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Rue Lincoln (Paris)

La rue Lincoln est une voie urbaine située dans le 8e arrondissement de Paris.

8e arrt
Rue Lincoln
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Situation
Arrondissement 8e
Quartier Champs-Élysées
Début 56, rue François-Ier
Fin 73, avenue des Champs-Élysées
Morphologie
Longueur 145 m
Largeur 12 m
Historique
Création 1861
Ancien nom Rue d'Albe
GĂ©ocodification
Ville de Paris 5631
DGI 5692
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue Lincoln
GĂ©olocalisation sur la carte : 8e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 8e arrondissement de Paris)
Rue Lincoln

Situation et accès

Elle commence au 56, rue François-Ier et se termine au 73, avenue des Champs-Élysées.

Origine du nom

Elle porte ce nom en mémoire d'Abraham Lincoln (1809-1865), seizième président des États-Unis d'Amérique.

Historique

À l'origine, la superficie située entre l'allée Marbeuf (actuelle rue Pierre-Charron) et l'actuelle rue Quentin-Bauchart est répartie entre deux ensembles : l'ancien fief Becquet, érigé au XVe siècle par Henri VI d'Angleterre, lors de l'occupation de Paris par les Anglais ; le fief de la Cerisaie, de la rue Bizet aux Champs-Élysées.

Vers 1760, un riche Anglais, le chevalier de Jansen, les achète et les réunit pour former un seul ensemble où il fait aménager un jardin d'agrément de plus de six hectares.

Ce jardin reçoit ensuite le nom de « jardins Marbeuf », car la propriĂ©tĂ©, comprenant une bergerie ou pavillon appelĂ© « folie Marbeuf », appartient dans les annĂ©es 1780 Ă  la marquise de Marbeuf, Henriette Françoise Michel. Fille de l'armateur nantais Gabriel Michel (1702-1765), celle-ci a Ă©pousĂ© en 1757 Jacques Auger, marquis de Marbeuf (†1789), neveu du gĂ©nĂ©ral de Marbeuf (1712-1786). Les Ă©poux se sĂ©parent « d'habitation et de biens » en 1763. Riche après la mort de son père de 8 millions de livres, la marquise est propriĂ©taire du château de Champs-sur-Marne et a un hĂ´tel particulier rue du Faubourg-Saint-HonorĂ©, Ă  l'emplacement de l'actuel no 31. Sous la RĂ©volution, elle est condamnĂ©e Ă  mort par le Tribunal rĂ©volutionnaire et exĂ©cutĂ©e le , « comme convaincue d'avoir dĂ©sirĂ© l'arrivĂ©e des Prussiens ».

En 1797, la folie Marbeuf devient le Bal d'Idalie oĂą l'on donne des fĂŞtes d'Ă©tĂ©, avec bals, illuminations, feux d'artifice dirigĂ©s par les frères Ruggieri. Le droit d’entrĂ©e est de 75 centimes les jours de semaine et de 1,25 francs les dimanches et jeudis, jours oĂą il y a bal. Les jardins Marbeuf retrouvent leur nom sous la Restauration.

Le comte de Choiseul-Gouffier (1752-1817) acquiert les jardins et, en 1812, fait construire un hôtel dans le goût néo-antique, entre les actuelles rues Lincoln et Quentin-Bauchart, presque à l'angle de cette dernière et des Champs-Élysées[1]. À côté, à l'emplacement où la rue Lincoln rejoint aujourd'hui les Champs-Élysées, se trouve l'hôtel de Lauriston, appartenant au général-comte de Lauriston (1768-1828), fait maréchal de France et marquis sous la Restauration.

En 1844[2], Émile de Girardin fait l'acquisition de l'ensemble de la propriété et s'installe dans l'hôtel de Choiseul-Gouffier. Sa femme, Delphine, y meurt le . Émile de Girardin vend alors l'ensemble de la propriété à la comtesse de Montijo, née Maria Manuela Kirkpatrick, mère de l'impératrice Eugénie, dont la fille ainée, la duchesse d'Albe, malade, s'installe en 1858 dans l'hôtel de Lauriston, qui devient l'hôtel d'Albe. Elle y meurt en 1860 et l'impératrice Eugénie fait raser l'hôtel. L'année suivante une voie nouvelle est ouverte à son emplacement sous le nom de « rue d'Albe ». La rue prend finalement le nom de « rue Lincoln » en 1879.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

No 10, rue Lincoln.
  • No 6 : domicile du baron Pierre Laurens de Waru (1837-1914), administrateur des Chemins de fer d'OrlĂ©ans (fils d'Adolphe de Waru), qui avait Ă©pousĂ© Valentine de Sade (1847-1922), sĹ“ur de la comtesse AdhĂ©aume de ChevignĂ© et descendante du marquis de Sade. « Le fils de ce couple fort austère, Jacques, devait contracter mariage avec une très belle et très fortunĂ©e personne, son aĂ®nĂ©e de plus de quinze ans, qui passait pour ĂŞtre la fille naturelle du dernier duc de Parme, et qui Ă©tait la veuve d'un membre de l'Institut, professeur au Collège de France, le marquis d'Hervey de Saint-Denys. […] La nouvelle Mme de Waru ne fut jamais reçue rue Lincoln, mais le Monde lui fut moins sĂ©vère que sa belle famille et je me souviens l'avoir maintes fois rencontrĂ©e Ă  la chasse, dans les tirĂ©s de Dampierre oĂą elle Ă©tait l'hĂ´te du duc de Luynes. L'auteur de Swann, si friand de scandales mondains, n'a pas manquĂ© d'Ă©pingler dans son album Mme de Waru Ă  qui il fait allusion en divers passages de son ouvrage[3]. » La marquise d'Hervey de Saint-Denys, nĂ©e en 1848, s'Ă©tait remariĂ©e en 1896 au baron Jacques de Waru, cavalier qui participera aux Jeux olympiques de 1900.
  • No 8 : « Avant que de venir habiter 43, avenue Montaigne, M. Franck Le Harivel rĂ©sidait 8, rue Lincoln. Les amateurs d'Ă©quitation ne doivent pas tous avoir perdu le souvenir de ce parfait cavalier, dont la silhouette Ă©tait familière aux habituĂ©s de l'AllĂ©e des Poteaux[4]. »
  • No 10 : Marcel Proust (1871-1922), Ă©tait un habituĂ©, Ă  ses dĂ©buts dans la sociĂ©tĂ© parisienne, du salon de la marquise Sauvage de Brantes (1842-1914), nĂ©e Louise LacuĂ©e de Cessac qui habitait au no 10. Elle Ă©tait la tante de Robert de Montesquiou (1855-1921).
  • No 14 : en 1935, le photographe Lucien Lorelle (1894-1968) y ouvre un studio de photographie publicitaire, oĂą rĂ©alise avec Cassandre des affiches mĂŞlant dessin et photographie[5].

Notes et références

  1. En 1853, il avait pour adresse le 104, rue de Chaillot (Rochegude, op. cit., p. 87).
  2. Ou 1843 (Rochegude, op. cit., p. 87).
  3. Becq de Fouquières, op. cit., p. 104-105.
  4. Becq de Fouquières, op. cit., p. 104.
  5. [PDF] « Paris, capitale photographique 1920-1940. Collection Christian Bouqueret, Petit Journal, no 51, www.jeudepaume.org.

Bibliographie

  • AndrĂ© Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens, Paris, Pierre Horay, 1953 vol. I.
  • FĂ©lix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. VIIIe arrondissement, Paris, Hachette, 1910.
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