Accueil🇫🇷Chercher

Ouvrage du Col-du-Fort

L'ouvrage du Col-du-Fort est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située sur la limite entre les communes de Venanson et de Lantosque, dans le département des Alpes-Maritimes.

Ouvrage du Col-du-Fort
Type d'ouvrage Petit ouvrage d'infanterie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de la Tinée-Vésubie,
quartier Tournairet-VĂ©subie
Année de construction 1932-1940 (inachevé)
RĂ©giment 94e BAF
Nombre de blocs 2
Type d'entrée(s) Entrée des hommes (EH)
Effectifs 63 hommes et deux officiers
CoordonnĂ©es 44° 01′ 04,04″ nord, 7° 15′ 10,41″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France

Dans les années 1930, il était prévu d'en faire un petit ouvrage[n 1] de quatre blocs servant d'abri actif, avec pour mission non seulement de protéger une section d'infanterie, mais aussi de défendre le col de la Valette grâce à son armement. Mais il est resté inachevé : aucun de ses blocs a été totalement terminé.

Description

Position sur la ligne

L'ouvrage est construit sur le versant occidental de la pointe de Siruol (qui culmine Ă  2 018 mètres d'altitude), surplombant le col du Fort (Ă  1 942 m d'altitude). L'ouvrage devait interdire le sentier reliant le vallon de la Grave (du cĂ´tĂ© de Venanson) au Granges-de-la-Brasque (sur le versant menant Ă  Utelle et Lantosque).

Souterrains et blocs

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui du Col-du-Fort est conçu pour résister à un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien sont donc aménagés en souterrain, creusés sous plusieurs mètres de roche, tandis que les organes de combat, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé. Les installations souterraines abritent un casernement pour l'équipage, un système de ventilation, une cuisine, un poste de secours, des latrines, des lavabos, un petit stock de munitions, un stock de vivres, une usine (mais le petit groupe électrogène n'a pas été installé), ainsi que des réservoirs d'eau.

L'ouvrage devait ĂŞtre en fait un abri-caverne sur lequel devait ĂŞtre greffĂ© deux blocs de combat (d'oĂą l'expression d'« abri actif ») : selon les plans il devait y avoir quatre blocs en surface, dont d'une part deux d'entrĂ©e sur le versant sud, d'autre part un observatoire et une casemate d'infanterie sur le versant nord. Le niveau de protection se limite au no 1[2], soit une dalle d'un mètre et demie d'Ă©paisseur de bĂ©ton armĂ©, ainsi que des murs d'1,70 m (pour ceux qui sont exposĂ©s), soit de quoi rĂ©sister Ă  un bombardement allant jusqu'aux obus de 160 mm.

  • Bloc 1, l'entrĂ©e occidentale : inachevĂ©, avec seulement une porte blindĂ©e avec un crĂ©neau pour fusil mitrailleur montĂ© dessus.
  • Bloc 2, l'entrĂ©e orientale : terminĂ©, comporte un crĂ©neau pour jumelage de mitrailleuses tirant vers l'est (couvrant l'autre entrĂ©e ainsi que le col et la cime du Fort) et un autre pour FM.
  • Bloc 3, l'observatoire, Ă©quipĂ© d'une cloche VDP par Ă©lĂ©ments.
  • Bloc 4, la casemate : inachevĂ© elle-aussi, le radier a Ă©tĂ© coulĂ© ; la galerie Ă©tait fermĂ©e par une porte blindĂ©e. Son armement devait ĂŞtre de deux crĂ©neaux pour FM tirant vers le nord-est[3].

Armement

Les mitrailleuses et fusils mitrailleurs de l'ouvrage Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[4].

Les mitrailleuses Ă©taient des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15°), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[5]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[6], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[7]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac.

Les fusils mitrailleurs (FM) Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[8]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte[5]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute[9] - [10].

Histoire

Les plans de l'ouvrage ont été présentés à la Commission d'organisation des régions fortifiées (CORF) en 1932 et modifiés en 1934. L'ouvrage fut construit par la main-d'œuvre militaire (MOM), mais les conditions du chantier furent si difficile, les travaux n'étant possibles que pendant la saison estivale, qu'il est resté inachevé.

Notes et références

Notes

  1. L'appellation d'« ouvrages » pour désigner les abris actifs est sujet à débats. Selon Philippe Truttmann, « les abris-actifs jouent, dans le Sud-Est, le rôle dévolu aux ouvrages d'infanterie ; ils s'appellent d'ailleurs parfois petits ouvrages »[1].

Références

  1. Truttmann 2009, p. 235.
  2. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 32.
  3. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 50.
  4. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  5. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  6. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  7. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  8. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  9. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  10. Truttmann 2009, p. 374.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).
  • Philippe Truttmann (ill. FrĂ©dĂ©ric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'Ă©volution des systèmes fortifiĂ©s d'Europe occidentale de 1880 Ă  1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (rĂ©impr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X).

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.