Résistance française à Sevran
La Résistance française à Sevran s'organise durant la Seconde Guerre mondiale. À la suite de l'invasion allemande, des Français opposés à Pétain entrent en résistance. La ville de Sevran est investie par les Allemands le . Sevran, qui comptait 10 147 habitants en 1936, a connu un développement industriel dès la fin du XIXe siècle et surtout au début du XXe siècle. On y trouve les laboratoires d'Alfred Nobel et des usines comme Westinghouse ou Kodak qui emploient des ouvriers. Parmi eux, de nombreux Sevranais s'illustrent dans la résistance. Mois après mois, des actions se mettent en place et Sevran devient un bastion de la Résistance française, avec des hommes et des femmes appartenant à différents bords politiques. Essentiellement communistes, ces résistants entrent dans le Panthéon de la Résistance.
Cet article recense une liste non exhaustive de résistants connus, ayant opéré dans la commune de Sevran durant la Seconde Guerre mondiale.
Liste des résistants
Denise Albert (1922-2016)
Denise Albert, née Descoins, est née à Paris le et morte le .
Bruno Bancher (1923-1944)
Né le à Tuzla (Bosnie-Herzégovine), Bruno Bancher (ou Banker) est un résistant communiste, originaire de la ville de Sevran. Il est mort, le , à la suite de ses blessures reçues lors d'échanges de coups de feu avec les Allemands durant sa participation à la libération de Sevran la veille.
Gaston Bussière (1902-1942)
Né à Paris le , Gaston Bussière est maire communiste de Sevran en 1939. Pris en otage par les nazis, il est fusillé le au Mont-Valérien.
Guy Cam (1923-1945)
Né en 1923, Guy Cam quitte Sevran où il réside en pour rejoindre le maquis de son oncle dans le Finistère. Après de nombreux actes de sabotage, ils sont arrêtés le . Il est interné à Quimper, puis dans le Camp de Royallieu à Compiègne, avant d'être immatriculé « 185211 »[1] et déporté le à Auschwitz puis à Buchenwald[2]. Il est abattu lors de la libération du camp en , puis laissé à Flossenbürg[3]. Une rue près du marché municipal de Sevran porte son nom qui, par ailleurs, figure aux archives communales sur une liste manuscrite établie par le comité local de Sevran de la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes[4].
Jean Cayet (1884-1945)
Jean Eugène Cayet , employé des chemins de fer, devient conseiller municipal sous le mandat de Gaston Bussière, et tout comme lui, est un résistant. Le il est arrêté par la police française et incarcéré à Fresnes. Il est ensuite interné à Pontoise, puis transféré au camp d'Aincourt (Seine-et-Oise). Il y retrouvera ses amis résistants incarcérés avec lui , notamment Gaston Lévy, Georges Denancé, Maurice Métais. Transféré ensuite à Compiègne il est embarqué le vers les camps de la mort. Il décède à Dachau le [5].
Jean Eugène Cayet habitait à Sevran, rue des Cigales. Après la libération, cette rue devient la rue Jean Cayet.
Auguste Crétier (1891-1944)
Auguste Crétier est né le , il fut abattu à Sevran le [5].
Georges Denancé (1891-1942)
Georges Denancé est né le à Laval. Il est mort en déportation en 1942.
Il habitait au 96, avenue de Bourgogne, devenue après la libération rue Georges Denancé.
Bernard Denancé (1925-1998)
Bernard Denancé, né le , est un résistant sevranais engagé volontaire dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI). Le . Il suit le chemin de la résistance comme son père, Georges Denancé, « Mort pour la France ». Épaulé par son grand frère, Jean Denancé (1922-1985), ils furent des acteurs majeurs de la libération de Sevran le . Il meurt le [6].
Lucien Gélot (1927-1944)
Lucien Gélot, né le , est le plus jeune des résistants sevranais. Il habite avec ses parents rue de la Marne et est scolarisé à l'école du Centre (devenue école Crétier). Nourri depuis sa prime jeunesse par les actes héroïques des aînés de son entourage, il devient, dès qu'il le peut, membre de la Compagnie Robespierre, engagé dans l'armée de libération. Après la libération de Sevran, il continue le combat en Alsace dans les rangs de la 2e DB. Il est tué au combat à Kogenheim le [5]. Il avait 17 ans.
Jean Hemmen (1910-1942)
Jean Hemmen, employé de banque, est un militant communiste, militant socialiste et résistant durant la Seconde Guerre mondiale. Il est combattant des Brigades internationales en Espagne. Arrêté le à Paris, il est fusillé le au Mont-Valérien[5].
Gaston Levy (1882-1943)
Métallurgiste de métier, Gaston Levy s'installe à Sevran vers 1928. Il devient conseiller municipal sous le mandat de Gaston Bussière de 1931 à 1939. Militant communiste, il a le même parcours que Jean Cayet, Georges Denancé, Maurice Métais, également conseillers municipaux ; il les rejoint au camp d'Aincourt (Seine et Oise) et décède le à Auschwitz.
Il habitait à Sevran, 18, rue des Pâquerettes. Après la libération cette rue devient la rue Gaston Lévy.
Roger Le Maner 1923-1945)
Roger Le Maner est membre de l'Organisation spéciale et des Francs-tireurs et partisans. Arrêté le , il meurt à Bergen-Belsen le , huit jours après la capitulation[3].
Il était âgé de 22 ans.
La rue des écoles à Sevran est devenue après la libération la rue Roger le Maner.
Maurice Métais (1892-1942)
Maurice Métais est né le à Bétigny-Gaular (commune de Saint-Agnan-sur-Erre dans l'Orne)[7]. Vétéran de la Première Guerre mondiale, il sert, entre autres, sous le 103e régiment d'infanterie. Plusieurs fois blessé il est cité à l'ordre de son régiment[7].
En 1921, il vint habiter Sevran et en 1926 il est domicilié 2 bis, avenue des Trèfles. Il est tourneur sur métaux. Il travaille à l'usine Westinghouse où il est élu délégué syndical à la Confédération générale du travail (CGT). Maurice Métais est élu conseiller municipal sous le mandat de Gaston Bussière, de 1931 à 1939. Compagnon de combat de Georges Denancé, il a le même parcours que les conseillers municipaux de Gaston Bussière, morts pour la France. En 1941, Arrêté chez lui, il est emmené au camp de Pithiviers, puis d'Aincourt (Seine-et-Oise). Il meurt à Auschwitz le [7].
Après la libération, la rue des Trèfles prend son nom.
André Mortureux (1901-1942)
Natif de Plombières-lès-Dijon, André Mortureux réside à Sevran depuis 1936. Il milite à la cellule communiste avec Lucien Sportiss. La police de Livry-Gargan l'arrête le . Après être dirigé sur Versailles, il est envoyé au camp de d'Aincourt (Seine-et-Oise) d'où il est transféré avec de nombreux résistants de Sevran à Compiègne le . Il meurt au camp d'Auschwitz le .
Lucien Sportisse (1905-1945)
Né le à Constantine en Algérie, Lucien Sportisse (ou Sportiss) est militant communiste. Instituteur, d'origine juive, ses activités politiques et syndicales le font révoquer en 1935. Réintégré dans l'Éducation nationale en 1937, il exerce quelques années à Sevran, logeant rue des Marais. Il fut l'instituteur de Denise Albert. Il fut également comptable, il s'investit dans le mouvement ouvrier et national algérien, en tant que syndicaliste et militant politique. En Métropole ensuite, il participe à la politique interne du parti communiste et poursuit son combat de lutte en faveur des paysans et des ouvriers défavorisés, en s'engageant dans la Résistance jusqu'à son assassinat par la Gestapo, le (à 38 ans) à Lyon.
L'ancienne rue de la Gare à Sevran porte son nom.
Bibliographie
- Louis Blésy, La Résistance à Sevran, éd. par la municipalité et le comité local des anciens combattants de la Résistance, 1989, 148 pages[8].
- Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis : un nom, une rue, une histoire, Paris, Les Éd. de l'Atelier, , 271 p. (ISBN 2-7082-3730-6 et 9782708237308, OCLC 470359027, lire en ligne).
- Jacques Mortureux, Sevran d'hier et d'aujourd'hui n°13, .
Références
- « Livre Mémorial », sur Fondation pour la mémoire de la déportation (consulté le ).
- CAM Guy, Liste du convoi, sur bddm.org, site de la Fondation pour la mémoire de la déportation.
- Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis : un nom, une rue, une histoire.
- Jacques Mortureux, « Lucien Sportisse », Mémoires d'hier et d'aujourd'hui, .
- Louis Blésy, La Résistance à Sevran.
- Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis : un nom, une rue, une histoire, Paris, Les Éditions de l'Atelier, , 271 p. (ISBN 2-7082-3730-6, lire en ligne).
- « METAIS Maurice, Léon », sur deportes-politiques-auschwitz.fr, Déportés politiques à Auschwitz, 5 juillet 2014, mis à jour le 21 mai 2021 (consulté le ).
- Notice BNF catalogue.