RaĂşl Iturriaga
Raúl Eduardo Iturriaga Neumann ( à Linares) est un général chilien retraité, ancien vice-directeur de la DINA et chargé des opérations extérieures de cette police politique de Pinochet. Incarcéré depuis 2007, il purge une peine de cinq ans de prison.
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Il était responsable d'un centre de détention clandestin sous la dictature de Pinochet, connu comme La Venda Sexy et La Discothèque en raison des agressions sexuelles infligées à des détenus, dont les yeux étaient bandés, sur fond de musique bruyante[1].
Second du général Manuel Contreras qui dirigeait la DINA, il fut responsable de la « phase 3 » de l'opération Condor, c'est-à -dire tous les assassinats effectués à l'étranger.
Raúl Iturriaga fut ainsi condamné par contumace en Italie, en 1995, pour la tentative d'assassinat contre le démocrate chrétien Bernardo Leighton en [2]. L'Espagne et l'Argentine ont également demandé son extradition, Iturriaga ayant été notamment inculpé, en Argentine, pour l'assassinat du général Carlos Prats en [3], et en Espagne pour la disparition du diplomate Carmelo Soria (voir Hermán Julio Brady Roche#Procès en Espagne).
CondamnĂ© Ă dix ans de prison, pour la disparition forcĂ©e du militant du MIR Luis San MartĂn, par le magistrat Alejandro SolĂs, qui furent rĂ©duits Ă 5 ans par la Cour suprĂŞme, Iturriaga s'est rebellĂ© en contre cette sentence, partant en cavale[4]. Il fut interpellĂ© en Ă Viña del Mar[1]. Ă€ la suite de cette affaire, l'armĂ©e chilienne a cessĂ© de financer la dĂ©fense juridique des militaires inculpĂ©s pour des violations des droits de l'homme lors de la dictature[5].
En , il est jugé en France par contumace, aux côtés de Manuel Contreras et d'autres responsables de la dictature, pour la disparition forcée de franco-chiliens (voir Manuel Contreras#Procès en France).
A la DINA
Après avoir suivi des cours, avec Manuel Contreras, à Fort Gulick au Panama (connu sous le nom d'École des Amériques) [6] - [7], il devint ensuite instructeur en contre-insurrection au Chili.
Moins d'un mois après le coup d'État du 11 septembre 1973, il rejoint la toute nouvelle DINA, dirigée par Manuel Contreras et qui s'employa à purger les services de renseignement traditionnels de l'armée. D'abord responsable du Département des Affaires extérieures de la DINA, en qualité duquel il organisa l'assassinat du général Carlos Prats à Buenos Aires en septembre 1974 ainsi que l'opération Colombo au cours de laquelle 119 opposants furent assassinés en Argentine[6] - [7], il fut nommé à la tête de la Brigada Purén en , qui était basée au centre de torture de la Villa Grimaldi[6].
En 1976, Iturriaga participa de nouveau à un cours de contre-insurrection à l'École des Amériques. Il devint vice-directeur de la DINA l'année suivante, étant également responsable de son Département économique, qui contrôlait un certain nombre de firmes.
Retraite et procès
Il prit officiellement sa retraite en 1991, alors que Pinochet avait cédé la place au démocrate chrétien Patricio Aylwin. Deux ans auparavant, il avait été élevé au plus haut grade de général. C'est en 1991 que le ministre Adolfo Bañados tenta de l'interroger au sujet de l'assassinat de l'ex-ministre démocrate-chrétien Orlando Letelier à Washington, en 1976.
Bien qu'officiellement retraité, des associations de victimes de la dictature affirment qu'il a maintenu des liens avec la DINE, l'agence ayant remplacé la DINA[7], et qui continua à tenter de protéger les militaires des poursuites judiciaires tout au long des années 1990, voire au-delà .
En 1995, il fut condamné par contumace en Italie à 18 ans de prison pour la tentative d'assassinat contre Bernardo Leighton en 1975, en partie grâce au témoignage de l'ex-agent de la DINA Michael Townley.
En Argentine, il a été inculpé dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat du général Carlos Prats, tué en à Buenos Aires, tandis que le juge espagnol Baltasar Garzón l'a également inculpé.
Il fut inculpĂ© au Chili, en 2002, pour la disparition forcĂ©e du socialiste VĂctor Olea AlegrĂa (24 ans) en [8].
L'annĂ©e suivante, le magistrat chilien Alejandro SolĂs l'inculpa, aux cĂ´tĂ©s de Manuel Contreras et de Pedro Espinoza, pour le meurtre de Carlos Prats: l'enquĂŞte chilienne avait Ă©tĂ© ouverte Ă la suite de la demande d'extradition de la juge argentine MarĂa Servini de CubrĂa chargĂ©e du mĂŞme dossier, et permis au Chili de refuser celle-ci au motif de son inculpation au Chili.
Lors de sa cavale en juin 2007 faisant suite Ă une condamnation Ă cinq ans de prison pour la disparition forcĂ©e d'un militant du MIR de 21 ans, Luis Dagoberto San MartĂn, le gĂ©nĂ©ral Guillermo GarĂn, ex-vice commandant de l'armĂ©e, lui apporta son soutien public[4], tandis que la gauche, mais aussi le dĂ©putĂ© de droite Iván Moreira (es) (UDI), s'indignait de cette insoumission[9]. CapturĂ© en , il ne fut pas inculpĂ© pour cette Ă©vasion, la loi chilienne ne faisant pas l'Ă©vasion d'un crime lorsqu'on est sous libertĂ© conditionnelle[10].
Iturriaga fut alors incarcĂ©rĂ© Ă la prison Penal Cordillera dans la rĂ©gion de ValparaĂso, sous surveillance militaire. Des dĂ©putĂ©s socialistes demandèrent son transfert Ă la prison de Punta Peuco, oĂą Iturriaga ne pourrait bĂ©nĂ©ficier de complicitĂ©s militaires[11]. Penal Cordillera fut en effet qualifiĂ© de triangle des Bermudes par la dĂ©putĂ©e Adriana Muñoz en raison du grand nombre d'Ă©vasions qui y ont eu lieu[12]. Il fut finalement transfĂ©rĂ© pour raisons de sĂ©curitĂ© Ă Punta Peuco le ; son avocate, qui l'avait aidĂ© dans sa fuite, ne fut pas poursuivie (le droit chilien ne considĂ©rant pas cela comme un dĂ©lit) mais fut exclue du barreau[5] - [13].
Notes et références
- Claudia Lagos and Patrick J. McDonneln Pinochet-era general is caught, Los Angeles Times, August 3, 2007 (en)
- Two Chileans Convicted in 1975 Shooting, Associated Press, 23 juin 1995
- Claudia Lagos and Patrick J. McDonnell Fugitive ex-general stirs 'dirty war' animosities in Chile, Los Angeles Times, 16 June 2007 (en)
- Un general chileno se declara en rebeldĂa contra un fallo que le condena a 5 años, El PaĂs, 14 juin 2007
- Thomas Huchon, Fin de cavale pour le tortionnaire chilien Raul Iturriaga, Rue89, 21 août 2007
- La Gran Mentira - El caso de las "Listas de los 119" (capitulo 7), publié par l'Equipo Nizkor (es)
- RaĂşl Iturriaga, Memoria Viva (es)
- "Someten a proceso a Raúl Iturriaga Neumann", El Mercurio, 9 mars 2002, (cité par Raúl Iturriaga, Memoria Viva (es))
- Parlamentarios repudian rebeldĂa de general Iturriaga Neumann, La NaciĂłn, 13 juin 2007
- Claire Martin, Arrestation d’un ancien général en fuite, RFI, 3 août 2007
- Diputados concertacionistas pidieron que Punta Peuco sea la única cárcel para militares, La Nación, 30 juillet 2007
- « Raúl Iturriaga Neumann ya está tras las rejas del Penal Cordillera »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Radio Cooperativa, 2 août 2007
- General (R) Raúl Iturriaga purgará condena en Punta Peuco, La Nación, 7 août 2007
Source originale
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Raúl Iturriaga » (voir la liste des auteurs).