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Serge Bricianer

Serge Bricianer (1923-1997[1]), dit Georges Cousin, est un écrivain et militant internationaliste français du XXe siècle, actif notamment dans les groupes de l’extrême-gauche dissidente « Socialisme ou Barbarie » et « Informations et Correspondance ouvrières ». Il est l'un des auteurs de La Grève généralisée en France, ouvrage de référence sur la période Mai 1968.

Serge Bricianer
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Fonction
Militant
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  74 ans)
Le Blanc-Mesnil
Nom de naissance
Serge Aelx Bricianer
Pseudonyme
Georges Cousin
Nationalité
Activités

Biographie

Serge Bricianer naît à Paris, le , dans une famille bourgeoise d’origine juive provenant de Briciani, village situé en Moldavie (aujourd'hui en Roumanie). Il a une enfance aisée dans la grande maison familiale de Vaucresson et reçoit une excellente éducation[2].

Après la faillite de l’entreprise familiale et la perte de la maison de Vaucresson à la suite de la crise financière de 1929, il est contraint de devenir ouvrier tailleur-fourreur[2].

Proche des milieux communistes avant le déclenchement de la guerre, il se rapproche ensuite des anarchistes, notamment par pacifisme intégral.

Pendant l'Occupation, pour ne pas être raflé, il se réfugie d'abord à Marseille et à Nice, puis, vers la fin de la guerre, en Suisse. Il revient à Paris en 1943[2] et fréquente alors la Fraction française de la gauche communiste internationale, animée par Marc Chirik, et fréquente Jean Malaquais.

Après la guerre, il milite au sein de la Gauche communiste de France, toujours animĂ©e par Chirik, qui s’éloigne du bordiguisme. Il utilise alors le pseudonyme de Georges Cousin. On y retrouve Robert Salama, dit « Mousso Â», Pierre Bessaignet dit « Philippe Â», Louis Evrard. Il est notamment le principal rĂ©dacteur de la revue du groupe, Internationalisme. La GCF est cependant très oscillante dans son orientation politique. Elle se rapproche un temps des anciens du groupe « Union communiste Â», qui suivent alors les thèses d’Anton Pannekoek. Le groupe se disloque de facto en 1952, avec le dĂ©part de plusieurs de ses dirigeants Ă  l’étranger.

Serge Bricianer fréquente alors les milieux conseillistes, et notamment Maximilien Rubel, Rina Schönberg, Jacques Gallienne, Benjamin Péret, Sophie Moen.

Après 1956, il participe aux travaux de « Socialisme ou Barbarie Â», menĂ©s par Cornelius Castoriadis, avec qui il entre en contact par l’entremise de Benno Sarel. Bricianer reste, pendant les annĂ©es qui suivent, en rapport avec tous les groupes et groupuscules issus des scissions et fractures au sein de cette mouvance de la gauche communiste, notamment « Informations et Liaisons ouvrières Â» (ILO), menĂ©e par Claude Lefort.

Il est particulièrement proche, ensuite, du groupe « Informations et Correspondance ouvrières Â» (ICO), dirigĂ© par Henri Simon et Pierre Blachier. Ce groupe se rapproche de Paul Mattick dans les annĂ©es 1960.

Vers le milieu des années 1960, Serge Bricianer partage sa vie avec Béatrice Rochereau de la Sablière, ancienne compagne du poète Gherasim Luca. Pour vivre, tous deux traduisent en français des ouvrages pour des éditeurs, en particulier Gallimard. Au cours d'une crise psychotique, sa compagne détruit une bonne partie des manuscrits de Bricianer, drame qui marque la rupture du couple[2].

Le groupe ICO participe ensuite très activement aux événements de mai 1968, faisant la liaison entre des groupes étudiants comme le mouvement du 22 mars et les mouvements ouvriers des usines. Bricianer se fait le propagateur du communisme des conseils ouvriers dans cette période[3].

À l’issue de cette expérience, il publie La Grève généralisée en France, mai-juin 68, ouvrage à la rédaction duquel ont participé Rina Schönberg, Daniel Saint-James, Henri Simon et d'autres[2]. Le livre fait référence comme analyse marxiste du mouvement de mai 68.

Il se consacre ensuite principalement à la rédaction ou la traduction d’ouvrages historiques ou théoriques sur le communisme, notamment Pannekoek et les conseils ouvriers (1969), ou des traductions d’œuvres de Paul Mattick (Intégration capitaliste et rupture ouvrière (1972), Marx et Keynes (1972), Crise et théories des crises)[2].

En 1978-1979, il participe aux côtés de René Lefeuvre à la résurrection de la revue Spartacus[2].

Il s’intéresse aussi à la Révolution iranienne et prépare un ouvrage sur la façon dont les conseils autonomes mis en place dans les premiers temps de cette révolution ont fini par être détournés par le pouvoir religieux. Ce livre sera publié de façon posthume sous le titre Une étincelle dans la nuit : islam et révolution en Iran 1978-1979.

Bricianer s'éteint au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) le , à l'âge de 74 ans, des suites d’un cancer du poumon.

Ses livres et ses archives sont conservés à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) de Nanterre. Les ouvrages que cette bibliothèque possédait déjà sont allés au Musée social de Paris et à la Biblioteca Franco Serantini (BFS) de Pise. Une liste de l’ensemble de ses livres a été déposée à la BDIC[2].

Publications

Ouvrages

  • avec Daniel Saint-James, Rina Schönberg, Henri Simon, La Grève gĂ©nĂ©ralisĂ©e en France, mai-, Paris, ICO (Informations et Correspondances ouvrières), supplĂ©ment 72, juin-, 37 pages (rĂ©Ă©ditĂ© comme n° 51 des Cahiers mensuels Spartacus, sĂ©rie A (1978), puis comme n° 172 des Cahiers de Spartacus, sĂ©rie B (2007).)
  • Une Ă©tincelle dans la nuit : islam et rĂ©volution en Iran, 1978-1979, Paris, Éd. Ab Irato, 2002, 78 pages (publication posthume)

de l’anglais

  • Alban G. Widgery, De Confucius Ă  Toynbee, les grandes doctrines de l’histoire, Paris, Gallimard, 1961. (rĂ©Ă©dition en 1965, Paris, N.R.F., coll. « IdĂ©es », 1965, 380 p.)
  • Carlo M. Cipolla, Histoire Ă©conomique de la population mondiale, Paris, Gallimard, 1965, 183 pages.
  • RenĂ© Maheu et al., Science et Synthèse, exposĂ©s et dĂ©bats du colloque international organisĂ© par L'Unesco Ă  Paris en 1965, Paris, Gallimard, [IdĂ©es No 137], 1967, 384 pages (les textes originaux en langue anglaise ont Ă©tĂ© traduits par Serge Bricianer et Fernand Lot).
  • Richard H. Popkin, Les assassins de Kennedy, Paris, Gallimard, 1967, 191 p.
  • Andrej DimitrieviÄŤ Saharov, Harrison Evans Salisbury, La LibertĂ© intellectuelle en U.R.S.S. et la coexistence, introduction, postface et notes de Harrison E. Salisbury, Paris, Gallimard, 1969, 191 pages.
  • Paul Mattick, Marx et Keynes, les limites de l'Ă©conomie mixte, Paris, Gallimard, 1972, 440 p.
  • Paul Mattick, Crises et thĂ©orie des crises, Champ libre, 1976, 242 pages.
  • Karl Korsch, Marxisme et contre-rĂ©volution dans la première moitiĂ© du vingtième siècle, choix de textes traduits et prĂ©sentĂ©s par Serge Bricianer.

de l’allemand

  • Wolfgang Köhler, La psychologie de la forme, Paris, Gallimard, 1964, 381 p.
  • Uwe Bergmann, Rudi Dutschke, Wolfgang Lefevre, Bernd Rabehl, La rĂ©volte des Ă©tudiants allemands, traduit de l'allemand par Serge Bricianer et Anne Gaudu, Paris, Gallimard, 1968, 383 pages.
  • L'idĂ©e de paix et l'agressivitĂ© humaine ; quatre essais, Paris, Gallimard, 1970, 188 pages.
  • Karl Korsch, Karl Marx, postface de Paul Mattick, Éd. Champ Libre, Paris, 1971, 288 p.
  • Oskar Anweiler, Les soviets en Russie, 1905-1921, prĂ©face de Pierre BrouĂ©, Paris, Gallimard, 1972, xxviii-355 pages.
  • Paul Mattick, IntĂ©gration capitaliste et rupture ouvrière (choix de textes), prĂ©face de Robert Paris, Paris, EDI, 1972, 272 pages.
  • Karl Korsch, Marxisme et contre-rĂ©volution dans la première moitiĂ© du vingtième siècle, sous la dir. de Serge Bricianer, Paris, Seuil, 1975 (voir l'introduction : Serge Bricianer, Karl Korsch (1886-1961). Un ItinĂ©raire marxiste).
  • Anton Pannekoek et les Conseils ouvriers, textes choisis, traduits et prĂ©sentĂ©s par Serge Bricianer, Paris, Etudes et documentation internationales (EDI), coll. « Praxis », 1969, 306 pages (nouvelle Ă©dition revue, corrigĂ©e et augmentĂ©e, 1977, 312 p. (traduction en anglais : Pannekoek and the Workers' Councils, Telos Press, St Louis, 1978, 300 pages).
  • Louis Fischer, LĂ©nine, Paris, Christian Bourgois, 1964, 502 pages.

Sous son nom propre

  • Riches et pauvres en AmĂ©rique, in Socialisme ou Barbarie, n° 38, vol. VIII, octobre-, p. 105-109.
  • L’ombre de Spartacus, in La Quinzaine littĂ©raire, n° 4, , p. 21-22.
  • Après Vatican II, in La Quinzaine littĂ©raire, n° 20, 15-, p. 23-24.
  • Psychanalyse et mouvement social, in Mise au point, n° 1, , p. 1-45 (mais il a participĂ© Ă  la discussion et Ă  l’élaboration de l’ensemble du numĂ©ro).

Sous le pseudonyme Georges Cousin

  • Tribune libre, in Internationalisme, n° 27, , p. 21-30.
  • Nouvelles internationales et nationales - Staline sauvĂ© par l’inflation, in Internationalisme, n° 30, , p. 12-14.
  • Le Danube est dĂ©sormais un fleuve russe, in Internationalisme, n° 32, , p. 7-17 et 20.
  • Situation internationale, in Internationalisme, n° 33, , p. 9-17.
  • Et vive la paix, in Internationalisme, n°35, , p. 6-10.
  • Gomulka Ă©tait-il trotskiste ?, in Internationalisme, n° 38, , p. 5-7.
  • L’Orient : point crucial des antagonismes impĂ©rialistes, in Internationalisme, n° 39, , p. 7-13.
  • Aperçu de la pensĂ©e rĂ©volutionnaire en Australie, in Internationalisme, n° 40, , p. 21-31.
  • Signification d’un message prĂ©sidentiel, in Internationalisme, n° 41, , p. 1-5.
  • Autour d’un procès, in Internationalisme, n° 42, , p. 6-10.
  • Revue de presse, in Internationalisme, n° 42, , p. 17-20.
  • Les fractions de la G.C.I. en France et aux États-Unis, in Internationalisme, n° 43, juin-, p. 30-35.
  • ExposĂ© du camarade Cousin [Ă  la rĂ©union de S ou B du 21 avril] [suivi de] : Guerre en CorĂ©e, in Internationalisme, n° [44 bis ? illisible], [1950, illisible], p. 15-28
  • Siqueiros, go home, in Internationalisme, n°[45, 1952 illisible], p. 44-50.

Anonymes

  • RĂ©flexions d’un camarade après la discussion sur la question nationale, in ICO, n° 39, , p. 20-22.
  • Le mouvement pour les conseils ouvriers en Allemagne, in ICO, n° spĂ©cial (n° 42), aoĂ»t-, 24 + 9 p.
  • Lecture. « Le  Â», Arnulf Baring, Cologne, 1965, in ICO, n° 43, , p. 16-19.
  • Ă€ propos de Wilhelm Reich, in ICO, supplĂ©ment au n° 60, , p. 1-16.
  • Cinq livres sur mai, in ICO, n° 73, aoĂ»t-, p. 13-23.
  • Une omission bizarre, in ICO n° 74, , p. 12.
  • Ă€ propos de l’autogestion, in ICO, n° 74, , p. 20-26.
  • La DiffĂ©rence, in ICO, n° 81, , p. 18-25.
  • Quelques rĂ©flexions, in ICO, n° 94, , p. 1-7.

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Serge Bricianer : Note biographique et bibliographique, mondialisme.org, mis en ligne le 30 janvier 2004.
  3. BRICIANER Serge, dit Georges COUSIN, Le Maitron.

Bibliographie

Liens externes

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