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Ossip Lubitch

Ossip Lubitch (en biĂ©lorusse : Đ’ĐŸŃŃ–Đż Любіч), nĂ© le Ă  Grodno (dans l'Empire russe, aujourd'hui en BiĂ©lorussie), dĂ©cĂ©dĂ© le Ă  Paris, est un artiste peintre, de l'École de Paris, qui participa Ă  la grande Ă©poque du Montparnasse artistique de l'entre-deux-guerres.

Ossip Lubitch
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nationalité
Activité
Formation
École d'art Grekov d'Odessa (en)
Mouvement

Biographie

Enfance et adolescence

Ossip Lubitch est né en 1896 à Grodno, dans une région disputée pendant des siÚcles entre la Pologne et l'Empire russe ; en cette fin du XIXe siÚcle, elle appartient à l'empire des tsars qui y ont interdit l'usage de la langue polonaise. Son pÚre était maréchal-ferrant, une profession fort honorable à l'époque. C'était une famille juive pratiquante. Jeune, il apprit à parler le russe, le yiddish et l'allemand.

Sa vocation artistique fut assez prĂ©coce mais enfant il hĂ©sitait entre la musique et la peinture. AprĂšs des Ă©tudes dans le lycĂ©e local, il opte pour la peinture et part pour Odessa l'Ă©tudier. Cette ville Ă©tait rĂ©putĂ©e plus libĂ©rale et moins acadĂ©mique dans son enseignement officiel des arts que sa ville natale. Il entre Ă  l’école des beaux-arts et pendant quatre ans de 1915 Ă  1919, il apprend non seulement la peinture classique historique russe (dont le reprĂ©sentant cĂ©lĂšbre est Isaac Levitan), mais aussi celle des « Peredvizhniki » ou « Ambulants », influencĂ©s par l’École de Barbizon et les impressionnistes.

En outre, il se pĂ©nĂštre de la peinture occidentale, de la Renaissance italienne au fauvisme. Odessa Ă©tait dĂšs 1910, un foyer important d’activitĂ© artistique d’avant-garde. Alexandra Exter y exerça une influence sur un grand nombre de jeunes artistes russes.

PĂ©riode berlinoise 1919-1923

Comme la plupart, Lubitch aspire Ă  se rendre Ă  Paris, mais la guerre l’oblige Ă  faire une Ă©tape intermĂ©diaire Ă  Berlin oĂč il s’établit en 1919. À cette Ă©poque, jusqu’en 1930, Berlin est, de mĂȘme que Paris et New York, l’une des capitales de l’avant-garde des arts et de la culture occidentale. Ville d’émigrants, Berlin est un centre d’échanges entre l’Est et l’Ouest. Lubitch y retrouve un groupe d’artistes russes, en particulier, Tchelitchev, Pougny et sa femme Xenia dont l’atelier devient le point de ralliement d’un cercle cosmopolite d’artistes, tous dĂ©sargentĂ©s, en recherche de travail. Cette activitĂ© culturelle se situe dans une pĂ©riode de crise sociale Ă©conomique et financiĂšre. MalgrĂ© cela, les manifestations scĂ©niques connaissent un essor d’une extrĂȘme diversitĂ© : thĂ©Ăątre, chorĂ©graphie, music-hall, cabaret.

Tchelitchev, Pougny et Lubitch forment une Ă©quipe et rĂ©alisent des dĂ©cors pour l’OpĂ©ra, le Deutsches Theater, l’ « Oiseau Bleu » thĂ©Ăątre dont les tournĂ©es mondiales Ă©taient alors un triomphe, ainsi que quelques autres Ă©tablissements.

Lubitch travaille aussi sur des décors de cinéma, avec son ami Lazare Meerson, un des pionniers du renouveau du décor cinématographique.

Paris 1923-1990

L’Entre-deux-guerres

Fort des succĂšs de ses rĂ©alisations et de la solide technique acquise dans ces quatre annĂ©es passĂ©es Ă  Berlin, Lubitch veut se consacrer entiĂšrement Ă  la peinture et rĂ©aliser son dĂ©sir de s’installer Ă  Paris. En 1923, un engagement pour la dĂ©coration d’un cabaret montmartrois lui en donne l’occasion.

Établi Ă  Paris, il vit grĂące aux dĂ©corations des cabarets, restaurants et aussi d’appartements. C’est la grande Ă©poque de « l’Art dĂ©co ».

En mĂȘme temps, il frĂ©quente les musĂ©es et les acadĂ©mies et il Ă©tudie sur place les Ɠuvres des peintres français du XIXe et XXe siĂšcle. Il comprend aux contacts des grands maĂźtres que le dessin n’est pas seulement une question de perfection graphique, mais avant tout un merveilleux moyen de s’exprimer soi-mĂȘme. L’Ɠuvre dessinĂ©e d’un Rembrandt, d’un Daumier, d’un Goya, d’un Degas lui dĂ©voile que ces grands artistes n’ont pas cessĂ© d’ĂȘtre habitĂ©s par un monde intĂ©rieur vivant qu’ils ont su exprimer par les moyens les plus simples.

Le sculpteur Bourdelle qui apprĂ©cie le travail de Lubitch et l’encourage, l’introduit au Salon des Tuileries dĂšs 1925. Il expose aussi au Salon d’Automne dĂšs 1926.

FixĂ© Ă  Montparnasse, il va participer Ă  la grande Ă©poque d’entre les deux guerres avec le groupe de Pougny, Kremegne, Soutine, les sculpteurs IrĂšne CodrĂ©ano, Indenbaum.

Son milieu est celui des musiciens du groupe Triton, animĂ© alors par de jeunes compositeurs : Mihalovici, Tansman, Tcherepnine, Conrad Beck, Harsanuj, Martinu et les pianistes Monique Haas, Inna Marika, le chef d’orchestre Charles Munch. Il adore son atelier de la rue d'Odessa et frĂ©quente presque quotidiennement le cafĂ© « La Coupole » ou « Le Select », point de rencontre de ses confrĂšres.

Huile sur toile, de Ossip Lubitch,
Femme dans un fauteuil, 92 x 65, 1927

Lubitch est inspirĂ© dans sa peinture par le monde qui l’entoure, pour lui tout est spectacle : visages, objets, intĂ©rieurs, paysage. L’atmosphĂšre particuliĂšre du cirque, du thĂ©Ăątre, l’a toujours attirĂ© et dans le dĂ©but des annĂ©es 1930, il en exploite le thĂšme : clowns, danseurs, arlequins lui sont prĂ©texte Ă  variations de rythmes. Il sait cueillir dans le milieu instable du cirque, l’atmosphĂšre particuliĂšre, la poĂ©sie poignante, mais aussi une harmonie totale unissant l’architecture du corps humain aux structures du paysage et des architectures.

Huile sur toile de Ossip Lubitch, Femme au miroir, 82x59, 1928

On peut voir dans cette pĂ©riode le souvenir et l’influence de son passage par le constructivisme pendant les quatre annĂ©es Ă  Berlin.

IntĂ©ressĂ© par la façon dont il a traitĂ© le cirque, le peintre Georges Rouault lui fait l’honneur d’un poĂšme sur ce thĂšme qu’il aimait tant lui aussi . Ce poĂšme sera la prĂ©face d’un album « Le Cirque », un ensemble de 10 eaux-fortes aquatinte publiĂ© en 1934, aux Ă©ditions « Les Quatre chemins ». La vignette et le coffret ont Ă©tĂ© faits d’aprĂšs le projet de son ami, le poĂšte futuriste Iliazd.

Lubitch fréquenta à Montparnasse le milieu des peintres suisses et il partit faire un long séjour chez le peintre Cuno Amiet ; en 1935, il fit une exposition à la galerie Aktuaryus à Zurich.

Entre les deux guerres, il exposa Ă  Bruxelles : en 1935, au Palais des Beaux-Arts « les artistes de Paris 1925-1935 », Ă  Londres, Ă  Paris, etc. L’État acquit certaines de ses Ɠuvres. Lubitch sera classĂ© parmi les peintres de l'Ecole de Paris (ou les Peintres juifs-russes de l'École de Paris).

La Seconde Guerre mondiale

En 1940 quand les Allemands occupent Paris, il ne se déclare pas comme juif à La Préfecture de Paris et ne porte pas l'étoile car il savait déjà presque tout sur la « solution finale ».

Il vĂ©cut l'occupation allemande dans son atelier de la rue d'Odessa jusqu'au jour oĂč des gendarmes français vinrent l'arrĂȘter, sur dĂ©nonciation de voisins qui voulaient son atelier. Il fut internĂ© au camp de Drancy jusqu'Ă  la LibĂ©ration de Paris. C'Ă©tait Ă  cette Ă©poque un camp de transit des juifs vers les camps d'extermination nazis.

Le camp de Drancy

Conscient qu’il n’y aurait pas de retour, qu’il ne reverrait plus son atelier, il ne prit avec lui que des crayons et du papier. Il dessina clandestinement ce qu’il voyait : des hommes, des femmes, des enfants qui attendaient sans espoir dans une atmosphĂšre d’inactivitĂ© forcĂ©e et d’impuissance.

Il léguera ses dessins réalisés au camp au mémorial de Yad Vashem de Jérusalem et à la collection de Beit Lohamei Haguetaot à cÎté de Haïfa. Les derniers sont conservés du musée mémorial de l'Holocauste de Washington.

Il resta dans ce camp de transit jusqu'à la Libération de Paris, le , le lendemain du dernier convoi pour Auschwitz.

AprĂšs l’épreuve de la guerre, Lubitch retrouva son atelier et reprit son activitĂ©. Il travailla toutes les techniques et tous les sujets : portraits, nature mortes, paysages, compositions.

À cette Ă©poque, sa vie privĂ©e changea. Il rencontra Suzanne Bouldoire, Ă©galement peintre, qui deviendra sa femme. De leur union naĂźtra une fille, Dinah.

L’Ɠuvre

En 1948, la galerie Zack fait une rĂ©trospective de ses Ɠuvres. On notera la critique de RenĂ© Guilly dans le journal Combat (28/4/1948) - « Une recherche constante d’un rĂ©alisme simple et direct, personnel et sans aucune concession aux ‘trucs’ qui font la peinture d’avant ou d’arriĂšre garde
 ce qui frappe le plus dans cette rĂ©trospective, c’est une remarquable et rĂ©guliĂšre progression vers la plĂ©nitude de l’expression et l’ampleur de la composition ».

Des expositions sont aussi organisĂ©es Ă  l’étranger :

  • Tel Aviv en 1950
  • Milan en 1952-1953
  • New York et Londres en 1957
  • Zurich en 1963

Conjointement, il est reprĂ©sentĂ© au Salon du Dessin et de la Gravure avec « le Trait », Ă  l’exposition du MusĂ©e des Arts Populaires avec « Le Cirque » et Ă  la Maison de la PensĂ©e Française avec « Dessins et gravures des maĂźtres contemporains ». Et Ă  l’occasion de la visite de Khrouchtchev Ă  Paris aux deux expositions « Les artistes russes de l’École de Paris » au MusĂ©e de Saint Denis et Ă  la Maison de la PensĂ©e Française.

À l’origine de son art, il y a le dessin : « Ossip Lubitch a toujours dessinĂ©. Il a commencĂ© dĂšs l’ñge de 12 ans, bien que se prĂ©parant Ă  une carriĂšre musicale. Le regard chez lui l’a emportĂ© sur l’oreille » Jean Dalveze.

Il complĂšte son Ɠuvre graphique par la gravure, le pastel et l’aquarelle. L’ensemble de ses recherches dans ces domaines est montrĂ© dans une exposition Ă  la galerie Sagot - Le Garrec en 1950.

Ossip Lubitch publie, en 1976, un recueil rĂ©trospectif de dessins et lavis[1](Éditeur P.J. Balbo). « Si les dessins prĂ©sents pouvaient toucher quelques amis, j’y trouverais la rĂ©compense de mon travail » Ă©crit-il modestement dans la prĂ©face.

Ses derniÚres expositions sont organisées en 1967, à la galerie Durand-Ruel, en 1983 dans les Salons de la Rose-Croix (époque 81-84) et à la galerie Colette Dubois en 1983, au Musée des Années Trente à Boulogne, au Musée du Montparnasse.

De nombreuses peintures d'Ossip Lubitch ont été exposées à la Galerie Gérard Rambaud à Paris.

« Toute sa vie, il a conservĂ© une indĂ©pendance lui permettant de demeurer totalement lui-mĂȘme. »

— Nicole Lamothe.

« Lubitch est un peintre qui a beaucoup appris du postimpressionnisme français et qui l’a mĂȘme enrichi
 Sa sensibilitĂ© de peintre demeure toujours trĂšs personnelle. Lubitch se rĂ©vĂšle, parmi les peintres d’origine russe de Paris, par les sentiments que nous communiquent ses toiles, un des plus purement parisien. »

— Edouard Roditi[2].

Ossip Lubitch est décédé à Paris, en 1990.

Expositions

  • 1920-1923 : DĂ©cors de thĂ©Ăątre et cinĂ©ma - Berlin
  • 1925 : Salon d’Automne
  • 1926 : Salon des Tuileries
  • 1934 : Album de 10 eaux-fortes, avec un poĂšme de G. Rouault, Ă©ditions « Les Quatre chemins »
  • 1935 : Palais des Beaux-arts, Bruxelles, « Artistes de Paris » (1925-1935)
  • 1935 : Exposition, Galerie Aktuaryus, Zurich
  • 1937 : Exposition, Galerie Dalpayrat, Limoges
  • 1936 : Exposition « The Circus », the Leger Galleries, London
  • Exposition de 3 peintres - Galerie RenĂ© Drouet, Paris
  • 1948 : Exposition, Galerie Zack, Paris
  • 1950 : Exposition, Galerie Sagot - Le Garrec, Paris
  • 1950 : Exposition, The jewish national museum Bezalel, IsraĂ«l
  • 1952 : Exposition, Galleria d’Arte Cairola, Milan
  • 1953 : Galleria Gian Ferrari - « Mostra dell’Incisione Francese Contemporanea »
  • 1953 : Exposition, Turin
  • 1953 : Salon de dessins et gravures, « Le Trait »
  • 1956 : MusĂ©e des Arts et traditions populaires : « Exposition du Cirque »
  • 1957 : Exposition, Durlacher Bros., New York
  • Exposition des artistes russes de l’École de Paris
- 1960 : Musée et bibliothÚque de St Denis
- 1960 : Maison de la Pensée Française
  • 1965 : MusĂ©e municipal d’Histoire et d’Art, Ville de Saint-Denis « les peintres et la nature en France depuis l’impressionnisme »
  • 1965, 1969 : Galerie Tivey-Faucon, Paris
  • 1967 : Galerie Durand-Ruel, Paris
  • 1971, 1983 : Galerie d’art Chantepierre - 1170 Aubonne, Suisse
  • 1983, 1985 : Salon de la Rose-Croix, Paris
  • 1983, 1989, 1991 : Galerie Colette Dubois, Paris
  • 1988/89 : MusĂ©e de Boulogne Billancourt « L’École de Paris, Boulogne », Paris
  • 1992/93 : Palais de la Bourse : Forum des Arts, Marseille : Montparnasse Atelier du Monde « Ses artistes venus d’ailleurs », 1910-1935
  • 1993 : Mairie du 9e arrondissdement : « Peintres et sculpteurs russes Ă  Paris - PrĂ©sence d’un siĂšcle », Paris
  • 1999 : MusĂ©e du Montparnasse : « Saint-PĂ©tersbourg/Vavin - Les Russes Ă  Montparnasse », Paris
  • 2002 : BibliothĂšque historique de la ville de Paris : « Regard sur le cirque »
  • 2003 : MusĂ©e juif de Budapest « Modigliani, Soutine et leurs amis de Montparnasse »
  • 2003 : ChĂąteau Borely, Marseille « Paris-Marseille, de la CanebiĂšre Ă  Montparnasse »
  • 2005 : MusĂ©e du Montparnasse : « Montparnasse dĂ©portĂ©, artistes d’Europe »
  • France-Musique : « Le Matin des Musiciens - l’École de Paris » -les 17,18 et , Rencontre avec les musiciens, les peintres, les Ă©crivains.

Musées et collections

Références

  1. Delveze, Jean, Lubitch, dessins et lavis, Joinville Le Pont : Ed. Pierre Jean Balbo, 1976
  2. « L’Arche », juillet 1984, p. 96 (« discrĂšte nostalgie »)

Bibliographie

  • Jacometti, Nesto, TĂȘtes de Montparnasse, Paris : Ed. Oreste Zeluk, 1933. - p. 110
  • Rouault, Georges, Cirque, Paris : Éditions des quatre chemins, 1934. (10 eaux fortes aquatinta de Lubitch)
  • Guilly, RenĂ©, Lubitch, Tour des expositions dans Combat,
  • Catalogue de l’exposition Lubitch, Milan : Galleria d’arte Cairola, 4-
  • Parker Tyler, Harrison, The Divine comedy of Pavel Tchelitchew, New York : Fleet publishing, 1967
  • Catalogue de l’exposition Lubitch, Paris : Galerie Durand-Ruel, -
  • Delveze, Jean, Lubitch, dessins et lavis, Joinville Le Pont : Ed. Pierre Jean Balbo, 1976
  • Roditi, Edouard, DiscrĂšte nostalgie, dans L’Arche, 7/1984. - p. 96
  • BrĂ©on, Emmanuel, Lefrançois, MichĂšle, Catalogue de l’exposition « L'École de Paris-Boulogne » -. - MusĂ©e municipal de Boulogne-Billancourt, 1988
  • Catalogue de l’exposition « Montparnasse, atelier du Monde, ses artistes venus d'ailleurs, hommage Ă  Kisling », -, Forum des Arts, palais de la Bourse, Marseille, 1992.
  • Lejkind, O., Mahrov, K., Severjuhin, D., Hudozhniki russkovo zarubezhja : 1917-1939 : Biografitcheskij slovar’. Sankt-Peterburg : Izdatel'stvo Notabene, 1999.
  • Nieszawer et Princ, Histoires des artistes Juifs de l'École de Paris, 1905-1939, (DenoĂ«l, 2000 - Somogy, 2015) Les Ă©toiles Ă©ditions, 2020, p. 265-267.
  • Mnuhin, Lev, L’Émigration russe en France (1919-2000), dictionnaire biographique en trois volumes. - Moscou : Nauka : Dom-Muzej Mariny Cvetaevoj, 2008-2010

Liens externes

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