Shirley Jaffe
Shirley Jaffe est une peintre abstraite amĂ©ricaine, nĂ©e Sternstein le Ă Elizabeth (Ătats-Unis) et morte le Ă Louveciennes.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs | |
Nom de naissance |
Shirley Sternstein |
Nationalité |
américaine et française |
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Formation | |
Lieu de travail | |
Archives conservées par |
BibliothĂšque Kandinsky (JAF) |
Ses premiers travaux s'apparentent à l'expressionnisme lyrique et c'est à partir du milieu des années 1960 qu'elle se rapproche de l'art abstrait[1]. Cette évolution d'une peinture gestuelle vers une tendance plus géométrique fut au départ accueillie avec beaucoup de prudence par le monde de l'art mais son approche si singuliÚre de la peinture est par la suite saluée par la critique[2]. Elle a vécu la plus grande partie de sa vie à Paris[3].
Biographie
Shirley Jaffe est nĂ©e Ă Elizabeth dans le New Jersey, de Benjamin et Anna Sternstein. Son pĂšre dirige une usine textile et meurt lorsque Shirley n'est ĂągĂ©e que de dix ans. Elle dĂ©mĂ©nage alors avec sa mĂšre Ă Brighton Beach Ă Brooklyn, oĂč elle est scolarisĂ©e au lycĂ©e Abraham Lincoln. Shirley Jaffe a Ă©tudiĂ© les beaux-arts Ă la Cooper Union Ă New York, laboratoire de lâexpressionnisme abstrait[4], et en sort diplĂŽmĂ©e d'un bachelor en 1945[1].
AprĂšs son mariage avec Irving Jaffe, ils s'installent Ă Washington, oĂč Shirley Jaffe Ă©tudie Ă la Philips Art School. En 1949, son Ă©poux, correspondant de la Maison-Blanche pour l'Agence France-Presse, est transfĂ©rĂ© au bureau parisien de l'agence. Ensemble, ils s'installent Ă Paris en octobre de la mĂȘme annĂ©e[1] - [2] - [5].
Shirley Jaffe rejoint le cercle d'artistes amĂ©ricains expatriĂ©s Ă Paris comprenant notamment Sam Francis, Ellsworth Kelly, Joan Mitchell. Elle s'installe dans un premier temps Ă Chaville, puis dans le quartier de Montparnasse grĂące Ă son ami le peintre Jean-Paul Riopelle. Elle produit des peintures, des sĂ©rigraphies et des gouaches[6]. Elle expose rĂ©guliĂšrement depuis 1952, en Europe et aux Ătats-Unis. En 1956, la Galerie du Haut-PavĂ© organise sa premiĂšre exposition personnelle Ă Paris. Sam Francis lui prĂ©sente son marchand Jean Fournier, qui s'intĂ©resse au travail de Shirley Jaffe et commence Ă exposer ses toiles. Il lui consacre une premiĂšre exposition personnelle dans sa galerie en 1966.
Shirley Jaffe ne tarde pas Ă se faire connaĂźtre comme expressionniste abstraite, pratique dont elle se sĂ©pare en 1963-1964, aprĂšs avoir sĂ©journĂ© Ă Berlin grĂące Ă une bourse de la Ford Foundation. Cette rupture dans son Ćuvre intervient peu aprĂšs son divorce en 1962. Elle confie au magazine BOMB en 2004, Ă propos de cette pĂ©riode, avoir le sentiment que ses peintures Ă©taient lues comme des paysages (la critique des annĂ©es 1950 employait parfois le terme de « paysagisme abstrait »), ce quâelle rejette[2]. Et comme Vassily Kandinsky avant elle, lâun de ses maĂźtres revendiquĂ©s, elle passe dâune pratique gestuelle Ă une peinture plus gĂ©omĂ©trique[7]. Cette coupure radicale modifie de maniĂšre fondamentale sa peinture, et lâĂ©loigne dâune action « gestuelle » quâelle remplace par lâinclusion du mouvement dans les formes[8].
AprĂšs Berlin, elle retourne Ă Paris, et ne cesse dĂšs lors de dĂ©velopper un travail original, fondĂ© sur la synthĂšse entre deux pratiques qui peuvent paraĂźtre antinomiques : l'application gestuelle et lyrique de la peinture et l'abstraction gĂ©omĂ©trique. L'ensemble des formes aux contours nets qu'elle rĂ©partit dans ses Ćuvres apparaĂźt ainsi, selon ses propos, comme « un chaos organisĂ©, comme un jeu visuel complexe⊠»[9], inspirĂ© de son environnement urbain immĂ©diat[10].
Cette Américaine de Paris est morte le à Louveciennes[11], des suites d'une longue maladie à l'ùge de 92 ans[12].
Ćuvre
L'Ćuvre de Shirley Jaffe se caractĂ©rise par une vitalitĂ© franche et un sens du rythme, qui la rapproche de la peinture de Bridget Riley. Sa palette est audacieuse mais sourde avec ses vieux roses et ses jaunes pĂąles qui regardent les ocres, les turquoises et les moutardes, oĂč le blanc est le liant du seul plan existant et non pas un fond. C'est cette nettetĂ© des motifs, leur joie qui fait de la rĂ©sistance aussi, qui Ă©voque le plus les papiers dĂ©coupĂ©s d'Henri Matisse[12].
La Galerie Jean Fournier expose l'artiste de 1966 à 1997. Elle voyage réguliÚrement en Europe pour y présenter son travail notamment à Berne et à Bùle. En 1999, elle est ensuite représentée par Nathalie Obadia, à Paris et par Tibor de Nagy[13], à New York[12].
LâĆuvre de Shirley Jaffe est prĂ©sente dans de nombreuses collections publiques et privĂ©es, notamment au MoMA (Museum of Modern Art, New York), au SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art), au Centre Pompidou (Paris), au MAC/VAL (Vitry), Ă la Fondation Cartier pour l'art contemporain (Paris), au Museum Berardo (Lisbonne), ou dans les collections du FRAC Auvergne, du FRAC Bretagne et du FRAC Limousin.
Ă la suite d'une commande de lâĂtat, elle produit en 1999 une sĂ©rie de neuf vitraux pour la chapelle gothique Saint-Jean-l'EvangĂ©liste de Perpignan, dite la FunĂ©raria[14] - [15]. Les deux verriĂšres dont elle a conçu les cartons ont Ă©tĂ© pensĂ©es avec le souci de respecter et de mettre en valeur l'identitĂ© architecturale de la chapelle, classĂ©e monument historique[9].
ConsidĂ©rĂ©e comme un des peintres les plus influents de lâart contemporain abstrait, elle suscite lâattention de plus en plus vive de la part dâartistes de plus jeunes gĂ©nĂ©rations, comme Fiona Rae, Bernard Piffaretti, Peter Soriano ou Carole Benzaken[10].
Expositions personnelles
- 1956 : Galerie du Haut-Pavé, Paris
- 1959 : Galerie Kormfeld et Klipstein, Berne
- 1961 : Galerie Handschin, BĂąle
- 1966 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1969 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1972 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1976 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1981 : Musée Savoisien, Chambéry
- 1981 : Centre d'Art de Flaine, Haute Savoie
- 1982 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1985 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1987 : Fondation Cartier pour l'art contemporain, Jouy-en-Josas
- 1988 : Aspects of abstraction, Holly Solomon Gallery, New York
- 1989 : ChĂąteau de Jau Ă Cases-de-PĂšne
- 1990 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1990 : Holly Solomon Gallery, New York
- 1991 : FRAC Limousin, Brive
- 1992 : Musée de Valence
- 1992 : Holly Solomon Gallery, New York
- 1993 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1994 : Galerie Brigitte Weiss, Zurich
- 1994 : Ecole des Beaux-arts du Mans
- 1994 : Galerie TherĂšse Roussel, Perpignan
- 1994 : Galleria Peccolo, Livrono
- 1995 : Musée Matisse, Nice
- 1997 : Galerie Jean Fournier, Paris
- 1998 : Galerie Brigitte Weiss, Zurich
- 1999 : Galerie Nathalie Obadia, Paris
- 1999 : Espace Maillol - Palais des CongrĂšs, Perpignan
- 1999 : Musée d'art moderne de Céret, Céret
- 2001 : Yâa de la Joie, Fondation d'art contemporain Daniel et Florence Guerlain , Les Mesnuls
- 2001 : Galerie Nathalie Obadia, Paris
- 2002 : Tibour de Nagy Gallery, New York
- 2004 : Peinture, Galerie Fernand LĂ©ger, Ivry-sur-Seine
- 2004 : MACC, Fresnes
- 2005 : Peintures récentes, Tibor de Nagy Gallery, New York
- 2004 : Galerie Jean-Yves Franch Font
- 2006 : Galerie Greta Meert, Bruxelles
- 2008 : Exposition peintures, domaine de Kerguéhennec, Bignan
- 2008 : FRAC - Auvergne, Clermont-Ferrand
- 2008 : Galerie Nathalie Obadia, Paris
- 2008 : Domaine de Kerguéhennec, Bignan
- 2011 : Galerie Greta Meert, Bruxelles
- 2013 : Galerie Nathalie Obadia, Paris
- 2013 : Galerie RĂ©jane Louin, Locquirec
- 2016 : Centre d'art contemporain, ChĂątellerault
- 2022 : Shirley Jaffe, une américaine à Paris, Centre Georges Pompidou, Paris[16]
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Shirley Jaffe » (voir la liste des auteurs).
- William Grimes, « Shirley Jaffe, Geometric Artist of Joyful Forms, Dies at 93 », The New York Times,â (ISSN 0362-4331, lire en ligne).
- (en) « BOMB Magazine - Shirley Jaffe by Shirley Kaneda », sur bombmagazine.org, (consulté le ).
- (en) « US painter Shirley Jaffe, 93, dies in Paris », sur expatica.com/, (consulté le ).
- JudicaĂ«l Lavrador, « DĂ©cĂšs de l'artiste amĂ©ricaine Shirley Jaffe », LibĂ©ration.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Bailly, Jean-Christophe. et Saint-Jacques, Camille., L'art comme expérience : Shirley Jaffe & pratiques contemporaines, Montreuil-sous-Bois, Lienart, , 218 p. (ISBN 978-2-35906-014-0, OCLC 699885273, lire en ligne).
- Ollier 2013.
- Harry Bellet, « Mort de la peintre amĂ©ricaine Shirley Jaffe », Le Monde.fr,â (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) « Shirley Jaffe interviewed in The Brooklyn Rail - News - The Tibor de Nagy Gallery », sur tibordenagy.com (consulté le ).
- « Shirley Jaffé - Perpignan-Languedoc-Roussillon », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
- « Galerie Nathalie Obadia: Current Show », sur nathalieobadia.com (consulté le ).
- Ătat civil sur le fichier des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es en France depuis 1970
- ValĂ©rie Duponchelle, « Mort de Shirley Jaffe, une AmĂ©ricaine Ă Paris », Le Figaro,â (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) « Shirley Jaffe - Artists - The Tibor de Nagy Gallery », sur tibordenagy.com (consulté le ).
- MinistĂšre de la Culture
- Jean-Luc Cougy, « âLes unes avec les autres ⊠à Shirley Jaffeâ Ă la Galerie du 5e, Marseille », sur En revenant de l'expo !, (consultĂ© le ).
- « Shirley Jaffe - Une Américaine à Paris », sur Centre Pompidou (consulté le )
Voir aussi
Ouvrage général
- Ălisabeth VĂ©drenne et ValĂ©rie de Maulmin, Les PionniĂšres : dans les ateliers des femmes artistes du XXe siĂšcle, photographies de Catherine Panchout, Paris, Somogy Ă©ditions d'art, 2018 (ISBN 978-2-7572-1305-6) Avec Etel Adnan, GeneviĂšve Asse, Pierrette Bloch, GeneviĂšve Claisse, Parvine Curie, Sheila Hicks, Shirley Jaffe, VĂ©ra Molnar, AurĂ©lie Nemours, Marta Pan et Judit Reigl.
Articles
- Brigitte Ollier, « Shirley Jaffe, la cote bretonne », LibĂ©ration, no 10025,â , p. 21 (lire en ligne).
- Brigitte Ollier, « Interview : «Peindre est un moment de rĂ©flexion» », LibĂ©ration, no 10025,â , p. 20-21 (lire en ligne).
- (en) Roberta Smith, « Shirley Jaffe: âSelected Paintings 1969-2009â », The New York Times,â (prĂ©sentation en ligne).
- (en) Raphael Rubinstein, « Shirley Jaffe with Raphael Rubinstein », The Brooklyn Rail,â (prĂ©sentation en ligne).
- Dominique Boudou, « Shirley Jaffe Ă la lisiĂšre du signe », Beaux Arts magazine, no 128,â .
- Philippe Dagen, « Shirley Jaffe Ă la Fondation de Jau. Glaciations », Le Monde,â .
- (en) Michael Brenson, « Works by 7 Women, 'Aspects of Abstraction' », The New York Times,â (prĂ©sentation en ligne).
- M. A.-L, « Une jeune femme, deux Américains, un nuagiste », in Les Lettres françaises no 1118 du 16 au , p. 29
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Delarge
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (en) Museum of Modern Art
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- « SHIRLEY JAFFE - Perpignan - Languedoc-Roussillon », sur le site du MinistÚre de la Culture
- « Shirley Jaffe », sur le site de l'encyclopédie audiovisuelle de l'art contemporain
- Ensemble d'Ćuvres de Shirley Jaffe prĂ©sentĂ© par la Galerie Obabia