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Sarajevo, mon amour

Sarajevo, mon amour (Grbavica) est un film dramatique bosnien réalisé et écrit par Jasmila Žbanić, sorti en 2006 en France et le en Belgique. Il a reçu l'Ours d'Or à la Berlinale 2006.

Sarajevo, mon amour

Titre original Grbavica
Réalisation Jasmila Žbanić
Scénario Jasmila Žbanić
Acteurs principaux
Sociétés de production Coop 99
Deblokada
Jadran Film
Noirfilm
Pays de production Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine
Genre Drame
Durée 107 minutes
Sortie 2006

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film a par ailleurs bénéficié de nombreuses projections dans des festivals internationaux tels que le Berlinale, le Festival international du film de Karlovy Vary, le Festival du film de Toronto ou encore le Festival international du film de Hong Kong, et dans lesquels il a remporté plusieurs prix. Il met en scène une mère et sa fille, interprétées par Mirjana Karanović et Luna Mijovic, dont le père est apparemment mort en héros à la guerre. Néanmoins, un banal voyage scolaire va rapidement tout remettre en cause, et projeter la fille dans la dure réalité de la vie.

Sarajevo, mon amour est la première réalisation de Jasmila Žbanić. Diplômée de l'Académie d'Arts dramatiques de Sarajevo, elle a d'abord été marionnettiste puis clown avant de devenir réalisatrice. Depuis 1997, Žbanić a tourné quelques courts métrages dans lesquels elle évoque déjà l'après-guerre en Bosnie. C'est en 2006 qu'elle tourne enfin son premier long métrage : Sarajevo, mon amour. Ce dernier est très apprécié par la critique, et par le public, également, malgré son petit budget.

Synopsis


Esma, mère célibataire, vit avec sa fille de douze ans, Sara, dans le Sarajevo d'après-guerre. Sara souhaite partir en voyage scolaire, et Esma commence à travailler comme serveuse dans une boîte de nuit afin d'économiser l'argent nécessaire. Sara devient amie avec Samir qui, comme elle, n'a pas de père. Leurs pères respectifs sont supposés morts en héros. Samir est surpris que Sara ignore les circonstances du décès de son père : son père à lui a été massacré par les Tchetniks près de Žuč parce qu'il refusait de quitter la tranchée qu'il défendait. Pourtant, chaque fois que mère et fille évoquent ce sujet délicat, les réponses d'Esma se font vagues. La situation se complique alors que l'école propose d'emmener gratuitement les enfants en voyage, à condition qu'ils fournissent un certificat prouvant que leur père est mort en héros. Esma explique à Sara que le corps de son père n'a jamais été retrouvé, et ainsi elle ne possède pas un tel certificat. Elle promet cependant d'essayer de l'obtenir.

En réalité, elle tente d'emprunter l'argent dont Sara a besoin, auprès de son amie Sabina, de sa tante et de son employeur. Sara ne peut se défaire du sentiment que quelque chose ne va pas. Choquée de découvrir qu'elle ne figure pas sur la liste des enfants de héros de guerre dressée par l'école pour le voyage, elle se bagarre avec un camarade de classe et, reprenant à son compte l'histoire du père de Samir, lui raconte que son père a été massacré par les Chetniks dans la tranchée qu'il défendait. Une fois rentrée chez elle, Sara interroge sa mère et exige de connaître la vérité. Esma craque et lui révèle brutalement les faits : elle a été violée dans un camp de prisonniers, et forcée de garder l'enfant né de ce viol. Sara réalise soudain qu'elle est l'enfant d'un Chetnik, mais le fait de connaître la vérité lui permet de commencer à surmonter le traumatisme. Finalement, Sara part en voyage et fait signe à sa mère au dernier moment. Dans le car, les enfants chantent une chanson populaire évoquant Sarajevo, Le Pays de mes rêves, et Sara reprend l'air à son tour, concluant le film sur une note optimiste[1].

Contexte

Selon la réalisatrice :

« … en 1992, tout change et je rĂ©alise que je vis durant une guerre dans laquelle le sexe est utilisĂ© comme une stratĂ©gie de guerre pour humilier les femmes et cause ainsi la destruction d'un groupe ethnique ! 20 000 femmes ont disparu durant la guerre de Bosnie[2]. »

Dans le film, les criminels sont nommĂ©s Chetniks, un terme dĂ©rogatoire que plusieurs musulmans/croates de Sarajevo utilisaient pour parler des gens de nationalitĂ© serbe. La rĂ©alisatrice a dĂ©clarĂ© qu'elle voulait volontairement Ă©viter le mot « Serbe Â», pour Ă©viter d'imposer cette culpabilitĂ© Ă  un groupe ethnique entier.

Fiche technique

Distribution

  • Mirjana Karanović : Esma
  • Luna Mijović : Sara
  • Leon LuÄŤev : Pelda
  • Kenan Ćatić : Samir
  • Jasna Beri : Sabina
  • Dejan Aćimović : Cenga
  • Bogdan Diklić : Saran
  • Emir Hadzihafizbegović : Puska
  • Ermin Bravo : Professeur Muha
  • Semka Sokolović-Bertok : Mère de Pelda
  • Maike Höhne : Jabolka
  • Jasna Ĺ˝alica : Plema
  • Nada Djurevska : Tante Safija
  • Emina Muftić : Vasvija
  • Dunja Pasić : Mila
  • Sedina Muhibić : Maja
  • Sabina Turulja : Zehra
  • Vanessa Glodjo : Dzemila
  • Sanja Burić : Mirha
  • Hasija Borić : Fadila

Autour du film

Grbavica

Dans la version originale de Sarajevo, mon amour, le film s'intitule Grbavica. Ce titre a Ă©tĂ© choisi par la cinĂ©aste pour sa signification. Grbavica est un quartier de Sarajevo dans lequel vit Jasmila Ĺ˝banić. Durant la guerre, il a Ă©tĂ© assignĂ© par l'armĂ©e serbo-montĂ©nĂ©grine. Des gens y ont Ă©tĂ© torturĂ©s. Ainsi, elle dĂ©clare : « lorsque vous marchez dans Grbavica, aujourd'hui, vous pouvez voir des immeubles typiques du rĂ©gime socialiste, des rĂ©sidents locaux, des magasins, des enfants, des chiens… mais en mĂŞme temps, vous pouvez sentir la prĂ©sence de quelque chose d'indicible et d'invisible, cet Ă©trange sensation d'ĂŞtre dans un endroit marquĂ© par la souffrance humaine Â». Par ailleurs, Ă©tymologiquement, Grbavica signifie « femme bossue Â». Ainsi, Bvanic pensait rĂ©sumer son histoire Ă  travers ces deux aspects du terme. NĂ©anmoins, en France, le film a Ă©tĂ© distribuĂ© sous un titre très diffĂ©rent : Sarajevo, mon amour, lui faisant perdre toute sa symbolique[6].

RĂ©ception publique

Alors qu'il a Ă©tĂ© projetĂ© dans près de vingt festivals internationaux — dont le Berlinale, le Festival international du film de Toronto, de Karlovy Vary ou encore d'Hong Kong — Sarajevo, mon amour a Ă©tĂ© reçu par un accueil très variable en salles. Ses recettes brutes, aux États-Unis, s'Ă©lèvent Ă  seulement 43 460 $ après dix sept semaines d'exploitation[7]. En parallèle Ă  la dĂ©ception amĂ©ricaine, s'ajoute celle du Royaume-Uni avec une recette de seulement 7 397 $[8]. Toutefois, le film a Ă©tĂ© acclamĂ© en RĂ©publique tchèque, avec un rĂ©sultat de 14 152 $[8] ou en Allemagne avec une recette finale de 300 022 $[8]. Le film termine son exploitation avec 791 236 $[7], score tout Ă  fait apprĂ©ciable pour la rĂ©alisatrice, dont le film avait Ă©tĂ© produit avec peu de moyens. Sarajevo, mon amour est par ailleurs classĂ© 328e film de l'annĂ©e 2007[9].

Sarajevo, mon amour est de plus le premier film en tant que réalisatrice de Jasmila Žbanić. Elle avait précédemment tourné un épisode d'une série télévisée, un court métrage et un téléfilm[10]. Pour ses premiers pas dans le monde du cinéma, Žbanić a tourné un film très lucratif, et a bénéficié d'une projection dans plusieurs festivals internationaux, marquant par ailleurs le début de sa carrière internationale.

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau des États-Unis États-Unis 43 460 $ 17 semaines
Drapeau de l'Italie Italie 31 233 $ 1 semaine
Drapeau de la TchĂ©quie RĂ©publique tchèque 14 152 $ 4 semaines
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 300 022 $ 21 semaines
Drapeau du Mexique Mexique 56 105 $ 12 semaines
Drapeau de la Norvège Norvège 37 580 $ 3 semaines
Drapeau de la CorĂ©e du Sud CorĂ©e du Sud 23 392 $ 8 semaines
Drapeau de l'Espagne Espagne 250 275 $ 10 semaines
Drapeau de TaĂŻwan TaĂŻwan 10 378 $ 2 semaines
Drapeau de la Turquie Turquie 14 071 $ 11 semaines

RĂ©ception critique

Ă€ cĂ´tĂ© d'une rĂ©ception publique rĂ©ussie, la rĂ©ception critique a Ă©tĂ© très bonne. En marge des diverses projections aux festivals, plusieurs magazines fĂ©licitent la rĂ©alisatrice pour son Ĺ“uvre, en acclamant la victoire de l'Ours d'or. C'est dans cette optique que TĂ©lĂ©rama publie « un film vibrant et maĂ®trisĂ© »[11], Le Journal du dimanche dĂ©clare « un rĂ©cit poignant […] en finesse, le film Ă©vite le mĂ©lo et met en relief, sans angĂ©lisme, l'indispensable devoir de vĂ©ritĂ© Â»[11] ou encore L'HumanitĂ© avoue « l'amour, la cocasserie, une drĂ´lerie sans cynisme que Jasmila Ĺ˝banić manie en artiste, usant des ressources propres au cinĂ©ma pour que jaillisse la vĂ©ritĂ© de l'histoire Â»[11]. Pourtant, certains ont trouvĂ© que, justement, la rĂ©alisatrice avait voulu trop en faire. Score Ă©crit « quand on s'attaque Ă  un sujet tire-larmes, mieux vaut y aller mollo sur le pathos Â»[11]. Plus loin que Score, Le Monde ne trouve aucune originalitĂ© Ă  la mise en scène de Ĺ˝banić et dĂ©clare qu'« aussi grave soit-il, aucun sujet ne se suffit Ă  lui-mĂŞme : encore faut-il le mettre en scène Â»[11].

Malgré plusieurs mauvaises critiques, néanmoins, le film a été très apprécié dans son ensemble. Il ressort majoritairement que l'Ours d'or est une récompense à la hauteur du film, et que la mise en scène est à la hauteur du scénario et du thème évoqué.

Distinctions

RĂ©compenses

Nominations

Notes et références

  1. (en) New York Times, « Grbavica (overview) Â», consultĂ© le 12 septembre 2009
  2. (en) Coop99, « Official website : Director > Interview > What is the origin of the story ? Â», consultĂ© le 13 septembre 2009
  3. (fr+en) Internet Movie Database, « Release information Â», consultĂ© le 12 septembre 2009
  4. (fr) AlloCinĂ©, « Sarajevo, mon amour (fiche technique) Â», consultĂ© le 12 septembre 2009
  5. (fr+en) Internet Movie Database, « Filming locations Â», consultĂ© le 12 septembre 2009
  6. (fr) AlloCinĂ©, « Secrets de tournage : le lieu des crimes Â», consultĂ© le 12 septembre 2009
  7. (en) Box-office Mojo, « Grbavica Â», consultĂ© le 13 septembre 2009
  8. (en) Box-office Mojo, « Grbavica (international) Â», consultĂ© le 13 septembre 2009
  9. (en) Box-office Mojo, « 2007 Yearly Box Office Results Â», consultĂ© le 13 septembre 2009
  10. (fr+en) Internet Movie Database, « Jasmila Zbanic Â», consultĂ© le 13 septembre 2009
  11. (fr) AlloCinĂ©, « Critiques de presse Â», consultĂ© le 13 septembre 2009

Voir aussi

Bibliographie

  • (fi) Jeanette Gentele, LĂĄgmält krigsöde övertygar, Suède, Svenska Dagbladet,
  • (en) Philip Kinnicott, Bosnia's Lingering Shadow of War, vol. 130, États-Unis, The Washington Post,

Liens externes

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