AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Shirley Jaffe

Shirley Jaffe est une peintre abstraite amĂ©ricaine, nĂ©e Sternstein le Ă  Elizabeth (États-Unis) et morte le Ă  Louveciennes.

Shirley Jaffe
Shirley Jaffe en 1998.
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom de naissance
Shirley Sternstein
Nationalité
américaine et française
Activité
Formation
Lieu de travail
Archives conservées par

Ses premiers travaux s'apparentent à l'expressionnisme lyrique et c'est à partir du milieu des années 1960 qu'elle se rapproche de l'art abstrait[1]. Cette évolution d'une peinture gestuelle vers une tendance plus géométrique fut au départ accueillie avec beaucoup de prudence par le monde de l'art mais son approche si singuliÚre de la peinture est par la suite saluée par la critique[2]. Elle a vécu la plus grande partie de sa vie à Paris[3].

Biographie

Shirley Jaffe est nĂ©e Ă  Elizabeth dans le New Jersey, de Benjamin et Anna Sternstein. Son pĂšre dirige une usine textile et meurt lorsque Shirley n'est ĂągĂ©e que de dix ans. Elle dĂ©mĂ©nage alors avec sa mĂšre Ă  Brighton Beach Ă  Brooklyn, oĂč elle est scolarisĂ©e au lycĂ©e Abraham Lincoln. Shirley Jaffe a Ă©tudiĂ© les beaux-arts Ă  la Cooper Union Ă  New York, laboratoire de l’expressionnisme abstrait[4], et en sort diplĂŽmĂ©e d'un bachelor en 1945[1].

AprĂšs son mariage avec Irving Jaffe, ils s'installent Ă  Washington, oĂč Shirley Jaffe Ă©tudie Ă  la Philips Art School. En 1949, son Ă©poux, correspondant de la Maison-Blanche pour l'Agence France-Presse, est transfĂ©rĂ© au bureau parisien de l'agence. Ensemble, ils s'installent Ă  Paris en octobre de la mĂȘme annĂ©e[1] - [2] - [5].

Shirley Jaffe rejoint le cercle d'artistes amĂ©ricains expatriĂ©s Ă  Paris comprenant notamment Sam Francis, Ellsworth Kelly, Joan Mitchell. Elle s'installe dans un premier temps Ă  Chaville, puis dans le quartier de Montparnasse grĂące Ă  son ami le peintre Jean-Paul Riopelle. Elle produit des peintures, des sĂ©rigraphies et des gouaches[6]. Elle expose rĂ©guliĂšrement depuis 1952, en Europe et aux États-Unis. En 1956, la Galerie du Haut-PavĂ© organise sa premiĂšre exposition personnelle Ă  Paris. Sam Francis lui prĂ©sente son marchand Jean Fournier, qui s'intĂ©resse au travail de Shirley Jaffe et commence Ă  exposer ses toiles. Il lui consacre une premiĂšre exposition personnelle dans sa galerie en 1966.

Shirley Jaffe ne tarde pas Ă  se faire connaĂźtre comme expressionniste abstraite, pratique dont elle se sĂ©pare en 1963-1964, aprĂšs avoir sĂ©journĂ© Ă  Berlin grĂące Ă  une bourse de la Ford Foundation. Cette rupture dans son Ɠuvre intervient peu aprĂšs son divorce en 1962. Elle confie au magazine BOMB en 2004, Ă  propos de cette pĂ©riode, avoir le sentiment que ses peintures Ă©taient lues comme des paysages (la critique des annĂ©es 1950 employait parfois le terme de « paysagisme abstrait »), ce qu’elle rejette[2]. Et comme Vassily Kandinsky avant elle, l’un de ses maĂźtres revendiquĂ©s, elle passe d’une pratique gestuelle Ă  une peinture plus gĂ©omĂ©trique[7]. Cette coupure radicale modifie de maniĂšre fondamentale sa peinture, et l’éloigne d’une action « gestuelle » qu’elle remplace par l’inclusion du mouvement dans les formes[8].

AprĂšs Berlin, elle retourne Ă  Paris, et ne cesse dĂšs lors de dĂ©velopper un travail original, fondĂ© sur la synthĂšse entre deux pratiques qui peuvent paraĂźtre antinomiques : l'application gestuelle et lyrique de la peinture et l'abstraction gĂ©omĂ©trique. L'ensemble des formes aux contours nets qu'elle rĂ©partit dans ses Ɠuvres apparaĂźt ainsi, selon ses propos, comme « un chaos organisĂ©, comme un jeu visuel complexe
 »[9], inspirĂ© de son environnement urbain immĂ©diat[10].

Cette Américaine de Paris est morte le à Louveciennes[11], des suites d'une longue maladie à l'ùge de 92 ans[12].

ƒuvre

L'Ɠuvre de Shirley Jaffe se caractĂ©rise par une vitalitĂ© franche et un sens du rythme, qui la rapproche de la peinture de Bridget Riley. Sa palette est audacieuse mais sourde avec ses vieux roses et ses jaunes pĂąles qui regardent les ocres, les turquoises et les moutardes, oĂč le blanc est le liant du seul plan existant et non pas un fond. C'est cette nettetĂ© des motifs, leur joie qui fait de la rĂ©sistance aussi, qui Ă©voque le plus les papiers dĂ©coupĂ©s d'Henri Matisse[12].

La Galerie Jean Fournier expose l'artiste de 1966 à 1997. Elle voyage réguliÚrement en Europe pour y présenter son travail notamment à Berne et à Bùle. En 1999, elle est ensuite représentée par Nathalie Obadia, à Paris et par Tibor de Nagy[13], à New York[12].

L’Ɠuvre de Shirley Jaffe est prĂ©sente dans de nombreuses collections publiques et privĂ©es, notamment au MoMA (Museum of Modern Art, New York), au SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art), au Centre Pompidou (Paris), au MAC/VAL (Vitry), Ă  la Fondation Cartier pour l'art contemporain (Paris), au Museum Berardo (Lisbonne), ou dans les collections du FRAC Auvergne, du FRAC Bretagne et du FRAC Limousin.

À la suite d'une commande de l’État, elle produit en 1999 une sĂ©rie de neuf vitraux pour la chapelle gothique Saint-Jean-l'EvangĂ©liste de Perpignan, dite la FunĂ©raria[14] - [15]. Les deux verriĂšres dont elle a conçu les cartons ont Ă©tĂ© pensĂ©es avec le souci de respecter et de mettre en valeur l'identitĂ© architecturale de la chapelle, classĂ©e monument historique[9].

ConsidĂ©rĂ©e comme un des peintres les plus influents de l’art contemporain abstrait, elle suscite l’attention de plus en plus vive de la part d’artistes de plus jeunes gĂ©nĂ©rations, comme Fiona Rae, Bernard Piffaretti, Peter Soriano ou Carole Benzaken[10].

Expositions personnelles

Références

  1. William Grimes, « Shirley Jaffe, Geometric Artist of Joyful Forms, Dies at 93 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne).
  2. (en) « BOMB Magazine - Shirley Jaffe by Shirley Kaneda », sur bombmagazine.org, (consulté le ).
  3. (en) « US painter Shirley Jaffe, 93, dies in Paris », sur expatica.com/, (consulté le ).
  4. JudicaĂ«l Lavrador, « DĂ©cĂšs de l'artiste amĂ©ricaine Shirley Jaffe », LibĂ©ration.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. Bailly, Jean-Christophe. et Saint-Jacques, Camille., L'art comme expérience : Shirley Jaffe & pratiques contemporaines, Montreuil-sous-Bois, Lienart, , 218 p. (ISBN 978-2-35906-014-0, OCLC 699885273, lire en ligne).
  6. Ollier 2013.
  7. Harry Bellet, « Mort de la peintre amĂ©ricaine Shirley Jaffe », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
  8. (en) « Shirley Jaffe interviewed in The Brooklyn Rail - News - The Tibor de Nagy Gallery », sur tibordenagy.com (consulté le ).
  9. « Shirley Jaffé - Perpignan-Languedoc-Roussillon », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
  10. « Galerie Nathalie Obadia: Current Show », sur nathalieobadia.com (consulté le ).
  11. État civil sur le fichier des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es en France depuis 1970
  12. ValĂ©rie Duponchelle, « Mort de Shirley Jaffe, une AmĂ©ricaine Ă  Paris », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consultĂ© le ).
  13. (en) « Shirley Jaffe - Artists - The Tibor de Nagy Gallery », sur tibordenagy.com (consulté le ).
  14. MinistĂšre de la Culture
  15. Jean-Luc Cougy, « “Les unes avec les autres 
 Ă  Shirley Jaffe” Ă  la Galerie du 5e, Marseille », sur En revenant de l'expo !, (consultĂ© le ).
  16. « Shirley Jaffe - Une Américaine à Paris », sur Centre Pompidou (consulté le )

Voir aussi

Ouvrage général

Articles

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.