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Sol Invictus (religion)

Sol Invictus (latin pour « Soleil invaincu ») est une divinité solaire dont le culte est apparu dans l'Empire romain au IIIe siècle. Il reprend des aspects de la mythologie d'Apollon et du culte de Mithra, et connait une grande popularité dans l'armée romaine.

Disque dédié à Sol Invictus portant la couronne radiée, argent, œuvre romaine, IIIe siècle. Provenance : Pessinus (Bala-Hissar, Asie mineure).
Pièce de monnaie en or représentant Constantin et Sol Invictus.

L'empereur Aurélien (270-275) lui assure une place officielle à Rome en proclamant que le « Soleil invaincu » est le patron principal de l’Empire romain, en inaugurant un nouveau temple en son honneur le 25 décembre 274, et en faisant du 25 décembre une fête officielle appelée le « jour de la naissance du Soleil invaincu » (du latin dies natalis solis invicti) et la date du solstice d'hiver - qui tombait pourtant alors, comme aujourd'hui, le - la date de l'équinoxe de printemps ayant été fixée par les Romains au des siècles avant sa modification au 21 mars par le Concile de Nicée en 325 - . Cette fête vient alors se placer dans le prolongement des Saturnales, une période de fête ancienne qui fut la plus importante de Rome. Un temple est dédié au Soleil au Champ de Mars, et orné du butin rapporté de Palmyre ; ce temple est servi par un nouveau collège de prêtres, les pontifices Solis.

Un de ses successeurs, Constantin Ier, le premier empereur romain finalement converti au christianisme, fut au début de son règne adepte du « Soleil invaincu », comme en témoignent ses émissions monétaires. Il a fait du dimanche (appelé à Rome « jour du soleil ») un jour de repos en hommage au « Soleil invaincu » par une loi du . Les premiers chrétiens célébraient déjà le dimanche en tant que jour de la résurrection du Christ et « premier jour de la semaine », et se réunissaient pour une Eucharistie le dimanche soir[1]. Cependant, un des titres messianiques appliqués à Jésus étant « soleil de justice », un syncrétisme avec le symbolisme du culte solaire romain fut effectué dans le contexte chrétien[2].

Durant la christianisation de l'Empire romain, la célébration de la naissance de Jésus de Nazareth le par les chrétiens de Rome a progressivement remplacé le culte de Sol Invictus[3] - [4].

Historique

À la suite de la crise du IIIe siècle, l'empire était au bord de la dislocation. L'empereur Aurélien, vainqueur de la reine Zénobie et restaurateur de l'ordre, décida d'instaurer un culte commun à tout l'empire afin de renforcer le lien unitaire entre les provinces : en effet chaque cité, chaque province, restait attachée aux cultes locaux, dont les rites et les formes pouvaient varier considérablement. Ce nouveau culte devait donc être suffisamment neutre pour être accepté par les différentes populations de l'Empire romain.

Il choisit un culte solaire, le Soleil étant censé être universel, le culte de Sol Invictus, le Soleil invaincu. Aurélien lui fit édifier à Rome un temple sur le Champ de Mars, créa un collège de pontifes du Soleil et fit du culte de Sol Invictus une sorte de religion de l'État (et non une religion d'État), se substituant au culte impérial tombé en désuétude. Ce nouveau culte, loin d'être exclusif, se superposait aux autres, et la religion restait polythéiste. Une grande fête du Soleil invaincu avait lieu le , soit la date du solstice d'hiver selon le calendrier julien : c'était le Dies Natalis Solis (« Jour de naissance du Soleil »), christianisé par la suite en Occident (Natalis a donné les termes Natale en italien, Nadal en occitan et en catalan, Nadàu en gascon, Noël en français).

Ce nouveau culte fut mal accueilli par les milieux conservateurs romains (tels que les rédacteurs de l’Histoire Auguste), attachés à la religion traditionnelle romaine et méfiants envers ce nouveau venu. Pour le discréditer, ils l'assimilèrent à Élagabal, qui avait tant choqué sous le règne de Varius Avitus Bassianus, jeune grand prêtre de ce culte, devenu empereur et connu dans l'histoire sous le nom de cette divinité (« Élagabal » ou « Héliogabale »). Ce nouveau culte, construction intellectuelle savante à visée politique, présente en fait bien peu de points communs avec Élagabal, le culte local syrien original, entouré d'un folklore oriental (culte d'un bétyle, prostitution sacrée, transfert des reliques et statues les plus sacrées de Rome).

Cette religion du Soleil invaincu s'adressait davantage aux militaires qu'aux civils, qui ne faisaient guère que suivre le mouvement, et elle fut, de fait, très répandue dans les milieux militaires. Si elle n'est pas particulièrement mise en avant par la propagande impériale de Dioclétien (284-305) et de la Tétrarchie (293-306), on voit qu'au début du IVe siècle elle était toujours vivace dans l'armée puisque l'empereur Constantin Ier (306-337), fervent adorateur de ce dieu, fera frapper sur les monnaies la légende « Soli Invicto Comiti », « Au Soleil invaincu qui m'accompagne ». C'est lui qui, par une loi du , fera du « Jour du Soleil », correspondant au dimanche (cf. Sunday en anglais, de sun, soleil, et day, jour, ou Sonntag, en allemand, de Sonne, soleil, et Tag, jour), le jour du repos hebdomadaire (Code Justinien 3.12.2).

Notes et références

  1. Dom Robert Le Gall, « Dimanche », sur Portail de la liturgie catholique édité par le Service National de la Pastorale Liturgique et Sacrementale (SNPLS) de la Conférence des évêques de France (consulté le )
  2. Portail de la liturgie catholique édité par le Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle (SNPLS) de la Conférence des évêques de France - Dimanche - Dom Robert Le Gall : « Ainsi pouvait-on donner un sens chrétien à ce jour que les païens appelaient "jour du soleil" (encore Sonntag en allemand et sunday en anglais) et qui était le deuxième de la semaine planétaire (jours de Saturne, du Soleil, de la Lune, de Mars, de Mercure, de Jupiter et de Vénus, d’où viennent les noms des jours de la semaine). Le dimanche peut être le jour du soleil, car c'est le jour où le Christ, vrai "soleil de justice" (Ml 3, 20), s'est levé après le coucher de sa mort rédemptrice. »
  3. Portail de la liturgie catholique édité par le Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle (SNPLS) de la Conférence des évêques de France - Noël, le 25 décembre : le passage d’un culte païen à la célébration chrétienne - Père Norbert Hennique : « Le choix de la date du 25 décembre pour célébrer la Nativité de Jésus a ainsi permis de "christianiser" le culte païen du "soleil invaincu" en célébrant le Messie annoncé par le prophète Malachie (4,2) comme le "Soleil de justice" ou encore par le Christ comme la "Lumière du monde" selon le verset de saint Jean (8,12). »
  4. Steven Hijmans, « Sol Invictus, the Winter Solstice and the Origins of Christmas », Mouseion, III-3, 2003, p. 377-398.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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