Place des Victoires
La place des Victoires est une place de Paris dédiée lors de sa création à Louis XIV. Elle est située au cœur du centre historique de la capitale, à cheval sur les 1er et 2e arrondissements.
1er, 2e arrts Place des Victoires
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Situation | ||
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Arrondissements | 1er 2e | |
Quartiers | Halles Palais-Royal Vivienne |
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Voies desservies | Rue d'Aboukir rue Catinat rue Croix-des-Petits-Champs rue Étienne-Marcel rue La Feuillade rue Vide-Gousset |
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Morphologie | ||
Diamètre | 78[1] m | |
Forme | Circulaire | |
Historique | ||
Création | 1685 | |
DĂ©nomination | 1685 | |
Ancien nom | Place des Victoires-Nationales (1792) | |
GĂ©ocodification | ||
Ville de Paris | 9749 | |
DGI | 9741 | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
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Elle est, avec la place des Vosges, la place Dauphine, la place VendĂ´me et la place de la Concorde, l'une des cinq places royales parisiennes.
Situation et accès
La place des Victoires est située à cheval sur les 1er et 2e arrondissements de Paris. Il s'agit d'une place circulaire, d'environ 80 m de diamètre.
En partant du nord, et dans le sens des aiguilles d'une montre, la place donne accès aux voies suivantes :
- nord : rue Vide-Gousset, la seule rue qui ne parte pas de la place dans l'axe de son rayon ;
- nord-est : rue d'Aboukir ;
- est-sud-est : rue Étienne-Marcel ;
- sud-sud-ouest : rue Croix-des-Petits-Champs ;
- sud-ouest : rue Catinat ;
- ouest-nord-ouest : rue La Feuillade.
Origine du nom
La place est consacrée aux victoires militaires de Louis XIV, à l'extérieur face à la quadruple Alliance conclue par les traités de Nimègue, et à l'intérieur face à la minorité protestante, avec la révocation de l'édit de Nantes signée à Fontainebleau en 1685, un an avant l’inauguration de la place. Elle est située à proximité de la basilique Notre-Dame-des-Victoires, élevée à la suite d'un vœu de Louis XIII lors du siège de La Rochelle (1627-1628) pour écraser la place de sureté protestante[2].
La rue de la Victoire, dans le 9e arrondissement, quant à elle, rend hommage à la campagne d’Italie du général Bonaparte.
Historique
Projet et création
La création de la place est traditionnellement attribuée à l'initiative du maréchal de La Feuillade et de la ville de Paris[1], mais a sans doute été initiée par les Bâtiments du roi[3]. Quoi qu'il en soit, dans le but d'ériger une statue à la gloire du souverain, La Feuillade achète l'hôtel de La Ferté-Senneterre qui se trouvait entre l'ancien Paris et le quartier nouvellement loti de Richelieu et le fait démolir. Les quelques terrains qu'il est nécessaire d'ajouter aux jardins de l'hôtel sont expropriés en |date=21 novembre 2022. La statue est inaugurée seulement un an plus tard, et le cadre est achevé après la sculpture.
Les caractéristiques de la place sont consignées dans un arrêt du Conseil du Roi de 1685. Son urbanisme est confié à Jules Hardouin-Mansart. Le projet de l'architecte n'est cependant pas une place parfaitement circulaire. Sur un cinquième environ, le cercle était interrompu par la corde d'un arc, au milieu de laquelle aboutissait la rue des Fossés-Montmartre, actuelle rue d'Aboukir. Une voie de circulation empruntait cette quasi-tangente, formée par la rue Vide-Gousset et la rue du Reposoir. Deux autres rues aboutissaient à la place : la rue La Feuillade au nord-ouest et la rue Croix-des-Petits-Champs au sud-ouest. Aucune de ces trois rues n'étant dans le prolongement l'une de l'autre, toutes les perspectives aboutissaient à la statue du roi, dans un espace fermé par les constructions.
La place est temporairement renommée « place des Victoires-Nationales » le [4].
Évolutions
La rue de la Vrillière (aujourd'hui rue Catinat) est ouverte dans l'axe de la rue des Fossés-Montmartre neuf ans plus tard, anéantissant le parti initial, pour mener à l'hôtel de la Vrillière (aujourd'hui hôtel de Toulouse)[5].
L'ordonnancement des façades est alors strictement encadré : des arcades pleines au rez-de-chaussée, un étage noble particulièrement haut de plafond, un deuxième étage relié au premier par des pilastres ioniques, puis un troisième mansardé, dont l'amortissement des chiens-assis est alternativement semi-circulaire et horizontal[1]. Les arcades ont aujourd'hui été remplacées par des boutiques, pour l'essentiel de prêt-à -porter de luxe.
Durant les Trois Glorieuses, la voie est le théâtre d'affrontement entre les insurgés et la troupe.
Le percement de la rue Étienne-Marcel au milieu du XIXe siècle modifie le plan de la place : elle est désormais traversée de part en part dans l'axe nord-ouest/sud-est et la rue du Reposoir ne prolonge plus la rue Vide-Gousset. Aucune symétrie ni logique géométrique ne régit plus le dessin de la place des Victoires. En 1946, un projet de réaménagement est présenté par R. Danis, mais il n'est pas été mis en œuvre[6].
Monuments
Monument central
De sa création à nos jours, le centre de la place accueille quatre monuments successifs, dont trois statues :
- 1686-1792 : statue de bronze en pied de Louis XIV ;
- 1792-1810 : pyramide en bois ;
- 1810-1822 : statue du général Desaix ;
- Depuis 1822 : statue Ă©questre de Louis XIV.
Ancien RĂ©gime
La statue originelle est une réalisation du sculpteur Martin Desjardins et représente Louis XIV en pied. Le roi est figuré en costume de sacre, piétinant un cerbère, représentant la Quadruple Alliance vaincue. Son socle comporte quatre personnages en bronze, représentant allégoriquement chacun une nation vaincue par Louis XIV et un sentiment différent (la Résignation, l’Abattement, la Colère et l’Espérance), des bas-reliefs et des inscriptions dithyrambiques sur la gloire militaire du roi après la signature du traité de Nimègue. Ces éléments de décoration sont aujourd'hui exposés dans la cour Puget du musée du Louvre[7] - [8]. L'inauguration a eu lieu le ; l'ensemble, piédestal compris, fait alors 12 m de haut[1].
Quatre fanaux, qui étaient situés aux quatre « coins » de la place, y brûlaient en permanence pour éclairer la statue. Les constructions sont formées de trois colonnes de marbre jaspé soutenant un gros fanal de marine posé sur un socle de marbre rouge. Entre les colonnes, six médaillons en bronze d'un diamètre de 77 cm sont suspendus. L'architecture est l'œuvre de Jérôme Derbais, Dezaige et Jesseaume, sur un dessin de Jean Bérain et les 24 médaillons du sculpteur Jean Arnould. En 1699, les fanaux sont éteints et en 1718 l'ensemble est démonté. On retrouve quatre des colonnes au maître-autel de la cathédrale de Sens. Les médaillons sont alors dispersés, seuls quelques-uns nous sont parvenus[9] et sont aujourd'hui présentés au musée du Louvre[10].
- La place en 1686, gravure publiée par Claude-François Ménestrier en 1689.
- Éléments récupérés du socle originel de la place des Victoires, Louvre.
- Le Passage du Rhin.
- La Paix de Nimègue.
RĂ©volution, Consulat et Empire
En 1792, la statue de Louis XIV est abattue par les révolutionnaires. Elle est fondue pour produire des canons et remplacée par une pyramide ou un obélisque[11] en bois portant les noms des citoyens morts lors de la journée du 10 août 1792. En 1798 « la chaleur du soleil a[vait] desséché & déjoint les planches clouées qui form[ai]ent ce monument, & il tomb[ait] par morceaux »[12], et il fut démoli en 1800[13]. Selon la légende, Napoléon Ier donne le bois de la pyramide à un corps de garde, lequel l'aurait utilisé pour se chauffer[14].
Ériger une nouvelle statue place des Victoires est l'une des premières décisions du Consulat le . Le premier projet, présenté en 1800 à la suite des morts concomitantes de Jean-Baptiste Kléber et Louis Charles Antoine Desaix consiste en un groupe glorifiant les deux héros militaires. Le , le premier consul Bonaparte pose la première pierre d'un édicule en forme de temple égyptien répondant à la décision d'honorer les deux hommes, mais les travaux ne se font finalement pas[15].
Un décret de 1802 supprime Kléber de l'œuvre, officiellement pour une raison artistique, vraisemblablement sur décision politique. La statue en bronze du général Desaix est commandée à Claude Dejoux pour érection au centre de la place, sur un piédestal mentionnant les batailles remportées par le général, dû à l'architecte Jean-Arnaud Raymond. Un premier projet représente Desaix mourant, soutenu par Mars, dieu de la Guerre, mais Bonaparte voulait un homme debout et vaillant. Le même, devenu empereur, inaugure le monument le , jour de fête nationale - date de naissance de Napoléon - et religieuse - la fête de l'Assomption, après dix ans du travail d'un Dejoux vieillissant. La statue fait cinq mètres et demi de haut, sur un socle de six mètres. Le bras de Desaix désigne le sud-est, c'est-à -dire à la fois l'Italie et l'Égypte, les deux campagnes au cours desquelles il s'est illustré. Un obélisque en granit rose est adjoint à la composition. Sur préconisation de Dominique Vivant Denon, il est représenté à l'antique, sous la forme du « nu idéalisé et héroïque ». La nudité créa une polémique et la statue est cachée derrière une palissade de bois au bout d'un mois, puis définitivement retirée de la place en 1814[16]. Son bronze a été refondu à la Restauration, sous Louis XVIII, pour fabriquer la statue équestre d'Henri IV située sur le pont Neuf[15].
Depuis la Restauration
La statue actuelle est inaugurée le . Œuvre de François-Joseph Bosio, elle représente Louis XIV à cheval. Pour l'attitude du cavalier et du cheval cabré, le sculpteur s'est inspiré du célèbre Cavalier de bronze de Falconet représentant le tsar Pierre le Grand à Saint-Petersbourg[15]. La sculpture a été restaurée en 2005.
HĂ´tels particuliers
Les immeubles de la place sont d'anciens hôtels particuliers ou ont été bâtis comme tels :
- Côté impair :
- no 1 : hĂ´tel Charlemagne[17] ;
- no 1 bis : hĂ´tel de Montplanque[18] ;
- no 3 : hĂ´tel de Soyecourt[19] ;
- no 5 : hĂ´tel Bauyn de PĂ©reuse[20] ;
- n° 7 : emplacement de l'hôtel où mourut le financier Samuel Bernard, en 1739 [21] ;
- no 9 : hĂ´tel de L'Hospital[22].
- Côté pair :
- no 2 : hĂ´tel Bergeret de Grancourt[23] ;
- no 4 : hĂ´tel Bergeret de Talmont[24] ;
- no 4 bis : hĂ´tel de Metz de Rosnay[25] ;
- no 6 : hôtel de Prévenchères[26] ;
- no 8 : hôtel Pellé de Montaleau[27] ;
- no 10 : hĂ´tel Gigault de La Salle[28] ;
- no 12 : hĂ´tel Cornette[29].
Protection
Le sol de la place est classé au titre des monuments historiques en 1962[30]. La statue de Louis XIV l'est en 1992[31]. Les hôtels particuliers qui donnent sur la place sont également tous classés ou inscrits. Ces protections n'ayant été que tardives, l'uniformité de l'ensemble n'est plus aussi formelle qu'à l'origine ; en particulier, des surélévations ont été opérées sur plusieurs bâtiments et les constructions faites de part et d'autre de la rue Étienne-Marcel — postérieures à la création de la place mais antérieures à sa protection — et présentent un épannelage de hauteur plus élevée.
L'histoire de cette place est évoquée sur un panneau Histoire de Paris, situé à l'angle de la place et de la rue d'Aboukir.
Évocations artistiques
- Philippe Meyer s'attache particulièrement à l'histoire et l'évolution de la place des Victoires au XXe siècle comme emblème des changements parisiens dans son livre Paris la Grande, publié en 1997[32].
- La place des Victoires offre le décor du film de René Clément en 1950 Le Château de Verre, du film de Nobuhiro Suwa, qui fait partie du projet Paris, je t'aime (2005) et apparaît également dans le film L'Arnacœur, tourné par Pascal Chaumeil en 2010, et Place des victoires en 2019, donnant par ailleurs le titre au film, l'une des premières scènes s'y déroulant.
- La place des Victoires est citée dans le film La Grande Vadrouille de Gérard Oury, lors de la scène de l’interrogatoire dans la kommandantur de Meursault.
Bibliographie
- Arthur de Boislisle, La Place des Victoires et la Place de Vendôme. Notice historique sur les monuments élevés à la gloire de Louis XIV, Société de l'histoire de Paris, 1889, lire en ligne sur Gallica.
- Alexandre Gady et Isabelle Dubois, Place des Victoires. Histoire, architecture, société, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2004 (ISBN 9782735110032).
- Fernand de Saint-Simon, La Place des Victoires, Éditions Vendôme, 1984.
Notes et références
- Pierre Lavedan, Histoire de l'urbanisme à Paris, Hachette, coll. « Nouvelle Histoire de Paris », réédition de 1993 (ISBN 9782859620127), p. 217-219.
- « Quartier des Victoires », sur Musée protestant (consulté le )
- Alexandre Gady (dir.), Jules Hardouin-Mansart, 1646-1708, (ISBN 978-2-7351-1187-9), p. 489-490.
- FĂ©lix Lazare, Dictionnaire historique des rues et monuments de Paris, , 755 p. (ISBN 978-2-86877-184-1).
- Michaël Darin, « Formation, transformations », Places de Paris. XIXe – XXe siècles, Action artistique de la Ville de Paris, Géraldine Texier-Rideau et Michaël Darin (dir.), 2003, 296 p. (ISBN 978-2913246454), p. 243.
- Pierre Lavedan, « Un projet de remise en état de la place des Victoires à Paris », La Vie urbaine, 1968, p. 139-142.
- Les esclaves sont conservés sous les numéros d'inventaire RF 4407, RF 4408, RF 4409 et RF 4410. Les bas-reliefs portent les numéros MR 3379, MR 3380, MR 3381, MR 3382, LP 571 et LP 572.
- Musée du Louvre, « Quatre captifs, dits aussi les quatre nations vaincues » , sur collections.louvre.fr,
- Sept médaillons répertoriés sur la base Joconde, www.culture.gouv.fr.
- Musée du Louvre, nouvelles acquisitions du département des sculptures 1980-1983. Cet éclairage somptueux pour l'époque suscita une épigramme « Cap de Dios d'Aubusson, je crois que tu me bernes de mettre ce soleil entre quatre lanternes ».
- (de)Friedrich Johann Lorenz Meyer, Fragments sur Paris, t. 1, Hambourg, , XVI-278 p., p. 53.
- (de)Friedrich Johann Lorenz Meyer, Fragments sur Paris, t. 1, Hambourg, , XVI-278 p., p. 54-55.
- Marie-Noëlle Bourguet, « Fantômes d'Égypte », dans Sylvain Venayre (dir.), Paris, théâtre des opérations – 30 promenades à travers l’histoire, Paris, Seuil, 2018 (EAN 9782021397031), p. 16-22.
- Le Guide du promeneur de Paris, Parigramme, , 288 p. (ISBN 978-2-84096-472-8), p. 11.
- Arthur de Boislisle, La Place des Victoires et la Place de Vendôme. Notice historique sur les monuments élevés à la gloire de Louis XIV, Société de l'histoire de Paris, 1889, p. 91 et 92. Consultable en ligne.
- Irène Delage et Chantal Prévot, Atlas de Paris au temps de Napoléon, Parigramme, 2014, 223 p. (ISBN 9782840967637), p. 126.
- « Ancien hôtel Charlemagne », notice no PA00085816, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel de Montplanque », notice no PA00085831, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel de Soyecourt », notice no PA00085840, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel Bauyn de Péreuse », notice no PA00085810, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, tome 2, Paris, Les Ă©ditions de Minuit, , p. 630
- « Ancien hôtel de l'Hospital, ou hôtel de Pomponne, ou hôtel de Massiac », notice no PA00086028, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel Bergeret de Grancourt », notice no PA00085811, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel Bergeret de Talmont », notice no PA00085812, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel de Metz de Rosnay, ou hôtel de Forceville, ou hôtel Vigier », notice no PA00086029, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel de Prévenchères, ou hôtel Lenoir », notice no PA00086034, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel Pellé de Montaleau, ou hôtel de Bosredon », notice no PA00086033, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel Gigault de La Salle, ou hôtel André-d'Arbelles, ou hôtel Biliotti », notice no PA00086027, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancien hôtel Cornette ou ancien hôtel Le Duc-Desnoues », notice no PA00086025, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Place des Victoires : le sol », notice no PA00085997, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Statue de Louis XIV », notice no PA00086002, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Philippe Meyer, Paris la Grande, Gallimard, (ISBN 978-2-07-040740-8), p. 259-278.
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
- Charlotte Langrand, « La mode a trouvé sa place », sur lejdd.fr, Le Journal du dimanche, (consulté le ).