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Plan d'urgence

Un plan d'urgence ou plan catastrophe est un dispositif prévoyant l'organisation des secours en cas de catastrophes ou d'événements de grande ampleur ou à risque majeur, mettant en péril la santé des personnes, d'animaux (sauvages ou d'élevage), de plantes ou d'autres organismes vivants, ou l'intégrité des biens.

Un plan d'urgence est élaboré par une ou plusieurs des entités distinctes ayant à mener en urgence des actions, lorsque l'événement catastrophique survient : secours publics, collectivités territoriales, industriels, etc.

Modalités

Le plan d'urgence a vocation d'apporter une méthode d'organisation rigoureuse, étudiée, planifiée, enseignée et répétée.

La notion de plan d'urgence repose sur la prévision et nécessite donc un travail de prospective. Il s'agit d'une part de capitaliser l'expérience des événements passés pour améliorer le système et éviter de reproduire les erreurs, et d'autre part de tenter d'envisager des situations nouvelles. Dans tous les cas, le point critique est l'organisation des secours ou des moyens de réponse à la crise. Une situation de catastrophe — éventuellement « multiple » comme dans le cas du Genpatsu-shinsai associant en un même lieu et au même moment un tsunami, un tremblement de terre et un accident nucléaire grave, tel qu'à Fukushima — peut provoquer une complexification et désorganisation des secours, d'une part du fait de la panique qui peut gagner les exécutants comme les décideurs, et d'autre part en raison de la grande quantité de personnel, matériel et consommables à gérer (logistique).

La construction d'un plan d'urgence consiste également en la formation du personnel d'intervention et des acteurs à mobiliser afin de pouvoir gérer une situation d'urgence et notamment la maîtrise du stress et des questions techniques. Outre les « fiches réflexe » et guides de bonnes pratiques qui indiquent une conduite à tenir en réponse à une situation prévue, des gestionnaires de l'urgence sont théoriquement préparés à la maîtrise de l'imprévu.

Organisation

Dans le cadre d'un plan d'urgence, l'organisation des secours est souvent organisée par pôles, avec par exemple :

  • une zone de regroupement, ou point de rassemblement des moyens, oĂą sont regroupĂ©s les moyens matĂ©riels et humains avant engagement ; cette zone est organisĂ©e (parc matĂ©riel, parc vĂ©hicule, zone de repos du personnel) afin que chaque moyen puisse ĂŞtre engagĂ© Ă  tout moment (vĂ©hicules bien garĂ©s, personnel Ă  proximitĂ©) ;
  • une gestion des prioritĂ©s : prĂ©venir le risque d'abord (protection), mais aussi tri mĂ©dical des victimes, afin de dĂ©terminer l'ordre de traitement des victimes ;
  • une organisation gĂ©ographique : point de rassemblement des victimes valides (PRV) pour Ă©viter leur Ă©parpillement, implantation du poste mĂ©dical avancĂ© (PMA), sectorisation du chantier… ;
  • une montĂ©e en puissance du dispositif : les moyens ne sont pas tous immĂ©diatement mis en action, sous peine de faire face Ă  des problèmes d'organisation et d'efficacitĂ© ;
  • une rotation des moyens humains : les moyens engagĂ©s dans les interventions ne peuvent pas assurer leurs missions habituelles, le plan prĂ©voit de faire intervenir des moyens de centres d'intervention plus Ă©loignĂ©s afin de ne pas laisser les centres de proximitĂ© dĂ©garnis ; par ailleurs, les Ă©quipes travaillant dans des conditions difficiles sont relayĂ©es.

Le plan d'urgence peut s'organiser Ă  l'aide d'un commandement Ă  deux niveaux :

  • au niveau local, proche de la catastrophe, pour dĂ©terminer les prioritĂ©s et organiser les actions de terrain ;
  • au niveau global, pour organiser les forces de renfort, les rotations, et l'Ă©vacuation des victimes vers les structures fixes (logement provisoire, centre hospitalier).

DĂ©finition des missions et mise en Ĺ“uvre

L'organisation sur le terrain suit les méthodes de raisonnement tactiques (MRT) notamment développées par les militaires.

Pour les intervenants finaux (les équipiers), les ordres doivent être simples et sans ambiguïté, et correspondre si possible à des actions réflexe afin de juguler une éventuelle désorganisation liée à la panique.

Les ordres donnés sur le terrain répondent précisément au cadre de l'action et à l'objectif à atteindre. On utilise pour cela l'acronyme mnémotechnique « PATRACDR » :

  • P = personnel (qui va rĂ©aliser la mission, avec quel vĂ©hicule)
  • A = armement (Ă©quipement des vĂ©hicules)
  • T = tenue (Ă©quipement individuel et collectif du personnel)
  • R = radio (de quel moyen de communication la colonne dispose-t-elle ; vĂ©rification de ces moyens)
  • A = alimentation (autonomie en eau et en nourriture)
  • C = commandement (qui sont les responsables, quelle est l'organisation hiĂ©rarchique du groupe)
  • D = dĂ©roulement prĂ©vu (nature de la mission, objectifs finaux et intermĂ©diaires, durĂ©e prĂ©vue)
  • R = rendez-vous (heure et lieu du rendez-vous pour les vĂ©hicules constituant le groupe)

Ceci permet de définir l'« ordre préparatoire » (préparation de la mission) ; il doit être écrit. La partie PATR fait partie du quotidien (gestion des équipes dans une caserne, un service) ; la partie ACDR ne sert que pour les déplacements sur de longues distances. Une fois l'équipe prête, l'ordre de mouvement obéit à l'acronyme mnémotechnique DPIF :

  • D = direction (direction gĂ©nĂ©rale du mouvement)
  • P = point Ă  atteindre (destination)
  • I = itinĂ©raire Ă  suivre (point de dĂ©part, points intermĂ©diaires et point de d'accueil Ă  l'arrivĂ©e)
  • F = formation (ordre des vĂ©hicules, intervalles, vitesse, signaux spĂ©ciaux de signalisation tels que gyrophares et sirènes, veille radio, consignes de sĂ©curitĂ©)

Cet ordre est en général oral. Une fois sur place, le chef de mission prépare la mise en application des ordres en définissant les cinq points suivants :

  • OĂą doit se faire l'action ?
  • Par oĂą ?
  • Contre quoi doit-on agir ?
  • Comment ?
  • Avec quoi ?

Une fois les premières actions (ou réaction immédiate, RI) lancées, le chef de mission doit poursuivre la reconnaissance, renseigner le poste de commandement et planifier la poursuite de la mission ; pour cela il considère le SOIEC :

  • S = situation (Ă©tat des lieux et actions dĂ©jĂ  menĂ©es)
  • O = objectif (le but Ă  atteindre est prĂ©cisĂ©)
  • I = idĂ©e de manĹ“uvre (objectif final, Ă©tapes intermĂ©diaires)
  • E = exĂ©cution (coordination des Ă©quipes, dĂ©lĂ©gation des actes)
  • C = commandement (articulation du dispositif, transmissions avec le poste de commandement)

Ceci permet d'adapter la mission à la réalité rencontrée. La situation est réévaluée régulièrement en considérant le SOIEC.

Modalités par pays

Aux États-Unis

Aux États-Unis, on distingue :

  • le Disaster Mitigation Act (DMA, litt. « loi sur l'attĂ©nuation des dĂ©sastres »), une loi fĂ©dĂ©rale (nationale) ;
  • les Local Mitigation Strategies (LMS, « stratĂ©gies locales d'attĂ©nuation des dĂ©sastres »), au niveau du comtĂ©.

Au niveau fédéral, l'urgence en cas de catastrophe est gérée par la Federal Emergency Management Agency.

En France

En France, la planification repose sur le dispositif ORSEC, et au niveau communal sur le Plan communal de sauvegarde.

Cette organisation est notamment issue de la loi de modernisation de la sécurité civile du , qui a profondément modifié l'approche de la prévision en France.

Le nouveau dispositif ORSEC se veut adaptable, progressif et permanent. Il s'appuie sur trois niveaux territoriaux : les départements, les zones de défense et les zones maritimes. De plus, son recours est « banalisé » même pour les événements mineurs, un échelon communal est créé (Plan communal de sauvegarde), une veille permanente est mise en place au niveau des préfectures (SIDPC) et la culture des réseaux est demandée aux futurs acteurs de la crise. La fréquence des exercices de terrain et d'état-major est accrue.

Le dispositif ORSEC départemental est constitué :

  • d'un tronc commun, sorte de boite Ă  outils mis Ă  disposition du prĂ©fet, dans lequel il trouvera un recensement des risques s'appuyant notamment sur le DDRM, un annuaire ORSEC, une organisation de gestion de crise (centre opĂ©rationnel dĂ©partemental, poste de commandement opĂ©rationnel, etc.), l'alerte et l'information des populations, le secours Ă  de nombreuses victimes (ex plan rouge), l'hĂ©bergement (lien avec les mairies dans et hors Plan Communal de Sauvegarde), l'Ă©vacuation des populations, les transmissions, la communication, la gestion des rĂ©seaux (eau, gaz, Ă©lectricitĂ©, tĂ©lĂ©phone), etc. ;
  • des dispositions spĂ©cifiques complètent les dispositions gĂ©nĂ©rales. Il s'agit de donnĂ©es, analyses et spĂ©cificitĂ©s d'un alĂ©a naturel ou technologique (glissement de terrain, rupture d'un barrage, accident dans un tunnel, etc.) et les actes rĂ©flexes des intervenants. On retrouve les items des dispositions spĂ©cifiques des anciens « plans de secours spĂ©cialisĂ©s » (PSS). Leur Ă©criture est notoirement allĂ©gĂ©e puisque tout ce qui relève des dispositions gĂ©nĂ©rales est retirĂ©. Les plans particuliers d'intervention (PPI), mis en place par les PrĂ©fets pour faire face aux risques technologiques liĂ©s Ă  la prĂ©sence d'un site nuclĂ©aire ou industriel ou d'un barrage sont des dispositions spĂ©cifiques du dispositif ORSEC dĂ©partemental.

Les plans d'urgence, établis par les industriels dans le cas des risques technologiques, ont des appellations différentes suivant la nature des activités et risques concernés :

  • Plan de sĂ©curitĂ© et d'intervention (PSI), antĂ©rieurement nommĂ© plan de surveillance et d'intervention) pour les transports de matières dangereuses par canalisations ;
  • Plan d'opĂ©ration interne (POI) pour les sites industriels classĂ©s pour la protection de l'environnement (ICPE).

Il existe par ailleurs des plans qui ne relèvent pas stricto sensu de la défense et de la sécurité civiles (hors dispositif ORSEC) [1] :

  • Le plan Orsan est un dispositif d’organisation du système de santĂ© en situation sanitaire exceptionnelle Ă©laborĂ© par les agences rĂ©gionales de santĂ© et mis Ă  disposition des prĂ©fets. Il a vocation Ă  adapter les parcours de soins des patients et Ă  dĂ©terminer les mesures nĂ©cessaires pour que le système de santĂ© puisse s’adapter lors de la survenue d’un Ă©vĂ©nement. Il repose notamment sur la mobilisation des Ă©tablissements de santĂ©, qui peuvent activer leur plan blanc.
  • Le plan particulier de mise en sĂ»retĂ© (PPMS) est mis en place dans toutes les Ă©coles françaises en cas d'alerte Ă  une catastrophe comme un incendie, une inondation, un accident chimique ou un attentat.

Au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, les catastrophes sont gérées par le Cabinet Office Briefing Room (COBR, ou « Cobra »).

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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