Nicolas Fréret
Nicolas FrĂ©ret, nĂ© le Ă Paris oĂč il est mort le , est un historien et linguiste français.
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Linguiste, sinologue, érudit classique, historien de l'Antiquité classique, historien des religions, mythologue, historien |
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Biographie
Les premiers prĂ©cepteurs de Nicolas FrĂ©ret furent lâhistorien Charles Rollin et le pĂšre Nicolas Desmolets. Son pĂšre qui Ă©tait procureur au Parlement de Paris le destinant Ă la mĂȘme profession que lui, il commença Ă Ă©tudier le droit pour le satisfaire. Il commence nĂ©anmoins Ă lire Ă lâĂąge de dix-neuf ans des mĂ©moires sur la religion grecque antique, sur le culte de Bacchus, de CĂ©rĂšs, de CybĂšle et dâApollon devant une sociĂ©tĂ© dâhommes instruits Ă laquelle il avait Ă©tĂ© admis. Ă lâĂąge de vingt-six ans, il est admis comme Ă©lĂšve Ă lâAcadĂ©mie des inscriptions. Un des premiers mĂ©moires quâil y lut Ă©tait un discours Ă©rudit et critique Sur lâorigine des Francs (1714) oĂč il soutenait que les Francs Ă©taient une ligue de tribus originaire du sud de lâAllemagne et non, selon la lĂ©gende de l'origine troyenne des Francs encore acceptĂ©e Ă lâĂ©poque (bien que remise en question au siĂšcle prĂ©cĂ©dent), une nation dâhommes libres originaire de GrĂšce ou de Troie, qui avaient prĂ©servĂ© leur civilisation intacte au cĆur dâun pays barbare[1]. IndignĂ© par ces opinions, lâabbĂ© Vertot sâempressa de le dĂ©noncer comme diffamateur de la monarchie, en consĂ©quence de quoi une lettre de cachet lâenvoya Ă la Bastille : il y est emprisonnĂ© du au [2]. En parallĂšle, il est Ă©galement le principal Ă©tudiant de Arcade Huang et effectue un travail pionnier sur la langue chinoise, en aidant au dĂ©veloppement dâun dictionnaire chinois-français, dâune grammaire, et Ă lâadoption en France des 214 clefs du dictionnaire de Kangxi[2].
FrĂ©ret mit Ă profit ses six mois dâemprisonnement pour se livrer Ă une Ă©tude de la ÎÏÏÎżÏ Î Î±ÎčÎŽÎ”ÎŻÎ±Ï (CyropĂ©die) de XĂ©nophon dont les rĂ©sultats parurent peu aprĂšs dans un mĂ©moire. En , il fut reçu associĂ© de lâAcadĂ©mie des inscriptions dont il devait devenir secrĂ©taire perpĂ©tuel en . Il travailla sans interruption pour les intĂ©rĂȘts de lâAcadĂ©mie, sans mĂȘme rĂ©clamer aucun droit de propriĂ©tĂ© intellectuelle pour ses Ă©crits imprimĂ©s dans le Recueil de lâAcadĂ©mie des inscriptions. La liste de ses mĂ©moires, dont nombre sont posthumes, occupe Ă elle seule quatre colonnes de la Nouvelle Biographie gĂ©nĂ©rale. Ils traitent dâhistoire, de chronologie, de gĂ©ographie, de mythologie et de religion. ConsidĂ©rant la valeur comparative des documents, distinguant le mythique et lâhistorique et sĂ©parant les traditions comportant un Ă©lĂ©ment historique de la pure fable et de la lĂ©gende, il apparaĂźt dans tous ses travaux comme un critique expressif, Ă©rudit et original. Il a rejetĂ© les prĂ©tentions extrĂȘmes des chronologies Ă©gyptienne et chinoise tout en rĂ©futant le plan de Newton comme trop limitĂ©.
Il a Ă©tudiĂ© non seulement la mythologie grecque, mais Ă©galement les mythologies allemande, celte, chinoise et indienne. CâĂ©tait un adversaire rĂ©solu de la thĂ©orie Ă©vhĂ©mĂ©riste attribuant des rĂ©fĂ©rents historiques aux mythes. Il a Ă©galement suggĂ©rĂ© que la mythologie grecque devait beaucoup aux Ăgyptiens et aux PhĂ©niciens. Il a Ă©galement Ă©tĂ© lâun des premiers Ă©rudits europĂ©ens Ă apprendre le chinois.
AprĂšs sa mort, le baron dâHolbach publia sous son nom plusieurs ouvrages dĂ©fendant un point de vue athĂ©e, dont Examen critique des apologistes de la religion chrĂ©tienne (1766) mais non Lettre de Thrasybule Ă Leucippe (1768)[3].
FrĂ©ret rĂ©cuse lâexistence d'une « ancienne langue commune » postulĂ©e par Leibniz, au nom de la « diffĂ©rence essentielle et radicale » qui sĂ©pare les parlers europĂ©ens[4]. Par exemple, il indique que le nom de la « mĂšre », dans les langues du nord, a Ă©tĂ© empruntĂ© au latin mater. FrĂ©ret pense que les racines communes aux deux langues celtique et germanique viennent d'un mĂ©lange de population.
Ćuvres
- RĂ©flexions sur les principes gĂ©nĂ©raux de lâart dâĂ©crire et en particulier sur les fondements de lâĂ©criture chinoise
- De lâannĂ©e vague cappadocienne, [s.l.s.n], 1744.
- De lâorigine des Français et de leur Ă©tablissement dans la Gaule, [s.l.s.n.s.d.]
- DĂ©fense de la chronologie fondĂ©e sur les monuments de lâhistoire ancienne, contre le systĂšme chronologique de M. Newton, Paris, Durand, 1758.
- Mémoires académiques, Paris, Fayard, 1996.
- Vues gĂ©nĂ©rales sur lâorigine & le mĂ©lange des anciennes Nations, & sur la maniĂšre dâen Ă©tudier lâhistoire, Paris, Imprimerie Royale, 1753.
AttribuĂ©s, mais en rĂ©alitĂ© Ă©crits par le baron dâHolbach ou Jean Levesque de Burigny :
- Ćuvres philosophiques de M. FrĂ©ret, Londres, [s.n.], 1776.
- Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, Paris, Hachette, 1972. Ce livre serait plutÎt dû à Jean Levesque de Burigny[5].
- Examen des fondements de la religion chrĂ©tienne et diverses objections contre lâimmortalitĂ© de lâĂąme..., Londres, [s.n.s.d.]
- Lettre de Thrasibule Ă Leucippe, Paris, Hachette, 1972.
Notes et références
- Laurent Avezou, « Gaulois, lâhistoire dâun mythe, MĂ©tarĂ©cit de lâhistoire nationaliste française », confĂ©rence Ă la citĂ© des Sciences et de l'Industrie, .
- Livre " Nicolas Fréret (1688-1749) et la Chine" de Danielle Poisle-Elisseeff.
- (it) Chiara Pietroni D'Holbach: il buon senso dell'ateismo, tesi di laurea premio UAAR, 2007, p. 81.
- Daniel Droixhe, « Souvenirs de Babel. La reconstruction de l'histoire des langues de la Renaissance aux LumiĂšres », Souvenirs de Babel,â , p. 208 (lire en ligne, consultĂ© le )
- Alain Niderst (éd.), Examen critique des apologistes de la religion chrétienne. Attribuable à Jean Lévesque de Burigny, Paris, Champion, 2001.
Annexes
Bibliographie
- Jean-Pierre de Bougainville, Ăloge de M. FrĂ©ret, dans Histoire de l'AcadĂ©mie royale des inscriptions et belles-lettres, avec les MĂ©moires de littĂ©rature tirĂ©s des registres de cette AcadĂ©mie, depuis l'annĂ©e MDCCXLIX, jusques & compris l'annĂ©e MDCCLI, Imprimerie royale, Paris, 1756, tome 23, p. 314-337 (lire en ligne)
- FrĂ©dĂ©ric Charbonneau, « En lâabsence de tĂ©moin : Lâhistoire des temps reculĂ©s Ă lâAcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres », Ătudes françaises, vol. 54,no 3, 2018, p. 45-59 (lire en ligne).
- Chantal Grell et Catherine Volpilhac-Auger éd., Nicolas Fréret, légende et vérité, actes du colloque de Clermont-Ferrand (18-), Oxford, Voltaire Foundation, 1995, 213 p.
- Danielle Elisseeff-Poisle, Nicolas Fréret (1688-1749). Réflexions d'un humaniste du XVIIIe siÚcle sur la Chine (« Mémoires de l'Institut des hautes études chinoises », XI), Paris, PUF, 1978, 251 p.
- (it) Dominique Briquel, « La questione delle origini etrusche nella Francia dellâIlluminismo : Le proposte de Nicolas FrĂ©ret », dans Vincenzo Bellelli, StĂ©phane Bourdin, Maria Paola Castiglioni et Paola Santoro, Origines : percorsi di ricerca sulle identitĂ etniche nell'Italia antica : Identity problems in Early Italy : a workshop on methodology, vol. 126-2, Rome, Publications de l'Ăcole française de Rome, coll. « Varia - Regards croisĂ©s », (lire en ligne), pages 1 Ă 19
- Blandine Kriegel, LâHistoire Ă lâĂge classique, Paris, Presses universitaires de France, 1996 [1988], vol. 1, p. 175-223.
- Renée Simon, Nicolas Fréret, académicien, 1688-1749, GenÚve, Droz, 1961.
Liens externes
- Ressources relatives Ă la recherche :
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Liste de Ćuvres de N. FrĂ©ret
- Ăloge (posthume) de M. FrĂ©ret, AssemblĂ©e publique du , par Jean-Pierre de Bougainville