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Ostrea edulis

Ostrea edulis est le nom scientifique de l'huître plate sauvage indigène européenne, autrefois également nommée Ostrea boblayei (Deshayes, 1835), Ostrea taurica (Krynicki 1837) et Ostrea adriatica (Lam.-Middendorff, 1848).

Toutes les huîtres plates élevées en France sont des Ostrea edulis même si, selon les gisements, elles peuvent revêtir une apparence ou acquérir des saveurs différentes[1].

Son Ă©levage Ă©tait dĂ©jĂ  connu des Romains qui auraient importĂ© cette pratique en France. Des annĂ©es 2000 Ă  2005, on en a produit en France environ 2 000 t/an pour une valeur de 10 M€. On la cultivait autrefois Ă  partir de jeunes huĂ®tres pĂŞchĂ©es dans la nature qu'on engraissait sur des parcs judicieusement placĂ©s.

Description

L'huître plate sauvage indigène européenne a un diamètre compris entre 7 et 10 cm[2].

La variĂ©tĂ© « pied-de-cheval » est la plus grosse, pesant gĂ©nĂ©ralement entre 250 et 500 g, pouvant atteindre 1,5 kg et 15 cm (la taille et la forme Ă©voquent le sabot d'un cheval, d'oĂą son nom). Sa chair plus maigre et son goĂ»t fortement iodĂ© la rend moins recherchĂ©e que l'huĂ®tre plate d'Ă©levage pour une consommation crue[3].

Cycle de vie

Comme la majorité des invertébrés benthiques, les huîtres plates ont un cycle de vie bentho-pélagique où une phase adulte sessile succède à une phase de vie larvaire planctonique pélagique (avec différents stades, larve trochophore, véligère, phase de pédivéligère qui voit la larve plonger au fond, passant de la phase nageante à une phase rampante)[4].

ParticularitĂ© chez les huĂ®tres plates, elles ont une fĂ©condation interne : l'huĂ®tre femelle Ă©met ses gamètes en interne dans sa cavitĂ© pallĂ©ale, tandis que le mâle rĂ©pand sa laitance dans l'eau oĂą la femelle, en la filtrant, les rĂ©colte. Les Ĺ“ufs fĂ©condĂ©s donnent naissance Ă  des larves microscopiques dans la poche incubatrice. De laiteuse blanche, l'huĂ®tre devient « ardoisĂ©e Â» en raison de la couleur grise des centaines de millions de larves contenues dans cette poche. Après une pĂ©riode d'incubation qui dure entre 8 et 10 jours, et dĂ©pendant de la tempĂ©rature, les larves vĂ©ligères sont Ă©mises dans l'eau pour une vie pĂ©lagique. Les larves pĂ©divĂ©ligère compĂ©tentes sĂ©lectionnent et explorent leur substrat avant de s'y fixer par le byssus et de s'y mĂ©tamophoser (phase de colonisation du substrat appelĂ©e recrutement)[5].

Distribution et habitat

Cette huître est présente sur le pourtour méditerranéen, en Atlantique (depuis la Bretagne jusqu'à la baie d'Agadir au Maroc), Manche, mer du Nord, en Adriatique et en mer Noire. Elle a également été introduite en Amérique du Nord (états de Washington, de Californie et du Maine) dans les années 1940 et au Japon pour des raisons commerciales[6].

Les bancs se situent dans la zone intertidale, à l'étage médiolittoral bas et infralittoral (échelle bathymétrique généralement de 0 à -20 m, jusqu'à une profondeur de -50 m)[7].

Élevage

DĂ©barquement de collecteurs d'huĂ®tres plates, type « boudin de moules Â» (Bretagne-Sud, France).

Au XIXe siècle, des procĂ©dĂ©s de captage ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s, mais la surexploitation par la pĂŞche Ă  pied a causĂ© une forte rĂ©gression de l'espèce qui a entièrement disparu sur une grande partie du littoral[8]. De plus, les conditions d'Ă©levage et peut-ĂŞtre une certaine perte de biodiversitĂ© ainsi que l'introduction de germes ou parasites par les transports intercontinentaux ont provoquĂ© de dramatiques Ă©pizooties (1920, 1970, 1980) et la faillite de nombreux producteurs. Espèce introduite dont l'origine est inconnue[9], le parasite Marteilia refringens est notamment responsable, entre 1970 et 1977, de la chute de production ostrĂ©icole de 75 % (« maladie des abers Â» ) en Ă©tant Ă  l'origine d'une grande mortalitĂ© chez les naissains[10]. Dans les annĂ©es 1980, le parasite Bonamia ostreae lui assène presque le coup de grâce en Ă©tant Ă  l'origine d'une grande mortalitĂ© chez les adultes[11]. Il est possible que la pollution ait aussi fragilisĂ© les individus face Ă  leurs parasites. Cette huĂ®tre est remplacĂ©e Ă  la fin du XIXe siècle par l'huĂ®tre creuse portugaise

Vulnérabilité

Huîtres plates de Cancale.
Bateau à fond plat, aussi nommé barge ostréicole (Bretagne-Sud, France).

Comme les moules sauvages et beaucoup plus qu'elles, les huîtres plates ont besoin d'être protégées de la surpêche et de la pollution. Il leur faut une eau riche en nutriments, mais suffisamment propre et oxygénée.
Parmi les nouveaux facteurs de risque, le problème des dépôts de munitions immergées (ex : Quiberon, Cancale) préoccupe les experts, car les obus contiennent de nombreux polluants qui peuvent affecter les huîtres et la chaîne alimentaire.

Avec le réchauffement climatique, les espèces introduites concurrentes ou parasites pourraient encore affecter cette espèce alors qu'elle est loin d'avoir retrouvé ses populations normales.

RĂ©introduction

Dans un bras de mer situé à l'est de l'Écosse cette espèce était présente depuis au moins la fin de la dernière glaciation (il y a 10 000 ans environ) et encore très présente il y a 150 ans, mais de 1860 à 1870 les pêcheurs en ont prélevé environ un demi-million d'huîtres par semaine (30 millions environ par an) jusqu'à les faire disparaître, ensuite remplacées par des espèces originaires du Pacifique, échappées d'exploitation ostréicoles. Un projet de réintroduction d'environ 4 millions d'huîtres de cette espèce, dit programme DEEP (acronyme de Dornoch Environmental Enhancement Project) est porté par l'université Heriot-Watt d'Édimbourg (Royaume-Uni), la société de conservation marine du Royaume-Uni, appuyé par la distillerie Glenmorangie qui compte sur ces mollusques pour mieux épurer ses rejets en mer [12].

Un programme (projet FOREVER[13]) incluant une connaissance zootechnique et gĂ©nĂ©tique de l'espèce, lancĂ© en 2018, vise Ă  restaurer cette activitĂ© Ă  partir de naissains captĂ©s en Bretagne (baie de Quiberon et rade de Brest)[14] - [15]. Le captage se dĂ©roule sur des structures de captage mĂ©tallique (m de haut pour m de cĂ´tĂ©) immergĂ©es en eau profonde et garnies de boudins de coquilles de moules. Une fois les naissains d’huĂ®tre plate fixĂ©es sur les coquilles de moules, l'ensemble est extrait du filet plastique afin d'obtenir un mĂ©lange de dĂ©bris de coquilles et de petites huĂ®tres. Le tout est remis en Ă©levage (dans le jargon « semĂ©e Â») en eau profonde, oĂą elles resteront 2 Ă  3 ans avant d'atteindre la taille commercialisable.

Notes et références

  1. « Fruits de la Mer - L'huître plate », sur fruitsdelamer.com, (consulté le ).
  2. Giorgio Gabbi (ill. Monica Falcone), Coquillages : étonnants habitants des mers, Éditions White Star, , 168 p. (ISBN 978-88-6112-131-7), Coquillages du monde : Ostrea edulis - Huître plate
  3. Tony Burnand, Le Grand livre de la mer et des poissons, Godefroy Schmid et René Kister, , p. 142
  4. Albert Lucas, Bioénergétique des animaux aquatiques, Masson, , p. 101.
  5. (en) P. R. Walne, « Observations on the Fertility of the Oyster (Ostrea Edulis) », Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, vol. 44, no 2,‎ , p. 293-310 (DOI 10.1017/S002531540002484X).
  6. Fiches FAO d'identification des espèces pour les besoins de la pêche, FAO, , p. 87
  7. Elisabeth Ridel, Eric Barré, André Zysberg (dir.), Les nourritures de la mer, de la criée à l'assiette, Centre de Recherche d'Histoire Quantitative de Caen, , p. 19
  8. La reconstitution des gisements naturels d'huîtres plates (Ostrea Edulis Linné) en Morbihan (1943-1954)
  9. Berthe F.C.J., Le Roux F., Adlard R.D. & Fjgueras A. 2004 - Martetliosis in moiJuscs : A review. Aquat. Living Resour, n° 17, p. 433 - 448
  10. Goulletquer P & HĂ©ral M., 1997. Marine molluscan production trends in France from fisheries to aquaculture. NOAA Tech Rep. NMFS, 129, 137
  11. Yves Pichot, Michel Comps, Gilbert Tige, Henri Grizel et Marie-Agnès Rabouin, « Recherches sur Bonamia ostreae gen. n., sp. n., parasite nouveau de l'huître plate Ostrea edulis L », Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes, vol. 43, no 1,‎ , p. 131-140.
  12. Rouat S (2018) [SEAActu17h-20180924 « Réintroduction d'huîtres disparues depuis plus de 100 ans en Ecosse », Science et Avenir, 24 septembre 2018.
  13. Flat Oyster RecoVery
  14. « Ifremer. L’huître plate a fait salle comble », sur letelegramme.fr, .
  15. Florian Bardou, « En Corse et en Bretagne, l’huĂ®tre plate, domestiquĂ©e, pour mieux la prĂ©server Â», LibĂ©ration, 29 juillet 2019.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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