AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Sakae ƌsugi

Sakae ƌsugi , (ć€§æ‰ 栄, ƌsugi Sakae, - ) est une figure importante du militantisme et du mouvement anarchiste japonais.

Sakae ƌsugi
Sakae ƌsugi
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  38 ans)
Tokyo
Nom dans la langue maternelle
ć€§æ‰æ „
Nationalité
Activités
Conjoint
Yasuko Hori (d)

Biographie

Famille et enfance

ƌsugi Sakae est nĂ© le Ă  Marugame, dans la prĂ©fecture de Kagawa. Il est le plus ĂągĂ© d’une fratrie de neuf enfants d’ƌsugi Azuma et Kusui Yutaka. Au cours de son enfance, il est affectĂ© Ă  de nombreuses reprises par le mĂ©tier de son pĂšre, militaire. Celui-ci est mutĂ© en 1885 Ă  Tokyo puis en 1889 Ă  Shibata, dans la prĂ©fecture de Niigata, et dĂ©mĂ©nage, chaque fois, avec sa famille. Au dĂ©clenchement de la guerre sino-japonaise en 1894, son pĂšre est mobilisĂ©.

ƌsugi suit une scolaritĂ© Ă  Shibata. Suivant les traces de son pĂšre, il tente d’entrer en 1898 Ă  l’École des cadets de l’ArmĂ©e de Terre mais Ă©choue. NĂ©anmoins, il parvient Ă  rentrer, grĂące Ă  son lieu d’état civil, Ă  l’École des cadets de l’ArmĂ©e de Terre de Nagoya.

En 1901, Ă  la suite d’une altercation au sein de l’école il est condamnĂ© Ă  30 jours de consigne. De cet incident, ƌsugi commence Ă  s’interroger sur sa future carriĂšre militaire. Au cours de l’automne, il est blessĂ© lors d’une bagarre avec un camarade et rentre chez ses parents Ă  Shibata. En novembre il est alors expulsĂ© de l’École des cadets.

Il est trĂšs marquĂ© par la mort de sa mĂšre l’annĂ©e suivante.

IntĂ©rĂȘt pour le socialisme et l'anarchisme

En 1902, il rejoint Tokyo et y Ă©tudie la littĂ©rature. Il commence Ă  s’intĂ©resser au socialisme lors des manifestations en opposition Ă  la mine de cuivre d’Ashio et en lisant la revue Yorozu chƍhƍ, oĂč Ă©crivent ShĆ«sui Kƍtoku, Sakai Toshihiko et Uchimura Kanzƍ[1], et qui tient des discours d’opposition Ă  la guerre.

La mĂȘme annĂ©e, il assiste aux discours d’Ebina Danjƍ qui l’influencent Ă©normĂ©ment sur la question religieuse et notamment, chrĂ©tienne.

En 1903, il dĂ©bute des cours de français Ă  l’École des langues Ă©trangĂšres et participe pour la premiĂšre fois, en dĂ©cembre, Ă  une rĂ©union de la SociĂ©tĂ© plĂ©bĂ©ienne qui publie le journal Heimin Shimbun. DĂšs lors il se rendra chaque semaine Ă  ces rĂ©unions.

L’annĂ©e suivante, alors que son pĂšre est mobilisĂ© pour la guerre russo-japonaise il s’éloigne de la religion et des discours d’Ebina Danjƍ car celui-ci soutient l’effort de guerre. Au mĂȘme moment son premier texte, Nagoya Yori, est publiĂ© dans un numĂ©ro du Heimin Shimbun.

Il est diplĂŽmĂ© en de l’École des langues Ă©trangĂšres.

En 1906, alors que le Parti socialiste japonais, sous l’ùre Meiji, vient d’ĂȘtre crĂ©Ă©, ƌsugi s’y engage et participe aux manifestations contre l’augmentation des tarifs du tramway oĂč il sera arrĂȘtĂ© et incarcĂ©rĂ© avec quelques camarades. À sa libĂ©ration, il entre au comitĂ© de rĂ©daction de la revue fĂ©minine Katei zasshi (La revue de la famille). Il traduit l’article « Shinpei shokun ni atau » (A Toutes les nouvelles recrues) oĂč il dĂ©nonce la guerre et le militarisme mais est de nouveau arrĂȘtĂ© pour infraction au rĂšglement sur la presse. Il est emprisonnĂ© quatre mois dans la prison de Sugamo. C’est Ă  partir de ce moment qu’il devient un militant trĂšs actif, partisan de l’action directe et s’écarte peu Ă  peu du socialisme pour se diriger vers l’anarchisme. S’ensuit alors une pĂ©riode oĂč ƌsugi Sakae alterne entre la prison et la libertĂ©. En effet, il est inculpĂ© en mars puis incarcĂ©rĂ© en mai Ă  Sugamo pour la traduction du texte de Pierre Kropotkine : Aux jeunes gens. Deux mois aprĂšs sa libĂ©ration il est Ă  nouveau emprisonnĂ© en janvier 1907 aprĂšs l’incident du discours sur le toit. RelĂąchĂ© en mars, il est interpellĂ© en juin et envoyĂ© en septembre dans le centre pĂ©nitentiaire de Chiba oĂč il reste deux ans pour l’incident du drapeau rouge.

Au cours de ces sĂ©jours en prison et comme il l’écrit dans son autobiographie (Jijoden) Ă©crite Ă  partir de 1921, il se donne lui-mĂȘme le dĂ©fi d’apprendre une langue Ă©trangĂšre Ă  chaque dĂ©lit. Ainsi, il apprend, entre autres, l’espĂ©ranto, l’allemand et le russe, en plus du français qu’il a appris Ă  l’École des langues Ă©trangĂšres. Par ailleurs, il participe fortement au dĂ©veloppement de l’espĂ©ranto en intĂ©grant une association pour l’espĂ©ranto oĂč il assiste aux cours dĂšs 1906.

Pendant ces annĂ©es de prison, il Ă©tudie beaucoup d’auteurs socialistes ou anarchistes et s’intĂ©resse Ă  diffĂ©rentes sciences telles que la biologie, l’anthropologie, la sociologie et l’histoire.

Alors qu’il purge sa peine Ă  Chiba, survient l’incident de haute trahison en 1910. De nombreux militants anarchistes et socialistes sont arrĂȘtĂ©s et certains sont exĂ©cutĂ©s. ƌsugi est interrogĂ© sur sa participation dans l’affaire mais les autoritĂ©s ne considĂšrent pas qu’il est impliquĂ© car en prison depuis deux ans. ƌsugi devient alors l'un des principaux militants de la cause ouvriĂšre.

Auteur prolifique

En , ƌsugi crĂ©e la revue Kindai shisƍ (PensĂ©e Moderne) avec Arahata Kanson, dans laquelle il Ă©voque l’homme moderne, des questions sociales et philosophiques et critique le systĂšme politique[2]. DĂšs le dĂ©but, certains textes deviennent polĂ©miques. Deux ans plus tard il cesse la publication de cette revue et crĂ©e sa version de Heimin Shimbun oĂč il critique fortement la PremiĂšre Guerre mondiale qui vient de commencer. Mais tous les numĂ©ros sont interdits Ă  la publication, exceptĂ© le quatriĂšme.

En 1915, la SociĂ©tĂ© d’études syndicalistes qu’il avait fondĂ© deux ans plus tĂŽt avec Arahata Kanson devient le Forum populaire. En mĂȘme temps, il interrompt les publications du Heimin Shimbun et reprend celles du Kindai shisƍ mais Ă  nouveau il subit des interdictions de publication. Cela dure peu puisqu’au dĂ©but de 1916 il met fin Ă  la revue.

En faveur de l’autonomie de la classe ouvriĂšre et critique du parlementarisme, il soutient les rĂ©volutions bolchĂ©viques de fĂ©vrier et .

L’annĂ©e suivante, il lance deux revues, Bunmei hihyo (Critique de la civilisation) et Rƍdƍ shinbun (le journal des travailleurs), qui sortent seulement quelques numĂ©ros car la majoritĂ© sont interdits.

En il est encore interpellĂ© et incarcĂ©rĂ© dans la prison de Toyotama en dĂ©cembre. Pendant l’intervalle de quatre mois, ƌsugi lance la revue Rƍdƍ Undƍ qu’il interrompt en . En octobre de cette annĂ©e il se rend Ă  Shanghai pour assister au CongrĂšs des Socialistes d’ExtrĂȘme Orient et dĂ©fendre des idĂ©es anarchistes mais fait rapidement face Ă  l’opinion bolchĂ©vique.

ƌsugi dĂ©marre la deuxiĂšme sĂ©rie de Rƍdƍ Undƍ et s’intĂ©resse au bolchĂ©visme. Plus tard, en , alors qu’il lance la troisiĂšme sĂ©rie de la revue avec Itƍ Noe, Wada KyĆ«tarƍ et Kondƍ Kenji, ils critiquent le mouvement du point de vue anarchiste.

En 1922, il se rend Ă  Osaka et assiste Ă  la tentative de formation d’une Union des syndicats des travailleurs. Quelques mois plus tard, il se rend Ă  Saint-Denis, en France, sous une fausse identitĂ© chinoise mais est arrĂȘtĂ© le 1er mai alors qu’il faisait un discours dans un meeting. IncarcĂ©rĂ© par les autoritĂ©s françaises, il est expulsĂ© et renvoyĂ© au Japon en juin.

Au cours de ces annĂ©es il traduit de nombreux ouvrages d’intellectuels comme Charles Darwin, Gustave Le Bon, Georges Sorel, Henri Bergson, Romain Rolland ou encore Jean-Henri Fabre.

DĂ©fenseur de l'amour libre

ƌsugi Sakae est un fervent partisan de l’amour libre. Il s’engage dans trois relations avec des femmes. AprĂšs sa libĂ©ration de prison en 1906, il se marie avec Hori Yasuko. Puis, en 1915, il dĂ©bute une relation avec Ichiko Kamichika (en).

Dans le mĂȘme temps, en 1916 Itƍ Noe quitte Jun Tsuji pour commencer une relation avec ƌsugi. En novembre, Ichiko supportant mal la relation que son amant entretenait avec Itƍ, le blesse d'un coup de couteau Ă  la maison de thĂ© de Hikage Ă  Hayama. Elle sera condamnĂ©e, pour cette affaire, Ă  quatre ans de prison, mais en elle n'en fera que deux.

En 1917, ƌsugi se sĂ©pare de Hori Yasuko et Itƍ Noe donne naissance Ă  leur fille aĂźnĂ©e. Par la suite, tous deux ont trois autres filles et un garçon mais deux d’entre eux meurent en bas Ăąge.

L'incident d'Amakasu

En 1923, il est sommairement assassinĂ©, avec sa compagne Noe Itƍ et son neveu de six ans, par la police militaire japonaise lors de l'« incident d'Amakasu», qui suit le tremblement de terre du Kantƍ[3].

Postérité

En 1970, KijĂ» Yoshida rĂ©alise Eros + Massacre. Ce premier volet d'une trilogie historique est consacrĂ© Ă  l’évocation de la vie de Sakae ƌsugi et de ses relations tumultueuses avec les femmes.

Notes et références

  1. Seiichi Iwao, Teizƍ Iyanaga, Susumu Ishii et Shƍichirƍ Yoshida, « 113. Yorozu-chƍhƍ », Dictionnaire historique du Japon, vol. 20, no 1,‎ , p. 106–107 (lire en ligne, consultĂ© le )
  2. RyĂ»ji Komatsu et Arnaud Nanta, « Un Retour sur le parcours du mouvement anarchiste au Japon », Ebisu - Études Japonaises, vol. 28, no 1,‎ , p. 49–60 (DOI 10.3406/ebisu.2002.1266, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. Evelyne Lesigne-Audoly, postface du livre Le Bateau-usine de Takiji Kobayashi, Éditions Yago, Paris, 2009 (ISBN 978-2-916209-64-7).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.