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RĂ©action haloforme

La rĂ©action haloforme est la rĂ©action chimique consistant Ă  synthĂ©tiser un haloforme, c'est-Ă -dire un trihalogĂ©nomĂ©thane avec trois atomes halogĂšnes identiques (chloroforme (CHCl3), iodoforme (CHI3), bromoforme (CHBr3) — le fluoroforme (CHF3) ne pouvant ĂȘtre obtenu par cette rĂ©action), par l'halogĂ©nation d'une cĂ©tone mĂ©thylĂ©e (une molĂ©cule prĂ©sentant la chaine R-C(=O)-CH3) en milieu basique[1].

Équation-bilan de la rĂ©action haloforme
Équation-bilan de la rĂ©action haloforme

Historique

La réaction haloforme est l'une des plus vieilles réactions organiques décrites en tant que telle[2].

En 1822, Georges Serullas[3] fit rĂ©agir de l'Ă©thanol avec du diiode et de l'hydroxyde de sodium dans l'eau, formant du formiate de sodium et de l'iodoforme, appelĂ© alors hydroĂŻodide de carbone. En 1831, Justus von Liebig rapporta la rĂ©action du chloral avec l'hydroxyde de calcium formant chloroforme et formiate de calcium. Cette rĂ©action fur redĂ©couverte par Adolf Lieben en 1870[4]. C'est pourquoi le « test iodoforme Â» est parfois appelĂ© la rĂ©action haloforme de Lieben. Un rĂ©capitulatif historique sur la rĂ©action haloforme fut publiĂ© en 1934[5].

RĂ©actifs

Les seuls rĂ©actifs susceptibles de rĂ©agir par la rĂ©action haloforme sont les cĂ©tones mĂ©thylĂ©es et les alcools secondaires qui peuvent ĂȘtre oxydĂ©s en cĂ©tones mĂ©thylĂ©es, comme l'isopropanol. L'halogĂšne utilisĂ© peut ĂȘtre le dichlore (Cl2), le dibrome (Br2) ou le diiode (I2), mais pas le difluor (F2) (voir mĂ©canisme ci-dessous).

Mécanisme général

La premiĂšre Ă©tape de ce mĂ©canisme est la transformation du dihalogĂšne en ion hypohalite (ion XO−), par rĂ©action avec un ion hydroxyde (soude, potasse, etc.) :

X2 + OH−→ XO−+ X− + H+ (X = Cl, Br, I)

À ce stade intervient une premiĂšre limite au mĂ©canisme. Si la rĂ©action se produit convenablement avec le dichlore (Cl2), le dibrome (Br2) ou le diiode (I2), le difluor (F2) ne rĂ©agit lui pas bien. En effet, l'ion hypofluorite (FO−) est beaucoup trop instable pour ĂȘtre synthĂ©tisĂ© de cette façon, et pouvoir ensuite ĂȘtre utilisĂ© pour la suite de la synthĂšse, ce qui interdit la synthĂšse du fluoroforme par cette rĂ©action. Il est cependant possible de le synthĂ©tiser Ă  partir de l'intermĂ©diaire suivant, R-(C=O)-CF3, suivant les rĂ©actions Ă  partir de la troisiĂšme Ă©tape.

Si le second réactif utilisé n'est pas une cétone méthylée, mais un alcool secondaire oxydable en cétone méthylée, celui-ci est oxydé par l'ion hydroxyde en présence de dihalogÚne :

exemple d'oxydation d'alcool secondaire par action du diiode en milieu basique
exemple d'oxydation d'alcool secondaire par action du diiode en milieu basique

La seconde étape est la réaction de la cétone méthylée avec l'ion hypohalite.

  • Cette Ă©tape commence par l'arrachage d'un hydrogĂšne du groupe mĂ©thyle par la base, stabilisĂ© par l'Ă©quilibre de tautomĂ©rie entre la forme cĂ©tone et la forme Ă©nolate :
  • L'Ă©nolate subit ensuite une attaque Ă©lectrophile de la part de l'ion hypohalite:
  • La cĂ©tone monosubsituĂ©e subit alors encore deux fois le mĂȘme mĂ©canisme, jusqu'Ă  l'obtention d'une cĂ©tone mĂ©thylĂ©e complĂštement substituĂ©e :

La troisiĂšme Ă©tape du mĂ©canisme consiste au dĂ©part de l'ion CX3−, par un mĂ©canisme de substitution nuclĂ©ophile acylique par l'ion hydroxyde, formant un carbanion trisubstituĂ© stabilisĂ© par effet inductif.

La derniÚre étape consiste en une réaction acide base entre le carbanion trisubstitué et l'acide carboxylique, formant l'haloforme et un ion carboxylate.

Utilisations

Cette réaction est traditionnellement utilisée pour déterminer la présence de cétone méthylée, ou d'un alcool secondaire oxydable en cétone méthylée au travers de ce qu'on appelle le test iodoforme.

Cependant, les techniques actuelles de l'analyse chimiques, la spectroscopie RMN ou infrarouge par exemple, tendent à rendre cet usage dépassé, du simple fait que ces techniques ne détruisent pas l'échantillon (RMN) ou en utilise de plus petits, et sont plus facile et rapide à effectuer.

Anciennement cette réaction a été utilisée pour produire les trois haloformes (chloroforme, iodoforme, bromoforme) de façon industrielle.

En chimie organique, cette réaction peut servir à convertir une cétone méthylée en acide carboxylique correspondant (non méthylé).

Test iodoforme

test négatif (gauche) et positif (droite)

L'iodoforme (CHI3) est une substance jaune pùle, qui à cause de sa masse molaire élevée (due aux trois atomes d'iode) est solide à température ambiante. Il est de plus insoluble dans l'eau, et dégage une odeur proche d'un antiseptique.

Dans un tube Ă  essais oĂč l'on a placĂ© la substance Ă  tester, on rajoute du diiode et de l'hydroxyde de sodium. Si le test est positif, c'est-Ă -dire que la substance testĂ©e contient une cĂ©tone mĂ©thylĂ©e ou un alcool secondaire oxydable en cĂ©tone mĂ©thylĂ©e, un prĂ©cipitĂ© jaune pĂąle d'iodoforme se forme.

Notes et références

  1. (en) Chakrabartty et W. S. Trahanovsky (dir.), Oxidation in Organic Chemistry, Academic Press, , p. 343-370
  2. (en) L. Kurti et B. Czako, Strategic Applications of Named Reactions in Organic Synthesis, Academic Press, , 864 p. (ISBN 978-0-12-369483-6, présentation en ligne)
  3. G. S. Serullas, « Notes sur l'Hydriodate de potasse et l'Acide hydriodique », Annal. Chim. Phys., vol. 20,‎ , p. 165 (lire en ligne)
  4. Ann. Spl. Bd., volume 7, 1870, p. 18
  5. (en) R. C. Fuson et B. A. Bull, « The Haloform Reaction », Chem. Rev., vol. 15, no 3,‎ , p. 275-309 (ISSN 0009-2665, DOI 10.1021/cr60052a001)

Lien externe

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