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SS Central America

Le SS Central America, d'abord baptisĂ© S.S. George Law et parfois surnommĂ© le Ship of Gold[1] (le navire de l'or), Ă©tait un bateau Ă  vapeur Ă  roues Ă  aubes en mĂ©tal mesurant 85 mètres de long qui naviguait entre Panama et la cĂ´te est des États-Unis depuis 1853. Le , le navire sombra par 2 300 mètres de fond lors d'un ouragan avec 425 personnes sur 578 passagers en tout, et 11,2 tonnes d'or provenant de fondeurs essayeurs privĂ©s et de la Monnaie de San Francisco[2], qui lui valurent son surnom, sa cĂ©lĂ©britĂ©, et contribua Ă  la panique de 1857.

Gravure représentant le Central America.

Le , après des années de recherches infructueuses, un ingénieur de l'Ohio localise l'épave. Bénéficiant d'importants moyens financiers et technologiques, Tom Thompson et son équipe ont mis au point un robot sous-marin baptisé Nemo[3] dont la pince géante peut puiser dans le trésor estimé à plusieurs millions d'euros[4].

Histoire

Le Steamship (SS) George Law, construit par William H. Webb Ă  New York et appartenant Ă  la United States Mail Steamship Company, est lancĂ© le et prend pour la première fois la mer le . C'est un trois-mâts Ă  vapeur de 278,3 pieds (85 m) pour 2 141 tonnes. En 1857, il est rebaptisĂ© Central America.

Naufrage

Le naufrage du SS Central America, peinture de 1857.

Le , 477 passagers et 101 membres d'Ă©quipage quittèrent le port panamĂ©en de ColĂłn pour New York sous le commandement de William Lewis Herndon. Le navire Ă©tait lourdement chargĂ© de 14 Ă  20 tonnes d'or[5] provenant de prospections lors de la ruĂ©e vers l'or en Californie, puis transformĂ© Ă  San Francisco en pièces et lingots, affrĂ©tĂ©s de lĂ  par bateau vers Panama City au cours d'un premier voyage en mer, prĂ©cieux chargement convoyĂ© ensuite Ă  travers l'isthme en diligence vers le port de ColĂłn, cĂ´tĂ© Atlantique[6]. Ce navire a l'habitude de transporter l'or californien : on estime qu'il aurait depuis 1853 convoyĂ© au total un tiers de l'or dĂ©couvert dans cette rĂ©gion durant cette pĂ©riode[7].

Après une escale à La Havane, le bateau reprend sa route vers le port de New York, sa destination finale. Le 9 septembre, la route du navire croise celle d'un ouragan de catégorie 2 alors qu'il se trouvait au large des Carolines. Le 11 septembre, les vents soufflant à plus de 165 km/h et les énormes vagues déchirent ses voiles, il prend l'eau et sa chaudière est endommagée. Des dégâts sur l'une de ses roues à aubes scelle son destin et, à midi ce jour-là, sa chaudière n'est plus en mesure de maintenir ses feux. La pression de la vapeur chute, les pompes ne parviennent plus à étaler et, sans propulsion, il n'a plus la possibilité de se tenir face au vent. Les passagers et l'équipage font flotter le drapeau du Central America à l'envers (signal de détresse alors universel) pour tenter, en vain, d'attirer l'attention d'un éventuel navire.

Pendant toute la nuit, passagers et Ă©quipage forment une chaĂ®ne avec des seaux pour Ă©coper. Lorsque l'Ĺ“il du cyclone les atteint, ils tente de remettre en marche la chaudière, mais sans succès. Sur le point de sombrer, sans propulsion, le navire est emportĂ© par la tempĂŞte, les vents ne faiblissant plus. Le lendemain matin, deux navires sont en vue, notamment le brick Marine. 153 personnes, principalement des femmes et des enfants, montent Ă  bord des canots de sauvetage. Cependant, le navire se trouvant dans une zone de vents intenses, une mer dĂ©chaĂ®nĂ©e emmena le navire et la plupart de ses passagers loin des sauveteurs, puis l'entraĂ®na par le fond Ă  environ 8 heures cette nuit-lĂ . Un trois-mâts barque norvĂ©gien, l’Ellen, secourut une cinquantaine de naufragĂ©s. Trois autres furent retrouvĂ©s une semaine après dans un canot de sauvetage. En tout il y eut 425 victimes.

Découverte de l'épave et expéditions

Daguerréotype trouvé dans l’épave du SS Central America.

En , Tom Thompson convainc plus de cent investisseurs de financer une expĂ©dition destinĂ©e Ă  localiser l'Ă©pave et Ă  remonter le trĂ©sor englouti avec elle. Il lève 12,7 millions de dollars amĂ©ricains et son entreprise est couronnĂ©e de succès : aux cĂ´tĂ©s du directeur scientifique, Bob Evans, il rĂ©cupère, entre 1988 et 1991[7], une partie de l'or, dont il devient, Ă  92 %, le lĂ©gitime propriĂ©taire en 1995 Ă  l'issue de plusieurs procĂ©dures judiciaires intentĂ©es par des compagnies d'assurances. Après que la sociĂ©tĂ© de Thompson a vendu son trĂ©sor au California Gold Marketing Group (Monaco), celle-ci place sur le marchĂ© en mars et , l'Ă©quivalent de 50 millions de dollars de mĂ©tal : le dĂ©tail comprend des lingots de diffĂ©rentes tailles (de 9 Ă  158 onces troy) et d'origine, ainsi que des milliers de pièces en or[8]. Parmi les lingots moulĂ©s Ă  San Francisco avant , 34 proviennent de Blake & Co., 37 de Harris, Marchand & Co., 33 de Henry Hentsch Co., 85 de Justh & Hunter et 343 de Kellogg & Humbert ; sur ce total, 13 pèsent près de 934 ozt troy Ă  900 ‰ chacun (26,15 kg d'or pur). L'un d'eux, baptisĂ© Eureka Bar a dĂ©passĂ© les 8 millions de dollars Ă  la vente, ce qui en fait l'un des objets de sa catĂ©gorie les plus chers du monde[9] - [10]. Thompson ensuite cesse de donner signe de vie Ă  partir de 2005, toujours sans avoir remboursĂ© les investisseurs et les compagnies d'assurance ; un mandant d'arrĂŞt est Ă©mis Ă  son encontre et il est recherchĂ© pendant trois ans. Enfin, reconnu par un ouvrier venu faire des travaux Ă  son domicile, il est arrĂŞtĂ© en , avec son Ă©pouse : il aurait ramenĂ© près de 3 tonnes d'or des fonds[11].

La firme Odyssey Marine Exploration et Bob Evans ont depuis Ă©tĂ© chargĂ©s des fouilles sur l'Ă©pave Ă  partir du [12] ; dĂ©sormais, seulement 45 % des trouvailles reviennent Ă  la sociĂ©tĂ©. En , 3 100 pièces d'or, et 45 lingots lĂ  aussi de poids diffĂ©rents, dont certains proches de celui de l'Eureka Bar, sont exposĂ©s au Long Beach Convention Center afin d'ĂŞtre mis en vente[13].

Selon Gary Kinder, auteur de l'essai Ship of Gold (1998, rĂ©visĂ© en 2004), la quantitĂ© exact du chargement d'or a Ă©tĂ© longtemps mĂ©connue du fait de l'incendie de San Francisco en 1906 et de la destruction des archives de l'amirautĂ©. NĂ©anmoins, un document du dĂ©partement de la DĂ©fense des États-Unis dĂ©classifiĂ© en 1971 rĂ©vèle que le navire transportait en ses soutes 30 000 livres troy d'or en barres (11,2 tonnes), sans compter l'or ramenĂ© par les passagers, comme Thomas Badger, qui gardait dans sa cabine un sac contenant 825 pièces de 20 dollars[2].

Références

  1. (en) « Treasure Hunter Who Found Ship of Gold Now Sought by US Marshals », sur The Austin Report.
  2. (en) « “Ship of Gold” Stories Behind Some of the Buried Gold – as Told by the Survivors», Fisrt National Reverse (Texas), mars 2018.
  3. (en) « America's Lost Treasury », sur sscentralamerica.com.
  4. (en) Anastasia Hendrix, Gold Rush brick sells for 8 million $ - 80-pound ingot bought by executive, San Francisco Chronicle, 9 novembre 2001
  5. Curieusement, les détails du shipment semblent introuvables.
  6. (en) Andrew Marszal, « What was the SS Central America - or 'Ship of Gold' - and why did it sink? », The Daily Telegraph, 29 janvier 2015.
  7. (en) « Odyssey Recovers SS Central America Shipwreck Treasures », The Maritime Executive, 18 juillet 2014.
  8. (en) « First SS Central America Ingot Sales Reported “Brisk” », Monaco Rare Coins, 16 mars 2001.
  9. (en) « SSCA Gold Eureka Bar Sets $8 Million Record », Monaco Rare Coins, 21 décembre 2001.
  10. (en) « Feds chase treasure hunter turned fugitive », USA Today, 13 septembre 2014.
  11. Yann Perreau, « Arrestation du chasseur de trĂ©sor Tommy Thompson Â», Le Monde du 18 fĂ©vrier 2015, consultĂ© le 19 fĂ©vrier 2015.
  12. (en) Paul Gilkes, « SS Central America wreck site continues to yield treasure. Salvage operations reopened in 2014 », Coins World, mars 2015.
  13. (en) « Gold treasure recovered from a 1857 shipwreck is set to make its debut », CBS News, 29 janvier 2018.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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