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Rudolf KĂĽhnhold

Rudolf Kühnhold (né en 1903 à Schwallungen, Saxe-Meiningen – mort en 1992) est un physicien allemand à l'origine des premières recherches sur le radar, qu'il concevait comme un télémètre radio (et qu'il appela lui-même Funkmessgerät).

Rudolf KĂĽhnhold
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Biographie
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Recherches sur le sonar

Kühnhold étudia la physique à l'université de Göttingen et soutint sa thèse de doctorat en 1928. Recruté par le Service de recherche des transmissions de la Kriegsmarine à Kiel, il se consacra au sonar dont il chercha à améliorer la directivité en filtrant les ondes de surface. Malgré le dépôt d'un brevet et sa nomination, en 1931, au poste de Directeur scientifique, il était convaincu que seul l'emploi d'ondes électromagnétiques permettrait d'améliorer la localisation précise des bâtiments ennemis.

Recherches sur le radar

En 1904, Christian Hülsmeyer fait la démonstration de la détection des navires par radio grâce à une antenne radio, le Télémobiloscope (Telemobilskop). L'appareil manque cependant encore de précision : il est incapable de séparer différents objectifs et ne donne aucune information sur leur distance. Il suscitera diverses tentatives d'amélioration pendant trois décennies mais en vain.

Au dĂ©but des annĂ©es 1930, KĂĽhnhold trouve par le calcul que la rĂ©solution ne peut ĂŞtre augmentĂ©e qu'en utilisant une bande de frĂ©quence Ă©troite. En 1933, il se procure des appareils radio Ă  base de tube de Barkhausen-Kurz, Ă©mettant dans les bandes des 13,5 cm (2,22 GHz). Il dĂ©tecte ainsi l’écho d'un bâtiment suffisamment proche, mais son poste ne dispose que d'une puissance de 0,1 W et il ne parvient pas Ă  localiser l’écho Ă  km[1].

Il poursuit néanmoins ses expériences avec l'aide de deux radio-amateurs, Paul-Gunther Erbsloh et Hans-Karl von Willisen, qui travaillent au développement d'un émetteur-récepteur VHF à bande étroite pour les communications secrètes. Au mois de janvier 1934, Erbsloh et von Willisen fondent, grâce à l'appui de Kühnhold, leur propre société (Gesellschaft für Elektroakustische und Mechanische Apparate, ou GEMA[2]).

KĂĽhnhold commande au Laboratoire de recherche de Philips d'Eindhoven un magnĂ©tron Ă  anode fendue, dĂ©veloppant 70 W dans la bande des 50 cm (600 MHz). Il s'adjoint les conseils de deux membres de l'Institut Heinrich Hertz de Berlin, Hans E. Hollmann et Jakob Theodor J. Schultes, pour mettre au point un amplificateur Ă  contre-rĂ©action et des grandes antennes[1].

Les antennes émettrices et réceptrices sont placées à des distances croissantes lors des premiers essais. Au mois de juin 1934, elles détectent par interférométrie Doppler des vaisseaux croisant à km au large du port de Kiel ; mais l'instabilité des fréquences émises par le magnétron pose encore des problèmes de fiabilité. Au mois d’octobre 1934, les échos intenses d'un petit avion ayant coupé le faisceau sont reçus : cet incident, qui montrait l'intérêt du dispositif pour la sécurité aérienne, suscita un intérêt renouvelé de la Marine de Guerre et apporta de nouveaux crédits de recherche.

Ă€ cette Ă©poque, la rĂ©ception des ondes courtes, qui permettait de mesurer l'altitude de l'ionosphère par Ă©chos radio, suscitait un enthousiasme gĂ©nĂ©ral : la technologie utilisait des signaux pulsĂ©s (discontinus), Ă  l'exemple du sonar. Tout en conservant ses fonctions Ă  la Marine de Guerre, KĂĽhnhold s'investit de plus en plus dans les recherches de la StĂ© GEMA sur la gĂ©nĂ©ration d'ondes courtes en continu (pour favoriser la dĂ©tection). Ces ondes Ă©taient combinĂ©es Ă  des trains d'onde pulsĂ©s (pour localiser, c'est-Ă -dire dĂ©terminer la distance de l'objectif). Le gĂ©nĂ©rateur de signaux pulsĂ© comportait Ă  prĂ©sent un magnĂ©tron Philips de meilleure stabilitĂ© frĂ©quentielle. Il Ă©tait modulĂ© par une fondamentale de 2 000 Hz avec des crĂ©neaux d'une durĂ©e de ms. L'antenne-relai Ă©tait composĂ©e d'un treillis Ă  rĂ©flexion de 10 paires de dipĂ´les. L’amplificateur Ă  contre-rĂ©action Ă  bande large intĂ©grait des triodes Acorn de marque RCA, et l'antenne rĂ©ceptrice comportait trois paires de dipĂ´les et un système de commutation des lobes. Un commutateur fermait le canal lorsque l'appareil passait en mode pulsĂ©[3]. L'affichage de la distance se faisait sur l'Ă©cran Ă  tube cathodique amĂ©liorĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1920 par Manfred von Ardenne.

Le « tĂ©lĂ©mètre radio » fut placĂ© au sommet d'un immeuble du centre d'essais de la Marine de la baie de LĂĽbeck, Ă  Pelzerhaken. Il dĂ©tecta les premiers Ă©chos d'une portĂ©e de 15 km depuis les bois de l'autre cĂ´tĂ© de la baie en mai 1935, mais il eut quelque peine Ă  dĂ©tecter un navire qui n'Ă©tait qu'Ă  une petite distance de cette baie ; alors on remania l'appareil en rĂ©cepteur superhĂ©tĂ©rodyne, et cette fois, les navires Ă©taient tous dĂ©tectĂ©s jusqu'Ă  km[3].

Essais officiels

Antenne de radar Seetakt au-dessus d'une batterie côtière de Type V 174 (Hanovre).
Antenne de radar Freya.

Au mois de septembre 1935, Kühnhold entreprit la démonstration de son système devant le commandant-en-chef de la Kriegsmarine. Les résultats furent excellents, et les militaires donnèrent à l'instrument le nom de code de Dezimeter-Telegraphie (DeTe en abrégé). Désormais, la société GEMA eut le monopole des améliorations de ce dispositif. Le DeTe évolua vers le Seetakt (matériel réservé à la Kriegsmarine) et le Freya (pour la Luftwaffe), qui servirent tout au long de la guerre qui suivit[4].

Kühnhold est généralement crédité de l'invention du radar dans le monde germanophone[4]. Certainement, les progrès de son système furent entravés par la rivalité entre la Kriegsmarine et la Luftwaffe, hormis le concours organisé par les deux armes en 1936 et 1937 (opération Knickebein), où il put travailler avec Hans Plendl (en)[3].

Kühnhold travailla jusqu'en 1940 sur les détecteurs à micro-ondes, au sein d'un département rebaptisé en 1939 Nachrichtenmittel-versuchskommando (NVK). Puis les recherches furent interrompues après la découverte d'un système nettement meilleur (un magnétron à cavités multiples) découvert en 1943 à bord d'un bombardier britannique abattu. Cependant, Kühnhold et Hollmann, les deux meilleurs experts allemands du moment, ne faisaient pas partie de la commission chargée d'étudier cet équipement.

L'Après-guerre

Jusqu'Ă  la fin du conflit, les recherches de KĂĽhnhold furent tournĂ©es vers la guerre sous-marine et l'amĂ©lioration des sonars. Ces recherches Ă©taient menĂ©es en partenariat avec le fabricant ELAC de Kiel. FondĂ© en 1926, ELAC fut le premier fournisseur de sonars de la Kriegsmarine, et il employait 5 000 salariĂ©s. Ă€ la capitulation de l'Allemagne, cette entreprise, forcĂ©e de reconvertir dans l'Ă©lectronique musicale, vit ses effectifs fondre.

Enfin, en 1948, le Haut-Commissaire américain aux affaires d'Allemagne mit un terme aux restrictions visant la société ELAC qui put élargir ses activités aux matériels nautiques. Kühnhold, recruté, y développa des radars civils. Il déposa même l'un de ses brevets aux Etats-Unis en 1954[5]. L'entreprise, en difficulté, vendit son département Nautik Division avant de faire banqueroute dans les années 1960.

Notes

  1. (de) Fritz Trenkle, Die deutschen FunkmeĂźverfahren bis 1945, Stuttgart, Motorbuch Verlag, (ISBN 3-7785-1400-8)
  2. (en) Harry von Kroge (trad. Louis Brown), GEMA: Birthplace of German Radar and Sonar, Inst. of Physics Publishing,
  3. (en) H. Kummritz et Russell Burns (dir.), Radar Development to 1945, Peter Peregrinus Ltd, (ISBN 0-86341-139-8), « German radar development up to 1945 », p. 209–226
  4. (en) Raymond C. Watson Jr., Radar Origins Worldwide, Trafford Publishing, (ISBN 978-1-4269-2111-7)
  5. (en) « Absorption device for electro-magnetic waves », sur www.freepatentsonline.com, (consulté le ).

Bibliographie

Liens externes

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