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Shƍjo

manga qui cible un public d'adolescentes

Cet article concerne la bande dessinĂ©e. Pour l'esprit du folklore japonais, voir Shƍjƍ.

Le shƍjo manga (ć°‘ć„łæŒ«ç”», litt. « bande dessinĂ©e pour fille ») est l'une des trois principales catĂ©gories Ă©ditoriales du manga, aussi parfois qualifiĂ© de « genre » ; les deux autres Ă©tant le shƍnen et le seinen. Cette catĂ©gorie Ă©ditoriale cible un public fĂ©minin, plutĂŽt adolescent, ou parfois jeune adulte. Le shƍjo manga est traditionnellement publiĂ© dans des magazines de prĂ©publication de manga dĂ©diĂ©s, qui peuvent se spĂ©cialiser sur une tranche d'Ăąge du lectorat ou sur un genre narratif.

En dehors de son lectorat cible, il n'y a pas de dĂ©finition stricte de ce que peut ĂȘtre le shƍjo manga, mais il existe des codes esthĂ©tiques, visuels et narratifs qui lui sont associĂ©s et qui Ă©voluent dans le temps, bien qu'aucun ne soit strictement exclusif ni systĂ©matique au shƍjo. De mĂȘme la plupart des genres narratifs (science-fiction, policier, etc.) sont couverts par la catĂ©gorie, mais certains sont plus proĂ©minents que d'autres, tels que la romance ou l'horreur.

DĂ©finition

Le mot japonais shƍjo (ć°‘ć„ł) peut ĂȘtre traduit en français par le mot « fille » et permet de dĂ©crire l'adolescence fĂ©minine, une pĂ©riode intermĂ©diaire entre d'une part l'enfance et d'autre part le statut de femme adulte, incarnĂ© par le mariage et la maternitĂ©[note 1],[1]. Pour autant une fille est gĂ©nĂ©ralement dĂ©nommĂ©e en japonais par l'expression onna no ko (愳た歐), et rarement par le terme shƍjo[2]. En japonais le terme shƍjo dĂ©crit plutĂŽt un objet culturel propre Ă  l'adolescence fĂ©minine, et non l'actuelle adolescence au sens biologique[1].

Selon John Treat, le concept de shƍjo apparaĂźt lors de l'Ăšre Meiji (1868-1912) et est modelĂ© Ă  partir du concept de « fille » de la littĂ©rature occidentale, il devient notamment un objet de dĂ©sir pour les hommes[3]. Mais Ă  partir du dĂ©but du xxe siĂšcle les filles des classes moyennes et supĂ©rieures — qui ont accĂšs Ă  l'Ă©ducation et Ă  la scolaritĂ© lors de leur adolescence et se marient donc tardivement — s'approprient le concept et le modĂšlent pour former la culture shƍjo (ć°‘ć„łæ–‡ćŒ–, shƍjo bunka)[1], qui se caractĂ©rise par le raffinement, la puretĂ©, l'innocence et l'homosocialitĂ©[4],[5].

AprĂšs la Seconde Guerre mondiale le concept de shƍjo s'Ă©largit et intĂšgre des sous-concepts, comme par exemple la gyaru (ă‚źăƒŁăƒ«, de l'anglais gal) portĂ©e sur la mode et le plaisir sexuel[4], la fujoshi (è…ć„łć­, litt. « fille pourrie ») qui idĂ©alise l'homosocialitĂ© au travers l'homosexualitĂ© masculine[2], ou encore l'otome (äč™ć„ł, litt. « jouvencelle ») qui est plus conservatrice et au contraire idĂ©alise l'hĂ©tĂ©rosexualitĂ©, etc.[2].

Ainsi le shƍjo manga est un sous-produit, un mĂ©dia d'expression et d'identification, de la culture shƍjo[1].

Histoire

1900-1945 : les prĂ©mices du shƍjo manga

Dessin en couleur représentant une jeune fille en yukata, tenant un oiseau dans sa main.
Couverture du premier numĂ©ro du magazine Shƍjo Sekai.

Au milieu de l'Ăšre Meiji (1868-1912), le systĂšme Ă©ducatif japonais devient non mixte. De cette sĂ©paration naĂźt le concept de shƍjo et par extension la distinction par cible dĂ©mographique[6]. Ainsi, les premiers magazines dĂ©diĂ©s exclusivement aux shƍjo apparaissent en 1903 avec la crĂ©ation de Shƍjo kai (ć°‘ć„łç•Œ, Le monde des filles), puis Shƍjo Sekai (ć°‘ć„łäž–ç•Œ) en 1906, Shƍjo no tomo (ć°‘ć„łăźć‹, L'ami des filles) en 1908 et Shƍjo gahƍ (民愳画栱, L’illustrĂ© des filles) en 1912[7]. En 1923, l'Ă©diteur Kƍdansha crĂ©e une gamme de magazines dĂ©diĂ©e uniquement Ă  la jeunesse, dont Shƍjo Club[8], l'une des plus importantes revues shƍjo de cette pĂ©riode[9]. Cependant, les mangas restent sous-reprĂ©sentĂ©s dans ces magazines avec tout au plus quelques pages leur Ă©tant dĂ©diĂ©es, laissant la place majoritairement aux romans, illustrations et poĂšmes[10],[11].

Ces histoires illustrĂ©es ont malgrĂ© tout une place importante dans la mise en place de la culture shƍjo, et par extension du shƍjo manga. En effet, elles posent les bases des thĂšmes rĂ©currents aux shƍjo manga Ă  venir, en proposant aux jeunes Japonaises des histoires « d'amour et d'amitié », explorant avant tout les « humeurs et les Ă©motions de ses personnages ». En tĂȘte des autrices emblĂ©matiques de cette Ă©poque, on retrouve notamment Nobuko Yoshiya, et son rĂ©cit Hana monogatari dĂ©peignant une « beautĂ© et un univers idĂ©alisĂ©s, aux accents fleuris et oniriques », Ă©lĂ©ments encore prĂ©sents dans le shƍjo manga moderne[12]. En plus de son apport pour la culture shƍjo, cette romanciĂšre est Ă©galement emblĂ©matique de son sous-genre, le esu[13]. Par ailleurs, les racines graphiques du shƍjo manga puisent leurs origines dans les illustrations de ces magazines, avec notamment le travail du peintre lyrique Jun'ichi Nakahara, façonnant ses personnages fĂ©minins avec « de grands yeux, des corps fins et des vĂȘtements Ă  la mode »[14].

Les shƍjo mangas en sont quant Ă  eux Ă  leurs balbutiements. Ils se dĂ©clinent principalement sous forme de courtes histoires comiques de quelques pages, prenant place dans les lieux du quotidien — le voisinage, l'Ă©cole etc.[15]. Parmi ceux-ci, les Ɠuvres du mangaka Katsuji Matsumoto ont un impact majeur sur l'identitĂ© graphique du shƍjo manga, et « font le pont entre l'esthĂ©tique de la peinture lyrique et celle du manga »[16]. Nazo no kurƍbā (1934) — Le mystĂ©rieux trĂšfle — propose sur 16 pages une aventure sophistiquĂ©e, mettant en scĂšne une jeune fille aux allures de « Robin des bois »[17],[15]. Avec des effets graphiques novateurs empruntĂ©s au cinĂ©ma — compositions en plongĂ©es, plans inclinĂ©s —, cette Ɠuvre avant-gardiste est considĂ©rĂ©e comme un prĂ©curseur du shƍjo manga Princesse Saphir (1953-1956) de Osamu Tezuka. Mais l'Ɠuvre qui lui donne sa notoriĂ©tĂ© est Kurukuru Kurumi-chan (1938-1940), aux graphismes proches de la culture kawaii qui se dĂ©veloppera plusieurs dizaines d'annĂ©es plus tard[17].

Avec le commencement de la seconde guerre sino-japonaise en 1937, la censure et le rationnement du papier Ă©touffent les magazines, qui sont forcĂ©s Ă  fusionner pour survivre. Il ne reste alors plus que quelques magazines, rĂ©duits Ă  quelques pages en noir et blanc, oĂč les illustrations se font rares. Il faut attendre la fin de la guerre, en 1945, pour retrouver une situation Ă©ditoriale normale. Pourtant, les magazines pour filles doivent faire face Ă  une mutation importante : l'essor du shƍjo manga[14].

1945-1970 : aprùs-guerre et essor du shƍjo manga

Photographie d'une femme portant un costume d'homme et une cape.
Ambassadrice de la ville de Takarazuka, portant le costume de la Princesse Saphir.

Avec la fin de la guerre, le peuple japonais peut enfin mettre derriĂšre lui les annĂ©es de privations et de malheur. Il se rue sur les divertissements, offrant son Ăąge d'or au cinĂ©ma, Ă  la radio et aux variĂ©tĂ©s. Le livre populaire connaĂźt quant Ă  lui une renaissance, grĂące Ă  de petits Ă©diteurs implantĂ©s dans la rĂ©gion du Kansai. En effet, par l'utilisation d'un papier de mauvaise qualitĂ© Ă  bas prix[10], ceux-ci proposent des livres, les akahon (è”€æœŹ, livre rouge), particuliĂšrement bon marchĂ© et disponibles partout — librairies, confiseries, trains, fĂȘtes populaires, etc. ParallĂšlement, les librairies de location connaissent un essor important, proposant des livres spĂ©cialement dĂ©diĂ©s Ă  la location, les kashihon, pour la somme modique de 5 yens, l'Ă©quivalent de la moitiĂ© d'un ticket de mĂ©tro Ă  l'Ă©poque[18]. Par ailleurs, cet essor permet l'arrivĂ©e de nouveaux talents dans le monde des mangas[19].

De par leurs formats importants (100 pages et plus), Osamu Tezuka voit dans ces nouveaux supports l'occasion de transformer la narration du manga. Ainsi, et avec l'influence de l'occident, Walt Disney Pictures en lice, il lance un nouveau style de manga, le « story manga ». Il renouvelle le genre avec des histoires Ă©piques aux graphismes dynamiques, grĂące aux emprunts aux conventions cinĂ©matographiques[10]. Ce nouveau genre offre un nouveau souffle au manga, et s'intĂšgre dans le renouveau des magazines pour enfants[10]. Cependant, bien qu'innovant, ce nouveau genre peine Ă  trouver sa place au sein shƍjo manga. En effet, les histoires de ces mangas ne trouvent pas leur public parmi les jeunes japonaises, la faute Ă  des auteurs majoritairement masculins qui n'arrivent pas Ă  saisir leurs attentes, enchaĂźnant les tragĂ©dies mettant en scĂšne des hĂ©roĂŻnes torturĂ©es et passives[10],[20]. Mais parmi elles, une Ɠuvre shƍjo dĂ©roge Ă  la rĂšgle ; Princesse Saphir, premier shƍjo de Tezuka crĂ©Ă© en 1953, rencontre un fort succĂšs. En effet, Tezuka, fort de son expĂ©rience en manga shƍnen, dĂ©cide d'en appliquer le canevas narratif — dĂ©coupage du rĂ©cit, influence du cinĂ©ma, etc offrant aux lectrices une hĂ©roĂŻne forte, active face Ă  l'adversitĂ©, et une trame narrative riche et dynamique[20]. Si Tezuka n'a pas inventĂ© le shƍjo manga — ils puisent leurs origines dĂšs 1900, Princesse Saphir et son hĂ©roĂŻne travestie reste un point d'Ă©tape important dans l'histoire du shƍjo manga, en offrant au genre un nouveau style narratif[20]. Par ailleurs, il pose les bases du style graphique pour les shƍjo manga Ă  venir[21].

À la fin des annĂ©es 1950, le manga pour fille demeure principalement produit par des hommes. Parmi ces auteurs, on retrouve par exemple Leiji Matsumoto, Shƍtarƍ Ishinomori ou encore Chiba Tetsuya. Leurs Ɠuvres, destinĂ©es aux magazines Shƍjo Friend, Ribon ou Margaret s'inspiraient de contes illustrĂ©s[22]. On retrouve des mangas tels La princesse rouge-gorge de Negishi Komichi et La mort d'Ivan Ilitch de Mori Minoru (adaptation d'un conte de TolstoĂŻ)[23]. Mais ces auteurs masculins laissent progressivement la place Ă  des femmes comme Hideko Mizuno et Miyako Maki[22].

ParallĂšlement, grĂące aux akahon, le manga gagne en visibilitĂ© et en influence. Ainsi, la proportion de mangas dans les magazines augmente. Par exemple, s'ils ne reprĂ©sentaient que 20 % du magazine Shƍjo Club au milieu des annĂ©es 1950, ils en occupent dĂ©jĂ  plus de la moitiĂ© Ă  la fin de celles-ci. Avec une telle augmentation de la part des mangas, ces magazines shƍjo deviennent rapidement des magazines shƍjo manga[24]. Ainsi, en , le mensuel Nakayoshi de l'Ă©diteur Kƍdansha est crĂ©Ă©, suivi en 1955 par le magazine de ShĆ«eisha, Ribon[25]. Par ailleurs, certains magazines shƍjo suivent la lignĂ©e de leurs Ă©quivalents, les shƍnen manga magazines, qui fort de leurs popularitĂ©s, passent d'un rythme mensuel Ă  un rythme hebdomadaire. C'est notamment le cas du magazine Shƍjo Club, qui se renomme Weekly Shƍjo Friend en 1962[14] et de Weekly Margaret en 1963[24].

Ainsi, au milieu des annĂ©es 1960, grĂące Ă  l'augmentation de la frĂ©quence de ces magazines pour filles, de nouveaux auteurs font leur entrĂ©e dans le monde du shƍjo manga pour satisfaire le besoin en contenu. Jusque-lĂ  majoritairement masculin, une poignĂ©e de femmes mangaka rejoigne les rangs du shƍjo[26]. Si certaines se positionnent en hĂ©ritiĂšre de l'Ă©crivaine d'avant-guerre Nobuko Yoshiya — Masoko Watanabe (Garasu no shiro), Miyako Maki (Yume), Hideko Mizuno (Shiroi Troika) et Toshiko Ueda (Bonko-chan, Fuichin-san, Ako Bāchan — en proposant principalement des histoires Ă©voquant la beautĂ© et l'onirisme des premiĂšres relations amoureuses[12], l'une d'entre elles, Yoshiko Nishitani, tente une nouvelle approche[26]. En effet, elle est l'une des premiĂšres Ă  proposer des mangas mettant en scĂšne des hĂ©roĂŻnes Ă  l'image de ses lectrices : de jeunes japonaises vivant leur vie d'adolescente ordinaire — amitiĂ©, famille, Ă©cole, et, la vie amoureuse[15]. L'une de ses Ɠuvres, Remon to Sakuranba, est notamment prĂ©curseur d'un sous-genre incontournable dans du shƍjo manga moderne : la romance en milieu scolaire[26].

Par ailleurs, les annĂ©es 1960 inaugurent les premiĂšres diversifications du shƍjo manga. Ainsi apparaĂźt le premier manga de genre Magical girl, Himitsu no Akko-chan[27]. Conçu par le mangaka Fujio Akazuka et publiĂ© dans le magazine Ribon de 1962 Ă  1965, il met en scĂšne une jeune fille, Akko, qui se voit dotĂ©e d'un miroir magique lui permettant de changer d’apparence[28],[29]. Akko-chan est suivie par Sally, la premiĂšre hĂ©roĂŻne magical girl Ă  apparaĂźtre Ă  la tĂ©lĂ©vision japonaise en 1966 dans l'anime Sally la petite sorciĂšre, basĂ© sur le manga Ă©ponyme de Mitsuteru Yokoyama[29],[30]. En parallĂšle, des mangaka du shƍjo manga proposent aux jeunes filles de nouveaux thĂšmes : le manga d'horreur, avec notamment La Femme-serpent (1965) de Kazuo Umezu[31] et le manga sportif avec Les Attaquantes (Attack number one!) (1967) de Chikako Urano[32].

AnnĂ©es 1970 : l'Ăąge d'or du shƍjo manga

Photographie noir et blanc du portrait d'une femme
Hagio Moto en 2008

À partir des annĂ©es 1970, la production des shƍjo manga se fĂ©minise vĂ©ritablement[33]. Ceux-ci se complexifient, graphiquement comme thĂ©matiquement[34], en phase avec la rĂ©volution fĂ©minine et sexuelle[35]. Ce renouveau rĂ©sulte d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration d'auteurs, nommĂ©e rĂ©trospectivement le « Groupe de l'an 24 »[note 2],[33]. Parmi elles, on retrouve notamment Moto Hagio, Keiko Takemiya, Riyoko Ikeda, Ryƍko Yamagishi, Yumiko ƌshima, Yumiko Igarashi[36]. Elles vont offrir Ă  leurs lectrices des histoires aux thĂšmes inĂ©dits — science-fiction, la fantasy, la comĂ©die, le manga historique, etc. — partageant comme thĂ©matique commune, l'amour, et dĂ©crivant avec profondeur la psychologie de ses personnages[33],[37]. Hagio et Takemiya inaugurent un nouveau genre, le shƍnen'ai, mettant en scĂšne l'homosexualitĂ© masculine, avec les Ɠuvres In the Sunroom (1970) pour Takemiya et Le pensionnat de novembre (1971) pour Hagio[38]. Ces fleurs de l'an 24 vont modifier les codes graphiques, avec des traits plus fins et plus lĂ©gers, des visages d'une beautĂ© frĂŽlant l'exagĂ©ration, des pages plus lumineuses, et des cases aux contours Ă©clatĂ©s, effacĂ©s, voire dĂ©passĂ©s[39]. Cette Ă©volution du shƍjo, tant graphique que thĂ©matique, le sĂ©pare alors dĂ©finitivement du shƍnen manga et pose le modĂšle pour l'ensemble des shƍjo manga Ă  venir[37].

En parallĂšle, des auteurs comme Hideko Mizuno font Ă©voluer leurs Ɠuvres pour les adapter Ă  leurs jeunes lectrices devenues femmes. Ce sont les prĂ©mices du josei, avant sa consĂ©cration dans les annĂ©es 1980[35].

Le shƍjo et les adolescentes

L'engouement du manga

Les enfants entrent Ă  l’adolescence en ressentant ce besoin de se dĂ©tacher[40] de leurs parents, Freud s’y acharne dans ses Ă©crits. L’adolescent cherche Ă  se soustraire de leur autoritĂ© en gagnant sa propre autonomie afin de crĂ©er son identitĂ© et Ă©ventuellement trouver sa place dans la sociĂ©tĂ©[40]. C’est ce qui peut mener l’ado Ă  dĂ©velopper des intĂ©rĂȘts pour quelque chose qui n’est pas compris par son parent, comme les mangas. Ceux-ci sont plus qu’un simple livre; ils sont une fenĂȘtre ouverte sur la culture, les aspirations, les rĂȘves, les cauchemars, les fantaisies et les fĂ©tiches du Japon[41]. Les adolescents apprĂ©cient l’originalitĂ© des mangas pour leur contenu, mais aussi pour le contenant[42]. Notamment le fait de lire de la fin au dĂ©but, de droite Ă  gauche et la dominance de l’image au dĂ©triment du texte[43]. En ce qui a trait au manga shƍjo, ceux-ci offrent Ă  leur public fĂ©minin une ouverture sur un monde diffĂ©rent, un monde qui les invite Ă  une forme de voyage[40]. Les lectrices sont aux prises avec leurs pensĂ©es, leurs rĂȘveries et les histoires vĂ©hiculĂ©es dans le shƍjo viennent assouvir leurs dĂ©sirs et faire vibrer leur cƓur[43]. Les rĂȘves et les envies des jeunes adolescentes prennent alors vie au travers des personnages des mangas qu’elles lisent. Leurs plus grands fantasmes prennent vie sous leurs yeux[42]. Elles s’identifient aux personnages et peuvent ainsi s’évader de leur vie quotidienne.

Les genres abordés

Le shƍjo romantique

Les histoires romantiques sont un thĂšme trĂšs frĂ©quemment abordĂ©es dans le shƍjo. Elles se situent gĂ©nĂ©ralement dans un cadre scolaire.

Quelques exemples :

Le genre magical girl

Article détaillé : Magical girl.

Quelques exemples :

Le yaoi

Article détaillé : Yaoi.

Le yaoi (やおい) est un genre de mangas dans lequel l'intrigue est centrĂ©e autour d'une relation homosexuelle entre personnages masculins, et comportant Ă©ventuellement des scĂšnes sexuelles.

Le shƍjo sportif

Avec des joueuses féminines dans des sports comme le tennis dans Jeu, set et match !, le volley-ball dans Jeanne et Serge et Les Attaquantes, ou dans Ginban Kaleidoscope avec le patinage artistique.

Voir aussi

Liens externes

Articles connexes

Il existe une catĂ©gorie consacrĂ©e Ă  ce sujet : Shƍjo manga.
  • Le manga : son histoire et ses caractĂ©ristiques.
  • Le shƍnen manga, Ă©quivalent du shƍjo manga pour garçons.
  • Le sunjeong manhwa, Ă©quivalent corĂ©en du shƍjo manga.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© .

Ouvrages généraux

Ouvrages spécialisés

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Articles

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Notes et références

Notes

  1. Ce statut de femme adulte est tout au long du xxe siĂšcle connotĂ© par l'idĂ©ologie bonne Ă©pouse, sage mĂšre, souvent rejetĂ©e par la culture shƍjo.
  2. Elles doivent leur nom au fait qu'elles sont toutes nĂ©es autour de l'annĂ©e 1949, soit la 24e annĂ©e de l'Ăšre Shƍwa.

Références

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