Référendum équatorien d'août 2023
Un référendum a lieu le afin de permettre à la population de l'Équateur de se prononcer sur la fin de l'exploitation pétrolière dans le Parc national Yasuni.
Référendum équatorien d'août 2023 | |||||
Corps électoral et résultats | |||||
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Inscrits | 555 | ||||
Votants | 55 | ||||
55 % | |||||
Blancs et nuls | 55 | ||||
Fin de l'exploitation pétrolière dans le Parc national Yasuni | |||||
Pour | 22,00 % | ||||
Contre | 55,00 % | ||||
Il s'agit d'une initiative populaire portée notamment par les communautés indigènes depuis près de dix ans avant d'être finalement validée en mai 2023 par la Cour constitutionnelle. Le référendum est organisé le même jour qu'une élection présidentielle et des élections législatives anticipées à la suite d'une récente crise politique.
Contexte
Situé dans les provinces d'Orellana et de Pastaza dans le Nord-Est de l'Équateur, le parc national Yasuni couvre 10 227 km2 d'Amazonie presque entièrement recouverte de forêt amazonienne[1]. Placé entre le Rio Napo et Rio Curaray, il s'agit d'une des 19 zones mondiales de mégadiversité totalisant plus de 4 000 espèces végétales et 1 000 espèces animales. C'est une des 44 zones protégées du pays, qui a mis en réserve 20 % de son territoire, soit environ 5 millions d'hectares, notamment menacé par la déforestation et le braconnage[2] - [3].
Les sous-sols de ce parc recèlent cependant trois champs pétroliers — Ishpingo, Tambococha et Tiputini, abrégé en ITT — qui totalisent près de 850 millions de barils de pétrole brut. Le sous sol de ce « bloc 43 » représentent ainsi 20 % des réserves du pays, déjà membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Lors d'un discours devant l'Organisation des Nations unies (ONU), le président Rafael Correa propose en 2007 l'Initiative Yasuní-ITT, qui consiste à renoncer à exploiter cette ressource pourtant très profitable afin de préserver le territoire et d'éviter l'émission d'environ 400 millions de tonnes de CO2. En contrepartie, il demande à la communauté internationale de verser à l'Équateur la moitié des recettes pétrolières estimées, soit 2,7 milliard d'euros étalés sur treize ans[3] - [4].
Devant l'échec de cette proposition — moins de 1 % des fonds sont récoltés malgré l'enthousiasme des écologistes — Rafael Correa autorise le l'exploitation des champs pétrolifères ITT. Le président cherche alors à minimiser l'impact de l'exploitation sur le parc en affirmant qu'elle n'affectera que 0,01 % du territoire[5] - [6]. Le gouvernement juge ainsi « essentielle » pour l'économie la poursuite de l'exploitation pétrolière dans le pays, la durée restante des réserves hors ITT étant estimée à une décennie. L'économie de l'Équateur est alors toujours fortement affaiblie par la crise bancaire de 1999, qui a été telle qu'elle a conduit le pays a abandonner sa monnaie nationale, le sucre, au profit du dollar américain[7].
La décision provoque une levée de bouclier de la part des écologistes et surtout des communautés indigènes Kichwas et Huaorani, dont douze réunies au sein du mouvement Ecuarunari. Cherchant à empêcher l'exploitation du Yasuni, ces militants surnommés Yasunidos déposent une demande d'initiative populaire[4] - [8].
L'article 104 de la constitution équatorienne de 2008 donne en effet à la population la possibilité de convoquer la tenue d'un référendum populaire en matière législative à la condition de réunir en six mois les signatures d'au moins 5 % des électeurs inscrits sur les listes électorales, soit environ 600 000 signatures[9] - [10]. Malgré la réunion de 727 947 signatures par les Yasunidos, le référendum est empêché en mai 2014, le conseil électoral national (CNE) jugeant invalide près de 60 % d'entre elles[11]. Le rejet par le CNE — qui ne rend pas public lesquelles des signatures sont jugées invalides — est qualifiée par les partisans du projet de « décision arbitraire » et de « malhonnêteté politique et juridique » de la part du « Corréisme ». Lors du renouvellement du CNE en 2018, un comité d'audit conclu à la conformité des signatures et appelle à donner à l'initiative le certificat de validité, sans que ce rapport ne soit suivi d'effet. La décision du CNE d’entériner le rejet de 2014 est porté par les Yasunidos devant le Tribunal du contentieux électoral, qui approuve à son tour le rejet. Le 16 octobre 2020, les Yasunidos déposent par conséquent un recours devant la Cour constitutionnelle, qui admet l'affaire mais ne rend sa décision qu'en mai 2023[12] - [13].
La demande reste ainsi bloquée pendant une décennie. Le permis d'exploitation des champs ITT est entretemps accordé en mai 2014[14], et cette dernière démarre en 2016, ce qui conduit les Yasunidos à organiser des sit-in devant la Cour, le CNE et le Congrès national[4]. Le successeur de Correa à la présidence, Lenín Moreno, soumet en parallèle une proposition visant à élargir la superficie des zones intangibles du Parc National de Yasuni et de réduire de 1 030 à 300 hectares la zone ouverte à l'exploitation. Soumise à référendum le 4 février 2018 en même temps que six autres propositions, elle recueille 67,31 % de votes favorables, pour une participation de 80,74 %[15] - [16]. Malgré son départ de l'OPEP en janvier 2020, l’Équateur produit toujours sur son territoire un peu moins d'un demi million de barils par jour, qui représentent en 2023 un tiers des revenus de l’État. Sur ce total, environ 55 000 barils proviennent des champs ITT[17] - [18].
Après près de dix ans de militantisme des organisations indigènes et écologistes, la Cour constitutionnelle finit le 10 mai 2023 par juger en appel que l'initiative initiale de 2014 est valide, oblige le CNE à reconnaître les signatures déjà soumises, et à organiser un référendum[4] - [19]. Ce dernier est fixé au 20 août suivant, soit en même temps que l'élection présidentielle et les élections législatives organisées de manière anticipée dans le contexte de la crise politique de 2023[20] - [21].
Résultats
Choix | Votes | % |
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Pour | ||
Contre | ||
Votes valides | ||
Votes blancs et invalides | ||
Total | 100 | |
Abstention | ||
Inscrits/Participation |
Notes et références
- (es) « Plan de Manejo del Parque National Yasuní », (consulté le )
- Conservar la biodiversidad
- « L’Equateur renonce à sanctuariser le parc Yasuni pour en exploiter le pétrole », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Équateur: manifestation pour bloquer l’exploitation pétrolière du Yasuni », sur RFI, RFI, (consulté le ).
- (en) https://www.facebook.com/bbcnews, « Ecuador approves Yasuni park oil drilling in Amazon rainforest », sur BBC News (consulté le ).
- (en) Alexandra Valencia, « Ecuador to open Amazon's Yasuni basin to oil drilling », sur U.S., Reuters, (consulté le ).
- Alexandre Shields, « L’exploitation pétrolière dans la réserve de Yasuni est «essentielle pour l’économie», dit le gouvernement », sur Le Devoir, (consulté le ).
- (ro) « Vers un référendum sur la réserve Yasuni en Equateur », sur www.7sur7.be (consulté le ).
- (en) Costa Rica, national Popular or citizens initiative [PCI - Referéndum Constitución y Leyes ]
- Constitution
- « Exploitation pétrolière en Equateur: une association réclame un référendum », sur www.20minutes.fr, (consulté le ).
- « ¿Yasuní y Yasunidos? ».
- (es) Manolo Sarmiento, « La gran farsa de la anulación de las firmas de la consulta por el Yasuní », sur GK, gkcityec, (consulté le ).
- « Feu vert à l'exploitation pétrolière de la réserve de Yasuni », sur Sciences et Avenir, (consulté le )
- Ecuador, 4. Februar 2018 : Vergrösserung des Schutzgebietes im Nationalpark Yasuní
- (en) « Ecuador votes to reduce oil exploitation in Yasuní National Park », sur Mongabay Environmental News, mongabay, (consulté le ).
- (en) « OPEC : Member Countries », sur opec.org (consulté le )
- (en) « Ecuador Tried to Curb Drilling and Protect the Amazon. The Opposite Happened. », sur The New York Times, (consulté le ).
- « En Equateur, un référendum pour stopper une exploitation pétrolière », sur www.20minutes.fr, (consulté le ).
- (en) teleSUR/ gsd, « Ecuador's CNE Seeks To Unify Elections & Yasuní Referendum Date », sur www.telesurenglish.net, (consulté le ).
- (es) Alejandro I. López, « Qué es la muerte cruzada, el decreto de Guillermo Lasso que disuelve el Congreso y convoca a nuevas elecciones en Ecuador », sur El País, elpaisinternacional, (consulté le ).
- « CNE », sur www.cne.gob.ec (consulté le ).