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Rupture de la Cucca

La rupture de la Cucca (en italien Rotta della Cucca, dite aussi crue de l'Adige de 589) est une des nombreuses ruptures des remblais fleuviaux, causant de dĂ©vastatrices inondations et transformant de vastes territoires en zones humides. Cette rupture des berges de l'Adige s'est produite le au niveau de la citĂ© de Cucca, Ă  33 km de VĂ©rone.

Légende véronaise

Cette crue a abouti à une déviation du lit de l'Adige de l'est vers l'ouest en investissant le territoire au sud de Zevio : elle s'élargit vers l'est sur les territoires de Cologna Veneta et vers l'ouest sur ceux d'Oppeano, affectant non seulement les zones basses du Véronais, mais aussi les zones riveraines de Vicence, de Padoue, de Mantoue et tout le Polésine.

Il a longtemps été dit que cet évènement aurait bouleversé les cours de tous les fleuves se jetant dans la lagune de Venise mais en fait, les modifications hydrologiques des principaux fleuves de Vénétie avaient commencé avant le crue de par les variations climatiques au haut Moyen Âge et se sont poursuivies après, causées de plus en plus par les travaux de l’homme[1].

Ce bouleversement ne reçut le nom de rupture de la Cucca qu’en 1500, soit près d'un millénaire après l’évènement, pour la première fois dans l’histoire par Silvestri en 1736, et récemment analysé par Enrico Zerbinati en 1990.

Témoignages de l’époque

Les deux principales sources littéraires sur le « déluge » en Italie du Nord sont :

  • Celle de Paul Diacre (720-799), qui, un siècle plus tard, reprend et amplifie une chronique contemporaine des faits connue comme la succinta de Longobardorum gestis historiola de Secondo di Trento (Secondo di Non ou Secondino), moine bĂ©nĂ©dictin qui vĂ©cut Ă  l'Ă©poque de la catastrophe (mort en 612).
  • Celle du pape GrĂ©goire Ier contemporain des faits et mort en 604 ; ce dernier mentionne la crue de l’Adige Ă  VĂ©rone, mais ne parle pas de la dĂ©viation du cours du fleuve ni d’une rupture de berges dans la localitĂ© de Cucca.

Analyse de la situation

Bouleversement climatique

  • I l est Ă©tabli qu’à l’époque du haut Moyen Ă‚ge, entre les annĂ©es 400 et 750, y eut une aggravation climatique considĂ©rable, avec des tempĂ©ratures plus basses, une avancĂ©e des glaciers et l'augmentation de la pluviositĂ©, sans oublier quelques sĂ©ismes.

Situation géopolitique

  • La crue de l'Adige survint pendant les invasions barbares, en pleine dĂ©cadence de la vie civile et des connaissances techniques romaines. Elle n'est que l'un des bouleversements hydro-gĂ©ologiques de l'Ă©poque : fonte des glaciers alpins, crues fluviales, Ă©rosion des sols et dĂ©pĂ´ts alluvionnaires massifs, d'origine climatique naturelle mais accentuĂ©s par l’arrĂŞt de l’entretien des berges et de la centuriation romaine[2].
  • Fin de la civilisation romaine et invasion des Goths et des Lombards venus du Nord et repoussant vers le Sud les Italo-byzantins.
  • L'annĂ©e 589 correspond aux affrontements entre l’Italie byzantine et le Royaume lombard dans la rĂ©gion drainĂ©e par les fleuves Adige, Mincio, Brenta, Sile et Piave. Ces affrontements s’accompagnent d’inondations causĂ©es d'abord par les Goths puis par les Lombards, qui rompirent les remblais ou ne les comblèrent point, pour empĂŞcher les Italo-byzantins de reprendre du terrain[3]

Études et recherches sur la rupture

  • Une rupture normale correspond Ă  l’ouverture d’une brèche dans les berges du fleuve sous la pression des eaux de crue, avec envahissement consĂ©cutif non confinĂ© de la plaine alluvionnaire. Dans chaque cas, une rupture conduit Ă  la formation d’une nouvelle dĂ©rivation, comme dans le cas de la rupture de Ficarolo (1252), mais dans d'autres cas il ne forme pas de dĂ©rivation et le fleuve conserve le mĂŞme lit ; gĂ©nĂ©ralement la rupture a une durĂ©e relativement brève, Ă©tant donnĂ© que la brèche tend Ă  s’obstruer après que soit passĂ© le pic de crue (tels qu’à Legnago en 1884 ou Ă  Occhiobello en 1951).
  • Les Ă©tudes les plus rĂ©centes, sur la rupture de la Cucca (589) sont fondĂ©es sur analyses et interprĂ©tations des sources du haut Moyen Ă‚ge qui traitaient d’évènements de l’époque[4], apportant une sĂ©rie presque exhaustive de glissements de terrain enregistrĂ©s durant cette pĂ©riode. L'auteur analyse d'abord les dommages causĂ©s par les dĂ©sastreuses inondations de apr. J.-C. Ă  VĂ©rone et Rome, et au travers des dommages relativement mineurs transmis par les sources et dĂ©crit ensuite les rĂ©sultats d'autres inondations locales qui ont eu lieu Ă  la fin de ces annĂ©es anormalement pluvieuses.
  • Ă€ la suite de fouilles archĂ©ologiques, les relevĂ©s stratigraphiques effectuĂ©s ces dernières annĂ©es dans la zone incriminĂ©e, Ă  proximitĂ© de l’antique parcours de l’Adige entre Montagnana et Este, ont permis d’évaluer que sa dĂ©viation en direction de Legnago, semble avoir correspondu Ă  un phĂ©nomène graduel et non subit, rĂ©duisant ainsi l’évènement de cette rupture Ă  des dimensions plus normales, comme en tĂ©moignent les Ă©tendues alluvionnaires sur les bandes latĂ©rales au cours de l’Adige de Montagnana-Este, toutes formĂ©es Ă  l’époque romaine[5]

Sources et références

  1. Lorenzo Casazza, Mutamenti insediativi e sfruttamento del suolo nel Polesine meridionale dalla tarda antichità al mille e Camillo Corrain, « Il territorio polesano fino al '400. Le bonifiche estensi nel XV secolo » in La bonifica tra Canalbianco e Po, p. 57-70-Minelliana.
  2. A. Veggiani, « L’uomo e le vicende della natura » in Storia di Cesena III, La dominazione pontificale, Rimini 1969, p.520.
  3. Carlo Guido Mor, in Verona ed il suo territorio, vol. II, VĂ©rone 1964, p. 61.
  4. M. Calzolari, Alluvioni e dissesti idrogeologici in Italia settentrionale nel VI e VII sec. d. C., 1996.
  5. Giovanni Leopardi e Silvia Rossi : Archeologia e idrografia del Veronese a cent’anni dalla deviazione del fiume Guà (1904-2004).

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