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Gabriel Mourey

Marie Gabriel Mourey ( à Marseille - à Neuilly-sur-Seine) est un romancier, poète, auteur dramatique, traducteur et critique d'art français.

Gabriel Mourey
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Distinction
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 8350-8360, 11 pièces, -)[1]

Biographie

Gabriel Mourey est né le à Marseille, fils de Louis-Félix Mourey, droguiste, et d'Amélie-Madeleine Roche-Latilla[2].

Il commence à dix-sept ans une carrière de poète avec le recueil Voix éparses (1883) publié à la Librairie des bibliophiles chez Jules Rouam (Paris)[3]. En , il lance Mireille, revue des poètes marseillais, avec Raoul Russel, qui compte huit livraisons.

Pour l'éditeur parisien Camille Dalou, il publie sa première traduction de l'anglais, les Poésies complètes de Edgar Allan Poe (1889) avec une préface de Joséphin Péladan ; il traduira ensuite des poèmes d'Algernon Charles Swinburne. Dès lors, le poète se rapproche du courant symboliste et se lie d'amitié avec Claude Debussy, et rencontre dans la Librairie de l'art indépendant d'Edmond Bailly, le « maître du rêve » Stéphane Mallarmé dont il fréquente les « mardis de la rue de Rome »[4]. L'année suivante, il publie son premier essai de critique d'art, Les Arts de la vie et le règne de la laideur chez Paul Ollendorff, un essai assez réactionnaire qui dénonce l'impressionnisme, les dérives réalistes ou naturalistes de la peinture et qui se range plutôt du côté de William Morris, du courant préraphaélite et de John Ruskin, et où il affirme que « c'est l'esprit d'anarchisme qui règne en France dans le mouvement artistique [...], un besoin de destruction, une sorte de délire qui veut abolir tout ce qui existe. »[5]. Mourey se montrera au cours des décennies suivantes beaucoup plus ouvert ; chargé de mission par le ministère des Beaux-Arts à partir de 1895, il servira de lien entre les arts décoratifs émergents anglais, italiens, russes, et Paris, puis saluera l'avénement du style art nouveau, écrira pour les catalogues de la maison Bing et de la Maison moderne, défendra Albert Besnard, Felix Borchardt, Auguste Rodin, Edmond Aman-Jean, Edgar Chahine, etc.

Au fond, cet écrivain polyvalent « fait figure de promoteur, dans l’hexagone, des Préraphaélites et du mouvement Arts and Crafts. Érigeant ce dernier comme modèle, avec une tendance à idéaliser sa supposée réussite, Mourey milite pour un art à vocation sociale [...]. Partisan, comme nombre de ses contemporains, d’un art pour tous, ses idées trouvent l’un de leurs prolongements en 1904-1905 dans l’éphémère revue Les Arts de la Vie, qu’il crée et dirige [chez Larousse]. Il y évoque ainsi cette « faillite de l’art décoratif moderne » en France, pour une production qu’il considère comme élitiste, n’ayant pas pu faire preuve d’une réelle entente entre artistes et fabricants, à la différence, selon lui, des réalisations anglaises ou allemandes »[6].

Entre 1888 et 1905, il entretient une correspondance suivie avec Jean Lorrain[7], où les deux hommes se montrent parfois d'une cruauté effroyable envers leurs contemporains.

À partir de 1891, il veut devenir dramaturge avec Lawn-tennis, une pièce en un acte créée au Théâtre Antoine, puis en 1893, il écrit avec Paul Adam, toujours pour la scène, L'Automne, un drame en trois actes, qui est interdit par la censure le , et qui donne lieu à une séance houleuse à la Chambre des députés le avec une intervention de Maurice Barrès : celui-ci, député de Nancy, s'oppose alors à Charles Dupuy, ministre de l'Intérieur, qui demandait à retrancher du texte tout ce qui rappelle la fusillade du Brûlé à Ricamarie : en 1869, dans le bassin houillier de Saint-Étienne, la troupe avait tiré sur les grévistes.

Avec Armand Dayot, il attire l'attention sur l'école anglaise de peinture du XVIIIe siècle, alors en partie oubliée.

En juin 1899, il fonde la Société nouvelle de peintres et de sculpteurs avec des artistes français, allemands et britanniques, et qu'il préside jusqu'en 1906 ; le siège parisien est à la galerie de Georges Petit où sont organisées plusieurs expositions de groupe[2].

En 1913, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur, sous le parrainage de Charles Plumet[2].

Après guerre, il devient inspecteur des musées nationaux.

Au cours de sa carrière de critique, Gabriel Mourey a écrit pour de nombreux journaux, tels le Gil Blas, Le Journal (1911), The Studio, la Revue encyclopédique, L'Illustration, la Revue de Paris... Il a été rédacteur en chef de la revue Art et décoration[2].

L'une de ses traductions qui eut le plus de succès fut Le Livre du thé de Okakura Kakuzō.

Il est mort le Ă  Neuilly-sur-Seine[8].

Mourey et Debussy

Composée en 1913, courte pièce pour flûte solo d'après Psyché[9], un poème dramatique en trois actes de Gabriel Mourey, Syrinx, fruit de cette amitié, reste la seule composition de Debussy qui soit aboutie dans le cadre de leurs projets très nombreux.

Contributeur de la Revue wagnérienne, Mourey avait de nombreux amis en commun avec Debussy et fut l'intermédiaire entre celui-ci et Gabriele D’Annunzio pour Le Martyre de Saint Sébastien. Les projets en coopération avec Debussy n'ayant jamais abouti sont : L’Embarquement pour ailleurs, commentaire symphonique, 1891 ; Histoire de Tristan, drame lyrique[10], 1907-09 ; Huon de Bordeaux, 1909 ; Le Chat botté, d'après Jean de La Fontaine, 1909 ; Le Marchand de rêves , 1909.

Ĺ’uvre

Poésie

  • Voix Ă©parses..., Paris, Librairie des bibliophiles, 1883.
  • Flammes mortes, Paris, C. Dalou, 1888.
  • L'Embarquement pour ailleurs, Paris, Albert Savine, 1890, rĂ©Ă©dition refondue : H. Simonis Empis, 1893.
  • Le Miroir : poèmes, Paris, SociĂ©tĂ© du Mercure de France, 1908.
  • Le Chant du renouveau, poèmes de guerre, Paris, Berger-Levrault, 1916.
  • La gloire de Saint-Marc : vingt-trois gravures en couleurs d'après les aquarelles de Augusto Sezanne, poèmes en prose, Paris, Plon, 1920.
  • L'Oreiller des fièvres et les Chansons de LeĂŻla, ornĂ©s de gravures sur bois d'Augustin Carrera, Librairie de France, 1922.
  • Marie-Madeleine Ă  la Sainte-Baume, poème ornĂ© de gravures sur bois du XVIe siècle, Aix-en-Provence, Ă©ditions d'art de la revue Le Feu, 1925.

Traduction

Réédition, précédées d'une lettre de John H. Ingram et suivies de La Philosophie de la composition, et de notes biographiques et bibliographiques, Paris, Mercure de France, 1910.

Directeur de publication

  • Mireille, revue des poètes marseillais avec Raoul Russel, Marseille rue Sainte, 1884 — Lire en ligne.
  • Les Arts de la vie paraissant sous la direction de Gabriel Mourey, Paris, Larousse, 1904-1905 — Lire en ligne.

Essai et préface

  • Les Arts de la vie et le règne de la laideur, Paris, Paul Ollendorff, 1890, rĂ©Ă©dition 1899.
  • PassĂ© le DĂ©troit, la vie et l'art Ă  Londres, Paris, Paul Ollendorff, 1895.
  • Des hommes devant la nature et la vie, Paris, P. Ollendorff / SociĂ©tĂ© d'Ă©ditions littĂ©raires et artistiques, 1902. Comprend des notes sur Auguste Rodin, Helleu, Le Sidaner, Steinlen, E. Claus, P. Renouard, Ch. Cottet, J. W. Alexander, J.-F. Raffaelli, F. Thaulow, G. La Touche, A. Baertsoen, Aman-Jean, A. Lepère.
  • La Maison moderne. Documents sur l'art industriel au vingtième siècle : reproductions photographiques des principales Ĺ“uvres des collaborateurs de La Maison moderne, avec neuf gravures de FĂ©lix Vallotton, Paris, Édition de La Maison moderne, 1901.
  • PrĂ©face Ă  Documents dĂ©coratifs : panneaux dĂ©coratifs, Ă©tudes des applications de fleurs, papier peints, frises, vitraux, orfĂ©vrerie par Alfons Mucha, Paris, Librairie centrale des beaux-arts, [vers 1902 ?].
  • Ĺ’uvres de Felix Borchardt exposĂ©es Ă  l'Art nouveau Bing, Paris, .
  • Poèmes armĂ©niens anciens et modernes traduits par Archag Tchobanian et prĂ©cĂ©dĂ©s d'une Ă©tude de Gabriel Mourey sur la poĂ©sie et l'art armĂ©niens, Paris, A. Charles, 1902.
  • Ignacio Zuloaga, Paris, Manzi & Joyant, 1905.
  • Albert Besnard, avec 100 reproductions hors-texte dont neuf en couleurs et d'une eau-forte originale, Paris, H. Davoust, 1905.
  • Gainsborough : Biographie critique, Paris, Henri Laurens, 1906.
  • FĂŞtes foraines de Paris, gravures d'Edgar Chahine, Paris, P. Renouard, 1906.

Réédition avec 72 dessins de François Quelvée, Paris, André Delpeuch, 1927.

  • Regards sur l'âme ombrienne, [n.p., 1907].
  • D.-G. Rossetti et les PrĂ©raphaĂ©lites anglais : biographies critiques, Paris, Henri Laurens, 1909.
  • avec Armand Dayot, Anglaises et Françaises. Écoles du XVIIIe siècle, Paris, [s.n.], 1909.
  • PrĂ©face Ă  Exposition de peintures et d’eaux-fortes de Philippe Zilcken, Paris, GalĂ©rie d’art dĂ©coratif, 1911.
  • Le village dans la pinède : Mazargues (Bouches-du-RhĂ´ne), Paris, Mercure de France, 1911.
  • Exposition Daniel Vierge, -, Paris, MusĂ©e des arts dĂ©coratif, 1912.
  • Exposition Mathurin MĂ©heut : la mer, faune et flore, oeuvres diverses, du au , Paris, MusĂ©e des arts dĂ©coratifs, [1913].
  • Propos sur les beautĂ©s du temps prĂ©sent, Paris, Ollendorff, 1913.
  • La Guerre devant le palais : Compiègne 1914, Paris, P. Ollendorff, 1915.
  • Essai sur l'art dĂ©coratif français moderne, Paris, Librairie Ollendorff, 1921.
  • Histoire gĂ©nĂ©rale de l'art français de la RĂ©volution Ă  nos jours, Paris, Librairie de France, 1922.

Traduit en anglais : French art in the XIX century, Londres, The Studio Ltd., 1928.

  • La VĂ©ritĂ© sur la cour des mĂ©tiers : Ce qu'elle est ... aurait dĂ» ĂŞtre ... pouvait ĂŞtre, Paris, Librairiede France, 1925.
  • PrĂ©face Ă  La Vie et les Ĺ“uvres de quelques grands saints d'Émile Baumann, Paris, Librairie de France, 1926.
  • Eugène Delacroix, avec 24 phototypies, Paris, Librairie de France, 1927.
  • François QuelvĂ©e, Paris, Ă©ditions de la N.R.F, 1928.
  • La Peinture anglaise du XVIIIe siècle, Paris, G. Van Oest, 1928.
  • Le Livre des fĂŞtes françaises, Paris, Librairie de France, 1930.
  • Georges DufrĂ©noy, Paris, Georges Crès, [1930].
  • PrĂ©face Ă  Serge YouriĂ©vitch (en), avec 24 phototypes, Paris, Librairie de France, [1930?].
  • Tableau de l'art français des origines Ă  nos jours, Tome I Ă  IV, Paris, Delagrave, 1932-1938.
  • Achille OuvrĂ©, [S.l.] : [s.n.].

Théâtre et livret

  • Lawn-tennis, pièce en un acte, avec une lettre d'AndrĂ© Antoine, Paris, Tresse et Stock, 1891.
  • avec Paul Adam, L'Automne : drame en trois actes ; interdit par la censure le , Paris, E. Kolb, 1893.
  • Trois cĹ“urs, pièce en un acte, Paris, P.-V. Stock, crĂ©Ă©e au Théâtre de l'OdĂ©on, .
  • PsychĂ© : poème dramatique en trois actes, Paris, Mercure de France, 1913.
  • Guillaume d'Orange : geste en cinq actes et six tableaux, Paris, P. Ollendorff, 1914.
  • Daphnis, poème dramatique en un acte, Paris, Librairie de France, 1925.

Roman et nouvelle

  • Monada, Paris, P. Ollendorff, 1894.
  • Les brisants, Paris, P. Ollendorff, 1896.
  • L'Ĺ’uvre nuptiale, Paris, Alphonse Lemerre, 1896.
  • CĹ“urs en dĂ©tresse, Paris, P. Ollendorff, 1898.
  • 1 heure : la Bourse, collection Beltrand et DĂ©tĂ©, serie « Les minutes parisiennes », illustrĂ© par Charles Huard, Paris, P. Ollendorff, 1899 — sur Gallica.
  • Jeux passionnĂ©s, Paris, P. Ollendorff, 1901.
  • Sainte Douceline, bĂ©guine de Provence : 1214-1274, illustrĂ© par Pierre Girieud, Paris, Ă©ditions du Monde nouveau, 1922.
  • L'Amateur de fantĂ´mes, Paris, Mercure de France, 1937.

Notes et références

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom MOUREY Gabriel (consulté le )
  2. Dossier cote LH 19800035/561/63905, Archives nationales de France.
  3. Notice du Catalogue général de la BnF, en ligne.
  4. Lire les souvenirs de Mourey à ce propos dans « Chez les Symbolistes », texte paru dans Les Nouvelles littéraires, du 20 juin 1936 — en ligne sur Livres en blog.
  5. Les arts de la vie et Le règne de la laideur, 2e édition (1899), en ligne sur archive.org.
  6. « Gabriel Mourey, La Faillite de l’art décoratif moderne, 1904 » par Jérémie Cerman, dans L’Art social de la Révolution à la Grande Guerre. Anthologie de textes sources par Neil McWilliam, Catherine Méneux et Julie Ramos (direction), INHA (« Sources »), 2014, consulté le 06 juin 2017.
  7. Jean Lorrain. Lettres inédites à Gabriel Mourey et à quelques autres (1888-1905), notice critique du catalogue des Presses du Septentrion.
  8. Acte de décès à Neuilly-sur-Seine, n° 138, vue 19/129.
  9. Publié au Mercure de France en 1913 — lire la critique d'André de Fresnois, La Revue des idées et des livres, 25 juillet 1913.
  10. Pour connaître les raisons et les circonstances de ce projet et de son inaboutissement, lire « Claude Debussy, auteur de 12 opéras — II — L'histoire de Tristan » par David Le Marrec, sur Opera critiques.

Annexes

Bibliographie

  • « Gabriel Mourey », dans Claude Schvalberg (direction), Dictionnaire de la critique d'art Ă  Paris, 1890-1969, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, p. 266-267 (ISBN 9782753534872).

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