Accueil🇫🇷Chercher

SCR-268

Le radar SCR-268 (pour Signal Corps Radio no 268) fut le premier radar opĂ©rationnel de l'ArmĂ©e de terre des États-Unis. Il a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© pour guider les projecteurs antiaĂ©riens puis comme moyen de conduite de tir des batteries de canon de 90 mm. La technologie de ce radar mĂ©trique est devenue pĂ©rimĂ©e avant mĂŞme la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a Ă©tĂ© remplacĂ© par le radar SCR-584 utilisant le magnĂ©tron Ă  cavitĂ© que les Britanniques avaient fait connaĂ®tre aux AmĂ©ricains par la mission Tizard.

SCR-268
Description de cette image, également commentée ci-après
Un SCR-268 Ă  Casablanca le 19 juin 1943.
Pays d'origine États-Unis
Mise en opération 1939
Type Radar de conduite de tir
FrĂ©quence 205 MHz (VHF)
FRI 4 098 Hz
Largeur de faisceau 10°
Polarisation Circulaire
Longueur d'impulsion 240 ÎĽs
PortĂ©e 44 km
Dimensions 12 m de largeur par 3 m de hauteur
Azimut 0 Ă  360Âş
Élévation 0 à 90º
PrĂ©cision 1Âş d'azimut par 200 mètres de portĂ©e
Puissance crĂŞte 75 kW

DĂ©veloppement

À la fin des années 1920, la recherche des militaires américains sur des moyens de détection des navires et avions se concentrait sur l'utilisation des infra-rouges et des ondes sonores. Il y avait également des recherches sur l'émission de micro-ondes par deux sources qui entraient en battement lorsqu'un avion coupait leur point d'intersection mais elles ne débouchèrent pas à cause de la faible efficacité et portée des transmetteurs.

Le Signal Corps, la division des communications de l'armée américaine, a commencé à travailler sur le concept du radar dans les laboratoires de Fort Monmouth New Jersey, sous l'impulsion du directeur de la recherche le colonel William R. Blair. En 1935, Roger B. Colton, un nouveau chercheur, convainquit le directeur de porter son attention sur le radar CXAM en test par la US Navy et qui était le résultat de recherches de Albert H. Taylor, Leo C. Young et Robert Morris Page du Naval Research Laboratory.

William D. Hershberger fit un rapport encourageant sur les performances de ce radar qui poussa le directeur Ă  chercher des fonds pour le dĂ©veloppement d'un système comparable pour les besoins de l'armĂ©e. On mit en vedette le besoin de l'armĂ©e pour la dĂ©tection en toutes conditions de visibilitĂ©, comme dans le brouillard et la pluie, d'un système de pointage pour l'artillerie Ă  au moins 15 kilomètres. Le , une proposition pour un tel radar fut soumise au chef de l'artillerie cĂ´tière. Avec l'aide du directeur du Signal Corps, les laboratoires ont pu obtenir un petit montant qui fut augmentĂ© par un dĂ©tournement de fonds prĂ©vus Ă  d'autres recherches.

En , un prototype voyait le jour et le , la première dĂ©monstration fut effectuĂ©e devant un comitĂ©. Bien que le radar n'ait pu trouver un bombardier Martin B-10 Ă  la position prĂ©vue, un balayage de l'horizon l'a repĂ©rĂ© Ă  16 kilomètres de la trajectoire convenue. Les donnĂ©es du radar ont Ă©tĂ© transmises Ă  un projecteur qui Ă©claira le bombardier ce qui convainquit les juges. Le dĂ©veloppement du SCR-268 fut cependant gelĂ© un moment Ă  la suite de la mise en prioritĂ© du dĂ©veloppement d'un radar Ă  longue portĂ©e. Les pièces du prototype furent assignĂ©es au SCR-270 Ă©galement en dĂ©veloppement mais le SCR-268 fut finalement construit en 1939 par Western Electric Company.

Sous la direction de l'ingĂ©nieur Marcel Golay, une Ă©quipe du SCR travaillait aussi sur la dĂ©tection des infrarouges et en 1935, repĂ©ra le Normandie lors de son premier voyage grâce Ă  l'Ă©mission de chaleur de ses cheminĂ©es. Une version utilisant ce principe, le SCR-268T, fut donc dĂ©veloppĂ©e. Les gens de la Coastal Artillery, dont dĂ©pendait l'artillerie antiaĂ©rienne, notèrent une excellente dĂ©tection de navires Ă  plus 25 km en mer et le dĂ©tecteur IR du SCR-268T Ă©tait capable de dĂ©terminer quelles cheminĂ©es Ă©taient fausses ou non opĂ©rationnelles[1]. Les deux versions furent un moment utilisĂ©es simultanĂ©ment dans le théâtre du Pacifique.

Description

Un SCR-268 sur une colline durant la campagne d'Italie.

Le SCR-268 était formé d'un ensemble d’antennes dipolaires. Trois dipôles orienté vers l'avant, devant un réflecteur passif, formaient une composante. Un certain nombre de ces composantes étaient fixées le long d'un axe horizontal. L'axe était alors monté sur un piédestal court en son centre, le tout ressemblant à une croix. Le piédestal reposait lui-même sur une large plateforme mobile.

L'antenne, mesurant environ 40 pieds (12,2 m) par 10 pieds (3 m), était étaient orientable verticalement et horizontalement. Les dipôles à l'extrême côté gauche de la croix, tel que vu de l'arrière, étaient arrangés de telle que leur lobe de réception était favorable à la perception des cibles selon l'azimut. S'y trouvait six dipôles en largeur et quatre dipôles en hauteur, chacun avec son réflecteur. À l'extrême droite, se trouvait un arrangement similaire, plus petit et tourné de 90 degrés, sensible à l'angle de site. Finalement, au centre de la croix se trouvait le réseau de dipôles émetteurs d'une onde polarisée circulairement dont le faisceau était de 10 degrés d'ouverture.

Trois opérateurs étaient assis sur une plateforme attachées derrière le piédestal, sous le bras de la croix, suivant le mouvement de l'ensemble. Un de ceux-ci contrôlait l'azimut, le second l'élévation et le troisième la portée grâce à de larges molettes[2]. À cause du large faisceau émis, la résolution intrinsèque de l'antenne n'était que de 9 à 12 degrés en azimut et en élévation, de telle sorte que son pointage vers une cible n'aurait été qu'approximatif. Cependant, comme l'intensité émise est maximale au centre du faisceau, le réseau d'antenne de réception était construit de telle sorte que le diagramme de réception pouvait percevoir cette variation dans les lobes. Le signal provenant de la verticale et de l'horizontale affichaient séparément sur un écran cathodique; en faisant varier la position de l'antenne jusqu'à ce que ces lobes soient d'intensité forte et égale, une précision d’un degré devenait possible[2].

La portĂ©e de la cible Ă©tait obtenue en utilisant le dĂ©lai entre l'Ă©mission de l'impulsion et la rĂ©ception de l'Ă©cho. Ce dernier Ă©tait vu sur un affichage de type A, essentiellement un oscilloscope avec le temps/distance en abscisse et l'intensitĂ© en ordonnĂ©e. Secondairement une impulsion Ă©talon Ă©tait Ă©mise vers la cible repĂ©rĂ©e et en variant le temps d'Ă©mission grâce Ă  la molette graduĂ©, l'opĂ©rateur pouvait lire la distance une fois que les deux « blips » se superposaient[2]. La rĂ©solution Ă©tait autour de 200 mètres.

Le système comportait également deux « répétiteurs » envoyant un signal sur la direction et la distance de la cible repérée vers un projecteur et un canon antiaérien. C'était le premier radar à être couplé directement à un ordinateur de tir d'une arme, un progrès majeur de la technologie[3].

Caractéristiques

Un SCR-268 à Guadalcanal en août 1942.

Le radar opĂ©rait dans le domaine des VHF Ă  205 MHz Ă  75 kW. Il Ă©mettait des impulsions de 240 ÎĽs Ă  une FRI de 4 098 par seconde. Le trajet aller-retour d'une impulsion avant que soit Ă©mise la suivante donne la portĂ©e maximale, dans ce cas de 27 milles (43,5 km)[4]. Ce radar Ă©tait Ă©quipĂ© d'un des premiers IFF.

La plateforme nĂ©cessitait quatre tracteurs routiers pour ses dĂ©placements : un pour la base, un autre pour l’antenne, un troisième pour la gĂ©nĂ©ratrice et le quatrième pour le convertisseur de tension pour l’équipement radio. Le radar lui-mĂŞme pesait 15 tonnes mais en incluant les camions, le poids total Ă©tait de 82 315 livres (37 337 kg), ce qui rend le terme « mobile » assez relatif[4].

DĂ©savantage

Le SCR-268 n'était pas particulièrement avancé selon les normes de l'époque et les premiers radars de la série était inférieurs en performances aux radars Würzburg allemands. Ces derniers utilisaient une antenne parabolique concentrant les lobes ce qui toutefois limitait leur capacité de guet. Le sondage conique et la technique de commutation des lobes employés par les Allemands étaient un moyen pour affiner la précision des poursuites manuelles azimutales et verticales. Ces techniques ne furent pas possibles avec le SCR-268 qui avait donc, comme radar de conduite de tir, une résolution médiocre mais suffisante (pour l'époque) comme radar de guet. Ces notions de radar de tir et de radar de guet, n'avaient pas même été considérées les belligérants avant le début du conflit.

Pour remédier au problème, la solution fut de développer des radars centimétriques grâce aux informations sur le magnétron à cavité apportées par la mission Tizard britannique de 1940. Un des premiers fut le radar SCR-584 de MIT, transportable dans une semi-remorque, plus facile d'emploi, avait une bonne résolution et pouvait automatiquement "poursuivre" un objectif grâce à son pointage conique tournant. Les SCR-268 furent alors utilisés comme radar de guet au profit des SCR-584 avant d’être remplacé par l'ANT/PS. Il fut retirés de l'arsenal américain peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il n'y a aucun exemplaire qui ait survécu jusqu'à nos jours. Il est toutefois à noter que les Allemands, sans magnétron, avaient construit des radars de conduite de tir aux performance à peine inférieures au SCR-584.

Notes et références

  1. « Le radar SCR-268 », Base documentaire des Artilleurs (consulté le ).
  2. (en) « SCR-268 Radar Unit », sur Antiaircraft Artillery (consulté le )
  3. (en) « Morgan McMahon and Radar », sur Southwest Museum of Engineering, Communications and Computation. (consulté le )
  4. (en) « SCR-268 and SCR-268-B Mobile Long Wave Searchlight Control Set », Searchlight Control Sets, sur US Navy (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.