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Radar WĂĽrzburg

Le radar WĂĽrzburg (radar Wurtzbourg) a Ă©tĂ© le premier système de radar au sol pour le guidage d'artillerie de la Luftwaffe et de l'armĂ©e allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Le dĂ©but des recherches date d'avant la guerre alors que le radar a Ă©tĂ© mis en service en 1940. En tout, l'Allemagne a produit plus de 4 000 radars WĂĽrzburg de diffĂ©rents modèles. L'appellation vient du nom de code donnĂ© par les Britanniques au premier dispositif de ce type au cours de l'opĂ©ration Biting dont le but Ă©tait de se saisir du radar tout en faisant croire Ă  sa destruction[1].

WĂĽrzburg
Description de cette image, également commentée ci-après
Radar Würzburg-Riese « Wurtzbourg géant » à Douvres-la-Délivrande, Calvados, France.
Pays d'origine Allemagne
Mise en opération 1940
QuantitĂ© produite Plus de 4 000 (versions A Ă  D)
1 500 WĂĽrzburg-Riese
Type Radar de conduite de tir
Transmetteur Klystron
FrĂ©quence 560 MHz (longueur d'onde 53 cm)
FRI Mobile : 3,750 Hz
WĂĽrzburg-Riese : 1 875 Hz
Longueur d'impulsion ÎĽs
PortĂ©e Jusqu'Ă  70 km pour le WĂĽrzburg-Riese « Wurtzbourg gĂ©ant »
Diamètre Mobile : 3 m
WĂĽrzburg-Riese : 7,5 m
Azimut 0-360Âş
Élévation 0-90º
PrĂ©cision ±15 m
Puissance crĂŞte Mobile : 7 Ă  11 kW
WĂĽrzburg-Riese : 160 kW

Histoire

Création du concept

En la société Telefunken rencontre des chercheurs allemands travaillant dans le domaine des radars. Le Dr Rudolf Kühnhold de l'Institut de recherche sur les télécommunications de la Marine allemande et le Dr Hans Hollmann, spécialiste des micro-ondes, font alors état de leurs recherches sur un système de radar pour la veille lointaine. Le directeur des recherches de Telefunken, le docteur Wilhelm Runge, n'est, non seulement pas impressionné, mais relègue ces travaux au rang de science-fiction. Les chercheurs décident alors de poursuivre leur chemin seuls et se joignent à la nouvelle société GEMA, créée par Paul-Günther Erbslöh et Hans-Karl von Willisen, et participent au développement des radars Freya et Seetakt.

Au printemps 1935 le succès du GEMA est tel que Wilhelm Runge rĂ©alise enfin que l'idĂ©e est viable, et il lance en catastrophe un projet visant Ă  ce que Telefunken dĂ©veloppe son propre système de radar. Comme le concurrent avait dĂ©jĂ  beaucoup progressĂ© sur l'axe de la veille lointaine, chez Telefunken on s'oriente vers un système Ă  courte portĂ©e. Mais la direction de Telefunken semble ĂŞtre aussi peu intĂ©ressĂ©e que Wilhelm Runge le fut en son temps et ne reconnait au projet qu'une faible prioritĂ©. Cependant, les Ă©tudes commencent et, dès l'Ă©tĂ©, un système expĂ©rimental sur la bande des 50 cm permet de recevoir un Ă©cho très net d'un Junkers Ju 52. Un peu plus tard dans l'Ă©tĂ©, le système expĂ©rimental est dĂ©veloppĂ© et transformĂ© en un vrai prototype appelĂ© Darmstadt qui permettait des portĂ©es de 50 m Ă  km. L'Ă©tat d'esprit change rapidement quand, Ă  la fin de l'annĂ©e 1938, la Luftwaffe passe un contrat pour le dĂ©veloppement complet d'un système radar.

Versions initiales

WĂĽrzburg type A avec antenne pliante.

Le produit de ces recherches, connu sous le nom de FuMG 62, est prĂ©sentĂ© Ă  Hitler en sur le terrain d'aviation de Rechlin (Allemagne). L'Ă©quipe de Telefunken avait conçu un système de prĂ©cision autour d'un klystron opĂ©rant sur la bande des 53–54 cm (553 Ă  566 MHz) — une longueur d'onde extrĂŞmement courte pour l'Ă©poque — avec une durĂ©e d'impulsion de ÎĽs, une puissance–crĂŞte de 7 Ă  11 kW, et une frĂ©quence de rĂ©pĂ©tition des impulsions de 3,750 Hz. La portĂ©e maximale du système est d'environ 29 km (18 miles), et la rĂ©solution d'environ 25 m sur cette distance. Le radar WĂĽrzburg utilise une antenne parabolique de m de diamètre montĂ©e sur un chariot roulant, et la parabole peut ĂŞtre repliĂ©e selon son axe horizontal pour le transport. Le système est agrĂ©Ă© en 1940 et une sĂ©rie de 4 000 exemplaires de cette version de base est livrĂ©e.

Plusieurs versions de ce système de base ont été mises en œuvre au cours de la guerre. La première — le Würzburg A — est utilisée manuellement et les opérateurs doivent eux-mêmes poursuivre la cible en conservant un maximum de signal sur l'écran de leur oscilloscope. Étant donné que la force du signal varie toute seule pour différentes raisons — au moins autant que si on reçoit un écho de la cible ou pas — le système n'est pas très précis, si bien que dès que la cible est approximativement repérée, on doit utiliser un projecteur pour déterminer sa position exacte. Pourtant, un des tout premier radars Würzburg revendique la destruction d'un avion, en , pour avoir fourni les instructions de tir à une unité antiaérienne. Plus tard, un système expérimental Würzburg B est doté d'un capteur infrarouge pour augmenter sa précision, mais ce système se révélant être inutilisable, sa production est arrêtée.

Versions ultérieures

Schéma du principe de commutation des lobes sur un radar monopulse.
DĂ©tail du dipĂ´le rotatif.

Le Würzburg C permet de commuter deux lobes pour améliorer la précision du pointage. On pointe le système en envoyant un signal dans l'un des deux lobes légèrement décentré, et le signal est ensuite commuté rapidement entre les deux lobes. Les deux retours sont transmis à un oscilloscope en retardant un peu le signal de l'un des lobes. Le résultat apparaît sous la forme de deux pics assez proches que l'opérateur essaie de maintenir à la même hauteur. On obtient ainsi les informations sur les déplacements de la cible plus rapidement et, comme les différences de forces du signal affectent les deux pics simultanément, l'opérateur n'a plus à faire la chasse au signal le plus fort. Un système très similaire est utilisé aux États–Unis, le SCR-268, qui est le premier système de radar au sol pour le guidage d'artillerie.

Le WĂĽrzburg D apparaĂ®t en 1941 avec l'adjonction d'un système Ă  balayage conique qui utilise un dispositif de rĂ©ception excentrĂ© appelĂ© « quirl » (fouet de cuisine) tournant Ă  25 Hz. Le signal obtenu est lĂ©gèrement dĂ©centrĂ© par rapport Ă  l'axe de la parabole et tourne autour de cet axe avec un faible recouvrement. Si la cible se trouve Ă  cĂ´tĂ© de l'axe de l'antenne, la force de l'Ă©cho va monter et descendre au passage du lobe rotatif, il suffira d'obtenir le maximum de signal pour ĂŞtre parfaitement pointĂ©. De plus, la plage de signal maximum est plus petite que ce que permettrait la focalisation de la parabole seule, ce qui augmente d'autant la prĂ©cision. La rĂ©solution du WĂĽrzburg D est de l'ordre de 3 degrĂ©s en site et de 2 degrĂ©s en azimut. Du coup les systèmes dĂ©jĂ  en service sont le plus souvent mis Ă  niveau.

Mais mĂŞme le type D n'est pas assez prĂ©cis pour permettre le pointage direct des batteries d'artillerie. Pour obtenir plus de prĂ©cision, les Allemands dĂ©veloppent le FuG 65 WĂĽrzburg-Riese (ou Giant WĂĽrzburg) basĂ© sur le mĂŞme système que le type D mais avec une antenne plus importante de 7,40 m de diamètre et un Ă©metteur plus puissant permettant des portĂ©es de 70 km. La prĂ©cision en site est alors de 0,1 degrĂ© et en azimut de 0,2 degrĂ©, plus qu'il n'en faut pour permettre le pointage direct. L'ensemble est maintenant trop imposant pour ĂŞtre dĂ©placĂ© sur un chariot roulant si bien que cette nouvelle version est installĂ©e sur un wagon de chemin de fer, comme le modèle WĂĽrzburg-Riese-E dont on a produit 1 500 exemplaires au cours de la guerre. Le WĂĽrzburg-Riese Gigant est une variante de très grande dimension qui n'a jamais Ă©tĂ© fabriquĂ©e en sĂ©rie.

Immédiatement après la conclusion de l'armistice de 1945, Anglais et américains se livrent, en coopération, mais aussi parfois en concurrence, à une vaste entreprise de récupération des matériels scientifiques de pointe développés par les allemands (fusées, prototypes d'avions à réaction, recherches nucléaires, électronique de pointe, débauchage de techniciens et de savants, etc.) : ce sont l'opération "Paperclip" et l' opération Alsos. Reginald Victor Jones a délégué un de ses collègues, Eric Welsh, sur le terrain en Allemagne. Celui-ci réussit à mettre la main sur un grand nombre de radars Würzburg-Riese qui seront utilisés à des fins non pas militaires mais scientifiques : c'est en effet avec ce type de matériel que commence l'exploration d'une nouvelle branche de la physique, la radioastronomie, le Würzburg-Riese étant utilisé comme radiotélescope.

Sous la direction des astronomes Martin Ryle et Bernard Lovell cette nouvelle branche de l'astronomie prendra un grand essor, notamment dans le contexte de la course à l'espace des années 1950, avec la construction du site britannique de Jodrell Bank. Les Français réussiront aussi à tirer leur épingle du jeu dans ce domaine : la station de radioastronomie de Nançay démarrera en utilisant deux radars Würzburg-Riese récupérés en Allemagne[2].

Opération Biting

Les commandos britanniques capturent un radar Würzburg à Saint-Jouin-Bruneval, sur la côte française, au cours de l'opération Biting de , alors que pendant ce même temps l'opération « Bellicose » consistait à détruire l'usine présumée de fabrication des Würzburg. En revanche, l'opération « Hydra » dont le but était de bombarder Peenemünde n'a pas réussi à endommager le Würzburg Riese du centre de guidage et de contrôle des missiles V2 de Lubmin (Allemagne)[3].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) David Bodanis, Electric Universe, p. 134-135. (ISBN 978-0-307-33598-2)
  2. (en) Kenneth I. Kellermann, Ellen N. Bouton et Sierra S. Brandt, « The Postwar Explosion in Radio Astronomy: The US Falls Behind », dans Open Skies: The National Radio Astronomy Observatory and Its Impact on US Radio Astronomy, Springer International Publishing, coll. « Historical & Cultural Astronomy », (ISBN 978-3-030-32345-5, DOI 10.1007/978-3-030-32345-5_2, lire en ligne), p. 35–75
  3. (en) Ordway, Sharpe et R. Mitchell, The Rocket Team, Apogee Books Space Series (no 36), p. 292.
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