂ©phone sonne mais il ne dĂ©croche pas. Son regard tombe pour un moment sur un rasoir. Le vieux domestique lit Ă  haute voix un article de journal sur l’apparition d’une foudre en boule dans la rĂ©gion de Moscou, dont on Ă©crit qu’il provient de forces ennemies. Pendant ce temps, dans une autre piĂšce, l’homme retire des cartouches d’un revolver, en continuant de corriger les fautes du vieillard. Il laisse une seule cartouche dans le barillet, le fait tourner, puis il porte de revolver Ă  sa tempe et, aprĂšs une brĂšve hĂ©sitation, il appuie sur la gĂąchette. Il a de la chance Ă  la roulette russe. Ensuite il passe un coup de tĂ©lĂ©phone en disant seulement qu’il est d’accord.

Générique

Sur le fond du gĂ©nĂ©rique, dans un parc couvert de neige, un homme en capote et casquette militaires et une femme dansent le tango sur la chanson ĐŁŃ‚ĐŸĐŒĐ»Ń‘ĐœĐœĐŸĐ” ŃĐŸĐ»ĐœŃ†Đ” (OutomlionnoĂŻĂ© solntsĂ©) (littĂ©ralement « Soleil Ă©puisĂ© ») chantĂ©e par un chanteur accompagnĂ© de trois musiciens. Une fillette est assise sur un banc en fredonnant la mĂȘme chanson.

1re partie (matin)

C'est l’étĂ©. À la campagne, le commandant de division SergueĂŻ Kotov, d’une cinquantaine d’annĂ©es, passe une journĂ©e avec sa famille dans une vieille datcha. Le matin, il se dĂ©tend avec sa femme, Maroussia, d’une trentaine d’annĂ©es, et leur fillette Nadia, dans leur bania. La scĂšne pleine de tendresse est interrompue par un paysan qui vient le solliciter de maniĂšre pressante pour empĂȘcher des chars d’assaut de dĂ©truire un champ de blĂ© du kolkhoze lors d’exercices militaires. Kotov y va et, dans une scĂšne pleine d’humour, il est reconnu par le commandant de la sous-unitĂ©, il contacte par radio le supĂ©rieur de celui-ci qui le connaĂźt Ă©galement, et il obtient immĂ©diatement que les chars se retirent, grĂące Ă  son prestige de rĂ©volutionnaire cĂ©lĂšbre.

Il retourne ensuite Ă  la maison familiale, oĂč sont prĂ©sents plusieurs membres de la famille de Maroussia et des amis, dont on peut dĂ©duire qu'ils sont des intellectuels d’avant la RĂ©volution russe de 1917. La matinĂ©e se dĂ©roule dans une agitation bon enfant ; tous les habitants de la maison sont insouciants et joyeux. La scĂšne Ă©voque Anton Tchekhov. Seul l’oncle de Maroussia, professeur d’universitĂ©, constamment plongĂ© dans la Pravda, fait part du lancement d’un nouveau procĂšs politique
 Mais personne ne prend garde Ă  ce qu’il dit. C’est aussi un jour de fĂȘte. On cĂ©lĂšbre le sixiĂšme anniversaire du dĂ©but de la construction de dirigeables et d’avions en URSS. À cette occasion, devant la maison et Nadia qui se tient au portail, une colonne de pionniers passe avec une fanfare, et parmi eux un homme Ă  l’aspect de vieillard, barbu, boiteux et aveugle, qui s’arrĂȘte devant la maison.

Nadia invite l'individu Ă  entrer. Il provoque l’étonnement des gens de la maison par son comportement bizarre, puis s’assied au piano. Il joue et chante le fragment commençant par Ridi, pagliaccio de l’opĂ©ra Pagliacci de Ruggiero Leoncavallo, en enlevant les objets dont il est dĂ©guisĂ©. C’est l’homme du prologue, reconnu avec joie comme Ă©tant Mitia (Dmitri), qu’ils n’ont pas vu depuis 1928. Maroussia le prĂ©sente Ă  son mari, mais ils se connaissent. On lui demande s’il est mariĂ© et s’il a des enfants. Il rĂ©pond que oui et qu’il en a trois. Maroussia est troublĂ©e. Elle fait couler de l’eau du samovar en la laissant longuement dĂ©border du verre. Sur son antĂ©bras on voit les traces d’un essai de suicide par coupure des veines. Tous se rassemblent Ă  table dans un silence tendu.

Kotov va Ă  la riviĂšre. Plus tard, les autres y vont aussi. Kotov se dĂ©chausse. PrĂšs de son pied il y a une bouteille cassĂ©e, avec des pointes coupantes orientĂ©es vers le haut. Mitia la voit mais n'en avertit pas Kotov. À un moment, Kotov s’éloigne. Maroussia dit Ă  Nadia de ne pas embĂȘter Mitia avec des questions. Celle-ci, offensĂ©e, rejoint son pĂšre et se plaint Ă  lui. Kotov lui dit que Maroussia et Mitia sont de vieux amis et qu’ils veulent causer ensemble. Kotov et Nadia prennent une barque et se laissent porter par la riviĂšre. Entre eux il y a une scĂšne pleine de tendresse.

Maroussia et Mitia restent seuls. Il lui demande pourquoi elle ne lui demande rien. Il la questionne au sujet de sa cicatrice aussi mais aucun dialogue ne dĂ©bute. Mitia se jette habillĂ© dans la riviĂšre et n'Ă©merge qu’à un endroit oĂč on ne peut pas le voir. Maroussia s’inquiĂšte, l’appelle et le cherche en nageant. Mitia l’attrape par un pied sous l’eau, puis ils sortent sur la rive boisĂ©e. Mitia lui rappelle un de leurs rendez-vous au mĂȘme endroit, et la nuit qu’ils ont passĂ© ensemble ensuite. Il lui reproche de l’avoir effacĂ© de sa vie.

Dans le cadre des cĂ©lĂ©brations du jour, une Ă©quipe fait un exercice de sĂ©curitĂ© civile avec simulation d'attaque Ă  l’arme chimique. Elle implique les gens venus se dĂ©tendre au bord de la riviĂšre, en leur mettant des masques Ă  gaz et en emportant certains sur des brancards. Maroussia sort de l’eau et se prĂ©sente pour un rĂŽle de victime, et Mitia de mĂȘme. Quand Kotov et la fillette reviennent, ils ne trouvent plus sur la rive que les affaires laissĂ©es par les autres. Ils retournent Ă  la maison au rythme prĂ©cipitĂ© imposĂ© par Kotov et trouvent les autres qui s’amusent. Mitia et Maroussia jouent du piano Ă  quatre mains, masque Ă  gaz sur la figure, et se rappellent comment le pĂšre de Maroussia, professeur de piano, faisait jadis exercer Mitia. Toute la famille danse un cancan endiablĂ© en jacassant en français, sauf Kotov, qui se met seul Ă  table pour dĂ©jeuner, puis les autres aussi s’y mettent. AprĂšs dĂ©jeuner, l’atmosphĂšre est nostalgique. La grand-mĂšre de Maroussia chante un air d’opĂ©ra, ensuite son oncle parle du bon vieux temps.

Mitia commence Ă  narrer sa vie sous la forme d'un conte adressĂ© Ă  Nadia. Il en ressort qu’il Ă©tait un garçon qui chantait et jouait de divers instruments et aimait la poĂ©sie. Sa famille Ă©tait l’amie de celle de Maroussia. Le pĂšre de celui-ci lui enseignait la musique. Il a Ă©tĂ© heureux jusqu’au dĂ©but de la PremiĂšre guerre mondiale. Il a combattu sur le front, puis il a eu une vie difficile Ă  l’étranger pendant dix ans. Quand il est revenu, ses parents Ă©taient morts et il a Ă©tĂ© reçu par la famille de Maroussia. Il a eu une liaison avec elle, interrompue par Kotov. Celui-ci travaillait dans le GuĂ©pĂ©ou, le service d’espionnage et contre-espionnage soviĂ©tique des annĂ©es 1920 et connaissait le passĂ© anti-soviĂ©tique de Mitia. Il l’a recrutĂ© par le chantage et l’a envoyĂ© en mission Ă  Paris. Pour Maroussia, Mitia a disparu et, quelque temps aprĂšs, elle a Ă©pousĂ© Kotov. Pendant que Mitia raconte, dehors il y a une foudre en boule qui circule. Mitia interrompt sa narration et se met Ă  siffler Soleil Ă©puisĂ©, en s’accompagnant de la guitare. La fillette aussi fredonne la chanson. La famille Ă©coute en silence Mitia et la main de Maroussia tenant la tasse Ă  cafĂ© tremble.

Maroussia sort de la salle Ă  manger et court Ă  l'Ă©tage. Kotov la suit en courant. Pendant un moment, Maroussia manifeste de la haine envers Kotov et menace de se jeter par la fenĂȘtre s’il s’approche, mais Kotov rĂ©ussit Ă  la calmer et ils s’enlacent. On voit qu’ils s’aiment. À ce moment-lĂ , la foudre en boule allume un feu dans le bois, avec un bruit d’explosion.

2e partie (aprĂšs-midi)

Tous se retirent de la salle Ă  manger, sauf Mitia et Kirik, le fils de l'amie de la grand-mĂšre de Maroussia. Mitia avoue Ă  celui-ci qu’il n’est pas mariĂ©. QuestionnĂ© sur ce qu’il fait dans la vie, il dit qu’il est dans le NKVD, puis il affirme que c’est une blague et qu’il est pianiste dans un restaurant. Il ajoute qu’il est rentrĂ© au pays il y a une demi-annĂ©e mais qu’il n’est pas venu les voir, parce qu’il n’avait aucune raison de le faire.

Plus tard, Ă  l'Ă©tage, Kotov et Maroussia font l’amour, pendant que Mitia et Nadia s’amusent au piano. À une question de Maroussia, Kotov confirme que c’est lui qui a envoyĂ© Mitia Ă  l’étranger. Celui-ci pouvait choisir et il a choisi. Kotov aussi aurait quittĂ© sa famille s’il en avait reçu l’ordre, Ă©tant militaire, mais il serait parti par amour de sa patrie, alors que Mitia est parti par peur.

Plus tard, Mitia annonce Ă  Kotov qu'en fait il est venu l’arrĂȘter. La seule rĂ©action de celui-ci est de lui dire calmement de se comporter comme si de rien n’était jusqu’au soir, quand la voiture du NKVD viendra les emmener.

Toute la famille joue au football dans une clairiĂšre, avec une joie dĂ©bordante. À un moment, la balle s'envole relativement loin et Kotov va la rĂ©cupĂ©rer. Mitia le suit, Ă©tonnĂ© de son calme. Kotov lui demande pourquoi il n’a pas racontĂ© comment, Ă  partir de 1923, il s’est infiltrĂ© Ă  Paris dans les cercles des officiers « blancs », ceux qui avaient combattu les bolcheviks (« les rouges ») pendant la guerre civile russe et a contribuĂ© Ă  ce qu’on les ramĂšne en Russie, et Ă  ce qu’on tue sans procĂšs huit gĂ©nĂ©raux, en les trahissant aprĂšs avoir combattu Ă  leurs cĂŽtĂ©s. À cette Ă©poque-lĂ , Kotov ne le connaissait pas encore, et il l’accuse de s’ĂȘtre vendu au GuĂ©pĂ©ou contre argent. Mitia lui rĂ©plique qu’il l’a fait uniquement parce qu’on lui avait promis qu’il pourrait retourner Ă  sa vie habituelle, donc Ă  Maroussia aussi, mais on lui a tout pris : sa vie, sa profession, l’amour de Maroussia, sa patrie, sa foi. Il en accuse Kotov aussi. Celui-ci comprend que Mitia est en train de se venger, mais il n’a pas peur, il affirme que personne n’osera s’en prendre Ă  lui, un hĂ©ros de la rĂ©volution et un commandant de division lĂ©gendaire. Mitia lui donne une rĂ©plique trĂšs dure : quand il se vautrera dans ses propres excrĂ©ments, Kotov avouera mĂȘme par Ă©crit n’importe quoi : qu’il a espionnĂ© pour l’Allemagne depuis 1920, puis pour le Japon aussi, qu’il est un terroriste, qu’il a voulu assassiner le camarade Staline. S’il ne signe pas, on lui rappellera qu’il a une femme et un enfant. Kotov l’abat d’un coup de poing. La scĂšne est interrompue par Nadia qui vient lui annoncer que le dĂ©tachement de pionniers qui porte son nom est venu lui rendre visite. Mitia se lĂšve, la balle Ă  la main, en faisant semblant de l’avoir cherchĂ©e.

3e partie (fin d'aprÚs-midi, début de soirée)

Devant la maison c'est la voiture du NKVD qui s’arrĂȘte, que Nadia regarde avec admiration. Kotov se sĂ©pare sereinement de sa fillette, en jetant tout de mĂȘme un regard Ă  une photo de lui avec Staline qui lui sourit comme Ă  un ami. VĂȘtu de son uniforme, il va Ă  la voiture accompagnĂ© avec gaietĂ© de tous ceux de la maison, et serre la main des trois individus qui y sont assis. Maroussia se sĂ©pare de lui en souriant. Nadia a le droit de s’asseoir sur les genoux du chauffeur et de « conduire » un peu. Puis elle descend et se dirige vers la maison en fredonnant « Soleil Ă©puisĂ© ».

Avec sa moustache, sa bonne face et son sourire placide, Kotov est serein, il plaisante, il boit du cognac dans sa gourde de poche et en offre aux agents aussi, en vain. On lui demande son revolver et il le donne. Il est sĂ»r de son bon droit et menace les agents de tĂ©lĂ©phoner dĂšs le lendemain Ă  Staline, et alors les NKVD-istes en prendront pour leur grade. Le chemin est bloquĂ© par un camion en panne d'essence. Il est dĂ©jĂ  apparu plusieurs fois dans le film en parcourant la rĂ©gion Ă  chercher un village dont le nom avait Ă©tĂ© Ă©crit sur un bout de papier que le chauffeur avait dans la poche de sa chemise, mais sa femme l’avait lavĂ©e avec le papier, et on ne voyait plus bien ce qui Ă©tait Ă©crit dessus. De plus, il s’est Ă©garĂ©. En regardant par la vitre de la voiture, il reconnaĂźt Kotov. Celui-ci veut descendre pour lui indiquer le chemin mais l’agent assis Ă  cĂŽtĂ© de lui ne le laisse pas et Kotov lui assĂšne un coup de poing. Il est cruellement battu. Le chauffeur du camion prend la fuite mais est rappelĂ© par Mitia. De derriĂšre un tertre on voit s’élever au-dessus des champs de blĂ© un portrait Ă©norme de Staline, hissĂ© dans les airs par un dirigeable. Mitia lui adresse un salut militaire et le chauffeur regarde bouche bĂ©e le portrait. Mitia prend tous ses documents, puis ses sbires le tuent, le jettent sur le plateau du camion et le couvrent de la bĂąche. La voiture repart, en roulant comme vers l’énorme portrait. Kotov pleure, le visage ensanglantĂ© et les mains menottĂ©s derriĂšre sa nuque. Mitia sifflote « Soleil Ă©puisĂ© ».

DĂ©nouement

L'avant-derniĂšre scĂšne a lieu le lendemain, dans l’appartement de Mitia. La radio transmet la gymnastique du matin. Mitia est couchĂ© dans sa baignoire en sifflotant, de plus en plus hĂ©sitant, « Soleil Ă©puisĂ© ». Il est habillĂ© et l’eau est rouge de sang. Par la fenĂȘtre on voit le Kremlin et une foudre en boule.

Dans la scĂšne finale, Nadia court dans un champ en chantant « Soleil Ă©puisĂ© », et sur ce fond un texte apparaĂźt disant que Kotov a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© et Maroussia et Nadia ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es elles aussi. Maroussia est morte en 1940 dans un camp de travail. Tous les trois ont Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ©s en 1956 et Nadia travaille dans une Ă©cole de musique au Kazakhstan.

Fiche technique

Distribution

Autour du film

Film et réalité

Le personnage Kotov s'inspire d’une personne rĂ©elle, le commandant de division NikolaĂŻ Yakovlevitch Kotov, arrĂȘtĂ© le 6 septembre 1937, jugĂ© le 10 janvier 1938 pour des accusations inventĂ©s qu’il a avouĂ©es, condamnĂ© Ă  mort et exĂ©cutĂ© le jour mĂȘme. Sa femme Maria et ses enfants, Irina et Vladimir, ont eux aussi Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et dĂ©tenus dans des camps. Tous ont Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ©s le 4 juin 1957[3].

Le destin de Kotov s'inscrit dans un certain contexte historique. Staline a rĂ©ussi Ă  concentrer tout le pouvoir dans ses mains dans les annĂ©es 1934-1935. Si aprĂšs la rĂ©volution on a liquidĂ© l’élite de la Russie impĂ©riale, en 1936 a dĂ©butĂ© la liquidation d’une grande partie des vĂ©tĂ©rans bolcheviks de la rĂ©volution, dont Staline avait l’impression, avec ou sans raison, qu’ils pouvaient contester son pouvoir. La terreur s’est accentuĂ©e en 1937-1938, quand on a condamnĂ© 1 400 000 personnes de toutes les catĂ©gories sociales, dont un peu plus de la moitiĂ© Ă  mort[4]. Parmi les victimes il y a eu beaucoup de militaires. Par exemple, en 1936, l’ArmĂ©e rouge avait 767 officiers supĂ©rieurs, de commandant de brigade/major gĂ©nĂ©ral Ă  marĂ©chal. De ceux-ci, 503 ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©s jusqu’en 1941, quand la guerre contre l’Union soviĂ©tique a commencĂ©. 444 sont morts tuĂ©s avec ou sans condamnation, sous escorte ou par suicide, seuls 59 survivant Ă  la dĂ©tention[5].

La chanson qui revient plusieurs fois dans le film est Ă  l'origine le tango polonais To ostatnia niedziela (« C’est le dernier dimanche »), de 1935. Il a Ă©tĂ© populaire en Union soviĂ©tique aussi, avec un texte diffĂ©rent et le titre ĐŁŃ‚ĐŸĐŒĐ»Ń‘ĐœĐœĐŸĐ” ŃĐŸĐ»ĐœŃ†Đ” (OutomlionnoĂŻĂ© solntsĂ©) (« Soleil Ă©puisĂ© »). Il commence par les vers « Le soleil Ă©puisĂ© / s’est sĂ©parĂ© tendrement de la mer » et dans la suite, un homme dit Ă  une femme que leur amour a fini par la faute de tous les deux[6].

Postérité

Le film a été adapté pour le théùtre par l'écrivain anglais Peter Flannery (en), la piÚce étant présentée au Royal National Theatre de Londres, en mars 2009[7].

Nikita Mikhalkov a réalisé deux continuations du film, Soleil trompeur 2 (2010) et Soleil trompeur 3 (2011), dont l'action se déroule au cours de la guerre. Kotov y est de nouveau interprété par Mikhalkov et sa fille par Nadejda Mikhalkova.

Accueil critique

Le critique Nick Taussig (Slovo) remarque que le film se caractĂ©rise par une sĂ©rie de contrastes puissants. L'un est entre l’atmosphĂšre sombre du prĂ©-gĂ©nĂ©rique et celle de bonheur familial dans la bania de la campagne. Un autre est entre dramatisme et humour, par exemple entre la scĂšne oĂč les chars dĂ©truisent le champ de blĂ© au dĂ©sespoir des paysans, et celle oĂč Kotov rĂ©sout la situation. L’humour gĂ©nĂ©rĂ© par l’absurde est prĂ©sent aussi, dans la scĂšne de l’exercice de sĂ©curitĂ© civile. Une autre qualitĂ© du film est la façon dont le rĂ©alisateur rĂ©ussit Ă  rendre sans dialogue la tension entre Mitia et Maroussia, le trouble de celle-ci, comme dans la scĂšne de l’eau qui dĂ©borde du verre. Mikhalkov sait aussi rĂ©aliser l’équilibre entre dialogue et image, par exemple dans les scĂšnes poĂ©tiques de tendresse entre Kotov et Nadia[8].

Alan A. Stone (Boston Review (en)) remarque lui aussi les scĂšnes entre Kotov et Nadia, rĂ©ussies parce que le rĂŽle de celle-ci Ă©tait jouĂ© par la propre fillette de six ans du rĂ©alisateur acteur. Mikhalkov a relatĂ© qu'il avait voulu que ce rĂŽle soit jouĂ© par sa fillette, et a jouĂ© lui-mĂȘme le rĂŽle de Kotov, pour qu’elle ne soit pas gĂȘnĂ©e. Le critique attire Ă©galement l’attention sur le caractĂšre symbolique de la foudre en boule, ressemblant au soleil, qui peut provoquer des destructions, tout comme Staline, reprĂ©sentĂ© par le portrait qui se lĂšve, a dĂ©truit tant de vies, dont celle de Kotov. Le critique voit Ă©galement un personnage symbolique dans le chauffeur de camion, reprĂ©sentant du paysan russe victime depuis des siĂšcles des autoritĂ©s et de ses propres limites. Stone fait aussi remarquer la maniĂšre dont la tension monte dans le film par les contrastes qui apparaissent aprĂšs que le spectateur apprend que Mitia est venu arrĂȘter Kotov. L’un oppose l’innocence et la gaĂźtĂ© de la fillette Ă  la rĂ©alitĂ© dont elle ne peut pas ĂȘtre consciente, un autre – la joie dĂ©bordante de la scĂšne du jeu de football Ă  la rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ  connue par le spectateur[9].

Pour Liza Kupreeva (FilmCove), la fillette Nadia est un personnage central, par lequel le rĂ©alisateur crĂ©e l'ironie dramatique qui constitue l’une des caractĂ©ristiques du film. Elle se rĂ©alise par la sĂ©rĂ©nitĂ© Ă©gale avec laquelle elle se comporte envers les deux personnages en conflit cachĂ© pour elle, Kotov et Mitia, par la maniĂšre dont elle perçoit le conte de ce dernier, par la fascination avec laquelle elle regarde la voiture du NKVD, ou par le fait qu’elle a hĂąte que Kotov parte, parce qu’on lui a promis de la laisser « conduire »[10].

Dan Webster (The Spokesman-Review) considĂšre que ce film est parmi les meilleurs drames politiques, ses personnages Ă©tant complexes. Kotov est un homme du rĂ©gime par conviction, arrogant, sĂ»r de soi Ă  cause de sa position de favori de Staline, coupable de la fin de l'amour de Maroussia et Mitia, mais aussi un homme sympathique, un mari et un pĂšre aimant, un protecteur des parents de sa femme, qui seraient sans lui persĂ©cutĂ©s par le rĂ©gime. Ses convictions politiques sincĂšres et sa loyautĂ© rendent son destin encore plus tragique que s’il n’avait pas ces traits. Le critique trouve comme un bĂ©mol, qui n’éclipse tout de mĂȘme pas les qualitĂ©s du film, la foudre en boule trop artificielle et trop littĂ©raire comme mĂ©taphore[11].

Distinctions

RĂ©compenses

Nominations

SĂ©lection

Notes et références

  1. À l’époque oĂč se situe le film, les grades d’officiers de l’ArmĂ©e rouge avaient des appellations traditionnelles de lieutenant Ă  colonel y compris, suivis de commandant de brigade, commandant de division, commandant de corps d’armĂ©e, commandant d’armĂ©e du 2e degrĂ©, commandant d’armĂ©e du 1er degrĂ© et marĂ©chal (cf. (ru) soldat.ru, Tableau 3, consultĂ© le ). AprĂšs 1940 on a rĂ©tabli les appellations traditionnelles des grades supĂ©rieurs Ă  colonel, ceux-ci devenant major gĂ©nĂ©ral, lieutenant gĂ©nĂ©ral, colonel gĂ©nĂ©ral et gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e (cf. (ru) soldat.ru, Tableau 9, consultĂ© le ). Le grade de Kotov correspond donc Ă  lieutenant gĂ©nĂ©ral.
  2. Section d'aprùs le contenu d’image et textuel du film.
  3. Souvenirov 2009, p. 250.
  4. Werth 1995, p. 106-109.
  5. Souvenirov 1998, p. 315.
  6. (ru) ĐŁŃ‚ĐŸĐŒĐ»Ń‘ĐœĐœĐŸĐ” ŃĐŸĐ»ĐœŃ†Đ”, a-pesni (texte et partition) (consultĂ© le ).
  7. (en) Burnt by the Sun (littéralement « Brûlés par le soleil »), National Theatre (consulté le ).
  8. Taussig 1996.
  9. Stone 1995.
  10. Kupreeva 2019.
  11. Webster 1995.
  12. OUTOMLIONNYE SOLNTSEM (SOLEIL TROMPEUR) (consulté le ).
  13. Soleil trompeur. 1994 (consulté le ).
  14. (ru) Nikita Mikhalkov (biographie), KINO-TEATR.RU (consulté le ).
  15. (en) THE 67TH ACADEMY AWARDS | 1995 (consulté le ).
  16. (ru) Décret du président de la fédération de Russie n° 779 du 27 mai 1996 (consulté le ).
  17. Soleil trompeur (1994). Récompenses, IMDb (consulté le ).

Annexes

Sources

  • (en) Kupreeva, Liza, « The Innocent Eye: Soviet Atrocities Through a Child's Perspective in Burnt by the Sun » [« L’Ɠil innocent : les atrocitĂ©s soviĂ©tique dans la perspective d’un enfant, dans Soleil trompeur »], sur FilmCove, (consultĂ© le )
  • (en) Stone, Alan A., « No Soul » [« Sans Ăąme »], Boston Review, octobre–novembre 1995 (consultĂ© le )
  • (ru) Souvenirov, Oleg Fedotovitch, ĐąŃ€Đ°ĐłĐ”ĐŽĐžŃ РККА 1937-1938 (TraguĂ©dia RKKA) [« TragĂ©die de l'AROP »], Moscou, Terra,‎ (ISBN 5-300-02220-9)
  • (ru) Souvenirov, Oleg Fedotovitch, ĐąŃ€Đ°ĐłĐ”ĐŽĐžŃ ĐšŃ€Đ°ŃĐœĐŸĐč ĐŃ€ĐŒĐžĐž (TraguĂ©dia KrasnoĂŻ Armii) [« TragĂ©die de l'ArmĂ©e Rouge »], Moscou, Eksmo – Yaouza,‎ (ISBN 978-5-699-34767-4)
  • (en) Taussig, Nick, « Nikita Mikhalkov's “Burnt by the Sun” » [« ”Soleil trompeur” de Nikita Mikhalkov »], Slovo, vol. 9, no 1,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Webster, Dan, « ‘Burnt' Is Touching Tragedy Of Russia In The ‘30s » [« ”Soleil trompeur est une tragĂ©die impressionnante de la Russie des annĂ©es 1930 »], The Spokesman-Review, (consultĂ© le )
  • Werth, Nicolas, Histoire de l'Union soviĂ©tique de LĂ©nine Ă  Staline (1917-1953), Paris, Presses Universitaires de France, , 4e Ă©d., epub (ISBN 978-2-13-062010-5)

Articles connexes

Liens externes

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