Paul Bremer
Paul Bremer, de son nom complet Lewis Paul Bremer III, également appelé Jerry Bremer, né le à Hartford (Connecticut), est un diplomate américain.
Paul Bremer | |
Paul Bremer le 26 septembre 2003. | |
Fonctions | |
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Administrateur provisoire de la coalition en Irak | |
– (1 an, 1 mois et 16 jours) |
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Chef du gouvernement | Mohammad Bahr al-Ouloum Ibrahim al-Jaafari Ahmed Chalabi Iyad Allaoui Jalal Talabani Abdel Aziz al-Hakim Adnan Pachachi Mohsen Abdel Hamid Massoud Barzani Ezzedine Salim Ghazi Machal Ajil al-Yawer |
Prédécesseur | Jay Garner |
Successeur | Ghazi Machal Ajil al-Yawer (président de la république d'Irak, transition) |
Biographie | |
Nom de naissance | Lewis Paul Bremer III |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Hartford (Connecticut) |
Nationalité | Américaine |
Le , il est nommé « directeur de la reconstruction et de l'assistance humanitaire » en Irak, après l'invasion de ce pays par les États-Unis et leurs alliés, en remplacement de Jay Garner. Il arrive à Bagdad le 11 mai.
Biographie
Bremer fréquente la Phillips Academy, puis l'université Yale, où il obtient une licence en 1963. En 1967, il obtient une maîtrise en business administration à l'université Harvard. Cette année-là , il entre au département d'État comme officier à Kaboul (Afghanistan).
Par la suite, il poursuit son cursus universitaire à l'Institut d'études politiques de Paris où il obtient un certificat d'études politiques. Il est également en fonction à Blantyre (Malawi) comme officier économique et commercial entre 1968 et 1971. Pendant les années 1970, Bremer occupe différents postes au département d'État : il est en particulier l'assistant d'Henry Kissinger entre 1972 et 1976. Chef de mission à Oslo de 1976 à 1979, il rentre au pays où il devient l'adjoint du secrétaire d'État entre 1979 et 1981.
Ronald Reagan le nomme ambassadeur aux Pays-Bas en 1983 puis ambassadeur pour l'antiterrorisme en 1986. Il quitte le département d'État en 1989 et devient l'un des directeurs de Kissinger Associates, société de consultants active dans le monde entier et fondée par Henry Kissinger. Il devient ensuite président-directeur général de Marsh Crisis Consultant qui offre du conseil sur les risques et les assurances et se trouve être une filiale de Marsh & McLennan Companies, Inc.
En 1999, il est nommé président de la commission nationale sur le terrorisme par Dennis Hastert. À la fin 2001, il est nommé codirecteur, avec l'ancien procureur général Edwin Meese, du groupe de travail sur la sécurité intérieure de l'Heritage Foundation qui pose les principes du futur département de la Sécurité intérieure. En effet, pendant deux décennies, Bremer a régulièrement été auditionné par le Congrès et est reconnu comme un expert du terrorisme et de la sécurité intérieure.
Marié à Frances Winfield, avec qui il a une fille et un garçon, il parle, outre l'anglais, le français, le norvégien, le persan et l'allemand.
Administrateur de l'Irak
À la suite du retrait de Jay Garner comme administrateur civil de l'Irak, Bremer est nommé à ce poste. Son administration relève du département de la Défense américain et, en tant qu'administrateur, il relève directement du secrétaire à la Défense. Contrairement à son prédécesseur, il n'est pas militaire et l'on attend de lui qu'il amène des compétences politiques et diplomatiques qui faisaient défaut à l'ancien général. Néanmoins, certains groupes luttant pour les droits de l'homme émettent des doutes car, lorsque Bremer était membre de la commission nationale sur le terrorisme, il avait soutenu un assouplissement des règles de la CIA qui l'empêchait de travailler avec des groupes et des particuliers ayant commis des abus en matière de droits de l'homme.
En tant qu'administrateur de l'Irak, sa mission consiste à diriger l'occupation américaine jusqu'à ce que le pays puisse à nouveau être dirigé par des Irakiens. Durant ses quatre premiers mois en poste Bremer se consacra presque exclusivement à la transformation économique d'un pays en ruine. Il a la possibilité de publier des décrets (orders) modifiant la société et l'infrastructure irakienne. Parmi les décrets célèbres, on peut citer ceux interdisant le parti Baas, supprimant toute restriction à la liberté d'association, celui concernant la démobilisation de l'armée irakienne et celui établissant une cour pénale centralisée en Irak. Selon le diplomate français Michel Foucher, le renvoi de tout ce qui structurait l’État irakien a permis à l'organisation terroriste État islamique de recruter de nombreux cadres[1].
Le , Bremer approuve la création d'un Conseil de gouvernement intérimaire de manière à « garantir la représentation des intérêts du peuple irakien ». Les membres du conseil sont nommés par lui et choisis parmi les formations politiques, les ethnies et les chefs religieux qui se sont opposés au gouvernement de Saddam Hussein. Bien que d'importants pouvoirs soient transférés à ce conseil, Bremer conserve un droit de veto sur leurs propositions. L'ensemble des lois édictées par Bremer formaient un programme classique de thérapie de choc inspiré par l'école de Chicago[2].
En janvier 2005, après son départ d'Irak, un rapport officiel de l'inspecteur général pour la reconstruction de l'Irak, Stuart Bowen, cité dans Time, signale la disparition de 9 milliards de dollars américains destinés à la reconstruction de l'Irak en fraudes, corruption et autres malversations. Sur un registre de salaires en particulier, seuls 602 noms sur 8 206 peuvent être confirmés. L'un des autres exemples cités par le rapport signale que l'autorité de la coalition avait autorisé des officiels irakiens à retarder les déclarations de réception de 2,5 milliards de dollars reçus au printemps par le gouvernement provisoire par l'entremise du programme « pétrole contre nourriture ». L'ambassadeur Bremer réplique par une lettre de huit pages qui nie toutes les accusations du rapport.
Le journaliste Sylvain Cypel livre une analyse très critique de la gestion de Paul Bremer : « Difficile de trouver plus ignare et engoncé dans ses convictions obtuses. Quelques analystes de la CIA s’en arrachent les cheveux. L’homme ne pense qu’à l’exploitation pétrolière et à l’installation d’une bourse des valeurs en Irak. Il va commettre toutes les erreurs possibles, y compris du point de vue américain. Sa certitude que le futur de l’Irak réside dans un État structuré par les divisions ethnoreligieuses aboutira vite à un chaos interreligieux effroyablement violent. Il permettra aussi l’épanouissement d’un régime où l’Iran, l’autre ennemi régional prééminent de Washington, parviendra en Irak à une influence dont il n’aurait jamais pu rêver auparavant[3]. ».
Notes et références
- Miche Foucher, Arpenter le Monde, Paris, Robert Laffont,
- Naomi Klein, La Stratégie du choc, 2008.
- Sylvain Cypel, « Le néoconservatisme, une idéologie en faillite mais un héritage pérenne », sur Orient XXI,