Salyens
Les Salyens, appelés aussi Salluviens (en latin Salluvii), formaient une confédération localisée dans la majeure partie de la basse-Provence et dont la capitale était Entremont sur l'actuelle commune d'Aix-en-Provence.
Au mĂȘme titre que les Ligures, on ne sait que peu de choses sur cette alliance politique et de nombreuses thĂ©ories courent Ă son sujet.
Les chercheurs modernes, en se basant sur les sites de fouilles et les récits des anciens grecs et romains, qualifient généralement les Salyens, soit de Ligures, soit de Celtes, soit comme une alliance entre peuples Celtes et Ligures qualifiée de « Celto-Ligures ».
Les sites de fouilles sont nombreux dans la Provence rhodanienne, rĂ©putĂ©e celtique ou celtisĂ©e, alors que dans la Provence orientale, rĂ©putĂ©e « ligure », les informations manquent de cohĂ©sion. Toutefois, pour Florence Verdin, « En dĂ©pit de ces constatations, certains traits culturels, liĂ©s aux pratiques architecturales ou aux productions de mobilier, semblent rĂ©ellement propres Ă chacune de ces zones. ». La bassin d'Aix-en-Provence semble ĂȘtre « une zone de contact »[1].
Ethnonymie
Le nom de Salyens est parfois orthographié Salliens.
Origine ethnique
L'origine des Salyens est variable selon les auteurs, qu'ils soient anciens (grecs et romains), modernes (historien et romancier) et contemporain (historien et archéologue). Ces derniers tendent à affiner, voire affirmer ou infirmer les propos de leurs prédécesseurs.
ThÚse de l'origine celtique : Cette approche qualifie généralement les Salyens comme une alliance de peuples Celtes ou Celtes périphériques.
- Dominique Garcia dĂ©fend la thĂšse que les Ligures seraient des populations celtes « Câest donc probablement Ă partir de la deuxiĂšme moitiĂ© du VIIe s. av. J.-C., lorsque les explorateurs commerçants grecs abordent les cĂŽtes du golfe du Lion, que les populations de la MĂ©diterranĂ©e nord occidentale seront qualifiĂ©es de Ligures tandis que lâespace abordĂ© sera nommĂ© la Celtique. Ce dernier terme sera Ă©tendu, petit Ă petit, Ă une trĂšs grande partie de lâEurope centrale et occidentale. ». Il qualifie d'ailleurs cet espace de « celtique pĂ©riphĂ©rique » et de « Gaule mĂ©diterranĂ©enne »[2].
- Dominique Garcia ajoute, en citant Strabon, que « Les anciens Grecs appellent Ligures les Salyens, et Ligurie la rĂ©gion quâoccupent les MassaliĂštes ; les Grecs postĂ©rieurs les nomment Celto-Ligures, et leur attribuent en outre la plaine jusquâĂ LuĂ©rio (le Luberon) et jusquâau RhĂŽne.» Logiquement, Strabon âactualiseâ des donnĂ©es plus anciennes. Il nous dit que les Salyens, maintenant reconnus comme tels, Ă©taient anciennement inclus sous lâappellation de âLiguresâ, et que câest le terme de âcelto-ligureâ qui est utilisĂ© par les Grecs de son temps (Arnaud 2001 ; Bats 2003). La dĂ©nomination âcelto-ligureâ a souvent Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e comme une notion de mĂ©lange. Cet aspect a frĂ©quemment Ă©tĂ© exploitĂ© par certains auteurs modernes voulant appuyer lâhypothĂšse que, durant le deuxiĂšme Ăąge du Fer, les populations de âsouche ligureâ ont Ă©tĂ© enrichies dâimportants apports humains et culturels de la part des Celtes dits historiques. Or, il semble en lâoccurrence, et sans en faire une rĂšgle absolue, quâici le premier Ă©lĂ©ment du nom a valeur dâun adjectif, le second dâun substantif qui seul dĂ©signerait lâorigine ethnique. Les Celto-Ligures seraient donc les Ligures de la Celtique. »[3].
ThĂšse de l'origine non celtique (non gauloise) :
Cette approche qualifie gĂ©nĂ©ralement les Salyens comme une alliance de peuples Ligures non considĂ©rĂ©s comme gaulois, ni comme appartenant Ă la Gaule celtique. Selon les auteurs, les propos varient et les Ligures de Provence, dont les Salyens peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des peuples non indo-europĂ©ens ou prĂ©-celtique qui ont Ă©tĂ© celtisĂ© ou simplement comme des peuples Ă part du monde celtique.
- Pour Joël Schmidt, les Salyens sont un peuple « non gaulois »[4] qui habitaient au sud-est de la Provence dans la vallée de la Durance.
ThÚse de l'origine celtique et non celtique : Cette approche qualifie généralement les Salyens comme une alliance de peuples Celtes ou celtisés (anciennement Ligures) et de peuples Ligures.
- Pour Florence Verdin, « La sĂ©paration entre population ligure et population celtisĂ©e se situerait par consĂ©quent dans la rĂ©gion du bassin d'Aix. On retrouve ainsi la bipartition [architecture, matĂ©riaux, etc.] dĂ©jĂ mise en Ă©vidence prĂ©cĂ©demment. C'est cette situation linguistique et culturelle complexe que semblent reflĂ©ter les tĂ©moignages des auteurs antiques qui qualifient les Salyens tantĂŽt de Ligures, tantĂŽt de Celtes ou de Celto-Ligures (Barruol 1969). Cette apparente confusion reflĂšte sans doute la mobilitĂ© des diffĂ©rents groupes humains dont il convient de mieux dĂ©finir l'emprise gĂ©ographique. Plusieurs Ă©lĂ©ments permettent de localiser assez prĂ©cisĂ©ment le territoire des Salyens. Dans le passage oĂč Strabon aborde l'appartenance ethnique de ceux-ci (IV, 6, 3), il est dit que les Salyens ligures, dont parlent les anciens auteurs, habitent la rĂ©gion occupĂ©e par les Marseillais alors que les Salyens celto-ligures, mentionnĂ©s par les auteurs les plus rĂ©cents, possĂšdent "en plus" la rĂ©gion des plaines situĂ©es entre le RhĂŽne et le Luberon. Dans le mĂȘme passage, Strabon prĂ©cise que « les Salyens habitent l'arriĂšre du littoral d'Antibes jusqu'Ă Marseille et mĂȘme un peu au-delà ». Il semblerait que l'auteur tĂ©moigne lĂ , de façon confuse, d'une extension progressive du territoire des Salyens. Ă l'origine, ce peuple de souche ligure occupait l'arriĂšre-pays d'Antibes jusqu'aux environs de Marseille, puis - au IIe s. av. J.-C. ? -, il se serait Ă©tendu vers l'ouest et vers le nord, jusqu'au RhĂŽne mentionnĂ© auparavant comme limite (IV, 1 , 11), englobant des peuplades celtisĂ©es de Provence occidentale. »[5].
Florence Verdin dit cependant qu'il existe une proximité entre les peuples du nord et du sud de la Gaule : « Les recherches archéologiques de ces vingt derniÚres années ont, au contraire, insisté sur la parenté des sociétés indigÚnes de l'ensemble du Midi de la Gaule, quitte à les opposer de façon un peu artificielle à celles de Gaule intérieure. Or, la multiplication des études micro-régionales amÚne à nuancer ce point de vue en démontrant d'une part, l'existence d'affinités évidentes entre "Gaulois du Midi" et "Gaulois du Nord", d'autre part, en mettant progressivement en évidence des faciÚs culturels beaucoup plus variés au sein de chaque région. »[1].
Jean-Louis Brunaux fait quelques remarques sur les Ligures dans son livre « Les Celtes : l'histoire d'un mythe » :
- « On prend conscience, quand on constate que des néologismes ambigus se répandent un ou deux siÚcles avant notre Úre : CeltiÚbres, Celtoligures, Gallo-GrÚce. Il semble que ces appellations mixtes répondent à un besoin d'explication ethnographique qu'elles ne parviennent cependant pas à satisfaire. Qui étaient ces populations souvent situées en marge, à des confins territoriaux ? se demandent les historiens et géographes grecs. Ce sont, répondent-ils, à la fois des Celtes et des IbÚres, des Celtes et des Ligures, des Galates et des Grecs. Mais alors que signifie ce "à la fois" ? Qu'est-ce qui lie ces grands ensembles ethniques parfois différents ? La réponse n'est jamais données parce qu'elle obligerait les utilisateurs de ces formules passe-partout à revenir sur les notions de Celtes, d'IbÚres, et de Ligures et révélerait leur faiblesse en termes d'analyse ethnographique. ».
- « A l'Est, la situation était plus confuse encore: le RhÎne avait longtemps séparé les Celtes des Ligures, mais des peuples étaient passés à l'Ouest, et d'autres, tels les Salyens d'Aix-en-Provence, étaient seulement dits « celto-ligures ». Et, si l'on allait par là , on se rendait compte que les Pyrénées ne formaient pas la frontiÚre que l'on répétait de façon un peu automatique: au sud des Pyrénées des Celtes avaient pénétré dans la péninsule ibérique mais n'avaient pu, comme leurs congénÚres en Cisalpine, établir un territoire celtique; là encore, ces populations étaient qualifiées probablement d'une appellation mixte, celtibÚres. ».
Expansion géographique
Le territoire des Salyens correspond généralement aux départements des Bouches-du-RhÎne, du Vaucluse, du Var, des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence à la fin de la protohistoire.
La confĂ©dĂ©ration comprend entre autres, les SĂ©gobriges, les Avatiques, les Tricoriens, les Anatilii. Selon Ătienne Garcin, leur territoire s'Ă©tendait d'Arles Ă Marseille et avait pour capitale Entremont qui est proche de l'actuel Aix-en-Provence[6].
Cette « alliance » comprenait les Gaulois Ă©tablis entre le fleuve Var, le Luberon et le RhĂŽne. Elle constituait vraisemblablement l'entitĂ© la plus importante de Provence au IIe siĂšcle av. J.-C., jusqu'Ă la conquĂȘte romaine de la Narbonnaise (vers ).
- Vallée de l'Arc
- Baou de l'Agache Ă BelcodĂšne ;
- Entremont, « ville » (?) des Salyens (commune d'Aix-en-Provence) ;
- Pain de munition Ă PourriĂšres ;
- Roquepertuse, sur la commune de Velaux (site traditionnellement associé à un sanctuaire) ;
- Oppidum du Mont Olympe, Ă Trets oĂč « le site a Ă©tĂ© occupĂ© au premier Ăąge du Fer (cĂ©ramique grise monochrome, amphore massaliĂšte) et au deuxiĂšme Ăąge du Fer (campanienne A, amphore italique) »[7] ;
- Oppidum des Tritolii, sur la commune de Lambesc (oppidum, Ă©tablissement de plaines, lieux de cultes).
- Oppidum dit « Camp de Marius », sur la commune de Ventabren, au-dessus de l'aqueduc de Roquefavour
- Alpilles
- Glanum ou Glanon, « ville » des Glaniques (commune de Saint-Rémy-de-Provence).
- ArriĂšre-pays de Marseille
- Oppidum de la Cloche (commune des Pennes-Mirabeau) ;
- Oppidum du Baou roux (commune de Bouc-Bel-Air).
- Oppidum de la Test de L'Ost
- Pourtour de l'Ă©tang de Berre
- Martigues (quartier de l'ßle), « ville » des Avatiques ;
- Habitat protohistorique de Saint-Pierre-les-Martigues ;
- Marignane, habitat protohistorique de Notre-Dame-de-Pitié ;
- Habitat protohistorique de l'Arquet ;
- Habitat protohistorique de Tamaris ;
- Oppidum de Saint-Blaise (commune de Saint-Mitre-les-Remparts) ;
- Site de Constantine (commune de Lançon-Provence).
- Vallée du Verdon et haute Provence
- Riez, « ville » des Riei (Alpes-de-Haute-Provence).
- Ouest varois
- Oppidum de la Courtine (Ollioules) ;
- Oppidum du Gaou (Sanary-sur-Mer).
Histoire
Formation de la confédération Salyenne
La confĂ©dĂ©ration des Salyens ne se forma probablement qu'Ă la fin du IIIe siĂšcle av. J.-C., Ă partir de la rĂ©union des « Celto-Ligures » de Provence autour de centres proto-urbains, placĂ©s sous le contrĂŽle soit d'une aristocratie mĂȘlĂ©e, soit d'aristocratie prĂ©existante juxtaposĂ©e dont le pouvoir s'Ă©tait renforcĂ© et concentrĂ©. Auparavant, les Ligures Ă©taient les seuls habitants indo-europĂ©ens au sud des Alpes et ses rivages mĂ©diterranĂ©ens. La puissance ligure qui contrĂŽle le passage des Alpes mĂ©ridionales et engendre parfois une piraterie maritime est connue dĂšs le Ve siĂšcle av. J.-C..
L'arrivée de peuplades gauloises peu nombreuses et éparses entre -900 et -500, et surtout massive aprÚs -300 a donné naissance à une civilisation celto-ligure, dont les Salyens sont une émanation[8]. Pour expliquer cette évolution, plusieurs hypothÚses ont été formulées, parmi lesquelles il faut citer celle d'un effet des tensions causées par la pression de Massalia, l'antique Marseille[9].
Les voisins les plus proches des Salyens, en effet, étaient les Massaliotes de la cité phocéenne de Massalia[10] au sud (les Cavares[11] et les Albiques[12] occupaient quant à eux les territoires situés au nord des Salyens).
L'hypothÚse de la « confédération » salyenne
L'hypothÚse de la « confédération » salyenne remise en cause
Pour Patrick Thollard[13], il est probable que les Salyens n'ont jamais formĂ© de confĂ©dĂ©ration ou de fĂ©dĂ©ration, mais faisaient partie d'un seul et mĂȘme peuple. Il avance notamment comme idĂ©es que certains auteurs modernes et contemporains ont confondu des noms de peuples avec des noms d'agglomĂ©ration.
D'aprĂšs lui : « Deux idĂ©es en ressortent cependant. Dâabord celle dâune « confĂ©dĂ©ration », la notion hĂ©sitant entre lâacception politique, militaire et territoriale. En second lieu, celle dâune extension territoriale, vers lâouest et le nord, Ă partir dâune zone originelle situĂ©e Ă lâest de Marseille, au point quâon a pu parler de Salyens « occidentaux » sâopposant Ă des « Salyens ligures », Ă lâest. ».
Thollard pense que l'idĂ©e d'une « confĂ©dĂ©ration Salyenne » repose sur des « bases extrĂȘmement tĂ©nues ». Il critique cette idĂ©e que dĂ©fend Guy Barruol en parlant de «« nĂ©cessitĂ©s du voisinage » amenant les diffĂ©rents peuples Ă lâorigine « autonomes maĂźtres dâun territoire dĂ©limitĂ© » Ă se « grouper dans des alliances dĂ©fensives et Ă©conomiques puis dans de vĂ©ritables fĂ©dĂ©rations politiques »».
La notion de « confĂ©dĂ©ration », pour Thollard, provient de la « confrontation entre le texte de Strabon et celui de Pline (et, dans une moindre mesure, celui de PtolĂ©mĂ©e)». En effet, Strabon ne mentionne que les Salyens dans l'espace de la Celto-ligye alors que Pline, plus tard, en citera une dizaine Ă une quinzaine selon les chercheurs modernes[13]. Il prĂ©sente aussi que la principale difficultĂ© des chercheurs sur cette « confĂ©dĂ©ration » consiste Ă savoir si elle revĂȘt « un sens militaire et un sens politique ».
Florence Verdin envisage les Salyens comme une organisation plutĂŽt militaire[14]. Guy Barruol y croit Ă©galement et prĂ©cise que cette alliance « lĂšveraient une armĂ©e organisĂ©e en dix corps » d'aprĂšs Patrick Thollard. Ă l'inverse, François Lasserre, Stefan Radt et Michel Bats s'orientent vers une organisation politique oĂč les « Celtoligyens seraient divisĂ©s en dix districts, Ă partir desquels ils lĂšveraient une armĂ©e »[13].
Patrick Thollard reprĂ©cise le risque que l'idĂ©e d'une « confĂ©dĂ©ration salyenne » pan-provençale (« Ă©largie » que dĂ©fend Barruol) ou limitĂ©e aux Salyens « occidentaux » (rhodaniens) que dĂ©fend Bats, « reste une entreprise extrĂȘmement pĂ©rilleuse puisquâelle oblige Ă recourir Ă Pline et PtolĂ©mĂ©e. ».
Il note que Guy Barruol classe « parmi les peuples de la confĂ©dĂ©ration salyenne tous les peuples citĂ©s par Pline dans les limites gĂ©ographiques considĂ©rĂ©es sans faire la diffĂ©rence entre lâexposĂ© gĂ©ographique et la liste administrative ni tenir compte des contradictions possibles. ».
De ce fait, la distinction entre le peuple des Salyens, qui « occupe une place prépondérante » d'aprÚs Barruol, et l'espace délimité de la confédération salyenne entraßne selon Thollard « des difficultés insurmontables ».
Alors que Strabon dĂ©finit les Salyens comme celtiques et les ligures comme non celtiques, Pline va mentionner les Salyens sous la forme de Salui au dĂ©but de la description d'Italie. Mais pour ce dernier, les Salyens, les DĂ©ciates et les Oxybiens sont classĂ©s parmi les ligures dont les Salyens font objet de l'un des peuples les plus illustres de ce que dit Thollard. Patrick Thollard trouve Ă©trange qu'en outre, « les Salyens nâapparaissent pas dans lâexposĂ© gĂ©ographique de la Narbonnaise, alors que figurent les deux autres peuples Ligures citĂ©s par Pline, les Deciates et les Oxubii. On les retrouve, allusivement, dans la liste des oppida latina (lâexposĂ© administratif), sous la forme Salluvii, avec la mention dâAquae Sextiae Salluviorum. ». De ce fait, il se pose plusieurs questions quant Ă la situation :
- « Est-on sĂ»r que les deux noms dĂ©signent le mĂȘme peuple dans lâesprit de Pline puisque lâun (Salluuiorum) est en Narbonnaise et lâautre (Salui), en Italie ? » ;
- « Comment comprendre la disparition, chez Pline, dâun peuple censĂ© avoir Ă©tĂ© Ă la tĂȘte de la plus puissante confĂ©dĂ©ration de Gaule mĂ©ridionale ? ».
- « pourquoi, dans ce cas, les Cavares et les Voconces (pour ne rien dire des Allobroges), eux aussi supposĂ©s avoir constituĂ© de grandes confĂ©dĂ©rations Ă lâĂ©poque prĂ©-romaine, figurent-ils en bonne place dans la prĂ©sentation gĂ©ographique (et dans lâexposĂ© administratif) de la Narbonnaise ? ».
Patrick Thollard conclu sur deux points rejetant l'admission d'une « confédération salyenne ».
- « En outre, la reconstitution de la confĂ©dĂ©ration salyenne Ă partir de Pline et PtolĂ©mĂ©e oblige G. Barruol Ă y faire figurer les Oxubii, les Ligauni ou les DĂ©ciates, des peuples considĂ©rĂ©s par Strabon comme Ligyens donc bien distincts des Salyens. Quâune telle attribution nâait pas paru contradictoire se comprend. La thĂšse, admise Ă lâĂ©poque oĂč Ă©crivait G. Barruol, Ă©tait que les Salyens Ă©taient des Ligyens (ou Ligures) et formaient le peuplement autochtone de tout lâarriĂšre-pays marseillais avant que des groupes de Celtes, Ă la suite de migrations, ne viennent sâinstaller parmi eux, donnant ainsi naissance Ă un peuplement mixte qualifiĂ© de celto-ligure, occupant toute la rĂ©gion RhĂŽne-PĂŽ. Il faut donc abandonner lâidĂ©e dâune vaste confĂ©dĂ©ration salyenne.
- « En dĂ©fendant lâidĂ©e dâune confĂ©dĂ©ration plus limitĂ©e, restreinte aux « rĂ©gions des plaines » bordant le RhĂŽne, M. Bats Ă©chappe en grande partie aux difficultĂ©s prĂ©cĂ©dentes. Mais il est contraint, pour retrouver les dix districts mentionnĂ©s par Strabon, de puiser Ă la fois chez Pline et chez PtolĂ©mĂ©e, en mĂ©langeant donnĂ©es gĂ©ographiques et donnĂ©es administratives et sans faire la distinction entre villes et peuples. Il est donc amenĂ© Ă reconstituer, pour lâĂ©poque de lâindĂ©pendance, autant de territoires quâil y a de noms dâagglomĂ©rations citĂ©es par PtolĂ©mĂ©e et Ă piocher ensuite dans la liste de Pline pour complĂ©ter. La position, lĂ non plus, nâest guĂšre tenable. »
L'élaboration de la notion de « confédération salyenne » résulte, d'aprÚs lui, de la conjonction de trois éléments :
- « la prise en compte dâune situation historique fondĂ©e sur des a priori ou des postulats (lâantĂ©rioritĂ© du peuplement ligure/ligyen dotĂ© dâune culture propre, les migrations celtiques qui imposent un nouvel ordre politique aux populations autocthones) » ;
- « une lecture déformée ou sur interprétée du texte de Strabon (la dispersion des informations sur les Salyens dans le livre IV, la digression de IV, 6, 3) » ;
- « la volontĂ© de faire coĂŻncider Ă toutes forces entre elles les sources littĂ©raires antiques (en particulier Strabon, Pline et PtolĂ©mĂ©e) alors que celles-ci renvoient Ă des rĂ©alitĂ©s de nature et dâĂ©poque diffĂ©rentes. On ne peut quâĂȘtre rĂ©servĂ© quant Ă sa rĂ©alitĂ© historique».
Concernant la question de l'extension territoriale, Patrick Thollard explique que Strabon cite trois Ă©tats des Salyens/Ligyens (qui pour Strabon ne font qu'un) Ă savoir « un Ă©tat ancien oĂč les Salyens ne sont pas reconnus et sont sans territoire propre », « un Ă©tat plus rĂ©cent oĂč ils sont appelĂ©s Celtoligyens et occupent la zone de plaines comprise entre le RhĂŽne et la Durance Ă lâouest de Marseille », « lâĂ©poque contemporaine de Strabon (de son point de vue mais par forcĂ©ment du nĂŽtre) oĂč les Salyens sont reconnus comme tels et occupent non seulement les plaines Ă lâest du RhĂŽne, mais aussi le littoral et une partie des Alpes entre Marseille et le Var ». De ces Ă©tats, Patrick Thollard propose deux possibilitĂ©s :
- « Un : si extension territoriale il y a, elle sâest faite en sens inverse de ce quâon prĂ©sente dâhabitude : de lâouest vers lâest, aux dĂ©pens des Ligyens et du territoire originel de ces derniers. Au reste, il nây a rien que de logique dans tout cela. Si on suppose que lâĂ©mergence des Salyens, dans lâhistoriographie antique, est liĂ©e Ă la reconnaissance progressive de leur « celticitĂ© », donc de leur diffĂ©rence par rapport aux Ligyens, il est normal quâon ait commencĂ© Ă identifier ceux des bords du RhĂŽne oĂč ce degrĂ© de « celtisation » Ă©tait plus Ă©vident avant de lâattribuer Ă ceux de lâarriĂšre-pays marseillais et du Var. ».
- « Deux : la dĂ©nomination de Salyens est relativement rĂ©cente. Ă quand en faire remonter lâapparition dans la gĂ©ographie et lâhistoire ? Strabon fournit un terminus juste aprĂšs. Le passage sur les dĂ©nominations antĂ©rieures et la mention des Celtoligyens quâon vient de commenter constitue une de ces digressions typiques de Strabon. Celle-ci terminĂ©e, le gĂ©ographe reprend le fil de son exposĂ© et la description des Salyens interrompue quelques lignes plus haut. Il signale que ce furent les premiers des Celtes transalpins que les Romains vainquirent. La mention des Ligyens prĂ©sentĂ©s juste aprĂšs comme ennemi commun des Romains ĂŽte toute ambiguitĂ© : ÏÏÏÏÎżÏ Ï et ÏÎżÏÏÎżÎčÏ dĂ©signent bien les Salyens. La rĂ©fĂ©rence Ă la libĂ©ration de la route cĂŽtiĂšre par Sextius Calvinus « au bout de quatre vingts ans de guerre » fait remonter la reconnaissance des Salyens en tant que tels au tout dĂ©but du II e s. av. J.-C., au plus tard. On songe Ă©videmment Ă la seconde guerre punique. ».
Rivalité avec les Massaliotes
Selon Florence Verdin, les relations privilĂ©giĂ©es de Marseille avec les peuples de l'intĂ©rieur de la Gaule celtique et ses traditions visant Ă ne pas se mĂȘler aux peuples indigĂšnes ont peut-ĂȘtre conduit au dĂ©veloppement de rivalitĂ©s avec Massalia : « Les grandes agglomĂ©rations d'Aix et Arles sont le moteur de ce processus Ă©volutif. On sait Marseille attachĂ©e Ă ses traditions et peu encline Ă entretenir des relations avec les barbares qui l'entourent et risquent de corrompre sa culture. Cette attitude a dĂ» largement contribuer Ă isoler les populations indigĂšnes mitoyennes avec lesquelles elle n'avait que des contacts commerciaux, et encore par l'intermĂ©diaire de quelques relais. »[9].
La confĂ©dĂ©ration salyenne s'avĂ©ra ĂȘtre un voisin « encombrant » pour les Massaliotes : ceux-ci avaient par ailleurs fondĂ© plusieurs Ă©tablissements sur le territoire provençal, ce qui avait provoquĂ© de nombreuses tensions Ă©conomiques et sans doute culturelles, dont rendent compte les auteurs antiques (notamment Tite-Live et Strabon).
Dans un premier temps, de telles tensions avec les indigÚnes avaient entraßné plusieurs interventions militaires des Grecs dans l'arriÚre-pays marseillais : celles-ci sont attestées par l'archéologie, notamment à travers la destruction violente de sites comme l'oppidum de l'Arquet.
En tous cas, à partir de -181, Massalia, cité grecque entravée dans ses activités commerçantes, commença à faire appel à d'autres peuples celtes ou celto-ligures, en plus des cités phocéennes ou des autres cités alliées comme Rome, pour l'aider à mettre fin aux pillages des indigÚnes celto-ligures alliés des Salyens et à défendre ses colonies.
Guerre avec Rome et disparition de la confédération Salyenne
Mais le vĂ©ritable appel Ă l'aide massaliote n'est entendu que sous le consulat de Caius Sextius Calvinus, la prĂ©sence romaine s'Ă©tablit durablement en Provence et met fin Ă l'indĂ©pendance des Salyens. La confĂ©dĂ©ration disparaĂźt, en effet, sous les coups des lĂ©gions romaines du consul en -125. Sextius Calvinus nommĂ© proconsul poursuit la pacification et Ă©tablit une garnison en -123 Ă AquĂŠ SextiĂŠ, devenue aujourd'hui Aix-en-Provence. Les Salyens trop remuants sont les « premiĂšres victimes » de la conquĂȘte romaine.
AprÚs la prise d'Entremont, en -123, la « ville » des Salyens fut vraisemblablement reconstruite et occupée pendant quelques dizaines d'années.
Le proconsul Sextius fonda la ville d'Aix-en-Provence en , prĂ©cisĂ©ment lĂ oĂč il avait Ă©tabli une garnison, au pied de la place-forte salyenne et Ă proximitĂ© de plusieurs sources d'eau chaude[15].
Le site d'Entremont fut encore abandonné au profit de la plaine à la suite d'une nouvelle destruction violente, survenue entre -110 et -90 ; celle-ci marqua le terminus postquem du site.
Les Salyens s'installent rapidement Ă AquĂŠ SextiĂŠ (Aix-en-Provence) aprĂšs leur dĂ©faite contre la 3e armĂ©e romaine de conquĂȘte, celle de Caius Sextius Calvinius en 122 av. J.-C. et la fondation des « Eaux de Sextius », du nom de leur gĂ©nĂ©ral, dans la plaine en contrebas. C'est Ă cette Ă©poque que l'oppidum fortifiĂ© de vingt tours de pierre est abandonnĂ©.
Strabon, vers l'an 15, Ă©voque le peuple salyen : « Avançons-nous donc Ă partir de Massilia dans le pays compris entre les Alpes et le RhĂŽne. Nous y trouvons dâabord les Salyens dont le territoire mesure 500 stades (soit 80 km) jusquâau Druentias (Durance). Puis par le bac nous passons Ă Cavaillon et lĂ nous mettons le pied sur le territoire des Cavares[16] ».
- HĂ©miobole Ă la tĂȘte de satyre et Ă la corne
- Fondation d'Aix par Sextius Calvinus (Joseph Villevieille, 1900).
Société
Entremont, capitale Salyenne
La « capitale », ou « ville » principale des Salyens était l'oppidum d'Entremont. Cette capitale est passée de 2 000 habitants en 190 av. J.-C. à environ 8 000 habitants vers Le site est passé de 1 à 5 ha avec des maisons de plus en plus grandes et confortables à deux niveaux pour certaines. Cette capitale gauloise est située à 369 mÚtres d'altitude sur la bordure méridionale du plateau qui domine Aix-en-Provence au nord et s'incline en pente douce jusqu'à la vallée de la Durance.
FouillĂ©e Ă plusieurs reprises depuis 1946, la place fortifiĂ©e ou « oppidum d'Entremont » â dont le nom actuel est mĂ©diĂ©val (du latin Intermontes) â a dĂ©voilĂ© de nombreux tĂ©moignages de la culture aristocratique des Salyens, mais aussi de leur Ă©conomie et de leur organisation : fours oĂč plus de 100 kg de plomb fondu ont Ă©tĂ© trouvĂ©s, plusieurs huileries et rĂ©cipients Ă olives ont Ă©tĂ© trouvĂ©s ainsi que des voies gauloises trĂšs organisĂ©es avec des trottoirs.
Ces découvertes ont largement contribué à la redécouverte des Gaulois du midi par l'archéologie de 1946 à nos jours.
Parmi les apports d'Entremont Ă la connaissance de la protohistoire provençale, il faut ainsi citer une statuaire relativement riche, comprenant notamment des « guerriers assis », et en laquelle on a pu voir un culte d'ancĂȘtres hĂ©roĂŻsĂ©s. Certains blocs de pierre anciens, datant de 700 av. J.-C. ont Ă©tĂ© trouvĂ©s et symbolisaient des « totems de chefs » salyens sculptĂ©s de plusieurs tĂȘtes.
Des Ă©lĂ©ments de portiques attestent l'existence d'un culte de la force des guerriers et des chefs Ă travers les tĂȘtes coupĂ©es de leurs vaincus, qui recoupe les tĂ©moignages Ă©crits de Diodore de Sicile. Enfin, des traces de polychromie, prĂ©sentes sur la statuaire, furent les premiĂšres connues pour le monde celtique.
- Vestiges de l'oppidum d'Entremont.
Fortification
Dans le domaine de l'architecture, Florence Verdin note que « des diffĂ©rences dans les techniques et la mise en Ćuvre des matĂ©riaux sont perceptibles entre Provence orientale et occidentale, tant en ce qui concerne les fortifications que les bĂątiments publics. ».
Elle précise aussi que « l'on rencontre fréquemment, en Provence orientale, des sites protégés par plusieurs lignes de fortifications, parfois concentriques. Les éperons doublement barrés constituent apparemment le seul type présent aussi en Provence occidentale, quoique rare l'oppidum des Caisses de Saint-Jean à MouriÚs (Marcadal 1985), CoudounÚu à Lançon, au Ve s. av. J.-C. (Verdin 1996-1997), Le Coussoul à Rognac, l'Adaouste à Jouques (Verdin 1995). Les rebords de plateau ou les enceintes de sommet à remparts multiples sont en revanche plus spécifiques de la Provence orientale. »[1].
La vallĂ©e de l'Arc (rĂ©gion d'Aix-en-Provence) connaĂźt une importante concentration d'Oppidum souvent en forme concentrique qui, d'aprĂšs Florence Verdin, est une « zone qui constitue en fait le prolongement du groupe des enceintes varoises. ». Elle prĂ©cise aussi que « Dans certains cas, la raretĂ© du mobilier et la faiblesse de l'accumulation stratigraphique ont conduit Ă douter qu'il s'agisse d'habitats permanents. La topographie, qui offre les mĂȘmes cas de figure dans l'ensemble de la Provence, ne suffit pas Ă justifier la multiplication de ce genre de sites fortifiĂ©s. Il faut sans doute y voir une particularitĂ© culturelle ou l'expression d'une fonction spĂ©cifique (fortin, abri temporaire...). »[17].
à l'inverse, Florence Verdin dit que « La Provence occidentale a développé un autre type de fortification, au cours des IIe et Ier s. av. J.-C. le rempart en grand appareil. Certes, il convient de nuancer cette appellation sous laquelle on regroupe des techniques quelque peu différentes, comme celles des remparts à parements layés de Saint-Biaise et de Glanum, ou du placage de l'enceinte des Tours de Castillon, au Paradou (Tréziny 1990; 1992). ». à Aurons, l'oppidum de Caronte possÚde également une fortification en grand appareil qui englobe environ 2,5 ha (fig. 5). Elle emploie des blocs parallélépipédiques de calcaire coquillier sciés, qui habillent une structure interne en moellons non taillés. Deux tours quadrangulaires sont visibles. La présence d'un bloc dont la taille a dégagé des décrochements dénote un certain savoir faire dans la technique d'assemblage du mur. Le mobilier ramassé en surface indique une occupation au Ier s. av. J.-C. (Verdin 1995 ; Gateau et al. 1996, 149-150)[18].
Bùtiment et élément d'art
Florence Verdin note que « cette pratique de l'architecture monumentale en pierre de taille procĂšde Ă©galement la construction de bĂątiments publics sur plusieurs sites de la mĂȘme rĂ©gion rhodanienne.
Certaines de ces rĂ©alisations s'ancrent dans la tradition indigĂšne, voire celtique, par les techniques utilisĂ©es et surtout par l'iconographie qu'elles dĂ©veloppent. Ă Roquepertuse, Entremont, Roquefavour, Glanum, Saint-Biaise, des stĂšles, piliers et linteaux en pierre, peints, gravĂ©s, ornĂ©s de tĂȘtes coupĂ©es, sont souvent rĂ©employĂ©s dans des constructions des IIe et Ier s. av. J.-C. Ils traduisent l'existence d'une culture commune gauloise, de mĂȘme que la statuaire en pierre dont la seule diffĂ©rence rĂ©side dans le costume, les personnages portant une tunique courte revĂȘtue d'une chasuble Ă dos rigide se rencontrent dans les rĂ©gions de l'Ă©tang de Berre et des Alpilles (Glanum , Calissanne, Roquepertuse, Rognac), alors que la cuirasse semble ĂȘtre plutĂŽt l'apanage des statues d' Entremont, La Cloche, Puyloubier, la Courtine et Fox-Amphoux (Arcelin et al. 1992, 221-223). ».
Elle prĂ©cise que progressivement, la Provence occidentale, contrairement Ă celle orientale, va ĂȘtre l'espace qui va ĂȘtre le premier Ă se faire hellĂ©niser puis romaniser, Ă l'image de l'ancienne citĂ© celto-ligure de Glanum : « Glanum reste le site qui a livrĂ© le plus grand nombre de ces Ă©lĂ©ments d'architecture "importĂ©e". »[19].
Cette Ă©volution est liĂ©e au dĂ©veloppement de Marseille qui va permettre de dĂ©velopper le commerce entre l'intĂ©rieur de la Gaule et les territoires mĂ©diterranĂ©ens : « Par le biais de ces contacts Ă©conomiques, les sociĂ©tĂ©s indigĂšnes rhodaniennes Ă©voluent. ». Quant Ă la Provence orientale, Florence Verdin argumente que cette partie s'est moins dĂ©veloppĂ©e car malgrĂ© sa proximitĂ©, en comparaison du centre de la Gaule, elle prĂ©sente une situation « plus difficile d'accĂšs et ne dĂ©bouchant que sur des zones montagneuses Ă©conomiquement peu intĂ©ressantes. ». Ce sont donc les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques de Marseille en direction du centre de la Gaule qui a participĂ© Ă l'Ă©volution de la sociĂ©tĂ© de la Provence occidentale[9].
- Les piliers du portique, avec des alvĂ©oles creusĂ©s servant Ă recevoir des crĂąnes. IIIeâââIIe siĂšcles av. J.-C. MusĂ©e d'archĂ©ologie mĂ©diterranĂ©enne Ă Marseille.
Funéraire
D'aprÚs Florence Verdin, « Les sépultures, quasiment inconnues entre le milieu du VIe s. et la fin du IIe s. av. J.-C., redeviennent perceptibles grùce à leur architecture et au mobilier qu'elles contiennent. Dans la région des Alpilles, les tombes sont fréquemment construites en coffres de dalles ou en maçonnerie de pierres liées à la terre (Glanum , Les Baux, MouriÚs, EyguiÚres). Certaines sont accompagnées de stÚles, anépigraphes ou portant des inscriptions gallo-grecques. La région de Coudoux et Ventabren a révélé la présence de vestiges funéraires appartenant sans doute à une ou plusieurs nécropoles (Lejeune 1977). L'unique tombe attestée se trouvait au quartier des Bons-Fils et les trois autres points de découverte se résument à des cippes trouvés hors contexte. Les inscriptions portent des noms celtiques, transcrits en caractÚres grecs ou latins. Ces vestiges sont comparables à ceux de la zone des Alpilles mais représentent les témoignages les plus orientaux de ce type de pratiques funéraires, dont l'existence dans la seule partie occidentale du département des Bouches-du-RhÎne atteste une évolution sociale différente. »[20].
Langue
La langue des Salyens, comme celle des Celtes, ne possĂšde pas d'Ă©criture qui lui est propre.
Florence Verdin explique toutefois qu'en Provence occidentale on parlait le celte et en Provence orientale probablement le ligure : « L'inventaire des inscriptions gallo-grecques, en particulier, montre que la langue celte est parlée dans la basse vallée du RhÎne, à la fois en Languedoc oriental et en Provence occidentale (Lejeune 1985). En Languedoc occidental, on parle et on écrit l'ibÚre, tandis que la Provence orientale ne livre aucune inscription, probablement parce que la langue ligure (non indo-européenne) n'a jamais fait l'objet d'une adaptation écrite (Bats 1988). »[9].
Note
- Verdin 1998, p. 27.
- Dominique Garcia, Les Celtes de Gaule méditerranéenne. Définition et caractérisation., p.73, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00102133/document
- Dominique Garcia, Les Celtes de Gaule méditerranéenne. Définition et caractérisation., p.70, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00102133/document
- Joël Schmidt, Les Gaulois contre les Romains, 2004, p. 136.
- Verdin 1998, p. 33-34.
- Ătienne Garcin, Dictionnaire historique et topographique de la Provence ancienne, p. 421.
- Verdin 1998, p. 28.
- Histoire d'une ville. Aix-en-Provence, Scéren, CRDP de l'académie d'Aix-Marseille, Marseille, 2008, p. 20.
- Verdin 1998, p. 33.
- Nom des habitants grecs de Marseille (Massalia), fondation phocéenne en -560.
- Probablement une autre fédération de peuples gaulois établie dans la plaine de la Durance ; elle a donné son nom à Cavaillon.
- Une fédération de peuples établie dans le pays d'Apt (nord-Luberon) qui a donné son nom au plateau d'Albion.
- Patrick Thollard, La Gaule selon Strabon : du texte à l'archéologie, Chapitre IV. Identités ethniques et réalités culturelles : les Ligyens et les Salyens
- Verdin 1998.
- Le nom français d'Aix-en-Provence vient du latin AquÊ SextiÊ, présent sur une dédicace AquÊ SextiÊ Salluviorum : cette inscription est la principale « preuve » qui permet d'associer Entremont à la « ville » des Salyens mentionnée par les auteurs antiques.
- Cf. Géographie, livre IV §11.
- Verdin 1998, p. 28-29.
- Verdin 1998, p. 29.
- Verdin 1998, p. 29-31.
- Verdin 1998, p. 31.
Bibliographie et liens
- Collectif, Voyage en Massalie. 100 ans dâarchĂ©ologie en Gaule du Sud, MusĂ©es de Marseille, 1991 (Catalogue d'exposition) (ISBN 2-85744-496-6).
- Les Gaulois en Provence : l'oppidum d'Entremont [lire en ligne] (sur le site du ministÚre de la Culture, notamment sur le « guerrier assis »).
- Florence Verdin, « Les Salyens : faciĂšs culturels et populations », Documents d'ArchĂ©ologie MĂ©ridionale,â , p. 27-36 (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Dominique Garcia, La Celtique méditerranéenne, Paris, Errance, 2004 (ouvrage de synthÚse) (ISBN 2-87772-286-4).