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Prieuré hospitalier de Saint-Jean de Latran

Le prieuré hospitalier de Saint-Jean de Latran est un ancien établissement des Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem au clos Bruneau à Paris à l’emplacement de l’actuelle rue de Latran dont les bâtiments ont été détruits au milieu du XIXe siècle dans des opérations d’urbanisme.

Prieuré hospitalier de Saint-Jean de Latran
Présentation
Fondation Drapeau des chevaliers hospitaliers Hospitaliers (XIIe siècle)
Démolition milieu du XIXe siècle
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion ĂŽle-de-France
Ville Paris
GĂ©olocalisation
CoordonnĂ©es 48° 50′ 59″ nord, 2° 20′ 47″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Prieuré hospitalier de Saint-Jean de Latran
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Prieuré hospitalier de Saint-Jean de Latran

Le nom

La « maison de L'Hospital » est le premier nom que l'on trouve dans les documents les plus anciens puis au XIVe siècle elle est désignée sous le nom de « maison de L'Hospital ancien » pour faire la différence avec le nouveau siège des prieurs de France qui vient de s'établir à la maison du Temple. Nous ne connaissons la raison qui la fit appeler la « commanderie » ou le « prieuré de Saint-Jean de Latran ». Enfin, elle prit le nom de « bailliage de Morée » car elle était l’apanage du bailli de la Morée[1].

Les origines

L'Ă©poque de la crĂ©ation de la maison de L'Hospital n'est pas vĂ©ritablement connue, elle s’est Ă©tablie avant 1130 sur le cĂ´tĂ© nord de ce qui est aujourd'hui la rue Saint-Jean-de-Latran. Le plus vieux document qui la mentionne date de 1171, c'est une charte de Maurice, Ă©vĂŞque de Paris, par laquelle Philippe et Mathieu de Villa Escoblen, son frère, ont vendu aux Hospitaliers Jocelin et GĂ©rard, procureurs de la maison de L'Hospital, la terre, les hommes et la justice seigneuriale Ă  Bièvre pour un cens annuel de deux sols et 40 livres payĂ©es en une fois[2] - [3].

En 1175, par acte de donation, Robert d'Arpenty, cède Ă  frère GĂ©rard de L'Hospital, gardien et Ă©conome, des terres Ă  La Norville[3]. En 1176, frère Gautier, prĂ©cepteur, accepte une rente de 50 sols parisis donnĂ©e par Étienne de Meudon au moment de son dĂ©part en Terre sainte[4] - [5]. En 1189, Le frère Garnier de Naples, prieur de France et d'Angleterre, donne Ă  cens une maison sise au-delĂ  du Grand-Pont moyennant une rente de sept livres par an Ă  Guillaume et Mesendre de Bagneux, sa femme.

Garnier de Naples avait deux représentants pour les affaires de l'Ordre, frère Jacques et frère Anselme[6] - [5]. En 1191, Guillaume des Barres accorde à frère Anselme, devenu prieur, une terre avec une grange dans la censive de Notre-Dame-des-Champs[7] - [5].

L'enclos

L’enclos qui entourait les bâtiments conventuels, place de Cambrai, les rues Saint-Jacques, des Noyers et de Saint-Jean-de Beauvais, formait une petite paroisse comprenant des maisons louĂ©es Ă  des artisans qui exerçaient leur activitĂ© en franchise des règles des corporations, parmi lesquels plusieurs imprimeurs. Il avait pour dimension 2 096 toises avec 135 toises pour l'Ă©glise, 45 toises pour le cimetière, 28 toises pour le cloĂ®tre, 166 toises pour la maison du commandeur, sa cour et son jardin, 1 048 toises pour les maisons de l'enclos et 676 toises pour les cours, places et rues[8].

La commanderie comprenait une tour édifiée au XIIe siècle et au XIIIe siècle à l’angle d’une église du XIIe siècle dédiée à saint Jean-Baptiste dont l’abside aurait été refaite au XVIe siècle qui était l'église paroissiale des habitants de l'enclos[9], une demeure pour les frères de l'Ordre et la maison du commandeur[8].

L'église est ainsi décrite dans un procès-verbal de visite pour l'année 1493 : ce n'était qu'« une grande chappelle fondée de Sainct-Jehan, chargée de couvent de quatre frères chappelains qui tous les jours disent matines, basse messe et grant messe, vesprez, complis, et aux festes solemnelles toutes les heures. Ladicte chappelle estoit bien honnestement desservie, bien réparée tant de ediffices comme de verrines et d'ornemens, tres bien garnie de calices, de croix et de plusieurs reliquaires enchassez en argent tant doré que blanc[8]. »

Le commandeur Lesbahy avait trouvé, à son entrée en fonctions, la maison du commandeur et le couvent en très mauvais état. Il avait « bien rediffié et réparé et faict tout de neuf ung corps de maison à quatre bonnes chambres, et arrière-chambres, deux salles, une haulte et une basse cuisine, et aultres choses nécessaires pour une bonne maison, et icelle bien meublée de toutes utencilles tant de chambres comme de cuisines[10]. »

Après les guerres du XVe siècle, lors de la visite de 1495, les revenus de la commanderie de Saint-Jean de Latran n'Ă©taient que de 449 livres et les dĂ©penses Ă©taient de 895 livres. En 1583, les revenus Ă©taient de 3 600 livres et en 1633 de 11 000 Livres mais après le partage entre les commanderies de Lourcines et celui de la Tombe-Issoire, ils ne font plus que 8 000 Livres. En 1757, ils sont redevenus Ă  38 000 livres et 60 000 livres en 1786[11].

Terriers et possessions

Au XIIIe siècle, les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de JĂ©rusalem possĂ©dait l'abbaye de Saint-Denis par l'intermĂ©diaire de la seigneurie d'Aubervilliers. Un acte datant de 1317, montre que le prieur de France et l'abbĂ© de Saint-Denis, font le partage de leurs droits seigneuriaux[12] - [13]. Le baillie de la MorĂ©e cède en 1689, cette part de seigneurie Ă  M. de Montholon, conseiller au grand-conseil du roi, contre une rente annuelle de 75 livres[14], rente qui continuait Ă  ĂŞtre servie encore en 1789[15].

Outre ce domaine dans le quartier latin, le prieuré possédait également un vaste territoire située au sud de Paris qui, à la veille de la Révolution, était délimité à l'est par la Bièvre, au nord par ce qui est devenu le boulevard de Port-Royal et la rue des Lyonnais, à l'ouest le boulevard Saint-Michel et l'avenue Jean-Moulin[16] - [17].

Le commandeur, le prieur ou le bailli y exerçait son droit de justice.

  • La commanderie sur plans anciens
  • Saint-Jean de Latran sur plan Truschet vers 1550.
    Saint-Jean de Latran sur plan Truschet vers 1550.
  • Saint-Jean de Latran sur plan Turgot de 1739.
    Saint-Jean de Latran sur plan Turgot de 1739.
  • Saint-Jean de Latran sur plan JuniĂ© de 1786.
    Saint-Jean de Latran sur plan Junié de 1786.

L'Ordre possédait en outre des commanderies dans plusieurs localités de la région de Paris, les commanderies de Saclay, Les Loges, Marcoussis et Le Déluge[18], mais aussi Chauffour, Cuiry, Bagneux, Issy, Romainville, Fontenay et La Norville. Les deux fiefs les plus importants étaient aux environs de l’actuel boulevard de Port-Royal le « fief de Lourcines »[19] et, entre l’actuelle rue de la Tombe-Issoire et l’actuelle avenue du Général-Leclerc, « fief de la Tombe-Issoire »[20].

La disparition

vestiges de la commanderie en 1824.
l'Ă©glise.

L’Ordre fut chassé à la Révolution et les biens des Hospitaliers furent confisqués. Les bâtiments vendus comme biens nationaux en 1792 furent loués par les acquéreurs. La tour servit entre 1796 et 1798 à Xavier Bichat pour ses leçons d’anatomie[21].

L’église fut partiellement détruite en 1823, la grange aux Dîmes qui était située à l’emplacement de la pelouse de la place Marcellin-Berthelot disparut dans les années 1830. Une grande partie des bâtiments de l’enclos de l’ancienne commanderie subsistait en 1850. Ces constructions furent rasées au cours des années suivantes. La tour fut abattue en 1854 pour le percement de la rue des écoles. La création des rues Thénard et de Latran entraîna la destruction en 1860 de la chapelle Notre-Dame de Bonne Nouvelle, en 1864 celle des derniers vestiges de l’église[21].

Le mausolée de Jacques de Souvré sculpté par François Anguier est conservé au Louvre et des fragments de la tour sont déposés au musée de Cluny[21].

Les commandeurs, prieurs et baillis de Morée hospitaliers

Liste des commandeurs dressée par Mannier[11].

Prieur Date
Frères Jocelin et Gérard1174
Frère Jean1172
Frère Gérard1175
Frère Guillaume1176
Frère Bérard1192
Frères Isambard, Emery et Harduin1194
Frère Geoffroy1212
Frère Henri de Pesmes1230
Frère Guillaume de Moret1257
Frère Jehan de Chaumes1260
Frère Nicolas de Hiscan1272
Frère Jehan Pilon1299
Chevalier Henri de Neufchâtel1323
Chevalier Pierre de la Caucherie1344
Frère François Mouton1355
Chevalier Nicole de Thionville1356
Chevalier Pierre de Provins1376
Chevalier Henri de Bye1412
Chevalier Gueroult de Boissel1424
Chevalier Jehan de Goudeville1446
Chevalier Renaut Gorre1450
Chevalier Nicole Lesbahy1469
Chevalier Charles des Ursins1506
Chevalier Guillaume Guynon1522
Prieur François de Lorraine1549
Prieur Pierre de la Fontaine1550
Chevalier Guillaume de la Fontaine1567
Prieur Henri d’Angoulême1569
Chevalier Philibert Lullier1577
Prieur Bertrand Pelloquin1597
Prieur Georges de Regnier-Guerchy1603
Prieur Alexandre de Vandosme1620
Prieur Guillaume de Meaux, bois-Boudran1630
Prieur Amador de La Porte1639
Chevalier Jacques de Souvré1646
Bailli d'Elbene1676
Bailli Charles de Savonnière de la Bretesche1693
Bailli Louis Feydeau de Vaugien1717
Bailli Henri Perot1726
Bailli François de la Roche-Brochard1735
Bailli Guillaume de Bernard Davernes du Bocage1750
Bailli Guillaume George de Gouffler de Toix1756
Bailli Constantin Louis d'Estournelles1762
Bailli Hervé Lefebvre du Quesnoy1773
Bailli de Sahure1777
Bailli Antoine-Denis d'Alsace d'Hennin-Liétard1779
Bailli Nicolas-Pierre des Noes1794

Notes et références

Nota : les références des Archives nationales ont été reclassées et les références actuelles sont changées[22].

  1. Mannier (1872) p. 32-33
  2. Archives nationales S 5125, supplément n. 22
  3. Mannier (1872) p. 31
  4. Archives nationales S 5124, supplément n. 4
  5. Mannier (1872) p. 32
  6. Archives nationales S 5115, supplément n. 48
  7. Archives nationales S 5115, supplément n. 44
  8. Mannier (1872) p. 33
  9. « La commanderie Saint-Jean-de-Latran des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem », sur www.sculpturesmedievales-cluny.fr (consulté le )
  10. Mannier (1872) p. 34
  11. Mannier (1872) p. 47
  12. Archives nationales S 5545
  13. Mannier (1872) p. 37
  14. Archives nationales MM 46, p. 88, registre du chapitre
  15. Mannier (1872) p. 37-38
  16. Rouleau (1985)
  17. Huard (2019)
  18. « Commanderie de l'Hôpital ancien de Saint-Jean-de-Latran à Paris », sur templiers.net (consulté le )
  19. Mannier (1872) p. 38-39
  20. Mannier (1872) p. 39-40
  21. Gady (1998) p.124
  22. inventaire des Archives nationales

Sources

Annexes

Liens externes


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