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Panthéon de Paris et histoire de France

Depuis plus de 200 ans, le Panthéon de Paris a été témoin de nombreuses scènes de l'histoire de France, voire il en a été parfois un acteur. Par sa situation dans le quartier latin, il est aux premières loges dès que quelques manifestants décident de transformer un mécontentement en révolution. On fait aussi appel à son « esprit » pour commémorer un événement, ou quand on estime l'intégrité de la France en danger.

Scènes de l'histoire de France

Le Panthéon, de par le symbole qu'il représente, a été le témoin, voire a été utilisé, lors de nombreux moments marquants de l'histoire de France :

  • Le une Ă©meute s’y dĂ©clenche contre la lĂ©gèretĂ© des peines infligĂ©es aux ministres de Charles X.
  • Pendant les journĂ©es de , le PanthĂ©on est un des centres de l'insurrection[1].
    • C’est lĂ  que se rĂ©unissent les « RĂ©formistes » de la rive gauche. Au petit matin, le , se forme une manifestation d’étudiants rĂ©clamant le maintien des cours d’Edgar Quinet et de Jules Michelet supprimĂ©s par Guizot au Collège de France. Ils vont rejoindre la place de la Madeleine, renforçant les rangs de l’insurrection qui va Ă©clater un peu plus tard dans la journĂ©e. C’est sur cette place que sera distribuĂ©e la paye des Ateliers nationaux, en faisant le lieu de rassemblement des ouvriers parisiens.
    • Le , Pujol, Pardigon et 56 dĂ©lĂ©guĂ©s de l’arrondissement entraĂ®nent les ouvriers de ces ateliers vers le faubourg saint-Antoine. C’est le dĂ©but de l’insurrection de Juin. Les premières barricades se dressent dans la rue St Jacques.
    • Le 24, de violents combats se dĂ©roulent sur une barricade qui barre la rue d’Ulm, commandĂ©e par l’ouvrier ciseleur Raguinard. L’assaut est donnĂ© au PanthĂ©on dans lequel se sont rĂ©fugiĂ©s des InsurgĂ©s. Ses portes sont brisĂ©es Ă  coups de canons. Flaubert, le dĂ©crira le PanthĂ©on comme un « PanthĂ©on transformĂ© en dĂ©pĂ´t de cadavres ».
  • En 1870, pendant le Siège de Paris, 12 bureaux d’enrĂ´lement dans la Garde nationale sont installĂ©s sur la place.
  • Au printemps 1871, les communards font du PanthĂ©on leur quartier gĂ©nĂ©ral. Des armes et des munitions sont entreposĂ©s dans la crypte. Des barils de poudre et de pĂ©trole sont ensuite amenĂ©s en vue de faire sauter le bâtiment. ]

Il est le théâtre de violents combats lors de la Semaine Sanglante, recevant cinq obus et n'échappant que de peu à la destruction.
Le , il est repris par les Versaillais et 700 communards sont exécutés, dont le député Jean-Baptiste Millière ; le capitaine Garcin qui dirigeait l'exécution, le forcera à se mettre à genoux sur les marches.


Plaque souvenir rappelant les combats pour la Libération de Paris, placée sur un pilier de l'entourage.
  • LibĂ©ration de Paris : Pour les armĂ©es alliĂ©es, le PanthĂ©on, vu de loin, est un point de repère.


Pendant le mois d', le Panthéon et le quartier Latin sont le théâtre de combats opposants les Allemands et les Résistants puis les soldats des armées de libération.
Le , vers 13h30, un side-car allemand remonte la rue Soufflot en direction du Panthéon et disperse brutalement la foule qui s'est rassemblée sur la place. Le gardien de la paix Alexandre Massiani, 34 ans, dégaine son arme mais est aussitôt abattu d'une rafale de mitraillette. Il décèdera le surlendemain à l'hôpital.

  • Le vendredi des barricades sont Ă©levĂ©es dans la rue Soufflot.

Cérémonies

  • Le dimanche , lors une cĂ©rĂ©monie nationale, consacrĂ©e au respect de la loi on accroche aux voĂ»tes du PanthĂ©on l'Ă©charpe tricolore du maire d'Étampes, Jacques Guillaume Simonneau, mort le , victime de son dĂ©vouement Ă  la Patrie[7].
  • Le jeudi , les honneurs du PanthĂ©on sont rendus aux restes d'un des soldats non identifiĂ©s morts au champ d'honneur au cours de la guerre 1914-1918. Le cercueil est ensuite placĂ© sous l'Arc de Triomphe de Paris.
  • Le jeudi , des obsèques nationales sont organisĂ©es Ă  la cathĂ©drale notre-dame de Paris et au PanthĂ©on en hommage Ă  Paul Doumer, prĂ©sident de la RĂ©publique française assassinĂ© le par Paul Gorgulov. Des milliers de personnes ainsi que de nombreuses personnalitĂ©s assistent Ă  cette cĂ©rĂ©monie. Après la cĂ©rĂ©monie religieuse, le cortège reconstituĂ© se rend au PanthĂ©on. Au premier rang des princes qui suivent le cercueil de Paul Doumer, on remarque Sa MajestĂ© Bao Dai, empereur d’Annam. Sa prĂ©sence apporte « l’hommage filial de l’Indochine au dĂ©funt gouverneur gĂ©nĂ©ral », Ă©crit Pierre Deloncle, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ComitĂ© de l’Indochine, un an après l’Exposition coloniale. Parmi les innombrables dĂ©lĂ©gations qui assistent aux obsèques du prĂ©sident, celle des Croix de feu regroupe pas moins de 2 000 de ses membres, avec Ă  sa tĂŞte le colonel de la Rocque. Le comitĂ© France-Orient, dont Doumer fut prĂ©sident, est Ă©galement reprĂ©sentĂ© par une importante dĂ©lĂ©gation. Entre les colonnes du pĂ©ristyle, le catafalque dresse très haut le cercueil symbolique drapĂ© de tricolore tandis que la bière elle-mĂŞme trouve sa place dans le soubassement. La cĂ©rĂ©monie comprendra un dĂ©filĂ© militaire et un Ă©loge prononcĂ© par AndrĂ© Tardieu, prĂ©sident du Conseil, Ă©galement retransmis Ă  la radio.

On notera que Blanche Doumer, son épouse, à laquelle les autorités avaient proposé d'inhumer le président défunt au Panthéon, déclarera : « Je vous l'ai laissé toute sa vie. Alors maintenant, s'il vous plaît, laissez-le moi. »

  • Le samedi veillĂ©e funèbre en l'honneur de Raymond PoincarĂ©, dĂ©cĂ©dĂ© le . Sur la place ont lieu dĂ©filĂ©s et discours. Ă€ l'intĂ©rieur, sous le dĂ´me dĂ©corĂ© par l’architecte AndrĂ© Ventre, tombent des vĂ©lums noirs et violets sur un sarcophage recouvert d'un drapeau tricolore, irradiant la lumière par des projecteurs comme s'il Ă©tait lui-mĂŞme source de lumière.
  • Le lundi , Ă  l'occasion de l'anniversaire de la mort de l'Ă©crivain Émile Zola, un dĂ©pĂ´t de gerbe est organisĂ© par les membres du comitĂ© national sur son tombeau au PanthĂ©on[8].
  • Le mercredi , une cĂ©rĂ©monie a lieu au PanthĂ©on de Paris, prĂ©sidĂ©e par le ministre de la Justice, Élisabeth Guigou, pour le centenaire de la parution dans L'Aurore de la lettre ouverte J'Accuse adressĂ©e au prĂ©sident de la RĂ©publique. Deux discours sont prononcĂ©s, l'un par le Premier ministre, Lionel Jospin (discours consultable sur Wikisource) et l'autre, par le Premier prĂ©sident honoraire de la Cour de cassation, Pierre Drai, sur le thème du rĂ´le de la Cour de cassation dans le dĂ©nouement de l’affaire Dreyfus[11].
  • Le lundi , une cĂ©rĂ©monie se dĂ©roule au PanthĂ©on pour le bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture. Une gerbe de fleurs est placĂ©e au pied de la plaque lui rendant hommage.
  • Le jeudi , Jacques Chirac, prĂ©sident de la RĂ©publique et Simone Veil, ancienne dĂ©portĂ©e, prĂ©sidente de la Fondation pour la mĂ©moire de la Shoah, inaugurent une inscription dans la crypte du PanthĂ©on en prĂ©sence de nombreuses personnalitĂ©s dont le prix Nobel de la paix, Elie Wiesel. Il s'agissait de rendre hommage aux « Justes de France » et aux hĂ©ros anonymes qui ont sauvĂ© des milliers de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce titre a Ă©tĂ© dĂ©cernĂ© Ă  cette date Ă  2725 Français ; plusieurs dossiers sont en cours d'instruction. Ă€ cette occasion, le prĂ©sident de la RĂ©publique prononce un discours rappelant le refus de l'indiffĂ©rence et de l'aveuglement face Ă  la clique haineuse et revancharde du rĂ©gime de Vichy[20]. Cette date du n'a pas Ă©tĂ© choisie au hasard. Elle correspond Ă  l'anniversaire de l'entrĂ©e des troupes soviĂ©tiques dans le camp d'Auschwitz[12].

Dans le cadre de cette cérémonie, du 19 au , le public a été invité à venir découvrir la création d'Agnès Varda et l'inscription en hommage aux Justes de France. L'installation spécialement réalisée pour cet événement comportait deux films inédits sur quatre écrans, et quelque 300 portraits de Justes.

En 2013 le thème du concours était « Communiquer pour résister (1940-1945) » et célébra le 70e anniversaire de l’arrestation de Jean Moulin et de ses compagnons à Caluire, dans la banlieue de Lyon ainsi que la création du Conseil national de la Résistance le , organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la résistance intérieure française.

Le lundi , La cérémonie au Panthéon était présidée par Kader Arif, ministre chargé des Anciens combattants, en présence de Daniel Cordier qui fut le secrétaire de Jean Moulin en 1942 et 1943. La jeune Clara Reulet, élève en 3e au collège Alain-Fournier ayant remporté le troisième prix a lu devant tous, avec beaucoup d’émotion un extrait de « Premier Combat » de Jean Moulin. Le Chœur de l'Armée française a ensuite entonné le Chant des partisans avant que toute la délégation aille se recueillir, dans la crypte sur la tombe de Jean Moulin.

  • Le mercredi , le PrĂ©sident de la RĂ©publique, François Hollande, a rendu hommage Ă  AimĂ© CĂ©saire, Ă  l'occasion du centième anniversaire de sa naissance. Après avoir dĂ©posĂ© une gerbe dans la crypte devant la plaque rendant hommage Ă  l'Ă©crivain et l'homme politique, il a prononcĂ© une allocution en prĂ©sence des ministres AurĂ©lie Filippetti (Culture) et Victorin Lurel (Outre-mers) : « « ... Je souhaite dire Ă  tous les Martiniquais, mais au-delĂ  des Martiniquais, au-delĂ  des Antilles, au-delĂ  mĂŞme de la France, combien la figure d'AimĂ© CĂ©saire est intimement liĂ©e Ă  l'esprit qui est celui de la RĂ©publique. » »
  • Le vendredi , le prĂ©sident de la RĂ©publique Emmanuel Macron, Ă  l'occasion du 170e anniversaire de l'abolition de l'esclavage, a annoncĂ© la crĂ©ation d'une Fondation pour la mĂ©moire de l'esclavage.

Expositions

  • Exposition du jeudi 10 au lundi : « francs-maçons au PanthĂ©on » - salle Marie Curie


L'inauguration a été faite en présence de représentants du Grand Orient de France. Elle honore la mémoire de quatre francs-maçons célèbres dont les cendres reposent en ce lieu dédié aux grands personnages ayant marqué l'histoire de France. 4 colonnes ont été érigées représentant ces 4 Francs-Maçons célèbres. Elles retraceront les hommes, leurs histoires et leurs vies maçonniques. L'inauguration de l'exposition aura lieu en présence de représentants des 4 Loges du Grand Orient de France portant le titre distinctif de ces 4 grands francs-maçons : Victor Schœlcher, Voltaire, Félix Éboué, Léon Gambetta.
D'autres personnalités inhumées au Panthéon ont aussi été des francs-maçons. En sus de Soufflot, dont on pense qu'il a été initié à la loge l'Aigle de saint-Jean à Joigny dans l'Yonne, s'y trouvent des membres de la loge des Neuf Sœurs dont Voltaire, (initié en 1778) et Cabanis ; deux appartenaient à la loge La Candeur : Antoine-César de Choiseul (par ailleurs Grand Administrateur du Grand Orient) et Gabriel-Louis, marquis de Caulaincourt ; ainsi que deux maîtres de la loge Saint-Jean d'Écosse du Contrat social : Hyacinthe-Hughes Timoléon de Cossé-Brissac et Théophile Malo Corret de la Tour d'Auvergne. Sans compter L'abbé Grégoire (loge Harmonie), Jean-Étienne-Marie Portalis (loge L'Amitié, à Aix-en-Provence), Pierre Garnier de Laboissière (Grand Orient, province du Sud-Est), Jean-Pierre Sers (Grand Hospilalier du Grand Orient). Jean Lannes (administrateur du Grand-Orient), Jean-Ignace Jacqueminot (loge Saint-Jean de Jérusalem, à Nancy), Antoine-Jean-Marie Thévenard (loge l'Union, à Lorient), François-Séverin Marceau-Desgraviers, dit Marceau (membre d'une loge militaire), Gaspard Monge, comte de Péluse (loge L'Union parfaite du corps royal du génie, à Mézières), Jean-Baptiste Baudin (loge Le Temple des amis de l'honneur français}, Marcellin Berthelot (loge la Fraternité universelle), Léon Gambetta (loge La réforme, Marseille), Félix Éboué (loge La France équinoxiale à Cayenne}, Victor Schœlcher (loge La Justice}, Jean Moulin (loge La Fratemité des hauts-fonctionnaires)…
Ont été retirés du Panthéon, Pour des raisons diverses - parfois familiales, les francs-maçons Jean-Paul Marat, Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau et Louis-Joseph-Charles-Amable d'Albert de Luynes[13].

Événements

Le Panthéon lors de la fête de la jonquille.
  • Le dimanche , c'est-Ă -dire quelques jours avant le deuxième tour des Ă©lections prĂ©sidentielles oĂą vont s'affronter Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac, une manifestation ayant pour thème « J'aime la RĂ©publique », rassemble 10 000 personnes.
  • En 2004, les chercheurs de l'association « Sauvons la recherche » prennent le PanthĂ©on comme lieu de rassemblement pour attirer l'attention sur les dangers pour la France de nĂ©gliger sa recherche[14].
  • Les samedi et dimanche 27 et , le PanthĂ©on a servi de cadre Ă  la manifestation Un Jardin pour la Vie, Une Jonquille pour Curie organisĂ©e par l'institut Curie en partenariat avec les Monuments historiques, le PanthĂ©on, la mairie de Paris, le jardinier Truffaut et le soutien du ministère de la Culture. Un jardin de trente mille jonquilles fleurit le monument et ses abords. Cette manifestation se pĂ©rennise et, depuis 2004, elle a eu lieu chaque annĂ©e[15].

Notes et références

  1. Les journées de juin 1848 par Friedrich Engels
  2. Antoine de Baecque et BĂ©atrice Vallaeys, « Christian Dupavillon : «Au PanthĂ©on, il Ă©tait seul, sous la pluie» », sur LibĂ©ration.fr, (consultĂ© le )
  3. « Cérémonie d'investiture de François Mitterrand » [vidéo], sur INA,
  4. Concert d'investiture de François Mitterrand le 21 mai 1981 par les Chœurs et l'Orchestre de Paris dans un extrait de l'Hymne à la Joie de Beethoven
  5. « Investiture de François Mitterrand au Panthéon » [vidéo], sur YouTube,
  6. « Les Roses du Panthéon », émission diffusée dans Bouillon de culture [vidéo], sur YouTube,
  7. source : Histoire de la Terreur (1792-1794, Mortimer Ternaux, page 106, tome premier, deuxième édition, 1863, Michel Levy frères, libraires éditeur Paris
  8. Archive vidéo de la cérémonie sur le site de l'INA
  9. Gérard Courtois, « En 1981, de l'Etoile au Panthéon, le sacre laïc du chef de la gauche », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  10. Les roses du Panthéon vidéo sur YouTube
  11. Vidéo sur le site de l'INA
  12. Journal Libération
  13. Le Paris des Francs-Maçons par Emmanuel Pierrat et Laurent Kupferman, 2009, ed. Le cherche-midi, chapitre le Panthéon
  14. Site Internet sauvons la recherche rubrique Archives 2004
  15. Vidéo 2007 Une jonquille pour Curie, place du Panthéon
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