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Photinus signaticollis

Lampyre à corselet marqué

Photinus signaticollis
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Photinus signaticollis, le Lampyre à corselet marqué (Buenos Aires, Argentine)

EspĂšce

Photinus signaticollis
(Blanchard, 1846)

Synonymes

  • Lampyris signaticollis Blanchard, 1846 (basionyme)[1]
  • Photinus immigrans Zaragoza & Viñolas, 2018[2]

Photinus signaticollis, le Lampyre Ă  corselet marquĂ©, est une espĂšce d’insectes colĂ©optĂšres de la famille des Lampyridae, les lucioles et vers luisants. Cette espĂšce originaire du sud de l'AmĂ©rique latine est considĂ©rĂ©e comme une espĂšce envahissante en Espagne et en France. En effet, malgrĂ© l'intĂ©rĂȘt du public pour les remarquables spectacles lumineux qu'offrent ses parades nuptiales, elle pourrait ĂȘtre dĂ©lĂ©tĂšre pour les espĂšces locales de vers de terre dont la larve se nourrit et pour la faune europĂ©enne de vers luisants et de lucioles dĂ©jĂ  fragilisĂ©e par les activitĂ©s humaines.

Taxonomie

En , des spĂ©cimens sont observĂ©s dans le nord-est de la pĂ©ninsule ibĂ©rique et dĂ©crits comme une nouvelle espĂšce sous le nom Photinus immigrans[2]. Mais en , elle est synonymisĂ©e avec Photinus signaticollis[3], une espĂšce originaire d'Argentine dĂ©crite en par l'entomologiste français Émile Blanchard sous le nom Lampyris signaticollis et vulgarisĂ© en français sous la forme « Lampyre Ă  corselet marquĂ©[1] ».

Description

Photinus signaticollis : femelle adulte (France), vue dorsale (A) et ventrale (B) ; mĂąle adulte (France), vue dorsale (C) et ventrale (D). Les flĂšches indiquent les lanternes ; les pointes de flĂšches montrent les vittae.

Photinus signaticollis est une luciole Ă©troite et allongĂ©e mesurant une quinzaine de millimĂštres de long. L'ensemble est globalement colorĂ© d’un gris brunĂątre assez clair. Les antennes sont noires. Le prothorax, aplati sur les cĂŽtĂ©s, ayant ses bords trĂšs peu relevĂ©s, est arrondi en demi-cercle, d’un jaune pĂąle, avec une tache noire mĂ©diane presque carrĂ©e, divisĂ©e par une ligne enfoncĂ©e. De chaque cĂŽtĂ© de cette tache se distingue une nuance lĂ©gĂšrement rosĂ©e. La partie arriĂšre du prothorax, l’écusson, est brun clair. Les Ă©lytres , allongĂ©es, d’un gris cendrĂ© uniforme, ont une bordure claire. Les pattes sont brunes, avec la base des cuisses et les hanches plus jaunĂątres[1]. L’abdomen est brun, avec les deux segments lumineux d’un jaune soufre chez le mĂąle, un seul, restreint, chez la femelle. Tous deux sont ailĂ©s[3].

Confusions possibles

Photinus signaticollis partage avec les espÚces du genre Photinus la coloration typique de son prothorax. Ce sont des marques rosées latérales sous la forme de lignes épaissies courbées en taches ovales autour de la tache centrale brun foncé, presque carrée. Chez P. signaticollis, ces marques rosùtres sont flanquées latéralement de zones sombres, d'une couleur similaire à la tache médiane sombre alors qu'elles sont remplacées chez les autres espÚces nocturnes de Photinus, par des couleurs pùles. Ce sont des couleurs d'avertissement de la toxicité de l'animal, nommé aposématisme, ou un mimétisme d'une espÚce réellement toxique[3].

P. signaticollis se caractĂ©rise Ă©galement par la couleur brun-grisĂątre de ses Ă©lytres avec des marges claires et souvent une coloration des Ă©paules, les vittae, plus ou moins apicale (mais parfois absente) s'Ă©tendant de l'Ă©paule Ă  presque la marge pĂąle Ă  l'extrĂ©mitĂ© de l'Ă©lytre. Les vittae de l'Ă©paule sont peu communes chez les autres Photinus et sont plus typiquement prĂ©sentes dans le genre Photuris. De mĂȘme, la forme des Ă©lytres est souvent effilĂ©e en bout et plus large au niveau des Ă©paules et parfois parallĂšle ; les Ă©lytres ne se touchent pas toujours au milieu, elles s'ouvrent souvent lĂ©gĂšrement vers l'apex[3].

La forme allongée des adultes, les marques rosées et le carré noir du pronotum ainsi que les vittae légÚrement brun clair sur les élytres brun foncé sont des caractéristiques absentes des Lucioles européennes qui permettent une reconnaissance facile. De plus, la femelle est ailée, ce qui n'est pas le cas des espÚces indigÚnes. Par contre leurs stades larvaires sont assez similaires[3].

Biologie

Stade nymphal de Photinus signaticollis (mĂąle Ă  gauche, femelle Ă  droite).
Stade larvaire de Photinus signaticollis (Buenos Aires, Argentine)

La larve de P. signaticollis est prédatrice de vers de terre oligochÚtes, un comportement qui diffÚre de celui de presque tous les autres Lampyres indigÚnes européens, dont les larves se nourrissent généralement d'escargots et de limaces, à l'exception de Phosphaenus hemipterus et Phosphaenopterus metzneri[4] - [5]. En , le stade larvaire est rarement observé en Europe au contraire des stades imagos[3].

En Europe comme en AmĂ©rique latine, le vol lumineux spectaculaire des adultes est visible peu de temps aprĂšs le coucher du soleil du dĂ©but de l'Ă©tĂ© Ă  la fin de l'automne. Cette saison de vol extrĂȘmement longue contraste fortement avec celle des espĂšces europĂ©ennes indigĂšnes dont la saison adulte dure en gĂ©nĂ©ral d'un mois Ă  un mois et demi en Ă©tĂ©[3].

Les deux sexes produisent des flashs lumineux correspondant à des appels bioluminescents typiques de l'espÚce et également connus dans le genre Photinus. Les mùles de P. signaticollis effectuent des vols de patrouille à partir d'une hauteur de quelques centimÚtres jusqu'à 5 mÚtres au-dessus du sol, tout en produisant des flashs lumineux irréguliers et courts toutes les 3,5 secondes, tandis que les femelles répondent aprÚs un certain délai depuis la végétation herbeuse, avec un clignotement de plus longue durée. Ensuite, mùles et femelles s'accouplent au sol pendant environ deux heures en émettant des éclairs intenses et irréguliÚrement espacés[3].

La longueur de la saison de reproduction pourrait ĂȘtre expliquĂ©e par la durĂ©e de vie des adultes et particuliĂšrement par celle des femelles qui pourraient ĂȘtre capables, contrairement aux espĂšces indigĂšnes, de se faire fĂ©conder plusieurs fois et de se nourrir des spermatophores offerts par les mĂąles en cadeau nuptiaux[3].

Il se pourrait que les capacitĂ©s de vol des jeunes femelles soient limitĂ©es par le poids de leurs Ɠufs alors que les femelles de fin de saison sont agiles et pourraient ainsi coloniser de nouveaux territoires Ă  la fin de la saison de reproduction[3].

Écologie et rĂ©partition

Aire de répartition en Amérique latine.
Aire de répartition en Europe.

Photinus signaticollis est originellement dĂ©crit Ă  partir de spĂ©cimens rĂ©coltĂ©s dans le dĂ©partement uruguayen de Maldonado, dans les dunes de bord de mer[1]. L'espĂšce est Ă©galement prĂ©sente au Nord et dans le centre de l'Argentine, dont les zones fortement anthropisĂ©es de la ville de Buenos Aires oĂč elle est notablement abondante[3].

Photinus signaticollis est aussi prĂ©sent au nord-est de l'Espagne dans la province de GĂ©rone au moins depuis 2018 ainsi qu'au centre-ouest de l'Espagne, en EstrĂ©madure et au nord Ă  La Rioja. Cependant, sa prĂ©sence en EstrĂ©madure pourraient dater d'une quarantaine d'annĂ©es et ne pas s'ĂȘtre Ă©tendue depuis cette date, la capacitĂ© de vol des femelles Ă©tant nulle pour une raison inconnue. L'espĂšce est mentionnĂ©e en France au sud des PyrĂ©nĂ©es-Orientales depuis , d'abord dans la commune Maureillas-las-Illas puis dans toute la partie sud-est du dĂ©partement, de la frontiĂšre espagnole jusqu’au sud de Perpignan[3] - [4]. En Europe, cette espĂšce apprĂ©cie les milieux ouverts tels que les cultures de maĂŻs et de luzerne, les prairies permanentes et les pelouses autour des habitations ainsi que l'ensemble des biotopes assez pĂ©rennes pour permettre le dĂ©veloppement des vers de terre et celui des larves[3].

Impact en Europe

Photinus signaticollis est considĂ©rĂ© en Europe comme une potentielle espĂšce invasive. L'hypothĂšse la plus probable expliquant son introduction est l'importation passive de ses larves ou de ses nymphes par la terre de plante en pot provenant d'AmĂ©rique du Sud. GrĂące aux capacitĂ©s de vol des femelles, sa progression est rapide : de l'ordre de 10 km par an ; ce qui lui permettrait thĂ©oriquement de coloniser l'ensemble du territoire français mĂ©tropolitain en 40 annĂ©es, sans tenir compte des facteurs de propagation anthropiques et climatiques[3]. À titre de comparaison, la Coccinelle asiatique, Ă©galement invasive en Europe, prĂ©sente un schĂ©ma de dispersion estimĂ© entre 100 et 5 000 km/an[6].

Cette espÚce pourrait causer de graves dommages aux faunes indigÚnes de vers luisants, de lucioles et surtout de vers de terre en Europe occidentale et centrale ; les Lampyridae indigÚnes souffrant déjà de la pollution lumineuse, des insecticides et des limacides[3].

Notes et références

  1. Blanchard, C.E., « Insectes de l’AmĂ©rique mĂ©ridionale recueillis par Alcide D’Orbigny (Tribu des Longicornes) », dans In Voyage Dans L’AmĂ©rique MĂ©ridionale (le BrĂ©sil, la RĂ©publique Orientale de L’Uruguay, la RĂ©publique Argentine, la Patagonie, la RĂ©publique du Chili, la RĂ©publique de Bolivia, la RĂ©publique du PĂ©rou), ExĂ©cute Pendant les AnnĂ©es 1826, 1827, 1828, 1829, 1830, 1831, 1832 et 1833 par Alcide D’Orbigny, vol. 6, Paris, France, Bertrand, (lire en ligne), p. 206–210
  2. (es) Santiago Zaragoza-Caballero et Amador Viñolas, « Photinus immigrans sp. nov. (Coleoptera: Lampyridae: Photinini): Primer registro del gĂ©nero Photinus en Cataluña, España », Revista gaditana de entomologĂ­a, vol. 9, no 1,‎ , p. 273-286 (ISSN 2172-2595, lire en ligne)
  3. (en) Marcel Koken, JosĂ© RamĂłn GuzmĂĄn-Álvarez, Diego Gil-Tapetado et Miguel Angel Romo Romo Bedate, « Quick Spreading of Populations of an Exotic Firefly throughout Spain and Their Recent Arrival in the French Pyrenees », Insects, vol. 13, no 2,‎ , p. 148 (ISSN 2075-4450, DOI 10.3390/insects13020148, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Coraline Jabouin, « Signalement de la luciole Photinus signaticollis dans les Pyrénées-orientales », sur Centre de ressources - EspÚces exotiques envahissantes,
  5. (en) De Cock, RaphaĂ«l & GuzmĂĄn-Álvarez, JosĂ© RamĂłn, « Methods and recommendations for surveying firefly glow-worms (Coleoptera: Lampyridae): a practical example from Southern Spain », Lampyrid Journal, vol. 3,‎ , p. 49-95 (lire en ligne)
  6. (en) Brown, P.M. et al., « The global spread of Harmonia axyridis (Coleoptera: Coccinellidae): Distribution, dispersal and routes of invasion. », BioControl, vol. 56,‎ , p. 623–641 (DOI 10.1007/s10526-011-9379-1, lire en ligne)

Liens externes

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