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Paul Adam

Paul Auguste Marie Adam[2], né le à Paris où il est mort le [3], est un écrivain français et critique d'art.

Paul Adam
Portrait de Paul Adam par Nadar.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Paul Auguste Marie Adam
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinctions
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 8802, 1 pièce)[1]
Portrait de Paul Adam
par FĂ©lix Vallotton
paru dans Le Livre des masques
de Remy de Gourmont (1896).

Biographie

Issu d'une famille d'industriels et de militaires originaires de l'Artois, fils d'un directeur des Postes sous le Second Empire, Paul Adam fait ses études secondaires au lycée Henri-IV à Paris avant de se lancer dans la carrière littéraire dès 1884.

Il collabore à La Revue indépendante avant de publier en Belgique son premier roman, Chair molle (1885), qui est accusé d'immoralité, provoque le scandale et vaut au jeune auteur une condamnation à quinze jours de prison avec sursis et une lourde amende.

Délaissant le naturalisme, Paul Adam se tourne vers le symbolisme. Il contribue à diverses revues liées à ce mouvement, anime Le Symboliste et La Vogue et fonde avec Paul Ajalbert Le Carcan. En 1886, il collabore avec Jean Moréas dans Le Thé chez Miranda et Les Demoiselles Goubert et publie un roman intimiste, Soi. Sa notoriété est établie avec le roman Être (1888). Cette même année, sous le pseudonyme de Jacques Plowert — nom d'un personnage des Demoiselles de Goubert —, il rédige avec Félix Fénéon un Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes qui deviendra un modèle de la préciosité décadente[4].

En 1889, il se présente, à la députation à Nancy, au côté de Maurice Barrès, sous l'étiquette boulangiste et est battu[5]. Mais plus tard il se désolidarise de Barrès en étant Dreyfusard[6].

En 1892, il prononce son célèbre Éloge de Ravachol :

« De tous les actes de Ravachol, il en est un plus symbolique peut-ĂŞtre de lui-mĂŞme. En ouvrant la sĂ©pulture de cette vieille et en allant chercher Ă  tâtons sur les mains gluantes du cadavre le bijou capable d'Ă©pargner la faim, pour des mois, Ă  une famille de misĂ©rables, il dĂ©montra la honte d'une sociĂ©tĂ© qui pare somptueusement ses charognes, alors que, pour une annĂ©e seule, 91 000 individus meurent d'inanition entre les frontières du riche pays de France, sans que nul y pense, hormis lui et nous[7]. »

Paul Adam est aussi proche du milieu occultiste de la Belle Époque et son œuvre en est imprégnée. Ainsi, pour connaître le destin de ses personnages au fur et à mesure qu'ils venaient hanter son imagination, Paul Adam leur « tirait les cartes ». Il était en effet un excellent cartomancien. Voici un extrait de la lettre qu'il écrit à son ami Victor-Emile Michelet en juin 1919[8] :

« (…) Oui, le Tarot m'a, chaque jour, inspiré, suggéré beaucoup de mes essais. Je dois à l'Ermite, au Bateleur, à la Papesse, selon leurs postures au milieu de leurs pareils, dans la figure du pentagramme, mille intuitions. Et je leur suis reconnaissant surtout de m'avoir prodigué une force par laquelle vous aurez été séduit au point d'écrire ces pages, pour lesquelles je demeure un disciple docile ayant reçu la plus haute récompense de son zèle, celle de votre approbation[9]. »

Il fut l'un des témoins de Jean Lorrain lors de son duel, à Meudon, avec Marcel Proust le . Ils restèrent amis. Aux obsèques de Lorrain, en 1906, les cordons du poêle étaient tenus par Paul Adam et par le peintre Antonio de La Gandara.

En 1904, il est le co-président, avec Auguste Rodin et Vincent d'Indy de l'Union internationale des beaux-arts, des lettres, des sciences et de l'industrie (Paris), qui a pour organe officiel la revue mensuelle Les Tendances nouvelles dirigée par Alexis Mérodack-Jeaneau jusqu'en 1914[10].

En 1905, l’Académie française lui décerne le prix Alfred-Née.

En 1906, il est le vice-président de l'Académie des sports, nouvellement créée ; puis, dans Vues d'Amérique, Paul Adam synthétise son approche de l'art : « L'art est l'œuvre d'inscrire un dogme dans un symbole ».

Partisan du général Boulanger, il milite dans les mouvements nationalistes et traditionalistes et, pendant la Première Guerre mondiale, il se rend auprès des troupes pour soutenir leur moral et fonde la Ligue intellectuelle de fraternité latine.

Parallèlement, il publie de très nombreux ouvrages : essais, romans, nouvelles, récits de voyage, parmi lesquels on peut citer les romans de son cycle napoléonien : La Force (1899), L'Enfant d'Austerlitz (1901), Au soleil de juillet (1903), ainsi que La Ruse (1903) et Stéphanie (1913), curieux plaidoyer en faveur des mariages arrangés par rapport aux mariages d'amour. Le guide Paris-Parisien, qui le considère en 1899 comme une « notoriété des lettres », note qu'il a des « conceptions audacieuses » auxquelles il donne une « forme très audacieuse »[11]. Remy de Gourmont disait de lui :

« J’ai pensé à Balzac — M. Paul Adam en sera flatté, j’espère — en lisant, dans la biographie que l’on vient de donner de l’auteur de la Ruse, la liste de ses œuvres. Il y a en effet quelque chose de balzacien dans la fécondité de ce jeune romancier qui, en dix-sept ans de travail, nous aura donné trente-cinq volumes, et souvent des volumes énormes, qui en valent deux ou trois par la compacité. Quelle est sa méthode de travail, je ne l’ignore pas absolument ; elle est plus raisonnable que celle de Balzac et, par conséquent, elle durera sans doute plus longtemps[12]. »

Hommage

Un monument en son honneur, sculpté par Paul Landowski, a été érigé contre le mur du palais de Chaillot, au croisement de l'avenue du Président-Wilson et de l'avenue Albert-de-Mun.

En son hommage, une rue Paul-Adam à Reims célèbre son action en faveur de la ville martyr, ainsi qu'une avenue Paul-Adam dans le 17e arrondissement de Paris.

Sa tombe, installée dans la septième division de l'ancien cimetière de Boulogne Billancourt (Hauts-de-Seine), comprend une belle Piéta en bas-relief de Paul Landowski.

Sépulture de P. Adam au cimetière ancien de Boulogne-Billancourt.
Détail de la sépulture.

Ĺ’uvres

  • Chair molle, Auguste Brancart, Bruxelles, 1885.
  • Soi, Tresse et Stock, Paris, 1886.
  • Le ThĂ© chez Miranda (avec Jean MorĂ©as), Tresse et Stock, Paris, 1886.
  • Les Demoiselles Goubert, MĹ“urs de Paris (avec Jean MorĂ©as), Tresse et Stock, Paris, 1886.
  • La Glèbe, Tresse et Stock, Paris, 1887.
  • Trilogie Les VolontĂ©s merveilleuses :
    • ĂŠtre, Librairie Henry du parc, Paris, 1888 ; Librairie illustrĂ©e, Paris, 1891 (rĂ©imprimĂ© avec le remaniement minimal sous le titre Les Feux du Sabbat, Bibliothèque des auteurs modernes, 1907)
    • L'Essence de soleil, Tresse et Stock, Paris, 1890 (rĂ©imprimĂ© avec le remaniement minimal sous le titre Les Puissances et l'Amour, Albert MĂ©ricant, 1908).
    • En dĂ©cor, Albert Savine, Paris, 1891 (rĂ©imprimĂ© avec suppression de quatre derniers chapitres intitulĂ©s Finale mystique sous le titre Jeunesse et Amours de Manuel HĂ©ricourt, Albert MĂ©ricant, 1913).
  • Trilogie L'Époque :
    • Le Vice filial, Ernest Kolb, Paris, 1891.
    • Robes rouges, E. Kolb, Paris, 1891.
    • Les CĹ“urs utiles, E. Kolb, Paris, 1892.
  • L'Automne : drame en trois actes, co-Ă©crit avec Gabriel Mourey, E. Kolb, Paris, 1893. Interdit par la censure le .
  • Le Conte futur, Librairie de l'Art indĂ©pendant, Paris, 1893.
  • Critique des mĹ“urs, E. Kolb, Paris, 1893.
  • Les Images sentimentales, Paul Ollendorff, Paris, 1893.
  • Princesses byzantines, Firmin-Didot, Paris, 1893.
  • La Parade amoureuse, P. Ollendorff, Paris, 1894.
  • Le Mystère des foules, en 2 tomes, P. Ollendorff, Paris, 1895.
  • Les CĹ“urs nouveaux, P. Ollendorff, Paris, 1896.
  • Le Cuivre, co-Ă©crit avec AndrĂ© Picard, P. Ollendorff, Paris, 1896 (adaptation des CĹ“urs utiles reprĂ©sentĂ©e au Vaudeville).
  • La Force du mal, A. Colin, Paris, 1896.
  • L'AnnĂ©e de Clarisse, P. Ollendorff, Paris, 1897 (illustr. de Gaston Darbour).
  • La Bataille d'Uhde, P. Ollendorff, Paris, 1897 (illustr. de Gaston Darbour).
  • Lettres de Malaisie, La Revue Blanche, Paris, 1898 (rĂ©imprimĂ© sous le titre La CitĂ© prochaine, Bibliothèque des auteurs modernes, Paris, 1905) ; rĂ©Ă©dition SĂ©guier, « Bibliothèque DĂ©cadente », 1996 (ISBN 2-84049-100-1)
  • Les Tentatives passionnĂ©es, P. Ollendorff, Paris, 1898 (illustr. de Gaston Darbour).
  • Le Vice filial, Paris, Librairie Borel, 1898, illustrĂ© par Jan DÄ›dina.
  • Le Triomphe des MĂ©diocres, P. Ollendorff, Paris, 1898.
  • TĂ©tralogie Le Temps et la Vie, Ă©popĂ©e de la famille HĂ©ricourt :
    • La Force, P. Ollendorff, Paris, 1899.
    • L'Enfant d'Austerlitz, P. Ollendorff, Paris, 1901.
    • La Ruse, 1827-1828, P. Ollendorff, Paris, 1903.
    • Au soleil de juillet, 1829-1830, P. Ollendorff, Paris, 1903.
  • Basile et Sophia, SociĂ©tĂ© d'Ă©ditions littĂ©raires et artistiques, Paris, 1900, illustrĂ© par ClĂ©mentine-HĂ©lène Dufau.
  • Le Troupeau de Clarisse, P. Ollendorff, Paris, 1904.
  • Le Serpent noir, P. Ollendorff, Paris, 1905.
  • Combats, P. Ollendorff, Paris 1905.
  • Vues d'AmĂ©rique, P. Ollendorff, Paris, 1906.
  • Les Lions, P. Ollendorff, Paris, 1906.
  • Irène et les eunuques, P. Ollendorff, Paris, 1907.
  • Clarisse et l'homme heureux, J. Bosc & Cie, Paris, 1907.
  • La Morale de l'Amour, Albert MĂ©ricant, Paris. 1907.
  • La Morale de Paris, Ambert, Paris, 1907.
  • Le Nouveau CatĂ©chisme, Edward Sansot, Paris, 1907.
  • Le Taureau de Mithra, E. Sansot, Paris, 1907.
  • La Morale des Sports, la Librairie mondiale, Paris, 1907.
  • L’IcĂ´ne et le Croissant, Librairie des publications modernes, Paris, 1908.
  • Les ImpĂ©rialismes et la morale des peuples, Boivin & Cie, Paris, 1908.
  • Le Rail du Sauveur, Librairie des Annales, Paris, 1908.
  • La Morale de la France, Librairie moderne Maurice Bauche, Paris, 1908.
  • La Morale de l'Éducation, Ernest Flammarion, Paris, 1908
  • Les Disciplines de la France, Vuibert et Nony, Paris, 1908.
  • Dix ans d'art français : OrnĂ© de reproductions d'oeuvres d'art d'après les MaĂ®tres, Albert MĂ©ricant, Paris, 1909.
  • Le Malaise du monde latin, R. Roger et F. Chernoviz, Paris, 1910.
  • Le Trust, A. Fayard, Paris, 1910.
  • Contre l’Aigle, contre nous, H. Falque, Paris, 1910.
  • La Ville inconnue, P. Ollendorff, Paris, 1911.
  • StĂ©phanie, Fasquelle-Charpentier, Paris, 1913.
  • Les Visages du BrĂ©sil, Laffitte, Paris, 1913.
  • Le Serpent noir, Pour Les Cent bibliophiles, Paris, 1913, aux-fortes et pointes-sèches en couleurs de Malo-Renault.
  • La Victoire de la vie, pensĂ©es choisies et prĂ©cĂ©dĂ©es d'une introduction par Jean HĂ©ritier, E. Sansot, Paris, 1913.
  • La Guerre 1914-1920 :
    • Dans l'air qui tremble, Georges Crès & Cie, Paris, 1916.
    • Lettres de l'Empreur, G. Crès & Cie, Paris, 1916.
    • L'Effort portugais, Bloud et Gay, Paris, 1916.
    • La Terre qui tonne France - Italie, Librairie Chapelot, Paris, 1917.
    • La LittĂ©rature et la Guerre, G. Crès & Cie, Paris, 1917
    • Reims dĂ©vastĂ©e, Librairie FĂ©lix Alcan, Paris, 1920.
  • Le BrĂ©sil, Bloud et Gay, Paris, 1918.
  • Le Lion d'Arras, E. Flammarion, 1920 (ajout tardif Ă  la sĂ©rie Le Temps et la Vie)
  • Publications posthumes :
    • Le Seuil de la vie, Flammarion, Paris, 1921.
    • Notre Carthage, Eugène Fasquelle, 1922, prĂ©face du gĂ©nĂ©ral Charles Mangin.
    • Le Culte d'Icare, E. Flammarion, 1923, roman inachevĂ©, ajout tardif Ă  la sĂ©rie Le Temps et la Vie.
    • Mademoiselle Dhamelincourt (Illustr. d'après les aquarelles de Dutriac), Arthème Fayard et Cie, Paris, 1923.
    • Dieu, La Phalange, 1924, prĂ©facĂ©e par Jean Royère.

Théâtre

  • Les Byzantines, 1906, non reprĂ©sentĂ©.
  • Les Mouettes, crĂ©Ă©es Ă  la ComĂ©die-Française le (non reprĂ©sentĂ©es).

Notes et références

  1. « ark:/36937/s005afd5ff3143be/60634418ef3a9 », sous le nom ADAM Paul (consulté le )
  2. Adam Family Crest and History, sur le site House of Names
  3. Archives de Paris Acte de décès no 19 dressé au 16e arrondissement de Paris le 04/01/1920, vue 3 / 31
  4. Mitterand, Henri., Littérature, textes et documents, Nathan, (ISBN 2-09-178855-4, 978-2-09-178855-5 et 2-09-178861-9, OCLC 19176280)
  5. Gabriel Richard, « Les élections législatives de Meurthe-et-Moselle en 1889 », Le Pays Lorrain, no 1,‎ (lire en ligne). Disponible sur Gallica.
  6. Jean Labatut, « l'Affaire Dreyfus en Lorraine », Pour la République,‎ (lire en ligne) disponible sur Gallica.
  7. Fernand Drijkoningen, Dick Gevers, Anarchia, Amsterdam, Rodopi, coll. « Avant Garde Critical Studies », 1989 (ISBN 9051831145)
  8. Victor-Émile Michelet, Les Compagnons de la Hiérophanie, Souvenirs du mouvement hermétiste à la fin du XIXe siècle, Nice, Collection BELISANE, , 175 p., p. 48
  9. Victor-Émile Michelet, Les Compagnons de la Hiérophanie, Collection Belisane, , 165 p., p. 48
  10. Alexis MĂ©rodack-Jeaneau, Union internationale des beaux-arts, des lettres, des sciences et de l'industrie, Paris, Catalogue du Centre Pompidou, en ligne.
  11. Paris-Parisien, Ollendorff, , p. 41
  12. Remy de Gourmont, « De la fécondité littéraire. À propos de M. Paul Adam », Promenades littéraires. [Première série]. Mercure de France, Paris, 1929, p. 56

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • J. Ann Duncan (Ă©d.), L'Époque symboliste et le monde proustien Ă  travers la correspondance de Paul Adam (1884-1920), Nizet, Paris, 1982.
  • Camille Mauclair, Paul Adam, 1862-1920, Flammarion, . Trois portraits photographiques H.-T.
  • « Adam (Paul) », dans Michel Caffier, Dictionnaire des littĂ©ratures de Lorraine, vol. 1 : A-I, Metz, Éditions Serpenoise, , 529 p. (ISBN 2-87692-569-9), p. 15.
  • La revue NORD', Revue de critique et de crĂ©ation littĂ©raires du Nord-Pas-de-Calais, lui a consacrĂ© un numĂ©ro spĂ©cial, (NumĂ©ro 42, dĂ©cembre 2003, 110p).
  • La revue Les Hommes du jour lui a consacrĂ© son numĂ©ro 90, 9 0ctobre 1909. Texte de Victor MĂ©ric, portrait par Aristide Delannoy.

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