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Raoul Blanchard

Raoul Blanchard, né à Orléans le et mort à Paris le , est un géographe français. Enseignant à l'université de Grenoble à partir de 1906, il s'est particulièrement intéressé à la Plaine maritime flamande, aux Alpes françaises et au Québec.

Raoul Blanchard
Fonctions
Conseiller municipal
La Tronche
-
Professeur invité
Université de Montréal
-
Professeur invité
Université Harvard
-
Professeur
Université de Grenoble (d)
-
Directeur (d)
Institut de géographie alpine
Ă  partir de
Maître de conférences
Université de Grenoble (d)
-
Enseignant
Lycée Albert-Châtelet
-
Doyen
Faculté des lettres (d)
Université de Grenoble (d)
Président d'honneur (d)
Grenoble
Rotary Club (d)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Raoul Marcel Désiré Blanchard
Nationalité
Domiciles
Formation
École normale supérieure ( - )
Université de Lille (docteur ès lettres) (jusqu'en )
Lycée Pothier
École Sainte Croix (d)
Activités

Biographie

Fils d'un inspecteur du Service des Eaux de la mairie d'Orléans, il fréquente l'école Sainte-Croix, puis le lycée Pothier, où il a pour professeur le géographe Louis Gallouédec. Admis à l'École normale supérieure en 1897, il est séduit par la géographie enseignée par Paul Vidal de La Blache. Il passe son agrégation en 1900 et devient professeur au lycée de Douai. Il décroche une bourse de recherche et Édouard Ardaillon lui obtient une vacation d'enseignement de géographie économique à l'Institut industriel du Nord (École centrale de Lille)[1]. Il prépare alors une thèse de géographie régionale sur la Flandre, qu'il soutient en 1906 sous le titre La Flandre. Étude géographique de la plaine flamande en France, Belgique, Hollande.

Il est nommé quelques mois après à la Faculté des lettres de l’université de Grenoble. En 1907, il fonde un centre d’étude sur les Alpes françaises, alors fort mal connues, l’Institut de géographie alpine[2], qu'il dote en 1913 d'une revue, le Recueil des travaux de l'Institut de géographie alpine, qui devient en 1920 la Revue de géographie alpine. La revue à laquelle Blanchard collabora pendant cinquante ans ainsi que l’institut existent toujours aujourd’hui. Nommé professeur en 1913, il est le « patron » de la géographie à l'université de Grenoble. Son autorité naturelle va de pair avec une grande liberté d’allure et d’expression : voix sonore, style dru, imagé, souvent teinté d’humour[3].

Raoul Blanchard est ensuite nommé professeur de géographie à l'université Harvard, dans le Massachusetts, où il a d'abord été professeur invité en 1917, au moment même de l'entrée en guerre des Etats-Unis[4]. Ce poste, qu'il occupe de 1922 à 1936, lui donne l’occasion de passer quelques mois par an en Amérique. C’est alors qu’en 1929 il s’intéresse au Canada. Au vu de ses racines francophones et des facilités de travail qui lui sont offertes, Blanchard apprécie beaucoup de travailler sur ce vaste territoire du dominion encore vierge de toute étude géographique. Jusqu’en 1960, il séjourne une quinzaine de fois au Québec. Il est nommé professeur de géographie à Montréal en 1929[2]. C’est ainsi qu’il commence à produire des documents sur le Québec avec une méthode strictement géographique. Au cours de cinq automnes, de 1929 à 1933, Blanchard parcourt le Québec, dont la Gaspésie à deux reprises, à pied et en voiture. Par deux fois également il se rend sur la côte nord du Saint-Laurent et à Natashquan. En homme habitué à l'Europe, il était très intéressé par la nouveauté du sujet que constituait alors le Québec. En 1930, il publie « Presqu’île de Gaspé » dans la revue Géographie alpine. C’était, dans cette revue, le premier d’une longue série d’articles sur le Canada et plus particulièrement le Québec.

Par la suite, Raoul Blanchard donne des conférences à Montréal, notamment à l'École des Hautes Études commerciales entre 1933 et 1939 puis à nouveau à l'École des Hautes Études commerciales ainsi qu'à la Faculté des lettres de l'Université de Montréal en 1945 et 1946[5]. En 1947, il participe à la fondation d'un institut de géographie de l’université de Montréal, où il enseigne entre 1948 et 1949[5]. Celui-ci qui devient en 1962 le département de géographie. Cet institut offre des cours d’été qui se déroulent en Gaspésie, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, selon la méthode utilisée lors de ses études de 1929. Il est nommé premier directeur de cet institut jusqu’à ce que la maladie le force à laisser sa place à l’un de ses élèves, Pierre Dagenais. À sa fondation en 1939, il est nommé président honoraire de la Société de géographie de Montréal et, en 1952, président de l’Association des géographes. En 1964, un an avant sa mort, le dernier ouvrage que publie Raoul Blanchard à Paris porte sur le Québec.

Le grand historien économique québécois, Albert Faucher, a salué l'œuvre québécoise de Blanchard en disant, dans un texte publié en 1962[6] :

« Il ne s'est jamais donné pour historien économiste et pourtant, dans ses enquêtes, il n'a jamais négligé la dimension temporelle des phénomènes spatiaux qu'il a étudiés. Ses ouvrages abondent en aperçus historiques. L'historien pourra le critiquer, il n'aura jamais fini de le consulter ou de le citer. Peut-être dira-t-on de lui ce que Talleyrand disait de Jeremy Bentham : on a beau le piller, il demeure riche. »

Raoul Blanchard est considĂ©rĂ© comme le père de la gĂ©ographie moderne au QuĂ©bec. Le QuĂ©bec possède grâce Ă  lui de nombreux ouvrages sur sa gĂ©ographie. Pour le remercier de cet apport, la commission de toponymie du QuĂ©bec a donnĂ© son nom Ă  un mont de 1 181 mètres d’altitude, le plus haut sommet des Laurentides, et le dĂ©partement de gĂ©ographie de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al l’a honorĂ© en donnant son nom Ă  sa plus grande salle de cours.

Publications

Raoul Blanchard a publié 290 travaux qui couvrent des sujets et des régions très variés : la Flandre, les Alpes françaises (dont un ouvrage en 12 volumes), le Moyen-Orient, l’Amérique du Nord et notamment le Québec.

  • La Flandre. Étude de gĂ©ographie de la plaine flamande, en France, Belgique et Hollande, Armand Colin, Paris, 1906. Texte disponible en ligne sur IRIS
  • La densitĂ© de la population du dĂ©partement du Nord au XIXe siècle. (L. Danel, Lille, 1906) Texte disponible en ligne sur IRIS
  • « L’Habitation en Queyras », La GĂ©ographie, 1909
  • « Sur quelques gĂ©ants amĂ©ricains », Journal de la SociĂ©tĂ© des AmĂ©ricanistes de Paris, Paris, 1909.
  • Grenoble, Ă©tude de gĂ©ographie urbaine, Armand Colin, Paris, 1911
  • Rapport gĂ©nĂ©ral de l'exposition internationale de la houille blanche et du tourisme, Grands Ă©tablissements de l'imprimerie gĂ©nĂ©rale, Grenoble, 1925
  • Les Alpes françaises, clichĂ©s de Fleury-Marius Seive, Arthaud, Paris, 1925, 1942, Prix littĂ©raire des Alpes française[7].
  • " La Corse ", Éditions J. Rey / B. Arthaud, Grenoble, 1927
  • « Asie occidentale », GĂ©ographie universelle, sous la direction de Paul Vidal de La Blache et de Lucien Gallois), Armand Colin, Paris, 1929
  • « La presqu'Ă®le de GaspĂ© », Revue de GĂ©ographie Alpine, Grenoble, 1930
  • « Les Problèmes du Canada français », AcadĂ©mie des sciences morales et politiques, Paris, 1932
  • « L'AmĂ©rique du Nord  : États-Unis, Canada et Alaska », Fayard, Paris, 1933
  • « GĂ©ographie de l'industrie », 1934
  • L'Est du Canada français, Province de QuĂ©bec, 2 vol., MontrĂ©al, 1935
  • Grenoble, Ă©tude de gĂ©ographie urbaine, 3e Ă©dition, Librairie Didier & Richard, Grenoble, 1935.
  • « GĂ©ographie de QuĂ©bec », Bulletin de la SociĂ©tĂ© de statistique, Grenoble, 1935.
  • Les Alpes occidentales, 1937 ; 1958
  • GĂ©ographie gĂ©nĂ©rale, 1938
  • Le Centre du Canada français, 1947
  • MontrĂ©al : esquisse de gĂ©ographie urbaine, 1947.
  • Le QuĂ©bec par l'image, 1949
  • La Mauricie, 1950
  • L'Ouest du Canada français, 5 vol., MontrĂ©al, 1953-1954.
  • Les Alpes et leur destin, Fayard, Paris, 1958
  • RĂ©flexions sur les hautes vallĂ©es alpestres, Grenoble, 1958
  • Le Canada français, 1960-1964
  • Le Canada français, 3e Ă©dition mise Ă  jour, Presses universitaires de France, Paris, 1970

Distinctions et hommages

  • En 1958, il est Ă©lu membre de l'AcadĂ©mie des sciences morales et politiques[8] - [2].
  • Grand officier de la LĂ©gion d'honneur Grand officier de la LĂ©gion d'honneur (1959)[9].
  • L'AcadĂ©mie française lui dĂ©cerne deux fois le prix Broquette-Gonin : en 1959 (catĂ©gorie philosophie, pour Les Alpes et leur destin (A. Fayard, 1958)) et en 1962 (catĂ©gorie littĂ©rature, pour Ma jeunesse sous l’aile de PĂ©guy (A. Fayard, 1961))[10].
  • Raoul Blanchard est le seul gĂ©ographe Ă  avoir reçu la mĂ©daille d'or du CNRS (1960)[2].
  • Il reçoit un doctorat honorifique de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al en 1937[5].
  • Il est nommĂ© membre honoraire par la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie de MontrĂ©al en 1940[5].
  • L'Association canadienne des gĂ©ographes le proclame prĂ©sident honoraire en 1952[5].
  • En 1966, l'Association des amis de l'universitĂ© de Grenoble a publiĂ© un ouvrage intitulĂ© Raoul Blanchard (1877-1965) : in memoriam, contenant une biographie du gĂ©ographe.
  • Ă€ Grenoble, il existe une rue Raoul-Blanchard dans le centre de la ville.
  • Un collège porte le nom de Raoul-Blanchard Ă  Annecy.
  • Un laboratoire d'analyse spatiale nommĂ© Raoul-Blanchard existe Ă  Nice.
  • La Commission de toponymie du QuĂ©bec a baptisĂ© une de ses montagnes mont Raoul-Blanchard.
  • Depuis le , une rue porte son nom Ă  Coxyde (Belgique).

Sources

  • Raoul Blanchard, 1935, L’Est du Canada français, Province de QuĂ©bec, MontrĂ©al, Librairie Beauchemain LimitĂ©e, 2 volumes.
  • Raoul Blanchard, 1961, Ma jeunesse sous l'aile de PĂ©guy, Paris, Fayard, 245 p.
  • Raoul Blanchard, 1963, Je dĂ©couvre l'UniversitĂ©. Douai, Lille, Grenoble, Paris, Fayard, 217 p.
  • Louis-Edmond Hamelin, 1988, Commencer une gĂ©ographie du QuĂ©bec par la GaspĂ©sie. Volume 26, no 3 (no 103), , p. 21-27.
  • UniversitĂ© de MontrĂ©al. Les pionniers de la gĂ©ographie, dĂ©partement de gĂ©ographie. Page consultĂ©e le .
  • Maurice Saint-Yves, 2006, Raoul Blanchard, EncyclopĂ©die canadienne.
  • Numa Broc, 2001, École de Grenoble contre Ă©cole de Paris : les Alpes, enjeu scientifique, Revue de GĂ©ographie Alpine, volume 89, no 4, p. 95-105.
  • Thierry Paquot, 2003, « Blanchard, Raoul », in Jacques LĂ©vy, Michel Lussault (dir.), Dictionnaire de la gĂ©ographie et de l'espace des sociĂ©tĂ©s, Paris, Belin, p. 116-117.
  • Michel Champagne, SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie de MontrĂ©al 1939-1974 ; archive. Page consultĂ©e le .
  • Vincent Dufour, 2006, Biographie Raoul Blanchard, Travail de Session, Stage 1 : Problèmes, mĂ©thodes et instruments de la gĂ©ographie, universitĂ© du QuĂ©bec Ă  Rimouski (UQAR)
  • Site de l'Institut de gĂ©ographie alpine
  • "Figure d'un gĂ©ographe, Paul Vidal de la Blache (1845-1918)": une exposition virtuelle de l'Ă©quipe CNRS EHGO, très richement illustrĂ©e et informative, en particulier sur les vidaliens et leur relation avec Vidal (consultĂ©e en avril 2022)

Bibliographie

Notes et références

  1. (en) Hayden Lorimer et Charles W. J. Withers, Geographers : Bio-bibliographical Studies, vol. 32, A&C Black, , 176 p. (ISBN 978-1-4725-0933-8 et 1-4725-0933-1, lire en ligne), p. 9
  2. « Raoul Blanchard », sur CNRS (consulté le )
  3. Broc, 2001.
  4. Nicolas Ginsburger, « « La guerre, la plus terrible des érosions ». Cultures de guerre et géographes universitaires, France-Allemagne-États-Unis (1914-1921), Nanterre, thèse de doctorat d’histoire contemporaine, Université de Paris Ouest Nanterre-La Défense, sous la direction d’Annette Becker,
  5. Ludger Beauregard, « Raoul Blanchard à travers sa géographie de Montréal », Cahiers de géographie du Québec, vol. 30, no 80,‎ , p. 271–279 (ISSN 0007-9766 et 1708-8968, DOI 10.7202/021804ar, lire en ligne, consulté le )
  6. Albert Faucher, « L'histoire économique de la province de Québec jusqu'à la fin du XIXe siècle », Recherches sociographiques, vol. 3, nos 1-2,‎ 1962,, p. 45-54 (lire en ligne [PDF])
  7. L'AĂ©ronotique, vol. 18, p. 44, Ă©d. Gauthier-Villars, 1936
  8. Académie des sciences morales et politiques, « Académiciens depuis 1832 : Raoul Blanchard – Élection 1958 » (consulté le ).
  9. Ministère de la culture – Base Léonore, « Blanchard, Raoul Marcel Désiré », sur www2.culture.gouv.fr (consulté le ).
  10. Académie française, « Prix d'œuvres : Raoul Blanchard », sur www.academie-francaise.fr (consulté le ).

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