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Relations entre la Suisse et l'Union européenne

Les relations entre la Suisse et l'Union européenne, bien qu'anciennes, se sont renforcées à la suite du refus de la Suisse de ratifier par référendum l'accord sur l'espace économique européen (EEE), le . En effet, une vingtaine d'accords bilatéraux et plus d'une centaine de traités ont ensuite été négociés, puis adoptés, pour accroître l'intégration de l'économie Suisse dans celle de l'UE[1].

Relations entre la Suisse et l'Union européenne
Drapeau de la Suisse
Drapeau de l’Union européenne
Suisse et Union européenne
Suisse Union européenne
Ambassades
Mission de la Suisse auprès de l’Union européenne
Ambassadeur Rita Adam
Adresse Place du Luxembourg 1
1050 Bruxelles
Site web Site de la mission
Délégation de l’Union européenne auprès de la Suisse et du Liechtenstein
Ambassadeur Petros Mavromichalis
Adresse Christoffelgasse 6
Berne
Site web Site de la délégation

Historique

Par la suite, le Conseil fédéral suisse entreprend une série de négociations bilatérales avec l'Union européenne. Celles-ci aboutissent le par la conclusion des accords bilatéraux I et leur signature le .

En juin 2001, la Suisse et l'Union européenne décident d'ouvrir de nouvelles négociations bilatérales sur 10 thèmes. Les 7 premiers sont des questions qui ne peuvent être traitées lors des précédentes négociations et pour lesquelles la Suisse et l'UE se sont engagées, dans l'acte final des accords bilatéraux I, à entamer des négociations. Les thèmes de la fiscalité de l'épargne et de la lutte contre la fraude correspondent à des demandes de l'UE, le thème des conventions de Schengen et de Dublin à une demande de la Suisse. Le , les accords bilatéraux II sont conclus et signés le 26 octobre. Ils marquent la poursuite de la voie bilatérale sur laquelle la Suisse s'est engagée. Elle consiste pour celle-ci à défendre ses intérêts et à régler les problèmes concrets rencontrés dans ses relations avec l'UE de manière pragmatique.

Les Accords bilatéraux II de 2004 entrent en vigueur à des dates différentes. Les accords suivants sont déjà en vigueur : produits agricoles transformés (), pensions (), fiscalité de l'épargne (), MEDIA et environnement (), statistique () ainsi que Schengen/Dublin (). La date d'entrée en vigueur de l'accord sur la lutte contre la fraude, elle, n'a pas encore été arrêtée.

À la suite du vote fédéral sur l'initiative de l'UDC « Contre l'immigration de masse » le qui demande que des quotas (ou pour le terme plus précis « contingent ») soient fixés « en fonction des intérêts économiques globaux de la Suisse », l'Union européenne a décidé de suspendre l'accord Erasmus à peine deux semaines après le vote, ce qui a provoqué l'indignation des étudiants suisses, et donné lieu à des manifestations. En réponse à cette décision, le conseil fédéral a rapidement décidé d'instaurer un financement spécial afin que les étudiants suisses ne soient pas lésés[2].

Par la suite, l'Union européenne a officiellement réintégré la Suisse au programme européen pour la recherche « Horizon 2020 » le par un accord signé à Bruxelles avec le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann[3].

De 2019 à 2021, un nouvel accord-cadre, l'Accord institutionnel entre la Suisse et l’Union européenne, est en cours de négociations[4]. Cependant, le Conseil fédéral a annoncé, le 26 mai 2021, qu'il mettait un terme aux négociations et qu'il ne signerait pas le projet d'accord. Dans un communiqué de presse, la Commission européenne indique qu'elle « regrette » la décision du gouvernement suisse.

Accords

Demande d'adhésion du 20 mai 1992.

Accords bilatéraux I

La libre circulation des personnes conduit notamment à une immigration accrue de personnes hautement qualifiées ce qui diversifie les compétences, participant ainsi à la création d'emplois, mais elle bénéficie également aux travailleurs résidents moins qualifiés.

L'ensemble de ces accords est soumis au référendum facultatif et approuvé par 67,2 % des électeurs suisses le . Ils sont entrés en vigueur le . L'accord sur la libre circulation des personnes, conclu à l'origine avec les 15 pays membres de l'UE, devait être étendu aux 10 nouveaux membres ayant rejoint l'UE en 2004. Cette extension est également soumise au référendum facultatif et approuvé par 56 % des électeurs suisses le . Les autres accords sont étendus sans opposition.

Accords bilatéraux II

  • CoopĂ©ration en matière de justice, de sĂ©curitĂ©, d'asile et de migration avec l'UE (conventions de Schengen et de Dublin)
  • Environnement : la Suisse devient membre de l'agence europĂ©enne pour l'environnement.
  • FiscalitĂ© de l'Ă©pargne : la Suisse opère une retenue d'impĂ´t au profit des États de l'UE qui sera portĂ©e par paliers successifs Ă  35 %. Cette retenue concerne exclusivement les intĂ©rĂŞts gĂ©nĂ©rĂ©s par l'Ă©pargne de personnes physiques ayant leur domicile fiscal dans l'UE.
  • Lutte contre la fraude : la coopĂ©ration entre la Suisse et l'UE est intensifiĂ©e en matière de lutte contre la contrebande et d'autres dĂ©lits relevant de la fiscalitĂ© indirecte (droits de douane, TVA, impĂ´ts sur la consommation), ou en prĂ©sence de dĂ©lits liĂ©s Ă  l'attribution de subventions ou de marchĂ©s publics.
  • MEDIA : les cinĂ©astes suisses auront pleinement accès aux programmes communautaires MEDIA visant Ă  promouvoir et Ă  rendre plus compĂ©titif le cinĂ©ma europĂ©en.
  • Produits agricoles transformĂ©s : les droits de douane et les subventions Ă  l'exportation sont considĂ©rablement rĂ©duits pour un large Ă©ventail de produits de l'industrie alimentaire (chocolat, biscuits, soupes, sauces, pâtes alimentaires, cafĂ© soluble, etc.). Cet accord est en vigueur depuis le .
  • Pensions : la double imposition des fonctionnaires retraitĂ©s de l'UE rĂ©sidant en Suisse est supprimĂ©e.
  • Programmes Ă©ducation/formation professionnelle/jeunesse : la collaboration dans les programmes de mobilitĂ© des Ă©tudiants et des personnes en formation est renforcĂ©e après un simple Ă©change de lettres.
  • Statistiques : la collecte des donnĂ©es statistiques est harmonisĂ©e dans le but de disposer d'une large panoplie de donnĂ©es statistiques comparables et fiables Ă  l'appui des dĂ©cisions politiques et Ă©conomiques.
  • Versement d'aides aux nouveaux entrants pays membres de l'Union europĂ©enne (votation populaire du ).

L'accord sur la participation de la Suisse aux conventions de Schengen et de Dublin est soumis au référendum facultatif et approuvé par 54,8 % des électeurs suisses le , les autres accords n'ayant pas fait l'objet d'oppositions.

Gestion des accords bilatéraux

La gestion des accords bilatéraux est assurée par des comités mixtes Suisse – UE. Ils sont chargés de veiller à leur bon fonctionnement, de les adapter, dans la mesure de possible, d’échanger des informations et de discuter d’éventuels différends. Il en existait vingt-et-un en septembre 2021[5]. Ce système est critiqué par l’Union européenne, qui le trouve trop complexe[6].

Accord institutionnel

L'accord institutionnel entre la Suisse et l'Union européenne (en allemand : Institutionelles Abkommen Schweiz–EU, InstA), appelé aussi accord-cadre Suisse-UE, est un projet d'accord international, négocié entre les années 2010 et 2020. Il vise à appliquer de façon plus homogène et efficace les accords bilatéraux, existants et futurs, entre la Suisse et l'Union européenne portant sur l'accès au marché unique européen.

Demandé depuis 2008 par l'Union européenne, l'accord institutionnel doit préciser quatre points de la voie bilatérale : la reprise de l'acquis communautaire, l'interprétation du droit, la surveillance de l'application des accords concernés et la résolution des différends. Les accords concernés touchent les domaines de la libre circulation des personnes, du transport aérien, du transport sur route et sur rail (marchandises et voyageurs), de l'agriculture et de la reconnaissance mutuelle des conformités techniques.

Après la publication des résultats de la négociation, le débat public en Suisse met en exergue plusieurs points problématiques, dont celui de la souveraineté, de la protection des salaires et des aides d'État (principalement pour les banques cantonales). En , le Conseil fédéral suisse décide de mettre un terme aux négociations et de ne pas signer le projet d'accord.

Le projet polarise le monde politique en Suisse, tant aux niveaux des partis que des groupes d'intérêts. La doctrine juridique se montre majoritairement en faveur de l'accord institutionnel, même si elle est critique sur plusieurs points.

Renvois statique et dynamique

Une question juridique récurrente est des renvois au droit européen.

Par « renvoi » on entend « le fait de se référer, dans un acte législatif, à une autre réglementation »[7]. En légistique, on fait la distinction entre renvoi statique et renvoi dynamique. Un renvoi statique est un renvoi à une version déterminée d'un autre acte (par exemple la droit déviré de l'Union à une date précise)[8]. Un renvoi dynamique est un renvoi à un autre acte, mais également à ses modifications passées et futures (et donc pas encore existantes)[8].

Agences de l'UE

La Suisse participe dans les onze agences suivantes de l'Union européenne[9] :

Politique étrangère

Dans le domaine de leurs relations extérieures, la Suisse et l'UE n'ont jamais conclu d'accord global afin d'aligner leurs positions à l'international ; toutefois les deux entités partagent un ensemble de valeurs similaires et ils adoptent généralement des positions politiques communes[10]. Dans son rapport sur la sécurité de 2000, le Conseil fédéral suisse a souligné l'importance de contribuer à la stabilité et à la paix dans son environnement régional élargi et le pays a commencé à collaborer à des projets de politique étrangère et de sécurité commune (PESC). La Suisse a ainsi contribué notamment à des missions de paix et de sécurité en Bosnie-Herzégovine, en République démocratique du Congo, au Kosovo (Swisscoy), en Macédoine et en Indonésie aux côtés ou au sein des missions européennes[11].

Références

  1. « Accord institutionnel UE-Suisse », sur Département fédéral des affaires étrangères suisse (consulté le ).
  2. « Erasmus: le Conseil fédéral veut mettre en place un financement », ArcInfo.ch,‎ (lire en ligne).
  3. « Horizon 2020 : la Suisse officiellement réintégrée », 20 minutes,‎ (lire en ligne).
  4. « La Suisse tergiverse pour approfondir son partenariat avec l'Union européenne », sur RTBF Info (consulté le ).
  5. [https:// https://www.eda.admin.ch/europa/fr/home/bilaterale-abkommen/abkommen-umsetzung/gemischte-ausschuesse.html], Département fédéral des affaires étrangères, consulté le 15 juin 2023
  6. Pierre Cormon, Swiss Politics for Complete Beginners, Slatkine, (ISBN 978-2-8321-06075)
  7. Office fédéral de la justice, Guide de législation : Guide pour l’élaboration de lalégislation fédérale, Berne, , 4e éd., 326 p. (lire en ligne [PDF]), no 739.
  8. Chancellerie fédérale, Directives sur la technique législative DTL, Berne, (lire en ligne), no 138, p. 49.
  9. Darius Farman, « Par la petite porte ? La participation de la Suisse dans les agences de l'UE », sur Lagirenpensant.ch. (consulté le ).
  10. Itten Anatol, 2010
  11. (en) « Switzerland and the European Union », sur Département des Affaires étrangères suisse (consulté le ), p. 44.

Annexes

Bibliographie

  • (de) Thomas Cottier et AndrĂ© Holenstein, Die Souveränität der Schweiz in Europa : Mythen, Realitäten und Wandel : Mythen, Realitäten und Wandel, (ISBN 978-3-7272-0766-2 et 3-7272-0766-3, OCLC 1248686720).
  • (de) Nicola Forster et Andreas Schwab, Schweiz und Europa: Eine politische Analyse, Fribourg-en-Brisgau, Verlag Herder, , 256 p. (ISBN 978-3451389726, prĂ©sentation en ligne)
  • (en) Anatol Itten, Foreign Policy Cooperation between the EU and Switzerland : Notice of the winds of change, Verlag Dr. MĂĽller, , 112 p. (ISBN 978-3-639-28586-4).
  • (en) Sandra Lavenex, « Switzerland’s Flexible Integration in the EU:A Conceptual Framework », Swiss Political Science Review, vol. 15, no 4,‎ , p. 547-575 (ISSN 1424-7755).
  • Nicolas Levrat, Les accords bilatĂ©raux entre l'Union europĂ©enne et la Suisse : ConsĂ©quences pour la rĂ©gion franco-genevoise, Georg, , 110 p. (ISBN 978-2-8257-0699-2).
  • Gilles Grin, Suisse-Europe : une perspective historique, Lausanne, Fondation Jean-Monnet pour l'Europe, coll. « Collection dĂ©bats et documents, » (no 18), , 81 p. (ISBN 9772296771001 (Ă©ditĂ© erronĂ©), ISSN 2296-7710, lire en ligne).
  • (de) Edith Honegger, Die gemischten AusschĂĽsse in den sektorellen Abkommen zwischen der Schweiz und der EG, Lausanne, coll. « Cahiers de l'IDEAP » (no 216), , 137 p. (ISBN 2-940177-84-8 et 978-2-940177-84-4, OCLC 723420000, lire en ligne Accès libre).
  • ClĂ©mentine Mazille, L'institutionnalisation de la relation entre l'Union europĂ©enne et la Suisse : recherche sur une construction europĂ©enne (thèse de doctorat en droit), Genève/Zurich/Bâle, Schulthess Editions romandes, , 834 p. (ISBN 978-3-7255-8653-0, lire en ligne Accès libre).
  • (de) Hubert Mooser, « Vorteil Schweiz », Weltwoche,‎ (ISSN 0043-2660, lire en ligne).
  • (de) Matthias Oesch, Schweiz – Europäische Union : Grundlagen, Bilaterale Abkommen, Autonomer Nachvollzug, Zurich, EIZ Publishing, , 232 p. (ISBN 978-3-03805-336-1, DOI 10.36862/eiz-297, lire en ligne).
  • RenĂ© Schwok, Suisse : Union europĂ©enne : L'adhĂ©sion impossible?, vol. 35, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 149 p. (ISBN 978-2-88074-860-9, lire en ligne).

Objets législatifs

  • Objet 19.3170 : Motion Lombardi du . « CrĂ©ation d'une base lĂ©gale garantissant que le Parlement, le peuple et les cantons seront consultĂ©s et pourront se prononcer lors de la mise en Ĺ“uvre de l'accord institutionnel » [lire en ligne]

Articles connexes

Liens externes

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