Accueil🇫🇷Chercher

Panopea generosa

Panope du Pacifique, Palourde royale

Panopea generosa, communément appelé le Panope du Pacifique, Panopée[1] ou Palourde royale, est une espèce de mollusques bivalves marins de grande taille de la famille des Hiatellidae. Cette espèce, qui vit enfouie dans le sable, est considérée comme l'un des plus gros bivalves au monde. Dotée d'une remarquable longévité, elle présente depuis quelques années un intérêt économique non négligeable.

Le nom scientifique de ce bivalve a été confondu entre 1983 et 2010 avec celui d'une espèce disparue, Panopea abrupta (Conrad, 1849)[2].

Description

Panopea generosa prĂ©sente une coquille mesurant de 15 Ă  20 cm de longueur et un siphon qui peut atteindre Ă  lui seul un mètre.

C'est le plus gros bivalve fouisseur au monde, avec un poids moyen variant de 0,5 Ă  1,5 kg Ă  l'âge adulte mais on peut trouver des sujets pesant jusqu'Ă  4,5 kg[3].

Comportement

Longévité

Son espĂ©rance de vie est d'environ 140 ans et le plus vieux spĂ©cimen dĂ©couvert avait 168 ans[4]. C'est donc l'un des animaux ayant la plus longue durĂ©e de vie au monde. Les scientifiques estiment que cette longĂ©vitĂ© est liĂ©e Ă  sa faible activitĂ©.

Il a fort peu de prédateurs, ce qui contribue aussi à sa longévité. En Alaska, les loutres de mer et les roussettes se sont révélées capables de les déterrer ; les étoiles de mer peuvent aussi se nourrir de la partie du siphon qui dépasse du sédiment.

Alimentation

Panopea generosa se contente d'aspirer le plancton par l'orifice inhalant de son long siphon, de filtrer la partie utile pour sa consommation et de rejeter les déchets par l'orifice exhalant.

Reproduction

Les panopes du Pacifique ont une fécondation externe, ils rejettent leur gamètes dans l'eau de mer. La femelle émet, au cours d'une centaine d'années d'existence, environ cinq milliards d'ovules . Il est possible que cette prolificité, associée à l'aspect phallique de son siphon, soit à l'origine de la réputation aphrodisiaque de l'animal dans certaines cultures.

RĂ©partition et habitat

Panopea generosa vit enfoui dans les sédiments marins, sur les côtes du Pacifique aux États-Unis et au Canada (essentiellement État de Washington, Colombie-Britannique et sud de l'Alaska).

Intérêt économique du panope

Le marché du panope

Panopea en vente dans un restaurant chinois.

La première sociĂ©tĂ© de pĂŞche de panope fut crĂ©Ă©e en 1970, alors que la demande pour ce bivalve Ă©tait encore faible. De nos jours, les panopes se vendent 65 $ US (soit 55 euros) par kilogramme. Le panope, comme l'ormeau, est très recherchĂ© dans la gastronomie chinoise. Son grand siphon charnu est apprĂ©ciĂ© pour sa saveur umami et sa texture croquante. Il est très populaire Ă  Hong Kong, en Chine et au Japon, oĂą il est considĂ©rĂ© comme un mets raffinĂ©. Il est gĂ©nĂ©ralement cuit en fondue chinoise ou consommĂ© cru en sashimi, trempĂ© dans du wasabi et de la sauce soja. Dans les menus japonais, le panope est appelĂ© mirugai ou mirukuigai ; sa texture est comparĂ©e Ă  celle d'un autre coquillage, du genre Arca (appelĂ© akagai), Ă©galement apprĂ©ciĂ©.

La grande valeur commerciale du panope a crĂ©Ă© une industrie qui rapporte 80 millions de dollars US par an (soit 55 millions d'euros), centrĂ©e sur les zones de pĂŞche (État de Washington aux États-Unis, province de Colombie-Britannique au Canada). Il s'agit d'un des secteurs de pĂŞche les plus sĂ©rieusement contrĂ´lĂ©s ; par les Ă©quipes du ministère des Ressources Naturelles (Department of Natural Resources) dans l'État de Washington, qui partent en mer rĂ©gulièrement pour surveiller les rĂ©coltes, et par la Underwater Harvesters' Association au Canada, en collaboration avec PĂŞches et OcĂ©ans Canada (Fisheries and Oceans Canada). La forte demande actuelle du marchĂ© du panope a conduit Ă  essayer de dĂ©velopper rapidement une industrie de conchyliculture.

Élevage du panope

La conchyliculture de panopes, sur les estrans privĂ©s de la baie du Puget Sound, près de Seattle, s'est progressivement dĂ©veloppĂ©e depuis une dizaine d'annĂ©es Ă  un rythme moyen d'environ 4 hectares en plus chaque annĂ©e. Pour le moment, moins de 0,001 % de la surface du Puget Sound est consacrĂ© Ă  cet Ă©levage, plus particulièrement concentrĂ© dans le sud de la baie.

Les exploitations de panopes utilisent un « système d'exclusion des prĂ©dateurs » pour ensemencer leurs lots. Ces systèmes sont des tuyaux de PVC de 25 Ă  35 cm de long et de 10 Ă  15 cm de diamètre enfoncĂ©s dans le sĂ©diment de l'estran. Il y a entre 20 000 et 43 500 de ces tuyaux en PVC par acre d'estran cultivĂ©, ce qui fait approximativement entre 5 et 11 tuyaux par m2 (un acre est Ă  peu près Ă©gal Ă  4 000 m2). Ces tubes resteront en place pendant la première des deux annĂ©es que dure le cycle d'Ă©levage.

Un grand panope de 4,5 kg, dans un magasin de curiosités à Seattle, USA.

La fondation Environmental Defense Fund a mené une étude sur l'aquaculture en général, et a déterminé que la conchyliculture est bénéfique à l'environnement marin[5]. Cette action est liée à la nutrition des bivalves par filtration de l'eau de mer. Les coquillages se nourrissent entre autres des algues microscopiques qui prolifèrent sous l'action de l'eutrophisation du milieu.

Les eaux qui baignent la conchyliculture doivent ĂŞtre certifiĂ©es non polluĂ©es avant de pouvoir implanter une nouvelle exploitation, condition prĂ©alable pour l'obtention de l'accord des autoritĂ©s[6]. Alors que certaines collectivitĂ©s ont installĂ© des systèmes de fosses septiques ultramodernes pour suivre les efforts des associations environnementales et organismes d'Ă©tat, visant Ă  dĂ©polluer le Puget SoundWhile, plus de 12 km2 de zones d'Ă©levage ont Ă©tĂ© perdus entre 1992 et 2004 Ă  cause de contaminations fĂ©cales, dues au dĂ©veloppement de l'urbanisation. Les rivages de l'Ă©tat sont en forte proportion dĂ©jĂ  si urbanisĂ©s ou dĂ©gradĂ©s qu'ils sont devenus impropres Ă  la rĂ©colte ou Ă  l'Ă©levage des panopes, et d'autres zones suivent malheureusement le mĂŞme chemin.

Controverses autour de l'Ă©levage du panope

Le développement de l'élevage et de la récolte de panopes est fortement sujet à controverse selon un rapport d'une association luttant contre la conchyliculture de panopes dans le Puget Sound[7]. L'élevage et la récolte de ce bivalve ont en effet été à l'origine de nombreux conflits avec les propriétaires riverains de la baie[8] - [9] - [10] - [11]. Les principaux griefs sont l'insuffisance des contrôles, le caractère inesthétique des exploitations, les effets des élevages sur les populations locales de panopes, l'impact sur la vie sauvage en général, la gestion des déchets des exploitations, les techniques intensives d'élevage ou de récolte, la très forte densité de population des panopes d'élevage, la destruction ou la fragmentation des habitats côtiers ainsi que la conversion à un rythme inquiétant, sur les rives du Puget Sound, d'écosystèmes naturels en zones d'élevage intensif, et enfin l'augmentation du dépôt de sédiments (liée à la diminution de l'effet de chasse des marées dans les anses les plus reculées de la baie, encombrées entre autres par les très nombreux tubes placés pour les panopes, mais aussi liée à la grande quantité de dépôts de matières organiques provenant des déchets des bancs de panopes). Ces associations, comme la Puget Sound Partnership[12], ont pour objectifs la protection de l'habitat ou sa restauration et la protection de la biodiversité, entre autres en permettant le retour d'espèces en danger (comme le saumon).

Notes et références

  1. DĂ©nomination des mollusques sur le site de la DGCCRF
  2. (en) B. Vadopalas, T.W. Pietsch et C.S. Friedman, « The proper name for the geoduck: resurrection of Panopea generosa Gould, 1850, from the synonymy of Panopea abrupta (Conrad, 1849) (Bivalvia: Myoida: Hiatellidae) », Malacologia, vol. 52, no 1,‎ , p. 169–173 (DOI 10.4002/040.052.0111, lire en ligne [PDF])
  3. Ministère de Pêches et des Océans du Canada, « La panope (Panopea abrupta) : Anatomie, histologie, développement, pathologie, parasites et symbiontes », sur http://www.pac.dfo-mpo.gc.ca, Gouvernement du Canada, (consulté le ).
  4. (en) J.M.L. Orensanz, C.M. Hand, A.M. Parma, J. Valer et R. Hilborn, « Precaution in the harvest of Methuselahs clams-the difficulty of getting timely feedback from slow-paced dynamics », Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences, vol. 61,‎ , p. 1355–1372.
  5. (en) Goldburg R., Marine Aquaculture in the United States, 2001, dans la revue Environmental Defense for Pew Oceans Commission
  6. Ces autorités sont le Washington State Department of Health Office of Shellfish and Water Protection et l'Interstate Shellfish Sanitation Council
  7. (en) ProtectOurShoreline.org
  8. (en) Protect Our Shoreline
  9. « APHETI-Association to Protect Hammersley, Eld and Totten Inlets »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  10. Responsible Shellfish Farming BC
  11. « Henderson Bay Shoreline Association »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  12. Puget Sound Partnership

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.