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Station de radioastronomie de Nançay

La station de radioastronomie de Nançay (ou observatoire de Nançay), inaugurée en 1956, est l'un des trois laboratoires fondateurs de l'Observatoire des sciences de l'univers en région Centre (OSUC), également département de l'Observatoire de Paris et unité de recherche associée à l'INSU du CNRS (USR704) et à l’Université d'Orléans.

Station de radioastronomie
de Nançay
Chariot focal du grand radiotélescope, avec en arrière-plan le miroir plan
Caractéristiques
Organisation
Type
Construction
Patrimonialité
Altitude
150 m
Climat
Tempéré[1]
Site
Lieu
Adresse
Coordonnées
47° 22′ 50″ N, 2° 11′ 42″ E
Site web
TĂ©lescopes
Grand Radiotélescope
Radiotélescope méridien de type Kraus
Radiohéliographe
44 antennes paraboliques
Réseau Décamétrique
144 antennes hélicoïdales
Carte

Elle est situĂ©e dans le dĂ©partement du Cher, Ă  environ 30 km de Bourges en plein cĹ“ur de la Sologne sur la route de Nançay, en France.

La station comprend de multiples instruments :

Historique

Un des deux radars Würzburg ayant servi comme premier radiotélescope

Yves Rocard est le pionnier de la radioastronomie en France, qu'il a découverte pendant la Seconde Guerre mondiale en Angleterre, quand il était directeur de la recherche des Forces navales françaises libres. Il apprit l'existence du rayonnement radio du soleil, détecté par les radars anglais.

Après la guerre, nommé directeur du laboratoire de physique de l'École normale supérieure, il constitua la première équipe française en radioastronomie : Jean-François Denisse, Jean-Louis Steinberg et Émile Jacques Blum.

Les premiers instruments furent installĂ©s sur le toit de leur laboratoire, rue Lhomond Ă  Paris. Un miroir de projecteur amĂ©ricain de 1,5 mètre de diamètre, transformĂ© en Ă©quatorial, observa les variations du rayonnement du soleil. Il fut dĂ©truit par une rafale de vent. Un miroir de 3 mètres fera des observations du soleil sur 30 cm.

Il installe les premières antennes de détection en région parisienne mais est rapidement gêné par le bruit de fond généré par l'activité humaine.

Le terrain de 150 hectares Ă  Nançay est choisi dès 1952, et acquis le : situĂ© en pleine Sologne, le lieu est plat, peu habitĂ©, tout en restant proche de Paris.

La station est inaugurée le par René Billères, ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports.

Les deux premières antennes, basĂ©es sur des radars allemands de type WĂĽrzburg-Riese de 7,5 mètres de diamètre, furent utilisĂ©es en interfĂ©romĂ©trie jusqu'en 1962. L'un des deux est maintenant au mĂ©morial de Caen[2].

Le site ne comporte pas à proprement parler de centre de recherche : les données sont transmises directement à l'observatoire de Meudon ou à l'ensemble de la communauté scientifique par réseau informatique.

Le Grand Radiotélescope

Schéma du Grand Radiotélescope

En 1960, sous l'impulsion d'André Danjon, directeur de l'astronomie en France et de Jean-François Denisse, il est décidé de construire un radiotélescope décimétrique à Nançay. La construction en est confiée à la Compagnie Française d'Entreprises (C.F.E.)[3] et à son directeur industriel Jean Roret[4].

Du fait des contraintes de précision, il est d'abord décidé de construire un cinquième de l'ensemble prévu : il s'agit de la partie centrale.

Ce radiotélescope a été inauguré le par Charles de Gaulle, président de la République et Christian Fouchet, ministre de l'Éducation nationale.

Conception

C'est un radiotélescope de type Kraus (en) du nom de John D. Kraus (en), concepteur du premier radiotélescope de ce type, The Big Ear, qui fonctionne de 1963 à 1998 et qui découvre le fameux signal Wow! en 1977. Le radiotélescope RATAN-600 est une variante de ce type.

Comparaison des dimensions entre The Big Ear et le Grand Radiotélescope de Nançay
Diamètre équivalent Miroir plan Miroir sphérique Distance focale Terrain
Longueur Hauteur Longueur Hauteur Longueur Largeur
The Big Ear 52,5 m 103,63 m 30,48 m 109,73 m 21,34 m 128,02 m 152,4 m 109,73 m
GRT Nançay 100 m 200 m 40 m 300 m 35 m 280 m 460 m 300 m

Équivalent, en surface collectrice Ă  une antenne parabolique de près de 100 m de diamètre, il est constituĂ© d'un miroir « radio » (en fait, une grille mĂ©tallique) plan mobile selon un axe horizontal de 200 mètres sur 40 mètres et pesant 400 tonnes, permettant de pointer une source radio dans le ciel Ă  diffĂ©rentes Ă©lĂ©vations, d'un miroir fixe reprĂ©sentant une portion de sphère de 300 m par 35 m, puis d'un ensemble de petits miroirs qui prĂ©cĂ©dent deux rĂ©cepteurs radio basses (1,0 Ă  1,7 GHz) et hautes (1,6 Ă  3,5 GHz) frĂ©quences. Ces rĂ©cepteurs sont placĂ©s sur un ensemble mobile le long d'une voie ferrĂ©e de 80 mètres de manière Ă  pouvoir compenser le mouvement de rotation de la Terre sur elle-mĂŞme et suivre ainsi les sources Ă©mettrices d'ondes radio pendant une durĂ©e d'un peu plus d'une heure autour de leur passage au mĂ©ridien.

Le radiotélescope de Nançay fait de l'observation centimétrique. Comme dans tout radiotélescope, le maillage des miroirs métalliques est tel que la dimension des mailles (ici, environ un centimètre) est inférieure à la longueur d'onde du rayonnement capté, afin de permettre la réflexion des ondes électromagnétiques.

Les longueurs d'onde Ă©tudiĂ©es sont essentiellement de 21, 18 et cm, correspondant Ă  des raies de l'atome d'hydrogène HI (1,41 GHz), du radical OH (1,66 GHz) et du radical CH (3,3 GHz). L'analyse du dĂ©calage de ces longueurs d'onde par effet Doppler permet de calculer la vitesse des structures observĂ©es.

Ce type de fonctionnement (par miroir plan mobile) permet d'examiner une grande partie de la voûte céleste, contrairement au radiotélescope d'Arecibo, nettement plus grand, mais dont la conception (parabole immobile) ne permet d'observer qu'au voisinage du zénith de l'instrument.

L'instrument reste très sensible aux rayonnements électromagnétiques générés par l'activité humaine : des mesures drastiques ont été prises pour en limiter l'effet, dont le recouvrement de tous les bâtiments techniques d'un grillage formant une cage de Faraday. Une antenne séparée permet également de capter le rayonnement artificiel pour le soustraire au signal étudié.

Expérimentations astrophysiques

De nombreuses expérimentations astrophysiques ont été et continuent d'être menées avec ce radiotélescope qui reste toujours au quatrième rang mondial par sa taille.

Signalons la découverte du signal du radical OH dans la comète Kohoutek (C/1973 E1) en décembre 1973. Depuis, près d'une centaine de comètes ont été observées à Nançay, le signal de leur radical OH permettant de mesurer la quantité d'eau qui s'en échappe.

Des expérimentations ont été menées en 1981 pour la détermination du rapport d'abondance isotopique O17H / O16H dans le centre de la Voie lactée, composé d'un nuage d'hydroxyde, dans le cadre d'études cosmologiques.

Des relevés de vitesses d'éloignement de milliers de galaxies sont également toujours en cours, avec à la clef la détermination de la constante de Hubble (expansion de l'Univers). Depuis la fin des années 1980, une campagne de mesures extrêmement précises des temps d'arrivée des impulsions radio des pulsars est en cours.

Galerie de photos

  • Miroir plan et sur la droite le chariot mobile du rĂ©cepteur
    Miroir plan et sur la droite le chariot mobile du récepteur
  • Le rĂ©cepteur au foyer sur rail et au fond le miroir plan
    Le récepteur au foyer sur rail et au fond le miroir plan
  • Grand miroir secondaire sphĂ©rique, vu de devant
    Grand miroir secondaire sphérique, vu de devant
  • Miroir sphĂ©rique vu de cĂ´tĂ©
    Miroir sphérique vu de côté
  • Grand miroir secondaire sphĂ©rique, vu de derrière
    Grand miroir secondaire sphérique, vu de derrière
  • Le chariot du rĂ©cepteur vu de face
    Le chariot du récepteur vu de face
  • Le chariot du rĂ©cepteur vu de cĂ´tĂ©
    Le chariot du récepteur vu de côté

Le radiohéliographe

  • Branche nord-sud, vue du nord
    Branche nord-sud, vue du nord
  • Branche ouest
    Branche ouest
  • Branche est
    Branche est
  • Branche nord-sud, vue du sud
    Branche nord-sud, vue du sud

Il comprend 48 antennes paraboliques orientables, rĂ©parties sur deux alignements perpendiculaires sous forme de T et pointĂ©es sur le soleil. La branche est-ouest comprend 19 antennes couvrant 3 200 mètres. La branche nord-sud comporte 25 antennes sur une distance de 2 400 mètres[5]. Elles fonctionnent par interfĂ©romĂ©trie.

Réseau décamétrique

Antennes du réseau décamétrique

Il s'agit d'un réseau de 144 antennes de formes hélicoïdales de près de m de haut, installées à la fin des années 1970. Elles captent les émissions en basse fréquence issues des champs électromagnétiques essentiellement du Soleil et de Jupiter. Elles fonctionnent également par interférométrie.

Station LOFAR

La station FR606 du grand rĂ©seau d'antennes basses frĂ©quences LOFAR a Ă©tĂ© installĂ©e sur le site de Nançay. Elle a Ă©tĂ© inaugurĂ©e le [6]. Elle dispose de 1 600 antennes Ă©lĂ©mentaires et de 96 rĂ©cepteurs.

Radiotélescope NenuFAR

NenuFAR est un très grand radiotélescope basses fréquences, qui compte parmi les plus puissants du monde dans la gamme de fréquences entre 10 MHz et 85 MHz. Il est une composante du projet international Square Kilometre Array (SKA)[7].

PĂ´le des Ă©toiles

Le Pôle des étoiles accueille les visiteurs curieux d'en savoir plus sur l'astronomie. Le site comporte des installations pédagogiques, un planétarium de 40 places, des expositions et propose des visites guidées de la station de radioastronomie.

Notes et références

  1. Non significatif pour la radioastronomie, sauf les vents violents (Ă  partir de 15 m/s)
  2. Restauration d'un radar WĂĽrzburg
  3. En 1960, la C.F.E. est le 18e constructeur métallique français. Elle deviendra la Compagnie Française d'Entreprise Métallique (C.F.E.M.) en 1966.
  4. Biographie de Jean Roret
  5. « Radiohéliographe », sur Observatoire Radioastronomique de Nançay (consulté le )
  6. Inauguration, à Nançay, de la station française du radiotélescope européen LOFAR
  7. « Présentation de NenuFAR », sur NenuFAR (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Louis Steinberg, La crĂ©ation de la station de Nançay, dans l'Astronomie, Vol 118, novembre/.

Articles connexes

Liens externes

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