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RĂ©giment d'infanterie territoriale

Les rĂ©giments d'infanterie territoriale, ou RIT, Ă©taient des unitĂ©s militaires composĂ©es essentiellement d'hommes âgĂ©s de 34 Ă  49 ans, considĂ©rĂ©s comme trop âgĂ©s et plus assez entraĂ®nĂ©s pour intĂ©grer un rĂ©giment d’active ou de rĂ©serve[1]. Ils sont crĂ©Ă©s en 1875. MobilisĂ©s en aoĂ»t 1914 au dĂ©but de la Première Guerre mondiale, les rĂ©giments d'infanterie territoriaux sont en gĂ©nĂ©ral regroupĂ©s dans les divisions d'infanterie territoriales qui font partie de l'armĂ©e territoriale.

Les territoriaux (surnommés parfois familièrement « pépères »), initialement chargés de différents services de gardes, ont joué un grand rôle pendant la « Grande Guerre », notamment sur le front même.

Le , tous les régiments territoriaux existants sont officiellement dissous et les hommes dispersés parmi les régiments d’active et de réserve.

Création

L'armée territoriale est créée par la loi du qui met en place les principes de la réserve[2]. Les obligations militaires des citoyens français sont alors, dans les grandes lignes, fixées comme suit :

  • un service national dans l'armĂ©e d'active qui dure cinq ans, sauf cas particuliers ;
  • quatre ans dans la rĂ©serve de l'armĂ©e d'active ;
  • cinq ans dans l'armĂ©e territoriale ;
  • six ans dans la rĂ©serve de l'armĂ©e territoriale[3].

Il est parfois considéré que la garde nationale mobile, dissoute en 1871, est l'ancêtre de l'armée territoriale de 1872. Mais cela est discutable, dans la mesure où la garde nationale mobile était essentiellement composée de jeunes gens de 20 à 25 ans sans grande formation militaire, tandis que l'armée territoriale est au contraire composée d'hommes d'âge mûr mais expérimentés.

Les numéros des régiments d'infanterie territoriale sont fixés par le ministre de la Guerre le [4].

Première Guerre mondiale

Préambule

Entre 1914 et 1918, huit millions d’hommes entre 18 et 45 ans sont mobilisĂ©s soit 20 % de la population[5].

Selon son âge, chaque homme doit s’acquitter de ses obligations militaires, passant par trois armées réglementaires différentes :

  • l’armĂ©e d’active, organisĂ©e dès le temps de paix sous la forme des rĂ©giments d’active numĂ©rotĂ©s de 1 Ă  176, la majoritĂ© de l'effectif est composĂ© des hommes faisant leur service militaire (âgĂ©s de 21 Ă  23 ans c’est-Ă -dire en 1914 ceux nĂ©s en 1891, 1892, 1893 et au-delĂ  ; la durĂ©e du service est de trois ans) et des militaires professionnels, renforcĂ©e Ă  la mobilisation par les plus jeunes rĂ©servistes ;
  • l’armĂ©e de rĂ©serve, organisĂ©e lors des premiers jours de la mobilisation sous la forme des rĂ©giments de rĂ©serve numĂ©rotĂ©s de 201 Ă  421, elle est essentiellement composĂ©e de rĂ©servistes (âgĂ©s de 24 Ă  33 ans, c’est-Ă -dire en 1914 ceux nĂ©s entre 1881 et 1890 ; la durĂ©e est de onze ans) renforcĂ©s par des cadres de l'active ;.
  • l'armĂ©e territoriale, organisĂ©e pendant la mobilisation sous la forme des rĂ©giments de la territoriale qui ont leur propre numĂ©rotation, elle est composĂ©e des hommes âgĂ©s de 34 Ă  39 ans (c’est-Ă -dire, en 1914, ceux nĂ©s entre 1875 et 1880 ; la durĂ©e est de sept ans) ;
  • la rĂ©serve de l'armĂ©e territoriale (RAT), composĂ©e des hommes âgĂ©s de 40 Ă  45 ans (c’est-Ă -dire, en 1914, ceux nĂ©s entre 1869 et 1874 ; la durĂ©e est de sept ans).

Rapidement la rĂ©serve de l’armĂ©e territoriale incorpore les hommes âgĂ©s de 46 Ă  49 ans, c’est-Ă -dire en 1914 ceux nĂ©s entre 1868 et 1865.

Historique

  • Regroupement Ă  Reims en 1914.
    Regroupement Ă  Reims en 1914.
  • En juillet 1915.
    En juillet 1915.
  • Le gĂ©nĂ©ral PĂ©tain discutant avec des territoriaux en 1917.
    Le général Pétain discutant avec des territoriaux en 1917.

Le vers 16 h, la France dĂ©crète la mobilisation gĂ©nĂ©rale. Dans chaque subdivision de rĂ©gion militaire, un rĂ©giment territorial d’infanterie est constituĂ©, avec un nombre variable de bataillons et deux sections de mitrailleuses. Par ailleurs les rĂ©formĂ©s et exemptĂ©s des classes 1887 Ă  1914 ont l’obligation de se faire recenser en mairie dès septembre et octobre 1914 afin de passer Ă  nouveau devant le conseil de rĂ©vision. Au total 145 rĂ©giments territoriaux d’infanterie sont mis sur pied en France au dĂ©but des hostilitĂ©s. Vu leur âge et leurs fonctions tranquilles (garde-voie, garnison d'Ă©tape, etc.), ils Ă©taient appelĂ©s familièrement les « pĂ©pères ».

Treize divisions d'infanterie territoriales sont constituées jusqu'au 19 août. Commandées par le général Brugère, neuf de ces divisions sont destinées à manœuvrer, d'où leur appellation de « divisions territoriales de campagne » :

Comme les neutralités italienne et espagnole sont confirmées dès le début d'août et que l'entrée en guerre britannique sécurise les côtes, les divisions de campagne sont réaffectées au profit du Nord-Est, sauf la 90e qui est envoyée en Afrique du Nord à partir du 12 août[6].

L’armĂ©e territoriale et sa rĂ©serve se composent d’hommes ayant accompli le temps de service dans l’active et la rĂ©serve, âgĂ©s d’au moins 37 ans, plus encore après la Loi Louis Barthou de 1913, et ne doivent pas ĂŞtre engagĂ©s en première ligne. Elles seront toutefois en première ligne durant la guerre de mouvement comme Ă  Maubeuge, sur le front de la Somme entre Amiens et BĂ©thune sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Joseph Brugère... Après avoir jouĂ© un rĂ´le peu efficace, les groupes de divisions territoriales mises en première ligne sont dissous en octobre 1914, la guerre se stabilisant dans les tranchĂ©es. Par contre, afin de compenser de fortes pertes, des soldats de la territoriale sont envoyĂ©s au front en incorporant des rĂ©giments d'active, essentiellement fin 1914 - dĂ©but 1915.

Les autres armes

La territoriale n’est pas exclusivement composée d’infanterie. Il existe d’autres formations moins bien connues :

  • la cavalerie :
  • l'artillerie :
    • groupes territoriaux d’artillerie Ă  pied ;
    • groupes territoriaux d’artillerie de campagne ;
    • groupes territoriaux d’artillerie de montagne ;
  • le gĂ©nie :
    • bataillons territoriaux du gĂ©nie ;
  • le train :
  • les sections territoriales de commis et ouvriers militaires d’administration ;
  • les sections territoriales d’infirmiers militaires.

Fonctions des territoriaux

Les régiments d’infanterie territoriaux ne devaient pas coopérer aux opérations en rase campagne ; le plan de mobilisation ne le prévoyait pas, et ces régiments n’étaient pas outillés pour prêter leur appui aux régiments actifs. Toutefois les RIT des régions du Nord et de l’Est se trouvèrent engagés d’emblée dans la bataille pour défendre leurs villes et villages. De plus, dès la fin août 1914, les plus jeunes classes des territoriaux furent intégrées dans des régiments d'infanterie d’active et de réserve pour compenser les pertes.

Les régiments territoriaux sont initialement prévus pour assurer un service de garde et de police dans les gares, les villes, les frontières, sur les voies de communication (GVC), à l’occupation et à la défense des forts, des places fortes, des ponts et autres lieux sensibles. C'est ainsi que dans le cadre de leurs fonctions, les soldats territoriaux des GVC furent par exemple, mi-septembre 1914, avec la gendarmerie, les protagonistes des combats de la Rougemare et des Flamants lors de la course à la mer.

Ces territoriaux se trouvèrent par suite des circonstances engagés dans la bataille ou avec une participation indirecte dans les combats.

Ils effectuent de la même manière divers travaux de terrassement, de fortification, de défense, entretien des routes et voies ferrées, creusement et réfection de tranchées et boyaux. Ils forment, avec les gendarmes, chasseurs forestiers, etc., des détachements chargés de suivre l’armée en marche pour explorer et nettoyer le champ de bataille. Il récupèrent ainsi un important matériel composé d’effets en tout genre, notamment des armes, arrêtent et escortent des soldats allemands isolés ou blessés, ramassent, identifient et ensevelissent des cadavres, construisent et gardent des camps de prisonniers. Ils saisissent également du bétail égaré. Ils sont également chargés de missions de ravitaillement et autres missions de soutien aux troupes de première ligne, sous les bombardements et les gaz. Un nombre important de territoriaux perdent la vie dans ces actions méconnues et difficiles mais indispensables.

Au fil des mois, alors même que la distinction dans l’emploi entre les régiments d’active et les régiments de réserve s’estompe, la spécificité de la territoriale cède la place à une utilisation commune à toutes les formations. De fait, les régiments territoriaux sont engagés en première ligne. Tout d’abord, les territoriaux ont pour mission la garde dans les tranchées de première ligne dans des secteurs dits « calmes », le mitraillages des lignes allemandes par tirs indirects, l’occupation des tranchées de départ, en soutien des divisions d’attaque. Puis ils sont engagés en première ligne où ils s’illustrent, en particulier, lors des grandes offensives allemandes de 1918.

Le , tous les régiments territoriaux existants sont officiellement dissous et les hommes dispersés parmi les régiments d’active et de réserve.

Uniforme

Officiellement, dès 1875[7], le soldat d'infanterie territorial porte le même uniforme que celui d'infanterie, à l'exception des numéros sur le col et le képis qui sont blancs[8].

On peut également noter le port non réglementaire de la "ceinture de flanelle" par de nombreux territoriaux, afin de protéger les reins du froid.

Autres appellations

  • RĂ©giment d'infanterie territoriale (RIT)
  • RĂ©giment territorial d'infanterie (RTI)
  • RĂ©giment territorial (RT)
  • Infanterie territoriale (IT)
  • La territoriale
  • Les territoriaux
  • Les pĂ©pères
  • Les terribles-taureaux

Sources et références

  1. http://archives.valdoise.fr/documents-du-mois/document-les-peperes-a-valmondois-10/n:21 Les « Pépères » à Valmondois sur archives.valdoise.fr]
  2. La loi du 27 juillet 1872 : le texte fondateur
  3. Xavier Boniface, « La réforme de l’armée française après 1871, Inflexions 2012/3 (N°21) » (consulté le )
  4. Belhomme 1902, p. 624.
  5. L’Histoire No 207
  6. v:Recherche:Mobilisation de 1914.
  7. Belhomme 1902, p. 617.
  8. (en) André Jouineau, Officers and Soldiers of the French Army in 1918. From 1915 to victory, histoire et collections, 67 p., p. 19

Articles connexes

Lien externe

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