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Rhinocéros de Java

Rhinoceros sondaicus

Le rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus), encore appelé rhinocéros de la Sonde, est un rhinocéros unicorne vivant en Asie et faisant partie de la famille des Rhinocérotidés qui compte cinq espÚces différentes. Il est apparenté au rhinocéros indien, leur peau à tous deux étant composée de larges plis et faisant penser à une armure, mais mesurant entre 3,1 m et 3,2 m de longueur et de 1,4 m à 1,7 m de hauteur, il est plus petit que ce dernier (il se rapprocherait plus du rhinocéros noir en taille). Sa corne mesure généralement moins de 25 cm, ce qui en fait la plus petite, toutes espÚces confondues. Elle fait partie des espÚces les plus menacées, WWF a estimé en 2019 le nombre de rhinocéros de Java à seulement 60 individus. En 2021 la population totale de l'espÚce a été estimée à 73 individus[1].

Autrefois le rhinocĂ©ros d'Asie le plus largement rĂ©pandu, sa population s'Ă©tendait des Ăźles de Java et de Sumatra, au sud-est asiatique et jusque l'Inde et la Chine. L'espĂšce, qui ne compte plus qu'une seule population connue Ă  l'Ă©tat sauvage et aucun individu en captivitĂ©, est dĂ©sormais gravement menacĂ©e. Il est trĂšs certainement le plus rare des grands mammifĂšres de la planĂšte, sa population ne comptant plus que 40 individus dans le parc national d'Ujung Kulon, Ă  l'extrĂ©mitĂ© ouest de Java, en IndonĂ©sie. La population du parc national de CĂĄt TiĂȘn au Vietnam a Ă©tĂ© confirmĂ©e comme Ă©teinte en 2011. Le dĂ©clin du rhinocĂ©ros de Java est attribuĂ© au braconnage, essentiellement pour leurs cornes qui sont d'une grande valeur dans la mĂ©decine traditionnelle chinoise, atteignant les 30 000 $ par kilogramme sur le marchĂ© noir. La perte de leur habitat, consĂ©quence des guerres telle que la guerre du ViĂȘt Nam notamment, a Ă©galement contribuĂ© au dĂ©clin de l'espĂšce et a nui Ă  son repeuplement. Les territoires restants font partie d'une zone nationalement protĂ©gĂ©e mais les rhinocĂ©ros sont toujours la proie des braconniers, des maladies et de la perte de la diversitĂ© de leur patrimoine gĂ©nĂ©tique, ce qui conduit Ă  une dĂ©pression endogamique.

Le rhinocĂ©ros de Java peut vivre jusqu'Ă  environ 30-45 ans Ă  l'Ă©tat sauvage. Il a toujours vĂ©cu dans les prairies inondables et les forĂȘts humides. C'est un animal essentiellement solitaire, sauf pendant la pĂ©riode de reproduction, mais il arrive que des groupes se forment pour se rassembler autour des mares boueuses et des vasiĂšres. À part l'humain, qu'il Ă©vite mais qu'il peut attaquer s'il se sent en danger, l'adulte n'a pas de prĂ©dateur. Les scientifiques et les dĂ©fenseurs de l'environnement n'Ă©tudient que rarement le rhinocĂ©ros de Java Ă  cause de sa raretĂ© et des risques Ă  interfĂ©rer avec cette espĂšce menacĂ©e, ce qui en fait le rhinocĂ©ros le moins Ă©tudiĂ©. Les chercheurs se servent de piĂšges photographiques et d'Ă©chantillons de selles pour Ă©valuer leur santĂ© et leur comportement. Deux rhinocĂ©ros adultes et leurs petits ont Ă©tĂ© filmĂ©s dans une vidĂ©o rendue publique le 28 fĂ©vrier 2011 par la WWF et l'Indonesia's National Park Authority, prouvant ainsi que l'espĂšce se reproduit toujours dans la nature[2]. En avril 2012, le National Park Authority a publiĂ© une vidĂ©o montrant 35 rhinocĂ©ros de Java, dont des bĂ©bĂ©s[3]. Cependant, il fait partie de la liste des 100 espĂšces les plus menacĂ©es au monde Ă©tablie par l'UICN en 2012[4].

Classification et appellation

Les premiĂšres Ă©tudes concernant le rhinocĂ©ros de Java Ă  ĂȘtre effectuĂ©es par des naturalistes Ă©trangers Ă  sa rĂ©gion eurent lieu en 1787, lorsque deux individus furent tuĂ©s Ă  Java. Les crĂąnes furent envoyĂ©s au cĂ©lĂšbre naturaliste hollandais Petrus Camper qui mourut en 1789 avant d'avoir pu publier sa dĂ©couverte : le rhinocĂ©ros de Java Ă©tait une espĂšce Ă  part entiĂšre. Un autre rhinocĂ©ros fut abattu sur l'Ăźle de Sumatra par Alfred Duvaucel qui envoya le spĂ©cimen Ă  son beau-pĂšre, le cĂ©lĂšbre naturaliste français Georges Cuvier. Cuvier reconnut l'animal comme Ă©tant une espĂšce distincte en 1822, et il fut identifiĂ© comme RhinocĂ©ros sondaicus cette mĂȘme annĂ©e par Anselme GaĂ«tan Desmarest. Ce fut la derniĂšre espĂšce de rhinocĂ©ros Ă  ĂȘtre reconnue. Desmaret l'identifia d'abord comme venant de Sumatra, mais annonça par la suite que son spĂ©cimen venait en fait de Java. Le nom du genre RhinocĂ©ros, qui inclut Ă©galement le rhinocĂ©ros indien, vient du grec ancien áż„ÎŻÏ‚ (rhis), qui signifie « nez Â», et Îșέρας (ceras), qui signifie « corne Â» ; sondaicus vient de sunda, la rĂ©gion biogĂ©ographique comprenant les Ăźles de Sumatra, Java, BornĂ©o ainsi que d'autres Ăźles plus petites.

Il existe trois sous-espĂšces distinctes dont une seule existe encore :

  • Rhinoceros sondaicus sondaicus, la sous-espĂšce type, plus connu comme le rhinocĂ©ros de Java d'IndonĂ©sie, il vivait autrefois sur les Ăźles de Java et de Sumatra. Sa population est dĂ©sormais constituĂ©e de seulement 40 individus Ă  l'Ă©tat sauvage, dans le parc national d'Ujung Kulon situĂ© Ă  l'extrĂ©mitĂ© ouest de l'Ăźle de Java. Gray a suggĂ©rĂ© que le rhinocĂ©ros de Sumatra appartiendrait Ă  une espĂšce distincte, r. floweri[5], mais cette hypothĂšse n'est pas largement acceptĂ©e[6].
  • Rhinoceros sondaicus annamiticus, plus connu comme le rhinocĂ©ros de Java vietnamien ou rhinocĂ©ros vietnamien, il vivait autrefois au Vietnam, au Cambodge, au Laos, en ThaĂŻlande et en Malaisie. Le terme annamiticus provient de la CordillĂšre annamitique situĂ©e au Sud-Est de l'Asie et faisant partie du domaine de l'espĂšce. En 2006, une population estimĂ©e Ă  moins de 12 individus vivait dans une forĂȘt de basse altitude du parc national de CĂĄt TiĂȘn au Vietnam. Des analyses gĂ©nĂ©tiques ont indiquĂ© que cette sous-espĂšce partageait un ancĂȘtre commun avec le rhinocĂ©ros de Java d'IndonĂ©sie il y a entre 300 000 et 2 millions d'annĂ©es. Le dernier individu de cette population a Ă©tĂ© abattu en 2010 par un braconnier.
  • Rhinoceros sondaicus inermis, plus connu comme le rhinocĂ©ros de Java indien, dont la population s'Ă©tendait autrefois du Bengale Ă  la Birmanie, s'est certainement Ă©teint avant 1925. Le terme inermis signifie "non armĂ©", en rĂ©fĂ©rence Ă  la caractĂ©ristique la plus distincte de la sous-espĂšce : la petite taille de la corne chez le mĂąle, et l'absence de celle-ci chez la femelle. Le spĂ©cimen original de l'espĂšce Ă©tait d'ailleurs une femelle dĂ©pourvue de corne. La situation politique de la Birmanie a empĂȘchĂ© toutes estimations concernant l'espĂšce dans le pays mais il est trĂšs improbable qu'elle existe encore.

Évolution

Le rhinocéros indien pris en photo ici est l'espÚce qui se rapproche le plus du rhinocéros de Java ; tous deux font partie du genre Rhinoceros.

Les rhinocĂ©ros ancestraux ont divergĂ© des autres pĂ©rissodactyles durant l'YprĂ©sien. Une comparaison du gĂ©nome mitochondrial indique que les ancĂȘtres des rhinocĂ©ros modernes se sont sĂ©parĂ©s des ancĂȘtres Equidae il y a de cela environ 50 millions d'annĂ©es. La famille qui subsiste, la Rhinocerotidae, est d'abord apparu durant l'EocĂšne supĂ©rieur en Eurasie, et les ancĂȘtres des espĂšces actuelles de rhinocĂ©ros se sont dispersĂ©s hors de l'Asie durant le dĂ©but du MiocĂšne.

Le rhinocĂ©ros indien et celui de Java, les seuls membres du genre Rhinoceros, sont d'abord apparus dans la chronique de fossiles en Asie il y a entre 1,6 million et 3,3 millions d'annĂ©es. Cependant, les estimations molĂ©culaires suggĂšrent que les deux espĂšces se sont sĂ©parĂ©es bien avant cela, il y a environ 11,7 millions d'annĂ©es. Bien qu'ils appartiennent au mĂȘme genre, les deux rhinocĂ©ros ne sont certainement que peu apparentĂ©s aux autres espĂšces.

Description

Rhinocéros de Java au zoo de Londres

Le rhinocĂ©ros de Java est plus petit que le rhinocĂ©ros indien, il est Ă  peu prĂšs de la mĂȘme taille que le rhinocĂ©ros noir. Il peut mesurer entre 2 et 4 mĂštres de long (tĂȘte comprise) et de 1,4 Ă  1,7 mĂštre de hauteur. Les adultes pĂšseraient entre 900 et 2 300 kg, mais aucune Ă©tude n'a Ă©tĂ© menĂ©e pour connaitre prĂ©cisĂ©ment leurs dimensions, ceci n'Ă©tant pas la prioritĂ© Ă©tant donnĂ© que l'espĂšce est menacĂ©e. La taille diffĂšre peu suivant le genre, cependant, les femelles peuvent ĂȘtre un peu plus imposantes. D'aprĂšs des Ă©tudes faites Ă  partir de photos et de mensurations d'empreintes, les rhinocĂ©ros du Vietnam apparaissaient comme Ă©tant lĂ©gĂšrement plus petits que ceux de Java.

Comme le rhinocéros indien, le rhinocéros de Java ne possÚde qu'une seule corne (les autres espÚces existantes en ont deux). Sa corne mesurant moins de 20 cm en général (la plus longue jamais mesurée était de 27 cm) est la plus petite, toutes espÚces confondues. Il ne semble pas souvent l'utiliser pour se battre, mais plutÎt pour racler la boue hors des mares, pour abaisser des plantes afin de pouvoir les manger et pour se frayer un chemin à travers la végétation dense. Comme les autres espÚces qui broutent (les rhinocéros noirs, indiens et de Sumatra), la lÚvre supérieure du rhinocéros de Java est longue et pointue, ce qui l'aide à attraper sa nourriture. Ses incisives inférieures sont longues et pointues et le rhinocéros s'en sert lors des combats. DerriÚre les incisives, deux rangées de six molaires sont utilisées pour mùcher des plantes épaisses. Comme tous les autres rhinocéros, le rhinocéros de Java sent et entend bien mais sa vue est trÚs mauvaise. Sa durée de vie est estimée à 30-45 ans.

Sa peau tachetĂ©e de gris et dĂ©nuĂ©e de poils forme des plis sur ses Ă©paules, son dos et son postĂ©rieur. Son aspect naturel de mosaĂŻque fait penser Ă  une armure. Les plis sur le cou du rhinocĂ©ros de Java sont plus petits que ceux du rhinocĂ©ros indien, mais forment quand mĂȘme une sorte de selle sur ses Ă©paules. À cause des risques Ă  interfĂ©rer avec une espĂšce Ă  ce point menacĂ©e, les Ă©tudes concernant le rhinocĂ©ros de Java se font cependant essentiellement Ă  travers des Ă©chantillons de selles et des piĂšges photographiques. Ils sont trĂšs rarement rencontrĂ©s, observĂ©s ou mesurĂ©s directement.

RĂ©partition et habitat

Le parc national Ujung Kulon de Java est le territoire de tous les rhinocéros de Java restants

MĂȘme les estimations les plus optimistes indiquent qu'il reste moins de 100 rhinocĂ©ros de Java Ă  l'Ă©tat sauvage. L'espĂšce est considĂ©rĂ©e comme l'une des plus menacĂ©e du monde et ne subsiste plus que dans le parc national d'Ujung Kulon, situĂ© Ă  l'extrĂ©mitĂ© ouest de Java.

Il se rencontrait autrefois Ă  Assam et au Bengale (oĂč il empiĂ©tait sur le territoire des rhinocĂ©ros indiens et de Sumatra), dans l'est en Birmanie, en ThaĂŻlande, au Cambodge, au Laos et au Vietnam et dans le sud dans la PĂ©ninsule Malaise et dans les Ăźles de Sumatra, de Java et peut ĂȘtre de BornĂ©o. Le rhinocĂ©ros de Java vit essentiellement dans des forĂȘts tropicales denses. Certainement Ă  cause de l’empiĂ©tement de l'homme et du braconnage, la sous-espĂšce vivant au Vietnam a Ă©tĂ© forcĂ©e d'aller vivre dans des territoires plus Ă©levĂ©s.

Le territoire du rhinocĂ©ros de Java se rĂ©trĂ©cit petit Ă  petit depuis 3 000 ans. Vers 1 000 av. J.-C., il s’étendait au nord jusqu’à la Chine mais il commençait dĂ©jĂ  Ă  se dĂ©placer vers le sud d’environ 0,5 km par an, Ă  mesure que l’occupation humaine progressait dans la rĂ©gion. Il s’est certainement Ă©teint en Inde au cours de la premiĂšre dĂ©cennie du XXe siĂšcle et a Ă©tĂ© chassĂ© jusqu’à l’extinction dans la pĂ©ninsule Malaise avant 1932. À la fin de la guerre du ViĂȘt Nam, le rhinocĂ©ros de Java Ă©tait considĂ©rĂ© comme Ă©teint de tout le continent asiatique. Au Cambodge, des chasseurs locaux et des bĂ»cherons ont dĂ©clarĂ© l’avoir vu dans les montagnes de Cardamom, mais aucune des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es dans la rĂ©gion n’a pu prouver sa prĂ©sence. À la fin des annĂ©es 1980, une petite population a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans la zone de Cat Tien au Vietnam, cependant, le dernier individu a Ă©tĂ© tuĂ© en 2010. Il a pu ĂȘtre Ă©galement prĂ©sent sur l’üle de BornĂ©o, mais ces spĂ©cimens auraient aussi bien pu ĂȘtre des rhinocĂ©ros de Sumatra, une petite population de ceux-ci y vivent d’ailleurs encore aujourd’hui.

Mode de vie

Le rhinocĂ©ros de Java est un animal solitaire Ă  l’exception des couples reproducteurs et des mĂšres et leurs petits. Ils se regroupent parfois autour de vasiĂšres et de mares boueuses. Tous les rhinocĂ©ros ont pour habitude de se rouler dans la boue ; cette activitĂ© leur permet de conserver une tempĂ©rature corporelle fraĂźche et les aide Ă  se protĂ©ger des maladies des parasites. Le rhinocĂ©ros de Java ne creuse gĂ©nĂ©ralement pas lui-mĂȘme ses mares boueuses, il prĂ©fĂšre utiliser celles des autres animaux ou les trous formĂ©s naturellement dans lesquels il utilisera sa corne pour les agrandir. Les vasiĂšres sont Ă©galement trĂšs importantes car le sel qu’elles contiennent apporte des substances nutritives essentielles au rhinocĂ©ros. Le territoire du mĂąle, de 12 Ă  20 km2, est plus grand que celui de la femelle, qui s’étend de 3 Ă  14 km2. Les territoires des mĂąles se chevauchent moins que ceux des femelles, mais on ignore s’il y a des combats territoriaux.

Les mùles marquent leur territoire à l'aide de piles de bouses et de marquages urinaires. Les marques laissées par leurs pattes et les jeunes arbres tordus semblent également faire partie de leurs moyens de communication.

Le rhinocĂ©ros de Java a des vocalises beaucoup moins puissantes que celui de Sumatra ; il existe d'ailleurs trĂšs peu d'enregistrements audio des rhinocĂ©ros de Java. Les adultes n'ont pas d'autres prĂ©dateurs que l'homme. L'espĂšce est assez nerveuse et trouve refuge dans les forĂȘts denses lorsque des hommes sont Ă  proximitĂ©. Bien que cela soit une bonne caractĂ©ristique du point de vue de la survie ; cela l'a rendu difficile Ă  Ă©tudier[7]. NĂ©anmoins, lorsque les hommes s'approchent de trop prĂšs, le rhinocĂ©ros de Java devient agressif et attaque en se servant de ses incisives infĂ©rieures. Ce comportement relativement asocial peut ĂȘtre une rĂ©cente adaptation due au sentiment d'insĂ©curitĂ© de la population ; des preuves historiques suggĂšrent que tout comme les autres rhinocĂ©ros, il Ă©tait autrefois plus grĂ©gaire[8].

RĂ©gime alimentaire

Le rhinocĂ©ros de Java est herbivore et se nourrit de diverses plantes, et plus particuliĂšrement de pousses, de branchages, de jeunes feuillages et de fruits tombĂ©s. La plupart des plantes prĂ©fĂ©rĂ©es de l'espĂšce poussent dans des clairiĂšres ensoleillĂ©es au cƓur des forĂȘts, au sein des fruticĂ©es et dans d'autres types de vĂ©gĂ©tations exemptes de grands arbres. Le rhinocĂ©ros fait tomber les jeunes arbres afin d'atteindre sa nourriture et l'attrape ensuite avec sa lĂšvre supĂ©rieure prĂ©hensile. De toutes les espĂšces de rhinocĂ©ros, il est celui qui est capable de s'adapter le plus pour se nourrir. Il mange environ 50 kg de nourriture par jour. Comme le rhinocĂ©ros de Sumatra, il a besoin de sel dans son rĂ©gime alimentaire. Les pierres minĂ©rales qu'il avait l'habitude de lĂ©cher lorsque son territoire Ă©tait plus Ă©tendu n'existent pas Ă  Ujung Kulon mais il a Ă©tĂ© observĂ© en train de boire de l'eau de mer, vraisemblablement pour les mĂȘmes besoins nutritionnels[9].

Reproduction

La femelle atteint la maturité sexuelle entre 3 et 4 ans et le mùle aprÚs 6 ans. La gestation dure 16 mois et l'intervalle entre deux naissance est de 4 à 5 ans[10].

Préservation

Une peinture datant de 1861 montrant la chasse du R. s. sondaicus

Le principal facteur dans le dĂ©clin continu de la population du rhinocĂ©ros de Java est le braconnage pour ses cornes, un problĂšme qui concerne toutes les espĂšces de rhinocĂ©ros. Les cornes sont largement commercialisĂ©es depuis plus de 2 000 ans en Chine car elles sont censĂ©es avoir des vertus curatives. Autrefois, la peau du rhinocĂ©ros Ă©tait utilisĂ©e pour fabriquer les armures des soldats chinois, et certaines tribus locales pensaient qu’elle pouvait servir Ă  crĂ©er un antidote contre le venin de serpent[11]. Parce que le territoire du rhinocĂ©ros s’étend sur de nombreuses rĂ©gions trĂšs pauvres, il est difficile de convaincre les habitants de ne pas tuer un animal en apparence inutile (pour eux) qui peut se vendre trĂšs cher. Lorsque la Convention sur le commerce international des espĂšces de faune et de flore sauvages menacĂ©es d’extinction est entrĂ©e en vigueur pour la premiĂšre fois en 1975, le rhinocĂ©ros de Java a Ă©tĂ© placĂ© sous l’annexe 1 (espĂšces menacĂ©es d’extinction) ce qui a conduit Ă  l’interdiction de tout commerce le concernant[12]. Des Ă©tudes du marchĂ© noir de la corne de rhinocĂ©ros ont dĂ©terminĂ© que les cornes de rhinocĂ©ros asiatiques atteignaient un prix de 30 000 $ par kg, soit trois fois la valeur des cornes de rhinocĂ©ros africains.

La perte de son habitat causĂ©e par l’agriculture a Ă©galement contribuĂ© Ă  son dĂ©clin, bien que ceci ne soit dĂ©sormais plus un facteur significatif puisque le rhinocĂ©ros ne vit plus que dans un parc national protĂ©gĂ©. La dĂ©tĂ©rioration de son habitat a freinĂ© le repeuplement des populations de rhinocĂ©ros qui Ă©taient victimes du braconnage. MalgrĂ© tous les efforts de prĂ©servation, sa survie parait compliquĂ©e. Parce que leur population est contenue dans une petite zone, ils sont trĂšs vulnĂ©rables aux maladies et aux problĂšmes liĂ©s au fait qu’ils se reproduisent entre eux. Les gĂ©nĂ©ticiens de la conservation estiment qu’il faudrait une population de 100 rhinocĂ©ros afin de prĂ©server la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique de l’espĂšce[13].

Ujung Kulon

Un chasseur danois avec un R. s. sondaicus mort Ă  Ujung Kulon, 1895

La pĂ©ninsule d’Ujung Kulon a Ă©tĂ© dĂ©vastĂ©e par l’éruption du volcan Krakatoa en 1883. Le rhinocĂ©ros de Java recolonisa la pĂ©ninsule aprĂšs l’explosion, mais l’homme n’y est jamais retournĂ© en grand nombre, crĂ©ant ainsi une sorte de refuge. En 1931, alors que le rhinocĂ©ros de Java Ă©tait sur le point de s’éteindre Ă  Sumatra, le gouvernement des Indes nĂ©erlandaises dĂ©clara que le rhinocĂ©ros Ă©tait une espĂšce protĂ©gĂ©e, ce qu’il est restĂ© depuis lors[14]. Un recensement des rhinocĂ©ros d’Ujong Kulon a Ă©tĂ© effectuĂ© en 1967 ; seuls 25 animaux ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s. En 1980, la population avait doublĂ©, et s’est maintenue autour des 50 individus durant tout ce temps. Bien que les rhinocĂ©ros d’Ujong Kulon n’aient pas de prĂ©dateurs naturels, ils sont en compĂ©tition avec le bĂ©tail sauvage pour les maigres ressources, ce qui peut conserver leur nombre en dessous de la capacitĂ© porteuse de la pĂ©ninsule[15]. Ujong Kulon est supervisĂ© par le MinistĂšre indonĂ©sien des ForĂȘts[14]. Il a Ă©tĂ© Ă©tabli qu’au moins quatre bĂ©bĂ©s Ă©taient nĂ©s en 2006, soit la plus importante sĂ©rie de naissances jamais rapportĂ©e concernant l’espĂšce.

En mars 2011, la vidĂ©o d’une camĂ©ra cachĂ©e a Ă©tĂ© publiĂ©e, elle montrait des adultes accompagnĂ©s de jeunes, indiquant ainsi de rĂ©cents accouplements et naissances. Entre janvier et octobre 2011, les camĂ©ras ont capturĂ© les images de 35 rhinocĂ©ros. Au mois de dĂ©cembre 2011, un site de reproduction pour les rhinocĂ©ros qui s’étend sur 38 000 hectares est finalisĂ©. Il a pour but d’aider Ă  atteindre les 70 Ă  80 individus d’ici Ă  2015.

En avril 2012, le WWF ainsi que l'International Rhino Foundation (Fondation international de dĂ©fense des rhinocĂ©ros) ont ajoutĂ© 120 camĂ©ras au 40 dĂ©jĂ  existantes pour mieux suivre les mouvements des rhinocĂ©ros et avoir une meilleure idĂ©e de la taille de la population. Une Ă©tude rĂ©cente a dĂ©montrĂ© qu’il y avait beaucoup moins de femelles que de mĂąles ; seules 4 femelles sur 17 mĂąles ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©es sur la partie est d’Ujung Kulon, ce qui pourrait potentiellement retarder les efforts faits pour la sauvegarde de l‘espĂšce.

Avec Ujung Kulon comme dernier recours pour l’espĂšce, cela prĂ©sente l’avantage de regrouper tous les rhinocĂ©ros de Java sur un mĂȘme territoire, contrairement au rhinocĂ©ros de Sumatra qui est dispersĂ© sur plusieurs zones qui ne sont pas liĂ©es entre elles. Cela peut cependant ĂȘtre aussi un dĂ©savantage pour la population du rhinocĂ©ros de Java car s’il devait se propager une grave maladie ou un tsunami, ils pourraient tous disparaĂźtre en mĂȘme temps. En 2012, le Asian Rhino Project (Projet asiatique pour les rhinocĂ©ros) mettait au point un programme d’éradication du palmier Arenga qui s’est rĂ©pandu sur tout le parc et colonise ainsi les sources de nourriture du rhinocĂ©ros. Les banteng sont Ă©galement en compĂ©tition avec le rhinocĂ©ros pour la nourriture, les autoritĂ©s rĂ©flĂ©chissent donc Ă  clĂŽturer la partie ouest du parc afin d’y contenir le bĂ©tail[16].

En 2020, 2 petits rhinocéros de Java (une femelle et un mùle) sont nés dans le parc national d'Ujung Kulon, portant la population totale de l'espÚce à 74 individus[17].

Cat Tien

Le rhinocĂ©ros de Java, dont la population s’étendait autrefois en Asie du Sud-Est, a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme Ă©teint au Vietnam dĂšs le milieu des annĂ©es 1970, Ă  la fin de la guerre du ViĂȘt Nam. Les tactiques utilisĂ©es lors des combats ont dĂ©vastĂ© l’écosystĂšme de la rĂ©gion : utilisation du napalm, vaste dĂ©feuillaison due Ă  l’agent orange, bombardements aĂ©riens et utilisations de mines[18]. La guerre a Ă©galement apportĂ© nombres d’armes bon marchĂ©[19]. AprĂšs la guerre, de nombreux villageois trĂšs pauvres, qui se servaient auparavant de piĂšges, avaient dĂ©sormais des armes mortelles Ă  leur disposition, leur permettant ainsi de devenir des braconniers efficaces.

En 1988, l’hypothĂšse de l’extinction de l’espĂšce a Ă©tĂ© prouvĂ©e fausse lorsqu’un chasseur tua une femelle adulte, prouvant ainsi que l’espĂšce avait rĂ©ussi Ă  survivre Ă  la guerre. En 1989, les scientifiques inspectĂšrent les forĂȘts du Sud du Vietnam Ă  la recherche d’indices prouvant qu’il existait d’autres survivants. Des empreintes fraĂźches appartenant Ă  au moins 15 rhinocĂ©ros furent dĂ©couvertes le long de la riviĂšre Dong Nai [20]. Principalement grĂące aux rhinocĂ©ros, la rĂ©gion dans laquelle ils se trouvaient a fini par faire partie du parc national de Cat Tien en 1992[11].

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, certains dĂ©fenseurs de l’environnement ont estimĂ© qu’il ne restait que 3 Ă  8 rhinocĂ©ros, dont probablement aucun mĂąle, ce qui a fait craindre que leur population ait dĂ©clinĂ© au-delĂ  d’un possible repeuplement au Vietnam[21]. Ils ont dĂ©battu sur la survie possible ou non du rhinocĂ©ros, certains pensaient qu’il fallait introduire des rhinocĂ©ros d’IndonĂ©sie pour tenter de sauver leur population, d’autres pensaient qu’ils pouvaient survivre sans[22].

Des analyses d’échantillons d’excrĂ©ments collectĂ©s dans le parc national de Cat Tien dans le cadre d’une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en mars 2010 ont dĂ©montrĂ© qu’il ne restait plus qu’un seul rhinocĂ©ros de Java dans le parc. En avril 2010, son corps a Ă©tĂ© retrouvĂ©, l’animal avait Ă©tĂ© tuĂ© par balle et sa corne avait Ă©tĂ© retirĂ©e par des braconniers[23]. En octobre 2011, l’International Rhino Foundation a confirmĂ© que le rhinocĂ©ros de Java s’était Ă©teint au Vietnam, ne laissant plus que ceux d’Ujong Kulon[24].

En captivité

Cela fait un siĂšcle qu’un rhinocĂ©ros de Java n’a pas Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© dans un zoo. Au XIXe siĂšcle, au moins quatre rhinocĂ©ros Ă©taient prĂ©sentĂ©s Ă  Adelaide, Calcutta et Londres. Au moins 22 rhinocĂ©ros auraient Ă©tĂ© gardĂ©s en captivitĂ© mais il est possible que le nombre vĂ©ritable soit plus important Ă©tant donnĂ© que l’espĂšce Ă©tait parfois confondue avec le rhinocĂ©ros indien.

Le rhinocĂ©ros de Java ne s’est jamais bien portĂ© en captivitĂ©. Le plus vieux a vĂ©cu jusqu’à 20 ans, soit environ la moitiĂ© de son espĂ©rance de vie Ă  l’état sauvage. Le dernier est mort en 1907 au zoo d’Adelaide, en Australie, oĂč l’espĂšce Ă©tait tellement mĂ©connue qu’il Ă©tait prĂ©sentĂ© comme un rhinocĂ©ros indien.

Références

  1. « Deux petits rhinocéros de Java repérés dans un parc naturel d'Indonésie », sur lecourrier.vn, Le courrier du Vietnam,
  2. (en) WWF – Critically Endangered Javan Rhinos and Calves Captured on Video. wwf.panda.org. ConsultĂ© le 24 fĂ©vrier 2012.
  3. (en) New video documents nearly all the world's remaining Javan rhinos. Mongabay.com. consulté le 1er mai 2012.
  4. [PDF] Jonathan E M Baillie et Ellen R Butcher, Priceless or Worthless?, Zoological Society of London, (ISBN 978-0-900881-67-1, lire en ligne)
  5. (en) John Edward Gray, Observations on the preserved specimens and skeletons of the Rhinocerotidae in the collection of the British Museum and Royal College of Surgeons, including the description of three new species, Proceedings of the Zoological Society of London, , 1003-1032 p. (lire en ligne)
  6. (en) Dr. D. A. Hooijer (en), Prehistoric and Fossil Rhinoceroses from the Malay Archipelago and India, vol. XXVI, Zoologische Mededelingen (en), , 138-X p. (lire en ligne), p. 7
  7. Santiapillai, C. (1992). "Javan rhinoceros in Vietnam". Pachyderm 15: 25–27
  8. Fernando, Prithiviraj; Gert Polet, Nazir Foead, Linda S. Ng, Jennifer Pastorini, and Don J. Melnick (June 2006). "Genetic diversity, phylogeny and conservation of the Javan rhinoceros (Rhinoceros sondaicus)". Conservation Genetics 7 (3): 439–448.
  9. Hutchins, M.; M.D. Kreger (2006). "Rhinoceros behaviour: implications for captive management and conservation". International Zoo Yearbook (Zoological Society of London) 40 (1): 150–173
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  11. Stanley, Bruce (22 juin 1993). "Scientists Find Surviving Members of Rhino Species". Associated Press.
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