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Pierre Griffi

Pierre Griffi est un résistant corse né à Alger, le et mort le à Bastia. Il a fait partie des quatre premiers agents de l' Opération Pearl Harbour en Corse pour ses compétences professionnelles en émission radio, mais aussi pour son engagement politique dans les Brigades internationales durant la guerre d'Espagne et dÚs contre Pétain.

Pierre Griffi
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  29 ans)
Bastia
Nationalité
Activité

Origines

Pierre Griffi est le fils de Don Jean Griffi, originaire de Poggio-di-Nazza (Corse) et de Pauline Didier, savoyarde[1].

En 1937, il combat aux cÎtés des Républicains espagnols au sein des Brigades internationales[2].

DĂšs 1941, il est Ă  Alger dans le rĂ©seau clandestin Afrique d’oĂč il Ă©change les messages radio avec son commandement de Londres, avec le poste de l’OSS de Tanger, et avec l’Intelligence Service de Gibraltar. Il participe Ă  l’appui du dĂ©barquement alliĂ© du 8 novembre 42, appelĂ©e OpĂ©ration Torch. Ils sont 400 rĂ©sistants Ă  neutraliser Ă  Alger sans effusion de sang tous les postes de commandement, (central tĂ©lĂ©phonique, commissariat, rĂ©sidence des responsables d'Ă©tat major, etc.) qui Ă©taient sous autoritĂ© du gouvernement de Vichy.

Il participe aussi aux réunions clandestines dans le magasin matériel radio de Jacques Briatte qui aboutiront à son engagement dans la mission organisée par les Services Spéciaux de la Défense Nationale établis à Alger[2].

Engagement dans la RĂ©sistance corse (mission Pearl Harbour)

Pierre Griffi débarque à bord du sous-marin Casabianca avec les trois autres agents la nuit du dans la baie de Topiti (Piana)[3]. Il a pour mission d'établir un lien radio permanent d'informations avec les services spéciaux et le sous-marin. Les autres agents (Toussaint Griffi et Laurent Preziosi) sont chargés d'effectuer la coordination politique des réseaux de résistance en vue d'un débarquement français.

Durant la 1re journĂ©e, il se tient cachĂ© au bord du rivage rocheux avec l'agent amĂ©ricain FrĂ©dĂ©ric Brown, chargĂ© de veiller au bon dĂ©roulement du dĂ©barquement pendant que les autres agents essaient de nouer des contacts. À leur retour, Griffi lance un appel en morse avec sa lampe Ă©lectrique au sous-marin pour lui signaler qu'il peut apporter le matĂ©riel. Une tempĂȘte se dĂ©clare, faisant chavirer le canot du Casabianca, sur lequel se trouvaient 3 sous-mariniers et les armes. L'enseigne de vaisseau Lasserre, le quartier-maĂźtre Jean Lyonnais et le timonier Pierre Vigot ne peuvent repartir. FrĂ©dĂ©ric Brown recrutĂ© aussi pour ses qualitĂ©s d'excellent nageur, plonge dans cette mer dĂ©montĂ©e, comme il Ă©tait prĂ©vu Ă  l'origine, pour avertir le commandant de la situation. Pierre Griffi rĂ©ussit toutefois Ă  s'installer sur la zone de Piana-CargĂšse pour garder le contact radio avec Alger aprĂšs que ses compagnons aient rĂ©ussi Ă  constituer un 1er rĂ©seau.

Périple réussi pour les émissions radio

Il rejoint ensuite Corte, avec Roger de Saule et les sous-mariniers, oĂč le 2e rĂ©seau est constituĂ© en s'arrĂȘtant parfois pour Ă©mettre comme Ă  Calacuccia. Il fait de Corte un de ses points d'appui pour Ă©mettre. Il est hĂ©bergĂ© par la famille Loersch mais Ă©vite un jour de justesse d'ĂȘtre pris en flagrant dĂ©lit d'Ă©mission par une voiture radiogonio de l'Ovra.

Il part ensuite Ă  Ajaccio avec les 3 autres agents pour obtenir l'accord des premiers responsables de la rĂ©sistance ajaccienne sur la prĂ©paration d'un dĂ©barquement. Il fait dans cette ville souvent Ă©quipe avec Laurent Preziosi et avec lui est hĂ©bergĂ© chez une vieille dame pour ne pas Ă©veiller les soupçons. Cette ville devient une place stratĂ©gique pour ses Ă©missions radio sachant que les rĂ©sistants leur font part de leur manque de moyens matĂ©riels pour s'opposer Ă  l'occupation Ă©trangĂšre. GrĂące Ă  ses messages, la premiĂšre livraison importante d'armes (450 mitraillettes et 60 000 cartouches)[2] s'effectue le dans la baie d'Arone avec les autres agents de la mission, l'Ă©quipe de Jean Nicoli et les rĂ©sistants locaux.

Jean Nicoli propose Ă  tous la prĂ©paration de l'enlĂšvement d'un haut responsable militaire italien, action qui aurait une rĂ©sonance jusqu'en Angleterre. Pierre Griffi obtient une rĂ©ponse nĂ©gative d'Alger qui craint de fortes reprĂ©sailles, resserrement des contrĂŽles et frein Ă  la prĂ©paration du dĂ©barquement. Il dĂ©joue pour sa part plusieurs fois les tentatives d'arrestation de l’OVRA (la police secrĂšte italienne), notamment Ă  Corte dans la maison de Loersch.

Lorsque les agents de la mission reçoivent l'ordre de rentrer à Alger, la coordination politique des réseaux de résistance est faite, les informations sur les implantations de l'ennemi sont mémorisées, la premiÚre importante livraison d'armes a été réalisée par le Casabianca. Pierre Griffi les accompagne avec l'équipe de Jean Nicoli à Sari-Solenzara pour leur retour à Alger par le Casabianca le . Il reste pour ses compétences radio et se met aux ordres du nouveau chef de mission Paulin Colonna d'Istria chargé de la coordination militaire. Ce dernier a rencontré avant son départ d'Alger Toussaint Griffi et Laurent Preziosi dans les bureaux des services spéciaux de la Défense nationale pour disposer de toutes les informations nécessaires à la coordination militaire des réseaux de résistance.

Pierre Griffi est obligé de se déplacer souvent, l'Ovra sait qu'il y a des émissions. Il est caché par la famille Mariani à Vero de mars à mai 42. Il échappe encore de justesse à l'Ovra et François Mariani l'installe dans sa maison du quartier Saint-Joseph à Ajaccio.

Arrestation Ă  Ajaccio

Pierre Griffi arrivera ainsi Ă  transmettre 286 messages d'information[2]. Alors que la plupart des rĂ©seaux sont constituĂ©s, il finit par ĂȘtre arrĂȘtĂ© le par l'OVRA Ă  Ajaccio, peut-ĂȘtre sur dĂ©nonciation du chauffeur de taxi qui l'avait conduit jusqu'Ă  la maison de Jean-François Mariani d'oĂč il Ă©mettait ou par l'interception de son Ă©mission radio par une voiture gonio. L'OVRA fait irruption dans la maison et surprend trois hommes dont Pierre Griffi qui tente de s'enfuir mais finit par ĂȘtre maĂźtrisĂ©. Il porte sur lui une carte d'identitĂ© au nom de Casanova Don Jean, profession Ă©lectricien. Il dĂ©clare ĂȘtre locataire de Mariani depuis quelques jours seulement. Toutefois, l'OVRA trouve Ă  l'Ă©tage supĂ©rieur une valise contenant un poste Ă©metteur.

Il est arrĂȘtĂ© mais, pendant les deux mois de l’instruction, Pierre Griffi rĂ©siste Ă  toutes les tortures sans parler. Lorsque le son procĂšs s'ouvre Ă  Bastia, il est jugĂ© avec 15 autres des rĂ©seaux (Jean-François Mariani, Ange Pietri, Charles Giudicelli, Gerard de Castelli, Joseph Tassistro, Emile Vernonet, François Antomarchi, François Ferracci, Dominique Casanova, Nonce Bienelli, Don Marc Sodini, Jean Pierre Milelli, Paul Milleli ; archives de l'État italien Ă  Rome).

Il Ă©tonne son auditoire par son calme et son mĂ©pris de la mort. Il se fera honneur d’avoir provoquĂ©, par ses informations, le torpillage du transport italien Francesco Crispi : « Oui, c'est moi le principal responsable du torpillage du Francesco Crispi, je sais que je vais ĂȘtre fusillĂ© et je n'ai qu'un seul regret, si prĂšs de la libĂ©ration, d'avoir Ă©tĂ© pris et de ne plus pouvoir vous faire du mal. » Il force l'admiration de ceux qui l'approchent jusqu'Ă  ses geĂŽliers, ses ennemis, par la maĂźtrise de lui-mĂȘme et sa ferme rĂ©solution de ne rien rĂ©vĂ©ler de ce qui aurait pu nuire Ă  ses camarades de lutte et aux services secrets[3].

Exécution à Bastia par les fascistes italiens

Le , il est condamnĂ© Ă  mort par le tribunal militaire du VIIe Corps d'armĂ©e italien pour espionnage, comme SĂ©bastien de Casalta qui est en fuite. Selon son cousin Toussaint Griffi dans son allocution Ă  Corte du , le Procureur du Roi, le Capitaine Lopane aurait, aprĂšs avoir requis la peine de mort, tentĂ© d'obtenir sa grĂące et l'aurait citĂ© en exemple aux jeunes italiens. Ces confidences ont Ă©tĂ© obtenues par Toussaint Griffi lui-mĂȘme lorsqu'il le ramĂšnera Ă  Ajaccio dans les locaux de la SĂ©curitĂ© Militaire aprĂšs l'avoir arrĂȘtĂ© avec l'appui d'autres militaires et rĂ©sistants dans un village oĂč il s'Ă©tait rĂ©fugiĂ©.

La veille de son exécution, ramené dans sa cellule par deux carabiniers dans la caserne Watrin, Pierre Griffi s'écrie en passant devant chaque porte de résistant prisonnier : « Adieu les amis, bonne chance dans la vie ! » (témoignage de Marc Sodini).

Le Ă  6 heures 30 du matin, il est amenĂ© au peloton d'exĂ©cution Ă  Bastia, oĂč, le sourire aux lĂšvres, il refuse de se laisser bander les yeux et aura pour derniĂšres paroles : « Je meurs en soldat français ! Vive la France ! Vive de Gaulle ! A bas Mussolini ! » Il manifestait ainsi sa farouche opposition Ă  l'idĂ©ologie fasciste et nazie et Ă  l'occupation Ă©trangĂšre, italienne et allemande de sa patrie paternelle, la Corse. Tous les prisonniers avaient observĂ© une minute de silence Ă  sa mĂ©moire. Il est enterrĂ© dans le carrĂ© militaire du cimetiĂšre de Bastia.

MĂ©dailles/StĂšles

Reconnu Mort pour la France[4], il est titulaire, Ă  titre posthume, de la mĂ©daille militaire pour faits de guerre, de la croix de guerre avec palme, et de la mĂ©daille du mĂ©rite dĂ©cernĂ©e par le prĂ©sident des États-Unis Harry Truman[1]. Un monument avec plaque et buste le reprĂ©sentant perpĂ©tue sa mĂ©moire au Square-Griffi, rond-point de la gare Ă  Ajaccio. Son nom figure sur le monument aux morts de la ville de Bastia, sur celui de la commune de Poggio-di-Nazza, et sur la stĂšle commĂ©morative de la ville de Corte. Depuis la LibĂ©ration, la place principale de la commune de Vero porte son nom.

Ses compagnons Toussaint Griffi et Laurent Preziosi ont évoqué son courage exemplaire dans leur livre 1re mission en Corse occupée. Une chanson lui a été dédiée par le groupe polyphonique A Filetta.

Bibliographie

  • Toussaint Griffi et Laurent Preziosi, 1re mission en Corse occupĂ©e, Ă©dition L'Harmattan, 1988
  • Dominique Salini, En ce temps-lĂ , Bastia, Edition Siciliano, 1978
  • Paul Silvani, ...Et la Corse fut libĂ©rĂ©e, Editions Albiana, 2001

Référence

  1. HélÚne Chaubin, « GRIFFI Pierre, Félix », sur maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr (consulté le ).
  2. Charles Mariani, « Pierre GRIFFI, dit "Denis" », sur resistance-corse.asso.fr (consulté le ).
  3. Jean L'Herminier, Casabianca, Èditions France-Empire,
  4. Pierre Félix GRIFFI - Mort pour la France le 18-08-1943 (Bastia, 20 - 2A - Corse-du-Sud, France), base des militaires décédés Seconde Guerre mondiale, memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
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