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Premier tour du monde aérien

Le premier tour du monde aĂ©rien remonte Ă  1924. EffectuĂ© par quatre aviateurs issus de l'Air Service, ancĂȘtre de l’US Air Force, le voyage s’étend sur 175 jours, et couvre prĂšs de 42 400 km. L'Ă©quipe s'est globalement dĂ©placĂ©e d'est en ouest, quittant les cĂŽtes du Pacifique nord pour l’Asie du Sud avant de gagner l’Europe et de revenir aux États-Unis.

Cet avion, le Chicago, a mené le premier vol autour du monde en 1924.

Les aviateurs Lowell H. Smith et Leslie P. Arnold, et Erik H. Nelson et John Harding Jr. ont fait le voyage Ă  bord de deux Douglas World Cruiser (DWC), avion monomoteur et Ă  cockpit ouvert, Ă©quipĂ©s de flotteurs pendant la majeure partie du voyage. L’équipĂ©e devait initialement se composer de huit hommes, les quatre autres aviateurs se trouvant aux commandes de deux DWC supplĂ©mentaires, mais au commencement de la circumnavigation leurs avions se sont Ă©crasĂ©s ou ont Ă©tĂ© contraints Ă  atterrir ; tous les aviateurs ont nĂ©anmoins survĂ©cu.

Smith, Arnold, Nelson et Harding effectuent leur tour du monde en demeurant toujours dans l’hĂ©misphĂšre Nord ; ce n’est qu’en que l'Australien Charles Kingsford Smith et un Ă©quipage de trois compagnons boucle le premier tour du monde en vol Ă  traverser les deux hĂ©misphĂšres, au cours duquel a lieu le premier vol transpacifique des États-Unis Ă  l'Australie, en 1928. Kingsford Smith rĂ©ussit cette circumnavigation aux commandes d’un avion monoplan trimoteur Fokker F.VIIb / 3m.

Course autour du monde : préparatifs américains

Au dĂ©but des annĂ©es 1920, au sortir de la PremiĂšre Guerre mondiale qui avait vu l’aviation faire de grands progrĂšs, plusieurs pays sont en lice pour ĂȘtre les premiers Ă  faire le tour du monde en avion. Les Britanniques ont dĂ©jĂ  fait une tentative infructueuse dĂšs . L’annĂ©e suivante, ce sont les Français qui s’y essaient. Les Italiens, les Portugais et de nouveau les Britanniques dĂ©voilent des projets de tour du monde aĂ©ronautique[1]. Au printemps , l’Air Service, branche aĂ©rienne des forces armĂ©es amĂ©ricaines, commence Ă  s’intĂ©resser Ă  la possibilitĂ© de mettre sur pied une escadrille d’aĂ©ronefs militaires Ă  mĂȘme d’entreprendre un tour du monde en vol. Un petit nombre d’officiers sont affectĂ©s Ă  une commission « Tour du monde en avion » au sein du ministĂšre de la Guerre[2] ; il leur est assignĂ© la tĂąche de trouver un aĂ©ronef appropriĂ© et d’en planifier la mission[3]. Ce travail, entrepris au plus haut niveau de l’armĂ©e, sous la responsabilitĂ© directe du gĂ©nĂ©ral Patrick (en), chef de l’Air Service, finit mĂȘme par s’adjoindre le concours de la marine, des Affaires Ă©trangĂšres et de l’administration des PĂȘches et des Garde-cĂŽtes[4].

Le ministĂšre de la Guerre incite l’Air Service Ă  examiner le Fokker T-2, un avion de transport, et le Davis-Douglas Cloudster, afin de dĂ©terminer si l’un ou l’autre pourrait convenir et en acquĂ©rir des exemplaires afin de les Ă©valuer[N 1] Quoique jugĂ©s satisfaisants, le comitĂ© de planification envisage aussi d’autres avions de l’Air Service en service ou en commande, avec l’idĂ©e qu’un avion spĂ©cial que l’on pourrait doter d’un train d'atterrissage interchangeable, Ă  roues pour atterrir ou Ă  flotteurs pour amerrir, s’avĂ©rerait prĂ©fĂ©rable[6].

Lorsque l’avionneur Davis-Douglas reçoit la demande d’informations Ă©mise par l’Air Service au sujet du Cloudster, son directeur gĂ©nĂ©ral, Donald Douglas, fournit Ă  la place des donnĂ©es relatives Ă  un DT-2 modifiĂ©[7], un bombardier-torpilleur que l’entreprise a produit pour la marine amĂ©ricaine en -. Le DT-2 s’est avĂ©rĂ© ĂȘtre un robuste aĂ©ronef et justement capable d’ĂȘtre Ă©quipĂ© ou de roues ou de flotteurs. L’avion existant dĂ©jĂ , Douglas avance qu’il pourrait servir de base Ă  un nouveau dĂ©veloppement, un avion qu’il baptise Douglas World Cruiser (DWC) et qui pourrait ĂȘtre livrĂ© dans les 45 jours aprĂšs la signature d’un Ă©ventuel contrat. L’Air Service donne son accord et dĂ©pĂȘche le lieutenant Erik Henning Nelson (1888–1970), membre du comitĂ© de planification, en Californie pour mettre au point les dĂ©tails avec Douglas[N 2].

Douglas, assistĂ© de Jack Northrop[8], commence Ă  Ă©tudier le dĂ©tail des modifications Ă  apporter au DT-2 pour l’adapter aux besoins du tour du monde[6]. La modification principale consiste Ă  augmenter sa capacitĂ© Ă  stocker le carburant[9]. La soute Ă  munitions est ainsi retirĂ©e et l’emplacement ainsi libĂ©rĂ© utilisĂ© pour ajouter des rĂ©servoirs additionnels ; de mĂȘme, des rĂ©servoirs sont ajoutĂ©s dans les ailes et le rĂ©servoir existant est lui-mĂȘme agrandi. La capacitĂ© totale en kĂ©rosĂšne est ainsi plus que quintuplĂ©e, passant de 435 litres Ă  2 438 litres[6].

Le lieutenant Nelson emmĂšne la proposition de Douglas Ă  Washington oĂč le gĂ©nĂ©ral Mason M. Patrick, Ă  la tĂȘte de l’Air Service, l’approuve le . Le ministĂšre de la Guerre attribue Ă  Douglas un contrat initial pour la fabrication d’un unique prototype[10]. Le prototype confirme toutes les attentes et un nouveau contrat est signĂ© pour la production de quatre unitĂ©s et de piĂšces de rechange[11]. Le dernier DWC livrĂ© l’est le . Les piĂšces de rechange incluent quinze moteurs Liberty supplĂ©mentaires, quatorze jeux de flotteurs et suffisamment d’autres piĂšces pour construire entiĂšrement deux nouveaux avions[10]. Ces piĂšces de rechanges sont envoyĂ©es en avant de l’expĂ©dition, pour y attendre les Ă©quipes lors de leurs Ă©tapes prĂ©vues autour du monde[12].

Les aĂ©ronefs ne sont pas Ă©quipĂ©s de radios[13] ni instruments d’aucune sorte, de sorte que les Ă©quipages en sont rĂ©duits Ă  devoir naviguer Ă  l'estime pour mener Ă  bien leur mission.

AĂ©ronefs et Ă©quipages

  • Seattle (no 1) : major Frederick L. Martin (en) (1882–1956), pilote et commandant de l’expĂ©dition, avec le staff sergeant Alva L. Harvey (1900–1992), mĂ©canicien. L’avion s’écrase dans les Ăźles AlĂ©outiennes et l’équipage est forcĂ© Ă  l’abandon.
  • Chicago (no 2) : lieutenant Lowell Smith (en) (1892–1945), pilote et commandant remplaçant de l’expĂ©dition, avec le premier-lieutenant Leslie P. Arnold (1893–1961), copilote.
  • Boston (no 3)/Boston II (le prototype ayant Ă©tĂ© baptisĂ© Boston est par la suite renommĂ© en Boston II) : premier-lieutenant Leigh P. Wade (1897–1991), pilote, avec le staff sergeant Henry H. Ogden (1900–1986), mĂ©canicien. Cet Ă©quipage est Ă©galement forcĂ© d’abandonner en route.
  • New Orleans (no 4) : lieutenant Erik H. Nelson (1888–1970), pilote, avec le lieutenant John Harding Jr. (1896–1968), copilote[7] - [14]

Les pilotes s’entraĂźnent Ă  la navigation et Ă  la mĂ©tĂ©orologie sur le terrain d’aviation de Langley en Virginie, oĂč ils peuvent Ă©galement s’approprier le prototype du World Cruiser de Douglas. De Ă  , les Ă©quipages volent sur l’avion de sĂ©rie aux usines Douglas de Santa Monica et de San Diego[15].

Itinéraire

Les quatre AmĂ©ricains voyagent d’est en ouest, au dĂ©part de Seattle sur la cĂŽte occidentale des États-Unis, au mois d’ ; ils reviennent Ă  leur point de dĂ©part en . Ils prennent d’abord vers le nord-ouest en direction de l’Alaska, survolent les Ăźles du PaciïŹque Nord jusqu’au Japon puis inflĂ©chissent leur route vers l’Asie du Sud, rejoignent ensuite le continent europĂ©en et enfin l’ocĂ©an Atlantique — cinq ans seulement aprĂšs la premiĂšre traversĂ©e transatlantique par A. C. Read. Le point le plus mĂ©ridional du trajet est atteint Ă  SaĂŻgon, alors en Indochine française[16]. Les points de ravitaillement sont, successivement[17] :

Hommes et matériels aprÚs le tour du monde

À la demande de la Smithsonian Institution, le ministĂšre de la Guerre transfĂšre au musĂ©e la propriĂ©tĂ© de l’un des quatre DWC, le Chicago, pour qu’il y soit exposĂ©. L’avion effectue son dernier voyage de Dayton (Ohio) Ă  Washington le . Il est presque aussitĂŽt exposĂ© au public dans le bĂątiment de la Smithsonian consacrĂ© aux Arts et Ă  l’Industrie. En 1974, le Chicago fait l’objet d’une restauration dirigĂ©e par Walter Roderick[19] avant qu’il ne soit transfĂ©rĂ© au musĂ©e national de l’Air et de l’Espace pour y ĂȘtre installĂ© au sein de la galerie Barron Hilton Pioneers of Flight consacrĂ©e aux pionniers de l’aviation[1].

À compter de , le New Orleans est exposĂ© au musĂ©e national de l’armĂ©e de l’air des États-Unis Ă  Dayton[20]. L’aĂ©ronef est un prĂȘt du musĂ©e d'histoire naturelle du comtĂ© de Los Angeles auquel l’appareil est restituĂ© en [21]. Depuis , le New Orleans fait partie des collections du musĂ©e du Vol (Museum of Flying) Ă  Santa Monica (Californie)[22].

Les restes de l’épave du Seattle sont renflouĂ©s et sont aujourd’hui visibles au musĂ©e de l'aviation de l'Alaska (en)[23]. Le quatriĂšme avion de l’expĂ©dition, le Boston, a sombrĂ© dans l’Atlantique nord aprĂšs trois-quarts de tour du monde. Quant au prototype, le Boston II, les seuls Ă©lĂ©ments subsistants connus sont une plaque minĂ©ralogique, conservĂ©e dans une collection privĂ©e, et un morceau de toile du fuselage, conservĂ© au Vintage Wings & Wheels Museum de Poplar Grove dans l’Illinois[24]

Les six aviateurs sont rĂ©compensĂ©s de la Army Distinguished Service Medal Ă  la suite d'un vote du CongrĂšs des États-Unis ; c'est la premiĂšre fois que cette mĂ©daille est dĂ©cernĂ©e pour rĂ©compenser autre chose que des actes de guerre. Ils sont par ailleurs exonĂ©rĂ©s de l’interdiction d’accepter des dĂ©corations Ă©trangĂšres[25].

Le trophĂ©e Mackay (en) — par lequel l’armĂ©e rĂ©compense « le vol le plus mĂ©ritoire de l’annĂ©e » de ses Ă©quipages — est dĂ©cernĂ© pour Ă  Smith, Arnold, Wade, Nelson et Ogden[26]. Dans les annĂ©es suivantes, Martin (en) se trouve Ă  la tĂȘte des unitĂ©s stationnĂ©es Ă  HawaĂŻ au moment de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor en . Harvey, son mĂ©canicien pendant le tour du monde, commande un groupe de bombardement au cours de la Seconde Guerre mondiale. Nelson atteint le grade de colonel et, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Henry Arnold, participe Ă  la mise au point opĂ©rationnelle du B-29 Superfortress de Boeing.

Tour du monde transéquatorial

Le premier tour du monde aĂ©rien impliquant le passage de l’équateur est le fait d’un unique avion, le Southern Cross[N 3], un monoplan trimoteur F.VIIb/3m de Fokker[27] servi par un Ă©quipage de quatre hommes : Charles Kingsford Smith (chef-pilote), Charles Ulm (copilote), James Warner (opĂ©rateur radio) et Harry Lyon (ingĂ©nieur-mĂ©canicien)[27].

AprĂšs avoir rĂ©alisĂ© la premiĂšre traversĂ©e transpacifique par les airs le , reliant Oakland en Californie Ă  Brisbane en Australie, Kingsford Smith et Ulm passent plusieurs mois Ă  rĂ©aliser d’autres vols Ă  longue distance au dessus de l’Australie et de la Nouvelle-ZĂ©lande. Ils prennent ensuite la dĂ©cision de faire de leur traversĂ©e transpacifique la premiĂšre Ă©tape d’un vol autour du monde[28]. Toujours Ă  bord du Southern Cross ils rallient l’Angleterre en puis effectuent la traversĂ©e de l’Atlantique et, aprĂšs le survol de l’AmĂ©rique du Nord, atterissent, en , Ă  Oakland, point de dĂ©part de leur premiĂšre Ă©tape[29].

Avant sa mort, en Kingsford Smith fait don du Southern Cross au Commonwealth d’Australie pour qu’il soit exposĂ© dans un musĂ©e[30]. L’aĂ©ronef est conservĂ© dans un mĂ©morial vitrĂ© Ă  Airport Drive, non loin du terminal international de l’aĂ©roport de Brisbane.

Notes et références

Notes

  1. En 1922–1923, le Fokker T-2 a Ă©tĂ© en service dans l’U.S. Army pour rĂ©aliser une sĂ©rie de records d’endurance et de distance[5].
  2. Le lieutenant Nelson fera partie du vol autour du monde comme pilote du DWC no 4[1].
  3. Littéralement la Croix du Sud, un nom repris par le LatécoÚre de Jean Mermoz dans les années 1930

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « First aerial circumnavigation » (voir la liste des auteurs).
  1. "Collections: Douglas World Cruiser Chicago – Long Description." National Air and Space Museum. Retrieved: 7 July 2012.
  2. Thomas1925, p. 6
  3. SwanboroughBowers1963, p. 548
  4. Thomas1925, p. 4
  5. "Fine American Duration Flight." Flight, 19 October 1922, p. 615.
  6. Judy Rumerman, « The Douglas World Cruiser – Around the World in 175 Days. », U.S. Centennial of Flight Commission, (consultĂ© le )
  7. (en) « First to fly around the world », sur Did You Know.org (consulté le )
  8. Boyne1982, p. 80
  9. Yenne2003, p. 48
  10. « Douglas DT-2 World Cruiser », sur Aviation Central.com (consulté le )
  11. Francillon1979, p. 75
  12. Bryan1979, p. 122
  13. Thomas1925, p. 253
  14. Thomas1925, p. 43
  15. Thomas1925, p. 10-12
  16. Thomas1925, p. 175
  17. Thomas1925, p. xxii
  18. Thomas1925
  19. Boyne1982, p. 18
  20. Ogden1986, p. 168
  21. (en) « Exhibits », sur Los Angeles County Museum of Natural History (consulté le )
  22. (en) « Douglas World Cruiser "New Orleans" #4 », sur Museum of Flying (consulté le )
  23. « Museum Exhibits »
  24. « site officiel du Vintage Wings & Wheels Museum »
  25. Thomas1925, p. 325
  26. (en) « Mackay 1920-1929 Recipients - NAA: National Aeronautic Association », sur naa.aero
  27. (en) Stephen Sherman, « Charles Kingsford Smith: First to Fly Across the Pacific. », sur acepilots.com, (consulté en )
  28. Cross1972, p. 71
  29. Cross1972, p. 74
  30. (en) « RAAF Fokker F.VIIB Southern Cross VH-USU », sur ADF Aircraft Serials (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • (en) Lowell Thomas, The First World Flight, Boston & New York, Houghton Mifflin Company, (lire en ligne Inscription nĂ©cessaire)
  • (en) Roy Cross, Great Aircraft and Their Pilots, New York, New York Graphic Society, (ISBN 978-0-82120-465-8)
  • (en) Courtlandt Dixon Barnes Bryan, The National Air and Space Museum, New York, Harry N. Abrams, Inc., (ISBN 978-0-810-98126-3)
  • (en) RenĂ© J. Francillon, McDonnell Douglas Aircraft Since 1920, vol. I, Londres, Putnam, (ISBN 0-87021-428-4)
  • (en) Bill Yenne, Seaplanes & Flying Boats : A Timeless Collection from Aviation's Golden Age, New York, BCL Press, (ISBN 1-932302-03-4)
  • (en) Walter J. Boyne, The Aircraft Treasures Of Silver Hill : The Behind-The-Scenes Workshop Of The National Air And Space Museum, New York, Rawson Associates, (ISBN 0-89256-216-1)
  • (en) F. Gordon Swanborough et Peter M. Bowers, United States Military Aircraft since 1909, Londres, Putnam,
  • (en) Bob Ogden, Great Aircraft Collections of the World, New York, Gallery Books, (ISBN 1-85627-012-2)
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