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PrĂȘt entre particuliers

Le prĂȘt entre particuliers, Ă©galement crĂ©dit communautaire (en anglais peer-to-peer lending, P2P lending ou parfois aussi social lending) est une activitĂ© financiĂšre qui consiste en des prĂȘts d'argent entre particuliers, sous la forme de remise de fonds avec engagement de remboursement.

Ce systĂšme proche de celui du microcrĂ©dit dĂ©veloppĂ© par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix, a pour but de permettre Ă  toute personne dĂ©sireuse de prĂȘter ou d’emprunter de le faire directement entre particuliers, avec ou sans intermĂ©diaires bancaires.

La simplicité de ce systÚme permet à toute personne de rechercher un crédit sans passer par les établissements de crédit (les banques) ou par les organismes de crédit.

Principes

Ce circuit de crĂ©ation et de distribution de crĂ©dits repose sur le prĂȘt direct de particulier Ă  particulier (peer-to-peer). L'objectif consiste Ă  rĂ©duire le coĂ»t de distribution, Ă©levĂ© dans la banque, et Ă  disposer d'une analyse diffĂ©rente du risque. L'emprunteur particulier sollicite ainsi un prĂȘt qui sera financĂ© par de multiples prĂȘteurs (plusieurs micro-prĂȘts) ; chaque prĂȘteur pourra confier des capitaux Ă  plusieurs emprunteurs, pour diviser son risque de contrepartie en rĂ©partissant les risques de dĂ©faut. Potentiellement un prĂȘteur prĂȘte donc Ă  plusieurs centaines d'individus diffĂ©rents.

Ce dispositif s'opÚre avec ou sans intermédiaire. En pratique, il est souvent nécessaire d'organiser la rencontre entre les demandes et les offres de capitaux. En revanche, ces intermédiaires ne dépendent pas des établissements de crédit.

Il existe principalement deux façons de rĂ©aliser ces prĂȘts :

  • de un Ă  un (ou de grĂ© Ă  grĂ©) : une personne prĂȘte de l'argent Ă  une autre personne. En France, si cette opĂ©ration est rĂ©alisĂ©e Ă  titre habituel par le prĂȘteur, elle nĂ©cessite une immatriculation en tant qu'intermĂ©diaire en financement participatif ; sinon, elle est interdite Ă  titre habituel, car elle relĂšve de l'activitĂ© bancaire ; or, une personne physique ne peut dĂ©tenir de licence bancaire (agrĂ©ment). La notion de « titre habituel » selon les termes du code monĂ©taire et financier, caractĂ©rise la rĂ©pĂ©tition ou le caractĂšre professionnel des opĂ©rations. Une transaction de grĂ© Ă  grĂ© peut se faire avec une reconnaissance de dette et c'est plus prudent ainsi.
  • de plusieurs Ă  un : il s'agit alors pour plusieurs personnes d'en financer une seule. C'est une extension de la premiĂšre forme de prĂȘt. L'organisation peut se matĂ©rialiser par un site internet, de type "place de marchĂ©", permettant Ă  ces personnes de se rencontrer si elles ne se connaissent pas. En ce cas, un tel site exerce une fonction d'intermĂ©diaire, gĂ©nĂ©ralement, d'intermĂ©diaire en financement participatif, par exemple, pour la France.

Fonctionnement pour l'emprunteur :

  • L'emprunteur prĂ©cise le montant qu'il veut emprunter, renseigne ses informations de solvabilitĂ© (dettes, revenus, emploi actuel, informations sur l'emploi du crĂ©dit et informations personnelles Ă©ventuellement)
  • L'intermĂ©diaire, le cas Ă©chĂ©ant, rĂ©alise et diffuse une analyse de solvabilitĂ© et de risque
  • Les prĂȘteurs prĂȘtent -ou non- Ă  l'emprunteur selon leurs critĂšres
  • Quand suffisamment de prĂȘteurs ont proposĂ© de financer l'emprunteur, celui-ci se voit accorder son prĂȘt et l'argent lui est transfĂ©rĂ©. Il rembourse ensuite l'emprunt selon les principes gĂ©nĂ©raux d'amortissement.

Fonctionnement pour le prĂȘteur :

  • Le prĂȘteur indique le montant qu'il veut prĂȘter et renseigne ses critĂšres d'investissement (risque associĂ© Ă  un emprunteur, communautĂ© d'emprunteurs, dimension sociale ou solidaire, par exemple)
  • Ces prĂȘts rĂ©pondent aux demandes des emprunteurs. Chaque prĂȘt qui sera proposĂ© par un prĂȘteur sera appelĂ© quand l'emprunteur concernĂ© aura recueilli l'intĂ©gralitĂ© de son prĂȘt
  • Une fois les fonds transfĂ©rĂ©s, le prĂȘteur reçoit les remboursements, mensuellement.

La crise financiĂšre dĂ©butĂ©e en 2008, mais aussi les limites des mĂ©thodes d'analyse des capacitĂ©s de remboursement des clients (scoring) des banques, excluent du crĂ©dit une grande partie de la population. Bien que solvables, ces particuliers n'accĂšdent pas aux formes de crĂ©dits purement bancaires. D'autre part, l'expansion des rĂ©seaux sociaux a permis, Ă  l'aide des applications sociales, de mettre en place ces types de plateformes de prĂȘts, aux limites qu'impose la loi.

Pour les particuliers emprunteurs, ces circuits constituent des possibilitĂ©s alternatives de prĂȘts, hors du systĂšme bancaire principal, dominant. Les emprunteurs prĂ©sentent des profils divers. Ils peuvent emprunter Ă  titre professionnel, pour monter une entreprise par exemple, ou privĂ©, pour financer des travaux ou consolider leur dette Ă  un taux plus avantageux. Le recours aux sites de P2P lending peut permettre aux profils « atypiques » de formuler des demandes de crĂ©dit habituellement rejetĂ©es par les organismes puisque leur risque est moins aisĂ©ment mesurable : jeunes salariĂ©s, entrepreneurs, par exemple.

Pour les particuliers prĂȘteurs (ou investisseurs), l'intĂ©rĂȘt rĂ©side dans le fait que ces prĂȘts, plus risquĂ©s par nature, sont souvent mieux rĂ©munĂ©rĂ©s. D'autres investissements Ă  dimension Ă©thique, solidaire ou sociale sont Ă©galement soulignĂ©s.

Cette activitĂ© de prĂȘts entre particuliers a dĂ©marrĂ© dans le monde au milieu des annĂ©es 2000, vers 2006/2007. Le prĂȘt entre particuliers est partie prenante de l’émergence de la banque 2.0. En effet, c’est un service bancaire dont le marketing et le concept reposent sur le dĂ©veloppement de nouveaux modĂšles liĂ©s Ă  l’internet communautaire et la dĂ©sintermĂ©diation des rĂ©seaux bancaires.

Avantages

Le but de ce systĂšme est de rĂ©duire fortement les taux d’intĂ©rĂȘts pratiquĂ©s, en limitant les coĂ»ts d’intermĂ©diation bancaire et de refinancement.

Le deuxiĂšme objectif est d'assurer des gains pour les prĂȘteurs largement supĂ©rieurs Ă  ceux proposĂ©s par des placements bancaires classiques. Par ailleurs, ce systĂšme prĂ©sente un risque assez faible dĂ» Ă  la sĂ©paration des crĂ©dits en “pool” de prĂȘteurs. De ce fait, la perte due au non-remboursement d’un prĂȘt est rĂ©partie sur l’ensemble des crĂ©anciers, ce qui permet de rĂ©duire fortement la perte finale.

Le troisiĂšme objectif est de mettre l'humain au cƓur de la logique du crĂ©dit. Les banques proposent des taux efficients en termes de rentabilitĂ©. Ce systĂšme a pour objectif d'ouvrir la manne du crĂ©dit pour des populations qui ne peuvent pas y accĂ©der aujourd'hui.

Le dernier objectif de ce systĂšme est d'apporter du financement aux entrepreneurs.

Différents cadres juridiques

Il existe Ă©galement des plateformes de prĂȘt entre particuliers au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-ZĂ©lande.

Le prĂȘt entre particuliers en France

Depuis 2014, le prĂȘt entre particulier se dĂ©veloppe en France, qui connaĂźt un vĂ©ritable essor dans de nombreux pays d’Europe ainsi qu’aux États-Unis et au Japon. En France ce systĂšme pose encore des difficultĂ©s juridiques. Depuis mai et , le financement participatif (ou, en anglais, crowdfunding) dote la France d'un cadre juridique, autorisant sous conditions, les prĂȘts directs entre particuliers[1].

Fiscalement, les prĂȘts entre particuliers prĂ©sentent un rĂ©gime prĂ©cis[2].

En France, plusieurs sites proposent de l'intermĂ©diation de prĂȘts entre particuliers[3]. Ces sites sont, gĂ©nĂ©ralement, immatriculĂ©s Ă  l'ORIAS.

Certaines plateformes proposent la mise en relation de particulier Ă  particulier sous forme de petites annonces sans intervenir et sans percevoir de commission sur un Ă©ventuel contrat de prĂȘt qui pourrait ĂȘtre consenti entre les utilisateurs  de ces sites. Les internautes doivent seulement s’acquitter d'une inscription afin de poster leur demande de prĂȘt[4].

D'autres proposent Ă©galement des prĂȘts entre particuliers, prĂȘteurs, et entreprises, emprunteurs ou porteurs de projets[5] ; il s'apparentent ainsi Ă  une forme de microfinance. Les entrepreneurs peuvent se trouver dans des pays en voie de dĂ©veloppement.

Le prĂȘt entre particuliers Ă  travers le monde

Le prĂȘt entre particuliers (P2P lending en anglais) s’est surtout dĂ©veloppĂ© dans le monde anglo-saxon mais il est prĂ©sent dĂ©sormais dans de nombreux pays : États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Japon, Italie, Europe de l’Est


Escroqueries aux crédits entre particuliers

Le développement de l'intermédiation bancaire comme du financement participatif élargit les possibilités d'accÚs au crédit.

Compte tenu du marché de masse en jeu, plusieurs types d'arnaques et d'escroqueries se sont mises en place.

Parmi elles, une variante de la fraude 4-1-9 : le prĂȘteur, toujours basĂ© dans un pays tiers et recrutant principalement sur les blogs et forums parlant d'argent, prĂ©tend pouvoir prĂȘter de fortes sommes Ă  des taux dĂ©fiant toute concurrence. Profitant de la crĂ©dulitĂ© de sa victime, qui est parfois dans une situation dĂ©sespĂ©rĂ©e, il demande une modeste somme en Ă©change du virement. Une fois la somme envoyĂ©e, le prĂȘteur disparaĂźt sans laisser de trace (voir aussi la prisonniĂšre espagnole).

Les réseaux sociaux forment des outils particuliÚrement aisés et utilisés par les "escrocs du crédit", compte tenu de leur capacité élevée de contacts de particuliers.

Les opĂ©rateurs de financements, de crĂ©dits ou de prĂȘts, dĂ©tiennent nĂ©cessairement soit un agrĂ©ment, dĂ©livrĂ© par l'AutoritĂ© de ContrĂŽle Prudentiel et de RĂ©solution, soit une immatriculation, inscrite au registre des intermĂ©diaires tenu par l'ORIAS. La vĂ©rification du numĂ©ro d'agrĂ©ment ou celle du numĂ©ro d'immatriculation (www.orias.fr) permet de vĂ©rifier aisĂ©ment que l'intermĂ©diaire en crĂ©dits exerce dans un cadre lĂ©gal. Au contraire, l'absence d'agrĂ©ment ou d'immatriculation au registre tenu par l'ORIAS signale une proposition illĂ©gale et incite Ă  ne pas entrer en relation[6].

Monétisation des flux ou "Banque 2.0"

Avec le dĂ©veloppement des prĂȘts entre particuliers, beaucoup de plateformes apparaissent. Certaines ne proposent pas directement de crĂ©dits, mais des liens vers des sites de crĂ©dits.

Leur seule source de revenu est de faire cliquer les visiteurs sur les liens Google Adsense afin qu'ils rapportent de l'argent (les liens Google Adsense dans le domaine de la finance peuvent rapporter jusqu'à 0,80 € voire 1 € le clic, c'est-à-dire plus de 10 fois la valeur de la plupart des autres mots).

Voir aussi

Notes et références

  1. « Le cadre réglementaire du financement participatif », sur gouv.fr (consulté le ).
  2. FiscalitĂ© des prĂȘts entre particuliers | http://www.impots.gouv.fr/portal/dgi/public/popup?espId=1&typePage=cpr02&docOid=documentstandard_2943
  3. « Les plateformes de dons avec ou sans contrepartie », sur FPF Financement Participatif France - financeparticipatif.org, (consulté le ).
  4. « PrĂȘt entre particuliers - crĂ©dit prĂȘteur emprunteur », sur www.pret-entre-particuliers.com (consultĂ© le )
  5. http://www.apce.com/pid14215/crowdfunding.htmlsee
  6. ABE Info Service | http://www.abe-infoservice.fr/banque/credits-aux-particuliers/attention-aux-offres-de-credit-frauduleuses.html
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