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Relations entre la Chine et l'Iran

Les relations entre la Chine et l'Iran (chinois : äž­äŒŠć…łçł», pinyin : Zhƍng-YÄ« guānxĂŹ), ou relations sino-iraniennes, datent d'il y a plusieurs siĂšcles. À l'Ă©poque prĂ©-islamique, les Parthes et les Sassanides ont eu plusieurs contacts avec la Chine, et Ă  l'Ă©poque islamique, ils Ă©taient reliĂ©s par la route de la soie.

Relations entre la Chine et l'Iran
Drapeau de l'Iran
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine
Iran et Chine
Iran Chine

Relations Ă  l'Ă©poque parthe

Le voyage de Zhang Qian vers l'ouest, grottes de Mogao, 618-712 PC

L'explorateur chinois Zhang Qian, qui visita les pays voisins de Bactriane et de Sogdiane en 126 av. J.-C., a fait le premier rapport chinois connu sur la Parthie. Dans ses rĂ©cits, la Parthie est nommĂ©e "ĀnxÄ«" (chinois : ćź‰æŻ), une translittĂ©ration d'"Arsacide", le nom de la dynastie parthe. Zhang Qian identifie clairement la civilisation parthe comme une civilisation urbaine avancĂ©e, qu'il compare Ă  celle de Ta-Yuan (dans le Ferghana) et en Dacie (dans la Bactriane).

"Anxi est situé à plusieurs milliers de li à l'ouest de la région du grand Yuezhi (en Transoxiane). Les gens sont installés sur les terres, cultivant les champs et faisant pousser du blé et du riz. Ils fabriquent aussi du vin avec des raisins. Ils sont dans des villes entourées de remparts comme les gens de Ta-Yuan (Ferghana), la région compte plusieurs centaines de villes de tailles variées. Les piÚces du pays sont faites d'argent et portent le visage du roi. Quand le roi meurt, la monnaie est immédiatement changée et de nouvelles piÚces sont frappées avec le visage du successeur. Les gens écrivent sur des bandes de cuir horizontales. A l'ouest se trouve Tiaozi (Mésopotamie) et au nord, Yancai et Lixuan (Hyrcanie)." (Shiji, 123, citant Zhang Qian)

AprĂšs l'ambassade de Zhang Qian et son rapport, les relations commerciales entre la Chine, l'Asie centrale et la Parthe ont fleuri, avec l'envoi de nombreuses missions chinoises au Ier siĂšcle av. J.-C. : « la plus grande de ces ambassades dans les États Ă©trangers comptait plusieurs centaines de personnes, et mĂȘme la plus petite comptait plus de 100 personnes
 Au cours d'une annĂ©e, entre cinq et six voire dix ambassades Ă©taient envoyĂ©es ». (Shiji)

Les Parthes Ă©taient apparemment concernĂ©s par le maintien de bonnes relations avec la Chine et envoyaient eux aussi leurs propres ambassades, Ă  partir de -110 : « Quand l'envoyĂ© de la dynastie Han visita pour la premiĂšre fois le royaume de Anxi (Parthie), le roi d'Anxi disposa un dĂ©tachement de 20 000 cavaliers pour l'accueillir Ă  la frontiĂšre est de son royaume
 Quand les envoyĂ©s de Han se remettaient en route pour la Chine, le roi d'Anxi envoyait un dĂ©tachement de son propre chef pour les accompagner. L'empereur en Ă©tait ravi. » (Shiji, 123)

En 97, le général chinois Ban Chao alla aussi loin à l'ouest que la mer Caspienne avec 70 000 hommes et établit des contacts militaires directs avec l'empire Parthe.

Les Parthes ont aussi jouĂ© un rĂŽle dans la transmission du bouddhisme sur la route de la soie Ă  partir de l'Asie centrale jusqu'en Chine. An Shihkao, un noble parthe et missionnaire bouddhiste, est allĂ© Ă  la capitale chinoise, Luoyang en 148 oĂč il Ă©tablit des temples et devint le premier homme Ă  traduire des Ă©crits bouddhistes en chinois.

Relations contemporaines

Relations commerciales

La RĂ©publique populaire de Chine trouve dans l'Iran un dĂ©bouchĂ© pour ses exportations et une source d'approvisionnement pour ses besoins croissants en Ă©nergie. En outre, les sanctions Ă©conomiques et commerciales imposĂ©es par les États-Unis Ă  l'Iran ont pour effet d’accroĂźtre le caractĂšre rĂ©ciproquement bĂ©nĂ©fique des relations commerciales sino-iraniennes[1]. D’une part, car l’Iran est le seul pays exportateur de pĂ©trole Ă©chappant aux pressions amĂ©ricaines en cas de confrontation entre PĂ©kin et Washington, puisque l'Iran est sous de sĂ©vĂšres sanctions amĂ©ricaines[1]. D’autre part, car les tensions irano-amĂ©ricaines reprĂ©sentent une opportunitĂ© pour la Chine, afin notamment d’acquĂ©rir des capitaux iraniens Ă  bas prix[1].

En 2001, le volume des échanges entre la Chine et l'Iran était de 3,3 milliards de $US [2]. Ali Akbar Saheli, l'ancien représentant de l'Iran à l'AIEA a dit que les deux pays « se complétaient mutuellement. Ils ont l'industrie et l'Iran a les ressources énergétiques »[3].

En mars 2004, Zhuhai Zhenrong Corporation, une entreprise chinoise d'État signe un contrat de 25 ans pour l'importation de 110 millions de tonnes de gaz naturel liquĂ©fiĂ© (GNL) en provenance d'Iran. Ce contrat a Ă©tĂ© suivi d'un autre entre Sinopec et l'Iran, signĂ© en octobre de la mĂȘme annĂ©e. Le contrat, d'une valeur de 100 milliards de $US sur 25 ans, ajoute un volume de 250 millions de tonnes de GNL Ă  la facture Ă©nergĂ©tique de la Chine, extraite du champ Yadavaran en Iran. En aoĂ»t 2018, la compagnie pĂ©troliĂšre publique chinoise China National Petroleum Corporation prend d'importantes parts dans l'immense champs gazier iranien South Pars, remplaçant la compagnie française Total qui s'est retirĂ© Ă  la suite du rĂ©tablissement des sanctions Ă©conomiques amĂ©ricaines par Donald Trump[4]. À la suite du rĂ©tablissement des sanctions amĂ©ricaines, la Chine cesse officiellement d'importer du pĂ©trole d'Iran mais des analystes affirment que le brut iranien continue d'y entrer, et mĂȘme de maniĂšre croissance, maquillĂ© comme importation venant d'autres pays[5]. Le ministre chinois des Affaires Ă©trangĂšres Wang Yi assurĂ© que la Chine continuerait Ă  « s'opposer aux sanctions unilatĂ©rales illĂ©gales contre l'Iran », considĂ©rant les États-Unis sont seuls responsables de l'Ă©chec de l'accord sur le nuclĂ©aire Ă  Vienne dont la Chine est partie prenante[5].

Les Ministres des affaires Ă©trangĂšres des nations parties prenantes de l'accord de Vienne en 2014 ; les Ministres chinois Wang Li Ă  droite et iranien Javad Zarif au milieu.

Enfin, en plus d'ĂȘtre un important fournisseur Ă©nergĂ©tique, l’Iran est aussi pour la Chine un marchĂ© important de par la taille de sa population, ainsi qu'un point d’accĂšs stratĂ©gique Ă  l’ensemble de la rĂ©gion, pour l’exportation de ses produits, des biens de consommation aux nouvelles technologies[1]. En 2019-2020, la Chine reprĂ©sentait prĂšs de 24,8 % des Ă©changes extĂ©rieurs de l'Iran, devant Abou Dhabi (15,8 %), la Turquie (11,8 %) et l’Irak (10,5 %)[6].

Pour autant, cette relation Ă©conomique bilatĂ©rale est fondamentalement asymĂ©trique : l’isolement de l’Iran, combinĂ© aux sanctions amĂ©ricaines et Ă  une forte crise Ă©conomique, contraint le pays Ă  rechercher le parrainage d’une grande puissance, alors que pour la Chine, l’Iran n’est qu’un partenaire parmi d’autres, PĂ©kin Ă©tant en mĂȘme temps proche de Riyad et d’Abou Dhabi, mais aussi de Tel-Aviv et de Damas[1].

Relations politiques

Aujourd'hui, l'Iran continue Ă  s'aligner politiquement avec la RĂ©publique populaire de Chine puisque l'Union europĂ©enne et les États-Unis promeuvent des politiques visant Ă  isoler l'Iran Ă  la fois politiquement et Ă©conomiquement. Ainsi, l'Iran est entrĂ©e en septembre 2021 dans l'Organisation de coopĂ©ration de ShangaĂŻ menĂ©e en particulier par PĂ©kin[7], aprĂšs en avoir Ă©tĂ© observatrice depuis 2005[8].

En juillet 2004, le porte parole du parlement iranien, Gholam Ali Haddad-Adel a soulignĂ© le soutien de la Chine au programme nuclĂ©aire iranien[9]. Le ministre des affaires Ă©trangĂšres de la Chine, Li Zhaoxing a aussi dit que son pays s'oppose Ă  ce que l'Iran soit amenĂ© devant le conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies Ă  propos de son programme nuclĂ©aire, et a affirmĂ© que le gouvernement iranien avait une attitude trĂšs positive dans la coopĂ©ration avec l'AIEA[10]. Si la Chine fait partie des puissances Ă©trangĂšres partie prenantes de l'accord de Vienne visant Ă  empĂȘcher l'Iran d'avoir l'arme atomique et empĂȘcher la « prolifĂ©ration nuclĂ©aire », elle souhaite en mĂȘme temps prĂ©server un front asiatique anti-amĂ©ricain dans lequel l'Iran est un prĂ©cieux alliĂ©[6].

En 2016, le président de la République populaire de Chine Xi Jinping se rend en Iran, qu'il décrit comme « le principal partenaire de la Chine au Moyen-Orient »[5].

En mars 2021, la Chine et l'Iran signent un accord pour un partenariat stratégique sur 25 ans entre les deux pays[1].

Les Ministres chinois et iranien des Affaires étrangÚres Wang Yi et Javad Zarif aprÚs la signature de l'accord de coopération sino-iranien de mars 2021

En septembre de la mĂȘme annĂ©e, la Chine valide la candidature iranienne au sein de l’Organisation de coopĂ©ration de Shanghai, une instance rĂ©gionale Ă  caractĂšre politico-sĂ©curitaire qui rĂ©unit 9 puissances rĂ©gionales, dont la Russie et l’Inde, sous le patronage de PĂ©kin[1]. Cette dĂ©cision permet Ă  l'Iran de rĂ©intĂ©grer la communautĂ© des nations en diversifiant les points de contact en dehors de l’occident, afin de contourner les sanctions amĂ©ricaines et renforcer sa position dans le cadre des nĂ©gociations sur le nuclĂ©aire Ă  Vienne[1].

En janvier 2022, le ministre chinois des Affaires Ă©trangĂšres Wang Yi et son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian annoncent lors d'une rĂ©union Ă  Wuxi, dans l'est de la Chine, le dĂ©but de la mise en Ɠuvre de l'accord stratĂ©gique sino-iranien, renforçant la coopĂ©ration Ă©conomique et politique entre les deux pays[5]. Ce partenariat doit couvrir des domaines aussi variĂ©s que l'Ă©nergie, la sĂ©curitĂ©, les infrastructures et les communications, garantissant notamment un approvisionnement rĂ©gulier en pĂ©trole pour la Chine[5].

Relations militaires

Lors de la guerre Iran-Irak (1980-1988), le Chine est l'une des seules puissances économiques à fournir des armes à l'Iran, alors que l'Irak est soutenues par les deux « blocs », occidental et soviétique, ainsi que par l'ensemble du monde arabe[1] - [11].

En 2017 Iran et Chine lance leur premier exercice naval en golfe persique[12] et en 2019 les deux pays, avec la participation de la Russie, lancent des exercices navales tripartites en mer d’Oman et dans l’ocĂ©an Indien, durant quatre jours[13].

Références

  1. « Chine-Iran : les limites d’un rapprochement », sur L'Orient-Le Jour, (consultĂ© le )
  2. « http://www.iranvajahan.net/cgi-bin/news_en.pl?l=en&y=2002&m=4&d=20&a=10 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  3. Iran's New Alliance With China Could Cost U.S. Leverage (washingtonpost.com)
  4. « Le chinois CNPC prend la part de Total dans le gisement gazier iranien South Pars », Usine Nouvelle,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  5. « La Chine et l'Iran dĂ©butent la mise en Ɠuvre d'un accord stratĂ©gique », sur L'Orient-Le Jour, (consultĂ© le )
  6. « AprÚs la reprise des pourparlers, Téhéran se tourne vers Doha et Mascate », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  7. « L'Iran intÚgre l'Organisation de coopération de Shanghai menée par Moscou et Pékin », sur RFI, (consulté le )
  8. Isabelle Facon, « L'Organisation de coopĂ©ration de Shanghai. Ambitions et intĂ©rĂȘts russes », Le Courrier des pays de l'Est,‎ (lire en ligne)
  9. Iran's nuclear ambitions - Western buffer, Eastern bulwark
  10. Al Jazeera English - Archive - Iran Nuclear Stand Boosted By China
  11. R. Bates Gill, « Les effets des exportations d'armements chinois sur la violence rĂ©gionale », Cultures & Conflits, no 04,‎ (ISSN 1157-996X, DOI 10.4000/conflits.121, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. (en) « Iran and China conduct naval drill in Gulf », sur Reuters, (consulté le ).
  13. « L'Iran, la Chine et la Russie s'exercent ensemble », sur lematin.ch, (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

Historique

Époque moderne

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