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Arcade Huang

Arcade Huang (chinois simplifiĂ© : é»„ć˜‰ç•„ ; pinyin : HuĂĄng JiālĂŒĂš[1], nĂ© Huang Risheng (chinois simplifiĂ© : é»„æ—„ć‡ ; pinyin : huĂĄng rĂŹshēng) Ă  Xinghua, aujourd'hui Putian, dans la province du Fujian, le , mort le Ă  Paris) est un catholique chinois, amenĂ© Ă  Paris par les Missions Ă©trangĂšres, il effectue un travail pionnier sur la langue chinoise dans les annĂ©es 1715.

Arcade Huang
Sinogrammes pour é»„ć˜‰ç•„ ("HuĂĄng JiālĂŒĂš"), le nom chinois d'Arcade.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  36 ans)
Paris
Nom dans la langue maternelle
é»„ć˜‰ç•„ (huĂĄng jiālĂŒĂš)
Nom de naissance
é»„æ—„ć‡ (huĂĄng rĂŹshēng)
Activités

Ses principaux travaux, menĂ©s avec l'aide du jeune Nicolas FrĂ©ret, Ă©tant le premier lexique chinois-français, la premiĂšre grammaire du chinois et la diffusion en France du systĂšme des deux cent quatorze clefs de Kangxi, systĂšme nĂ©cessaire Ă  l'Ă©laboration de son lexique. Mais sa mort prĂ©coce en 1716 l'empĂȘche de finir ses travaux, et Étienne Fourmont, qui reçoit la tĂąche de classer ses papiers, s'attribue tout le mĂ©rite de leur publication. Seule l'insistance de Nicolas FrĂ©ret puis la redĂ©couverte des mĂ©moires d'Arcade Huang ont permis d'Ă©tablir la part de travail – pionnier et fondamental – qui lui Ă©tait dĂ», et qui permit aux linguistes français d'aborder plus sĂ©rieusement l'Ă©crit chinois.

Origines

Selon Étienne Fourmont, voici la gĂ©nĂ©alogie d'Arcade Huang telle qu’il nous l’a laissĂ©e lui-mĂȘme :

« Paul Hoange, du mont de l’Aigle, fils de Kian-khin (Kiam-kim) Hoange, assistant impĂ©rial des provinces de NĂąne-kin (NĂąn-kim) et de Chan-ton (An-tĂčm), et seigneur du mont de l’Aigle, naquit dans la ville de Hin-houa (Him-hoa), dans la province de FĂČ-kiĂ©n (Fo-kiĂ©n), le ; fut baptisĂ© par le rĂ©vĂ©rend pĂšre jĂ©suite Antoine de Govea, Portugais, et fut mariĂ© en 1670 avec mademoiselle Apollonie la Saule, nommĂ©e en langue du pays LĂ©ou-sien-yĂąm (LeĂč-siĂšn-yam), fille de M. YĂąm, surnommĂ© Lou-ooue (LĂ»-ve), seigneur docteur de LeĂŽu-siĂšn (LeĂ»-siĂšn) et gouverneur de la ville de Couan-sine (QuĂ m-sin), dans la province de Kiam-si. Arcade Hoange, interprĂšte du roi de France, fils de Paul Hoange, est nĂ© dans la mĂȘme ville de Hin-Houa, le , et a Ă©tĂ© baptisĂ© le 21 novembre de la mĂȘme annĂ©e, par le rĂ©vĂ©rend pĂšre jacobin Arcade de
 Espagnol de nation. Comme de son mariage il avait eu une petite fille qui est encore vivante, il avait ajoutĂ© (Ă  sa gĂ©nĂ©alogie) Marie-Claude Hoange, du mont de l’Aigle, fille de monsieur Hoange, interprĂšte du roi, etc. ; elle est nĂ©e le . »

Éducation de lettrĂ© chinois sous la protection des missionnaires français

Les missionnaires français voient en Arcade la possibilitĂ© d'en faire un « lettrĂ© chinois chrĂ©tien », au service de l'Ă©vangĂ©lisation de la Chine. Dans cette Ă©poque pionniĂšre des annĂ©es 1690, puis des annĂ©es 1700, il devient urgent de prĂ©senter Ă  Rome des exemples de Chinois parfaitement christianisĂ©s, et prenant parti dans la Querelle des Rites. La chrĂ©tientĂ© europĂ©enne se passionne pour cette question : les rites envers les ancĂȘtres, fondamentaux dans l'esprit chinois, sont-ils des rites civiques, donc tolĂ©rables, ou religieux, donc hĂ©rĂ©tiques et Ă  interdire. Une telle interdiction, prĂŽnĂ©e par la ligne dure, signifiait de rentrer de front en conflit avec les croyances millĂ©naires chinoises et avec les puissants de Chine.

Voyage vers l'Occident

Dans cette joute d'idées, Arcade devait soutenir la position de ses bienfaiteurs devant la Cour de Rome.

Le , sous la protection de M. de Rosalie, Arcade embarque sur un bateau de la Compagnie anglaise des Indes orientales afin de rejoindre l'Europe. Il profite du capitaine de navire M. Petit, bilingue anglais-français, pour améliorer encore son français durant les sept mois de voyage. Vers septembre ou octobre 1702, M. de Rosalie et Arcade quittent l'Angleterre pour la France afin de se rendre à Rome.

Mais, sur le point d'ĂȘtre ordonnĂ© prĂȘtre Ă  Rome et de faire face au pape pour lui exposer sa rĂ©alitĂ© de Chinois parfaitement chrĂ©tien, Arcade Huang recule, doute, et dĂ©cline l'ordination. M. de Rosalie prĂ©fĂšre le renvoyer Ă  Paris afin de poursuivre son Ă©ducation, et attendre une meilleure rĂ©ponse.

Installation Ă  Paris

Toujours selon ses mémoires, Arcade s'installe à Paris en 1704 ou 1705 à la maison des Missions étrangÚres. Là, ses protecteurs poursuivent sa formation religieuse et culturelle, avec pour projet officiel de le ramener en Chine pour tenir un apostolat. Mais Arcade préfÚre se tourner vers la vie civile. Il s'installe ainsi définitivement à Paris comme « interprÚte chinois du Roi-Soleil » et commence des travaux sous la direction et protection de l'abbé Bignon.

Travaux sur la langue chinoise

AidĂ© du jeune Nicolas FrĂ©ret (1688–1749), il aurait dĂ©butĂ© le difficile travail pionnier d'un dictionnaire chinois-français, d'une grammaire chinoise et d'une prĂ©sentation des deux cent quatorze clefs du Dictionnaire de caractĂšres de Kangxi mais serait restĂ© discret sur l'avancement de ses travaux sur la langue chinoise. Il confirme FrĂ©ret dans sa lutte contre l'idĂ©e rĂ©pandue de filiation entre caractĂšres hĂ©breux et chinois. Certains acadĂ©miciens du temps, tel M. Fourmont, affirment que les Chinois primitifs Ă©taient des descendants de NoĂ©, qu'ils Ă©taient donc originaires d'Égypte et du Moyen-Orient, et que le langage chinois Ă©tait une Ă©volution de l'hĂ©breu ancien. Cette thĂšse est totalement exclue par Arcade Huang. Il hĂ©site tout de mĂȘme Ă  affirmer publiquement son opinion, dans la mesure oĂč contredire cette thĂ©orie hĂ©braĂŻque nie au passage toute connexion avec le monde biblique et chrĂ©tien, or cette thĂ©orie a alors de nombreux et influents adeptes.

Dans ces discussions et dans ce travail, ils sont rejoints par le trentenaire Joseph-Nicolas Delisle (1683–1745), ami de FrĂ©ret, et qui donnera un tour plus culturel et gĂ©ographique Ă  leurs travaux et discussions. Le frĂšre de Deslisle, Guillaume Delisle, Ă©tant dĂ©jĂ  un gĂ©ographe cĂ©lĂšbre. Deslisle encourage notamment Arcade Huang Ă  lire les Ă©crits europĂ©ens les plus connus et populaires traitant de l'Empire chinois. Huang est surpris de l'approche ethnocentrĂ©e des textes, rĂ©duisant les mĂ©rites du peuple chinois et soulignant le rĂŽle civilisateur des peuples europĂ©ens. Il dĂ©nonce Ă©galement le tour caricatural que prennent les Lettres Ă©difiantes et curieuses et quantitĂ© d’Ɠuvres, par ignorance des faits rĂ©els ou dans le but intĂ©ressĂ© de surprendre le public lecteur et acheteur.

L'arrivĂ©e d'Étienne Fourmont comme troisiĂšme apprenti chamboule l'Ă©quipe. Le courant passe mal avec cet Ă©lĂšve imposĂ© par l’abbĂ© Bignon. Un jour, Fourmont est surpris en train de recopier le travail qu'Arcade Huang a entrepris avec FrĂ©ret[2].

DĂ©bat aprĂšs sa mort

Grammaire d'Étienne Fourmont, publiĂ© en 1742.

AprÚs la mort d'Arcade Huang le , M. Fourmont est officiellement chargé de classer les papiers du défunt. Il fait un rapport trÚs négatif sur le contenu de ces documents et ne cessera plus de critiquer le travail d'Arcade Huang, qui fut pourtant son professeur. Continuant ses travaux sur les langues d'Europe et d'Asie (et donc du chinois), il s'octroie tout le mérite de la diffusion des deux cent quatorze clefs en France, puis publie finalement un lexique français-chinois et une grammaire du chinois, sans faire mention du travail d'Arcade Huang qu'il continue de dénigrer publiquement.

De son cÎté, Nicolas Fréret, également académicien, et surtout ami et premier élÚve d'Arcade Huang, entreprend un mémoire sur les travaux et le rÎle d'Arcade dans la diffusion des connaissances sur la Chine en France. Des documents sauvegardés par Joseph-Nicolas Delisle, second étudiant d'Arcade, permirent également de faire connaßtre le rÎle de ce Chinois devenu sujet du roi de France.

Depuis, d'autres historiens chercheurs se sont questionnés sur son rÎle, parmi lesquels Danielle Elisseeff et sa compilation du Mémoire d'Arcade Huang.

Sources

  • Danielle Elisseeff, Moi Arcade, interprĂšte du Roi-Soleil, Ă©dition Arthaud, Paris, 1985, (ISBN 2-7003-0474-8). (Source principale pour cet article, 189 pages)
  • La partie « arbre gĂ©nĂ©alogique » provient d'une note relative Ă  « Arcadius Hoang », Ă©crite par Étienne Fourmont (1683-1745).

Références

  1. Son nom Ă©tait anciennement transcrit Hoange, Ouange, Houange, etc.
  2. Danielle Elisseeff, Moi Arcade, interprÚte du roi-soleil, édition Arthaud, Paris, 1985. Voir chapitre XVII, page 139. Page 141: « Mais la mesure fut à son comble lorsque je le surpris en train de recopier et de calligraphier de sa main un abrégé de la grammaire chinoise que nous avions dressé avec M. Fréret et en lequel je reconnaissais bien nos deux écritures. »

Voir aussi

Articles connexes

  • M. Le Blanc - missionnaire en Chine, adopte Arcade Huang, puis vicaire apostolique de la province du Yunnan.
  • M. de Rosalie ou MgrArtus de Lionne - missionnaire en Chine, Ă©vĂȘque de Rosalie, et donc appelĂ© « M. Rosalie ».
  • Nicolas FrĂ©ret (1688–1749) - premier Ă©tudiant, acadĂ©micien français.
  • Joseph-Nicolas Delisle - second Ă©tudiant, frĂšre du gĂ©ographe Guillaume Delisle.
  • AbbĂ© Bignon - protecteur et mĂ©cĂšne d'Arcade Huang.
  • Étienne Fourmont (1683–1745) - troisiĂšme Ă©tudiant, linguiste français, dĂ©noncĂ© par A. Huang et N. FrĂ©ret pour l'appropriation de leur travail.
  • Louis XIV de France - Roi Soleil mĂ©cĂšne dont dĂ©pend Arcade Huang.
  • Empereur Kangxi - l'Empereur chinois durant la vie d'Arcade Huang ; il en fait frĂ©quemment mention.
  • Michel Sin ou Michel Chin-fo-tsoung (Shen Fuzong) - premier Chinois prĂ©sentĂ© en France en 1684 ( : prĂ©sentation Ă  Louis XIV) ; passe davantage de temps Ă  Oxford, travaille avec Thomas Hyde.

Liens externes

  • Tchoung-ya-san, Tchang-ya-kin et Kiang-hiao : trois autres Chinois qui passent en Europe avant 1829 ; simples marchands, ils n’offrirent aucun gain de connaissance significatif (selon Abel Remusat)
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